Myrdred a écrit :Cela dit, je trouve l'attitude des Valar assez étrange, quel besoin d'en appeler à Eru pour résoudre la situation ? Les Valar agissent en réalité assez peu eux-mêmes, ils procurent de l'aide mais ont plus le statut d'une sorte de panthéon grec à moitié inactif et qui regarde le monde de loin alors que les héros sont torturés par leur destinée.
Les Valar sont surtout dépendants de deux règles immuables : ils ne peuvent intervenir contre la volonté, le libre arbitre des peuples de la Terre du Milieu ni n'ont le pouvoir de modifier eux-mêmes la structure même d'Arda. Voilà pourquoi ils ne sont pas intervenus directement contre la flotte d'Ar-Pharazôn et pourquoi ce fut Eru seul qui a pu prendre la décision de rendre Arda ronde et de submerger Numenor.
Cet épisode de destruction est un peu caractéristique également de la résolution brutale de conflits par Tolkien, le meilleur exemple étant sans doute la dernière bataille du Silmarillon, à l'instar de la fin du Seigneur des Anneaux où tout change avec un événement crucial. Scénaristiquement, ça reste assez simple, il s'agit d'une sorte de deus ex machina qui règle tout. En ce sens, je trouve que Tolkien n'est pas un bon écrivain concernant les scénari globaux, sa résolution de situation est trop rapide, la fin trop abrupte, trop brutale. Il est meilleur lorsqu'il écrit comme narrateur des divers mythes et légendes de son univers, les situations locales et histoires courtes sont mieux exploitées que les situations globales qu'il résout de manière trop expéditive.
Je t'invite à lire ou relire son essai Du Conte de féés, et notamment la partie sur l'eucatastrophe, pour comprendre les tenants et aboutissants de ce que tu prends pour une résolution à la deux ex machina.