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Existenz (de David Cronenberg)

La Science-fiction au cinéma, en littérature, voire en BD : sagas futuristes, space opera, cyberpunk, dystopies, uchronies, récits post apocalyptiques ...
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Existenz (de David Cronenberg)

Messagepar phoenlx » ven. déc. 24, 2010 12:18 am

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Synopsis
Dans un futur proche, les joueurs de jeux vidéo sont reliés à un monde virtuel grâce à une console appelée pod ,amphibien génétiquement modifié qui se connecte au système nerveux du joueur au travers d'un bioport, un trou percé à la base du dos du joueur. La démonstration du tout dernier jeu d'Allegra Geller (Jennifer Jason Leigh) tourne au cauchemar par l'intervention d'un groupe de Réalistes, fanatiques opposés à la « mécanisation » de l'homme ; il ne s'agit plus de vivre une aventure, mais d'y survivre…


Je viens de revoir ce film fantastique que j'avais pas vu depuis fort longtemps et j'aime toujours autant, film avec pour acteurs entre autre Jude Law, Wilhem Dafoe, Ian Holm et Howard Shore à la musique comme souvent dans les Cronenberg ... C'est un film qui comme pas mal de films depuis une quinzaine d'années (depuis Total Recall jusqu'à Matrix en passant par Passé Virtuel, Inception ou encore Avalon) surfe sur le thème du branchement de l'humain sur des réalités virtuelles, ou d'autres réalités, ce qu'on appelle en général des "films cerveaux", j'aime bien ce genre .. en l'occurrence ici les personnages explorent un jeu yper réaliste et ils rejoignent sa réalité en se branchant à un pod via un trou dans leur moëlle ( il y a des scènes assez impressionnantes qui donnent des frissons d'ailleurs à ce niveau :lol: )

L'atmosphère du film est étrange et angoissante, elle se passe dans un univers sombre et l'histoire fait réfléchir sur la différence entre monde réel et virtuel, le spectateur comme les personnages s'y perdent, c'est très troublant. Certaines scènes sont bien dégueu, il faut savoir que les pod qui permettent de se brancher sur la réalité simulée sont fabriqués à partir d'animaux de style amphibiens mutants (des sortes de monstres) ; les cordons de branchement ressemblent à des foetus, le film s'amuse ainsi à remplacer ce qui devrait être technologique par du biologique et c'est très surprenant et déstabilisant.

ceux qui le connaissent pas je vous le conseille surtout aux amateurs de fantastique et qui aiment les films se passant dans des univers virtuels, c'est un must du genre, un film à voir rien que pour son esthétique, sa réalisation signée Cronenberg très bonne et évidemment les thèmes qu'il aborde.
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Re: Existenz (de David Cronenberg)

Messagepar phoenlx » sam. sept. 10, 2016 2:45 pm

Une réflexion intéressante sur le thème de l'angoisse dans Existenz (trouvé dans wikipédia)
Je suis en train de la lire car j'étais en train de me demander dans quelle partie du forum on pourrait classer encore ce film (Il est dans Science fiction sur pas mal de sites je remarque et j'en comprend la logique, même si je trouve qu'il a une atmosphère Fantastique et Horrifique assez marquée)

eXistenZ fait l'objet de plusieurs analyses philosophiques et psychanalytiques, à partir des concepts de l'angoisse et des pulsions.

Mehdi Belhaj Kacem voit dans le film une recherche constante de la cause de l'angoisse, cause pourtant introuvable. Il réutilise la définition de l'angoisse de Kierkegaard et Heidegger : une « peur » ou un « vertige » sans objet assignable, qui fait vaciller l'existence dans son ensemble. Le film ajoute une dimension nouvelle à l'affect de l'angoisse, la jouissance, dimension absente de deux genres de film qui traitent de cet affect : le cinéma réaliste et les films d'horreur. En effet, selon Belhaj Kacem, le cinéma « réaliste » classique réduit l'angoisse à ce qu'on pense qu'elle est dans la vie courante, à savoir une « psychofrigidité dépressive », un blocage existentiel et une souffrance pure. De l'autre côté, les films d'horreur cherchent à donner un objet à l'angoisse, donc à la ramener à une peur, afin de produire chez le spectateur une catharsis, une décharge des affects négatifs. Les films d'horreur jouent le rôle d'exutoire. Belhaj Kacem écrit :

« eXistenZ est peut-être le plus profondément scandaleux des films de Cronenberg : saisissant l'angoisse comme l'impossible saisie de son objet, la jouissance qu'il procure se confond avec l'entièreté de la forme qui donne forme à cette saisie. »

C'est le jeu qui transforme l'angoisse en jouissance, en quelque sorte le plaisir de ne pas savoir où on se trouve, si ce que l'on vit est réel ou non, réellement dangereux ou non. La pulsion, comme dans la scène d'érotisme entre Allegra et Ted, est artificiellement et esthétiquement créée dans le jeu, ce qui permet la jouissance de l'indétermination entre réel et virtuel ou mécanique et biologique, sur le mode fictionnel.

Jacques Brunet-Georget mobilise les concepts de Lacan pour analyser la scène « érotique » du film dans laquelle Allegra et Ted s'embrassent et s'enlacent comme malgré eux, pris dans une pulsion de jeu. Il écrit, à propos du branchement du pod de Ted dans son dos par Allegra :

« l'objet pénètre le sujet hors de son champ de vision, d'une façon qui semble menacer l'intégrité immédiatement sensible de son corps ; pourtant, Ted confesse ne rien sentir. L’angoisse demeure, à l'état diffus, à l’occasion d’un contact qui devient paradoxalement immatériel, mais qui aura suscité une vision d’horreur fantasmée. »

La cause du désir, ici le bio-port, échappe à la « saisie représentative », comme l'objet a de Lacan.


Je suis surpris qu'il n'y ait pas plus de retours sur ce film culte ici tiens
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Re: Existenz (de David Cronenberg)

Messagepar Somewhere » sam. sept. 10, 2016 6:17 pm

phoenlx a écrit :Je suis surpris qu'il n'y ait pas plus de retours sur ce film culte ici tiens


Pas vu non plus. :rire:
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Re: Existenz (de David Cronenberg)

Messagepar phoenlx » sam. sept. 10, 2016 6:26 pm

Tu devrais le voir il est bien troublant ce film somewhere



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Re: Existenz (de David Cronenberg)

Messagepar Scarabéaware » sam. sept. 10, 2016 7:07 pm

Bon, celui c'est largement prévu que je le vois et je vais finalement le faire mercredi tiens. Par contre je trouve qu'il peut très bien rester dans science-fiction pour le moment ;). Sinon c'est clair que c'est dingue qu'il y ait pas eu plus d'avis jusque là lol. Je lirai l'ensemble après coup dans tous les cas.
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Re: Existenz (de David Cronenberg)

Messagepar Náin » sam. sept. 10, 2016 8:37 pm


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Re: Existenz (de David Cronenberg)

Messagepar Scarabéaware » mer. sept. 14, 2016 11:40 pm

Je viens de le voir et purée, ah c'est encore autre chose que Avalon dans le thème du vidéoludique. Il est pas seulement étrange et angoissant, je dirais aussi qu'il est bien dérangeant et c'est limite à te faire d'abord relativiser les casques de réalité virtuelle un truc comme ça :lol:. Et encore, je dis bien et encore...quand t'appréhende l'idée de t'essayer aux trucs que nous avons nous, un film comme ça t'encourage encore moins :rire:. J'exagère lol, dans tous les on peut dire que c'est une sacré expérience, il se produit un sacré plongeons.

Il nous explore fort bien la connexion de l'être humain au virtuel par un type de branchement particulier et soulève de façon excellente certaines problématiques vis à vis de la distinction entre le réel et la virtuel, le fait qu'on puisse venir à perdre ses repères. J'aime bien le fait que le personnage incarné par Jude Law pense au fait d'avoir faim dans la réalité, chose dont on peut ne pas se rendre compte si on est pleinement dans le jeu au point d'en oublier de se nourrir. De la même façon qu'on pouvait l'exprimer avec Avalon il y a ce fait que le joueur puisse se déconnecter de la réalité au point de ne plus avoir conscience des besoins de son corps et en mourir. C'est être en danger par sa propre faute, il peut y avoir être en danger par une agression d'autrui mais la principale cause de danger ça peut être soit même. Enfin bon, je reviens sur le déroulement, restons sur ce qu'il se produit. C'est assez fascinant d'ailleurs et on peut apprécier les niveaux de réalité virtuelle possibles, il se passe une certaine inception.

On oscille entre la représentation des jeux de haute volée et ceux archi-nuls au moins vis à vis des PNJ ici. Dans tous les cas il y a bien un élément qui m'a salement dérangé, quand même en parler dans tout ça, c'est le gamepod. Ce truc, qui fait office ici de biotechnologie finalement c'est horrible, c'est moche, c'est affreux et ça fait frisonner. Beurk, et puis alors on tire bien sur la corde à ce qu'il nous soit présenté sous toutes les coutures. Et le truc de branchement je trouve que ça fait très anus...Argh. De fait il en découle du très subversif assez malsain je dirais. Ah il est préférable de voir le port de connexion dans Matrix qui à de quoi mieux se faire aimer. Bon on voit comme ils jouent bien du truc, c'est plutôt bien dérangeant. On peut même se poser la question de jusqu'au serait-on prêt à aller dans la technologie de l'appareillage pour jouer à de tels jeux. Et là ouille, on est dans une sacré atmosphère aussi avec des acteurs qui contribuent bien, mention spéciale pour Willem Dafoe au physique parfait pour traduire une espèce de folie ambiante. Bon pis les autres font bon office, il est plaisant de retrouver Ian Holm ici.

Tout ceci entraine bien de la réflexion et renvoie encore une fois sur la déviance possible, ce qu'il peut se produire avec des hard gamer, les gamer les plus extrêmes. Bon pis ça va vraiment très loin comme on peut le voir avec un final qui laisse une certaine ambiguïté même si on pourrait presque dire que ça reste moins ambiguë que Avalon. Enfin on est sur de rien, on peut de toute façon se dire qu'il y a des influences psychiques fortes dans le déroulement du jeu. Autrement, je vais lire ensuite la réflexion sur l'angoisse mais effectivement y a une angoisse qui se reflète bien, je l'évoquais par rapport à des points soulevés par le personnage de Jude Law mais il y a aussi l'angoisse du joueur lui même, il y a tout un jeu des angoisses qui effectivement est retranscrit de différentes façons. Bref, tout de quoi faire largement sensation, au delà de ce qui peut nous dégoûter dans l'apparence du matériel de connexion ça pose vraiment tout le questionnement relatif aux conséquences possibles, aux impacts quand déjà sans cela il y a des soucis qui se posent avec quelques joueurs. Pensée aussi concernant l'histoire du virus qu'on dira interne au jeu, de l'infection, il reflète lui aussi un autre point, autant la réalité virtuelle peut ouvrir de très grands horizons à l'image des horizons démocratiques qu'ont ouvert les réseaux sociaux, autant il peut là aussi y avoir du très malsain. Je m'étend pas plus dessus, mais il y a un autre effet pervers à saisir.

David Cronenberg nous livre donc là une solide réalisation sur le thème de la réalité virtuelle qui a de quoi avoir une excellente résonance et de l'impact bien fort. Surtout que là comme on le voit il se prive pas de nous faire dans le très dérangeant, faut pas être une petite nature.
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Re: Existenz (de David Cronenberg)

Messagepar phoenlx » mer. sept. 14, 2016 11:54 pm

ah tu l'as vu finalement, oui je partage ton analyse, pour le côté malsain et dérangeant de cette espèce de biotechnologie je crois que c'est ce qui m'a marqué d'emblée, et tu as raison la manière dont les pods se branche fait un peu anus :lol: ça me fait toujours froid dans le dos (en plus c'est typiquement vers l'endroit du dos où moi j'ai tous mes problèmes) dans tous les cas que ce soit dans matrix ou là je pense que ça se branche vers la moelle épinière donc il y a une certaine logique :mdr:
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Re: Existenz (de David Cronenberg)

Messagepar Scarabéaware » mer. sept. 14, 2016 11:58 pm

Bon pis effectivement de façon globale le propos repris sur wikipédia est assez intéressant, bon y a un peu d'interprétation bizarre mais sur le point de l'angoisse qui se fait jouissance il y a de quoi bien rejoindre ça, quand on joue à un jeu on peut angoisser d'une épreuve à affronter mais on a une certaine jouissance d'y faire face et le soulagement par la suite d'avoir réussi. Y a des jeux d'horreur qui poussent très bien le principe et d'autres qui utilisent ça de manière plus modérée mais c'est implémenté pour faire vivre une expérience assez forte au joueur.
Du coup au final c'est effectivement bien retranscrit dans Existenz cette part là, d'autant plus excellent. Ah et sinon pour ce que tu te demandais Pho, laissons bien dans science-fiction ;).

Oui puis donc on se rejoint bien lol, en tout cas quand à un branchement au niveau de la moelle épinière, c'est limite plus soft au niveau du cou même si ça pose aussi un problème, parce que le bas du dos c'est glaçant et toi je comprend que ça te fasse encore plus d'effet peut être. Mais oui y a vraiment une logique avec la moelle épinière pour la conductivité.
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