The Tree of Life (de Terrence Malick)

Le forum Les Ailes Immortelles a choisi de mettre à l'honneur ce très grand cinéaste qu'est Terrence Malick en lui consacrant une petite rubrique à part. J'invite le maximum de fans de son cinéma à discuter ici pour enrichir les débats le plus possible, et les autres bien sûr à découvrir cet artiste incroyable, véritable génie de la caméra.
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Re: Tree of life ( de Terrence Malick )

Messagepar phoenlx » mar. août 02, 2011 12:34 am

L'article me fait marrer :lol: ( au passage je viens de cliquer aussi sur la vidéo mise en lien dans l'article, avec la critique vidéo de Nolan et Fincher de Tree of life, intéressante aussi )

Et donc j'apprend que Malick préparerait une VL de Tree of life ? Il faudra vraiment que je la vois ( car précisément, j'ai été un peu déçu par certains trucs, et bien que le film m'ait paru long - je me retrouve moi-même , pourtant gros fan de Malick , paradoxalement dans la critique de Boll :lol: - bien qu'il m'ait parfois paru longuet je me demande justement si c'est pas à cause du fait qu'il a été coupé, j''aurais aimé voir le VRAI montage que Malick avait prévu ;
Parfois une scène peut paraître longuette en version normale, et en VL, avec d'autres plans, répliques, musiques, séquences intercalées, le rythme change totalement, l'intérêt grandit.
L'exemple que je citerais ( mais je vais pas épiloguer dessus) c'est l'épilogue du retour du roi. Que tout le monde a trouvé long et chiant, même ceux qui en général ont aimé le film. Moi aussi il m'ennuit, et pourtant, j'aurais aimé qu'il soit rallongé. mais rallongé de scènes qui l'auraient rendu globalement bien plus intéressant - ce qui n'a jamais été fait même dans les VL, j'en suis resté profondément frustré.

J'aime les VL, je l'avoue. Quand ce ne sont pas des VL commerciales qui ne servent à rien. On devrait toujours diffuser en salle les versions des cinéastes et non des versions tronquées ( je garde parmi mes expériences récentes de VL intéressantes aussi celle des trois royaumes de John Woo. Jamais ce film n'aurais du sortir dans sa version cinéma mais dans sa version 5 heures en deux parties ... Même chose pour les seigneur des anneaux en VL ( qui sont les VRAIS films )

Même chose pour Tree of life évidemment car c'est la version que Malick voulait imposer au départ, mais on lui a refusé. C'est donc pas sa version à lui
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Re: Tree of life ( de Terrence Malick )

Messagepar Doctor Jones » mar. août 02, 2011 8:00 pm

phoenlx a écrit :diantre j'ai eu peur quand j'ai vu à l'instant Dr.Jones poster dans le topic, je me suis dis il a du voir le film 3 mois après la sortie, dans un ciné pourri ( déjà que c'est pas ton style Fabien, ça m'a fait flipper :lol: )


Au ciné proche de chez moi il était dispo en avant première deux jours avant la sortie. En général tout les films sont dispo des la sortie au ciné ou je vais.

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Re: Tree of life ( de Terrence Malick )

Messagepar phoenlx » sam. oct. 22, 2011 8:27 pm

Je me suis revu Tree of life tout à l'heure ( pour la première fois à la maison en DVD donc, sur mon projo ahhhh que ça fait du bien
D'ailleurs pour une fois je n'ai pas trop été choqué par la qualité de mon système sonore ( j'ai des gros problèmes avec mon ampli en mes enceintes non élucidés en ce moment et ça me gâche tous les films, pour ce qui est de celui-ci j'ai été un peu gêné vers le début mais très vite, une fois dans l'ambiance du film, j'ai ressenti toute sa magie et j'ai oublié ces problèmes techniques tellement la réalisation est bonne en tout point, c'est incroyable )

Heu ben du coup en fait il est en train de m'arriver un truc que j'avais pas prévu, j'ai l'impression qu'à chaque nouvelle vision j'aime davantage ce film ( la première fois le sentiment qui primait c'était à la fois une déception et un gros choc car c'est un film vraiment peu commun, mais je regrettais d'avoir ressenti beaucoup d'ennui au cinéma, chose qui ne m'arrive jamais avec des films de Malick d'habitude.
En allant le revoir au ciné un peu plus tard, la deuxième vision - une fois digéré un peu la première - avait toujours ce même goût étrange de film à la fois grandiose et me laissant toujours un peu sur ma faim malgré tout ; Pourtant, je crois que j'ai mieux apprécié certains détails

J'ai quitté l'arbre de vie ainsi, pas mal déçu pour un film que j'attendais depuis tellement de temps, et malgré tout, échangeant sur les forums sur des pages et des pages notamment sur allociné, tellement le film ne me quittait pas ; je buvais les critiques de certains fans, mais rien à faire, j'arrivais pas à me débarrasser de cette impression désagréable : OUI c'est un film vraiment de qualité, OUI c'est bien du Malick, ça se sent dans chaque plan, mais NON décidément, je l'aimais moins que La ligne rouge, moins que Les moissons du ciel et même moins que Le nouveau monde ; Que faire ?

j'étais triste et pas mal charmé par certains aspects du film malgré tout ...

Les mois ont passé, cette semaine, j'achète le DVD
aujourd'hui je me dis : bon sang, il faut que je me retape le bins quand même !!
Dans les conditions de la maison, projo, bien confortablement, aucun spectateur autour , moi, et un film de Malick point barre !!

Et je crois que cette fois-ci je suis définitivement conquis par ce film, cette troisième vision est ma meilleure , pourtant, encore une fois, je bloque sur certains aspects du film.
En gros pour faire bref, jusqu'à la minute 58 (et même un peu après l'heure de film ) : J'adore. c'est même pas que j'adore, c'est .. ya pas de mots !!!!
C'est pas seulement une expérience cinéphile c'est plus que ça, une espèce de rencontre magique de mon réalisateur fétiche, de la beauté des images de la nature , une rencontre de l'astronomie et de la philosophie, de l'homme et du cosmos, la mort le deuil, la vie la naissance d'un enfant , des souvenirs d'enfance qui remontent, les passages avec Sean Penn aussi me parlent avec ces grandes tours modernes qui donnent le tournis, tout comme celles de la famille et du cosmos, des images pleines de grâce, on oublie qu'on est devant un film, le film nous met pratiquement dans l'esprit de Dieu ( s'il existe ) c'est incroyable et impossible à décrire. Et que dire des musiques ( rien à faire mais le passage du Lacrimosa sur les images de nébuleuses me fait toujours un effet monstre, tout comme celui de la musique de Smetana )
En bref, dans cette première heure de film, pour moi c'est du chef d'oeuvre absolu
( c'est bizarre d'ailleurs car il y a aussi des personnes qui n'aiment pas cette première partie et qui préfèrent la seconde car plus ancrée dans la réalité )

Moi non .. Et justement, arrive donc ensuite cette fameuse deuxième partie et là rien à faire, j'ai beau essayer, et objectivement, je ne renie pas tout, il y a aussi quantités de passages que j'aime, dans cette relation de l'enfance , les rapports des enfants avec Brad Pitt et autre, des dialogues qui font mouche , des situations qui émeuvent, prennent aux tripes parfois, donc non non !! Je ne suis pas en train de dire que c'est .. mauvais ou que ça ne m'a pas plu, ça m'a au contraire souvent plu aussi.
Mais au milieu de tout ça, toute cette deuxième heure de film me "prend" beaucoup moins que la première, et je ressens parfois de l'ennui , certaines scènes sont longuettes ; c'est surtout le contraste avec le début qui me gêne ;
La dernière partie n'arrange rien car je bloque vraiment sur les images de la plage, toujours autant que la première fois ( pourtant, la photographie est très belle , les mouvements de caméras d'une fluidité incroyable )

Au final que me reste t'il de ce film ? Une déception quand même mais en même temps, une impression de chef d'oeuvre, avec certains passages qui confinent au subliment, et qui restent ancrés à vie dans l'âme. Incroyable film quand même
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Re: Tree of life ( de Terrence Malick )

Messagepar phoenlx » dim. oct. 23, 2011 3:26 pm

Hier en surfant sur allociné sur le forum sur Tree of life je suis tombé sur un commentaire et une réflexion intéressante de quelqu'un , qui répondait à une autre personne s'interrogeant sur le sens du film, le sens des images qui trainent en longueur etc ( la personne qui pose la question n'a visiblement pas aimé le film et l'a trouvé très ennuyeux et abscons , c'est malheureusement l'effet que font souvent les films de Malick à certains, et Tree of life particulièrement car il déboussole vraiment encore plus que d'autres )
La REPONSE proposée par cette personne dont le pseudo est Halv à l'autre est très intéressante et je vous la fait partager car elle explique notamment très bien le sens profond du film, comment il convient de le lire, de l'apprécier, et notamment POURQUOI les scènes cosmiques et les scènes avec la famille ne sont pas séparables, chacune faisant partie d'un tout unique ; De plus cette personne énonce je trouve très bien la vision de Dieu qui est proposée dans le film ( avec l'allusion fort bien vue au panthéisme de Spinoza ) Ca rejoint complètement ma propre vision

Cliquez ci-dessous pour afficher : -->
Halv a écrit :Citation :
azemap a écrit :Sérieusement, ça veut dire quoi tous ces plans interminables ???? Et ne me dites pas : "chacun est libre d'interpréter comme il veut, c'est ça le génie du truc." Le mec qui a fait le film, il voulait dire quoi ?????? Quand on fait un film, c'est forcément pour dire quelque chose, nan ????
Je comprends pas... Quelqu'un peut-il m'expliquer ???? MERCI !!!
Peut-être que, tout simplement, c'est un film de merde, chiant à mourrir...



Je n'ai pas trouvé le film chiant à mourir, mais c'est peut-être parce qu'il va totalement dans le sens de questions qui me travaillent depuis quelque temps. Je m'y suis retrouvé et je pense avoir assez bien compris l'intention de Malick. Mais la forme qu'il a choisie (cette espèce de poésie contemplative sans véritable intrigue) l'expose fatalement à de l'incompréhension et de la lassitude.

Bon, pour te répondre, je commence par dire que je suis athée (mais intéressé par la spiritualité). Ensuite voilà : le passage très long avec les images de synthèse (il y en a très peu en fait, ce sont surtout des images de la nature et de l'espace), c'est une représentation de Dieu. Mais pas le Dieu classique du monothéisme, c'est à mon sens plutôt celui d'Einstein et de Spinoza : c'est le cosmos, l'univers en lui-même. C'est le fonctionnement des choses, leur rythme, l'enchaînement des cycles naturels.

Je trouve ça assez bien fait : le début du film annonce la mort de l'un des enfants, et sa mère s'adresse à Dieu. Et chaque fois qu'elle s'adresse à lui en pensée, on revient sur une sorte de scintillement cosmique qui enchaîne avec des images grandioses de la Nature. Donc, pendant une demi-heure après l'annonce de la mort du fils, Malick filme Dieu. Pas juste l'oeuvre de Dieu (ce qui renverrait au monothéisme classique), mais réellement Dieu lui-même. Et ça lui permet d'évoquer par l'image des trucs aussi vertigineux que notre pauvre place au milieu d'un univers gigantesque et hostile, qui ne nous répond pas, ne nous écoute pas, n'entend aucun appel, mais se manifeste pourtant partout, dans tout ce que nous regardons, touchons et ressentons. Le miracle de la lumière, des sons et de la vie, mais c'est un miracle qui n'a aucun sens et qui est indifférent à ce que nous sommes.

Si tu le prends comme ça, c'est assez terrifiant (et beau en même temps), et Malick sait y faire. Nous sommes perdus à la fois au milieu d'un univers hostile, fait de lave en fusion, de tremblements de terre et de poussières cosmiques, et au milieu d'un temps extrêmement long (d'où le récit de la genèse, et ce passage avec les dinosaures). Mais en même temps, au milieu de ça il y a la grâce des pauvres humains que nous sommes, qui se débattent avec leurs petits principes (ce qui est encore plus beau).

Le film est surtout sensoriel, et tout ça te tombe dessus sans explications, lentement. Ca ne peut pas, et ça ne veut pas trop être expliqué, ça doit être contemplé. Ca ne m'étonne pas d'ailleurs que Malick mette de la musique classique partout, parce que c'est le même principe : la musique classique ça ne se raconte pas, ça se contemple. Il faut s'asseoir, se calmer et observer. Idem pour la nature, le Dieu aveugle et indifférent qu'est le cosmos (tu retrouves ça aussi chez les philosophes grecs), pour la lumière qui éclaire un visage et le vent dans les feuilles des arbres. Ca se contemple avec humilité.

La fin, quand on quitte à nouveau le point de vue humain pour revenir à l'échelle de l'univers entier, est tétanisante. Qu'est-ce que nous sommes au milieu de tout ça ? Au milieu de ce vide immense, avec ces collisions d'astéroïdes qui se font dans le silence, à des milliards d'années-lumière, ces planètes vides et noires que personne ne verra jamais. La figure joviale d'un bébé qui essaie de prononcer "alligator", au milieu de ça, c'est la grâce. Et la réconciliation du coeur, à la fin, sur la plage, entre Sean Penn, ses frères et ses parents au même âge, ce moment où il pardonne à son père (il lui pose la main sur l'épaule), où sa mère jeune adulte l'enlace, ce n'est pas le paradis chrétien, c'est la grâce des humains perdus et condamnés. C'est difficile à expliquer parce que ça se ressent, et pour ça il faut accepter la contemplation. C'est émotionnel, et je trouve que Malick s'en sort très bien, la scène est intense. C'est la paix, la compréhension que tout ce qui est important est là. Sans amour (pour les autres et pour le miracle qui t'entoure), la vie passera en éclair.

Bon le souci pour moi, c'est que Malick avait fait plus fort (plus accessible) avec Le nouveau monde, parce qu'il mélangeait ce besoin de contemplation avec une vraie intrigue. Là il laisse tomber l'intrigue et se recentre uniquement sur la contemplation. Du coup, pour beaucoup de gens, c'est l'équivalent de ce qui se passe quand tu écoutes une pièce de musique religieuse (de Bach par exemple) avec des oreilles d'athée ou de néophyte. C'est long, c'est chiant et c'est gnan-gnan.

Mais à partir du moment où tu comprends que d'une part, tu dois prendre une position humble, t'asseoir et contempler sans intellectualiser, et d'autre part que ces allusions religieuses te parlent aussi à toi qui n'es pas croyant (parce que la crainte et l'admiration de Dieu c'est exactement ta crainte et ton admiration du cosmos et des espaces infinis), ta perception de l'oeuvre change du tout au tout. Mais il faut faire un effort, et un assez grand.



et un peu plus loin ( suite de la réflexion ) :

Halv a écrit :Après, pour ce que tu dis sur le fait que le film ne te touchera jamais, je ne sais pas. Ce genre de réflexion, la grande tracasserie existentielle ("qu'est-ce que je fiche ici au milieu de rien, pourquoi est-ce que mes proches vont mourir, pourquoi est-ce que ma vie file et qu'est-ce que je dois faire ?") ça prend déjà du temps pour être vraiment ressenti (c'est une chose de l'exprimer, c'en est une autre de la comprendre vraiment jusqu'aux tréfonds). Ca se ressasse, ça s'apprivoise, et c'est essentiellement émotionnel, difficilement exprimable (comme le film). C'est long. Je crois que si on voit le film de Malick sans être relativement familier avec cette idée de lutte incessante entre l'indifférence du cosmos et la grâce des humains, qui ne cessent de lutter pour s'élever et être bons (alors que c'est absurde), je crois qu'au mieux on peut être fasciné par la beauté des images et de la musique, et au pire énervé par toute cette emphase et ce ton mélodramatique. Mais l'effet maximal ne sera obtenu que chez quelqu'un qui comprend la thématique principale, parce qu'il l'a en lui à force de l'avoir ressassée.

(même s'il y a d'autres choses poignantes, comme la fin brutale de l'enfance chez Jack, avec cette scène amère où il se masturbe dans la nuisette d'une voisine avant de s'en débarrasser avec honte dans la rivière - et après il dira en pensée : "Qu'est-ce que j'ai fait ? Comment revenir en arrière ?" - le ton est très juste)

Il faut y repenser de temps en temps, jouer un peu avec ces idées (enfin, sauf si ça te lourde carrément). Le Nouveau Monde, son film précédent, je ne l'avais pas aimé tout de suite, ça m'avait pris du temps, je m'étais demandé ce qu'il voulait dire. Et puis à partir du moment où tu commences à vouloir le revoir, juste pour préciser deux ou trois trucs, c'est qu'il se passe quelque chose. Je pense vraiment que The tree of life est un bon film. Il ne m'a pas renversé mais j'ai été très ému (je le reverrai), et je crois que Malick est un réalisateur sincère.

Un truc connu avec la musique classique, par exemple, c'est que les pièces difficiles sont rarement appréciées dès la première écoute. Au départ tu comprends pas trop, tu vois pas ce que ça a de génial. Et puis tu réécoutes, et tu te mets à attraper des bouts de mélodie que tu chantes tout seul, et au bout d'un moment, à force de ressasser, c'est comme si quelque chose se débloquait : ce que tu ne voyais pas apparaît finalement devant toi, et blam, tu te rends compte que c'est pas juste beau, mais que ça te parle de toi. Ca dit des choses qui ne sont pas exprimables autrement, et ça te concerne. Je dis ça, ça parait abusé mais c'est vrai. Des oeuvres comme le Requiem de Mozart ou certains airs des Passions de Bach, ça va plus loin que la beauté.

Les films de Malick, je crois que c'est un peu la même mécanique. C'est pas formidable tout de suite mais n'empêche, y'a des trucs qui te travaillent, auxquels tu repenses de temps en temps. Et puis tu te refais le film, juste pour voir, et c'est mieux que la première fois, mais c'est encore flou. Etc. Et au final, je chiale devant les dix dernières minutes du Nouveau monde.


( source : Ce topic d'allociné )
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Re: Tree of life ( de Terrence Malick )

Messagepar phoenlx » lun. oct. 31, 2011 12:58 pm

Film revu à nouveau ! Je m'en lasse pas, mais j'arrive décidément pas à me débarrasser de cette impression de longueur vers 1h20 de film
( la scène où le garçon s'introduit dans l'appartement voisin etc , c'est longuet je trouve, le film traîne en longueur et je m'ennuis. En revanche, je m'ennuis vraiment pas sur toutes les autres scènes , même les plus contemplatives, c'est vraiment beau et je crois que j'aime mieux qu'avant les scènes finales sur la plage ;
mais vers 1h20 jusqu'à 1h35 , rien à faire je bloque sur le film et j'ai une irrépressible envie d'accélération

Par contre plus je vois le film plus je trouve que les scènes dans la première heure sont sublimes ( même un peu plus, grosso modo jusqu'à la Toccata et Fugue en Ré mineur ) d'ailleurs je trouve que ce sont les scènes sont sont les mieux accompagnées musicalement. Par la suite la bande musicale est moins variée, sauf à la fin. Et je suis vraiment sensible à ça.
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Re: Tree of life ( de Terrence Malick )

Messagepar Myrdred » lun. déc. 12, 2011 8:25 pm

Aïe, que dire sur ce film, à part que j'ai failli l'apprécier mais que finalement mon verdict, c'est que je ne le déteste juste pas.

La première demi-heure est longue et à l'image de ses films précédents pour moi ennuyeuse, certes, c'est peuplé de belle images mais on a du mal à recoller tout ça dans le contexte présenté au départ. Je vois l'idée mais elle ne me touche pas du tout, j'ai une impression de décalage qui fait qu'il est difficile de lier les deux.

Passé ce temps mort, je vois qu'il commence enfin à se produire quelque chose, une histoire semble être enfin lancée. Elle reprend nombre de thèmes classiques dans l'éducation d'enfants et est relativement réussie pour sa simplicité finalement. Donc, jusque là tout va bien, j'ai pardonné les longueurs du début.

Hélas, quand arrive la fin du film, la conclusion me déçoit terriblement, là où il y avait du potentiel pour essayer de faire passer un message intéressant, finalement on a rien du tout, on doit tirer des conclusions sur base de rien. C'est vraiment dommage parce que cette conclusion ratée entache le reste du film à mes yeux. Elle montre le vide, l'absence de message, de sens dans le film.

Les vingt dernières minutes ne me semblent aucunement en rapport avec le reste et me font penser à une sorte de délire cinématographique (désolé pour le terme) qu'on retrouvait dans 2001 l'Odyssée de l'espace à la différence près que celui de 2001 troublait alors qu'ici rien du tout, ça reste assez plat.

Finalement, je dirais que je ne regrette pas de l'avoir vu mais je suis quand même déçu par le gâchis dans la conclusion. C'est sans doute le film de Malick que je déteste le moins (pour ne pas dire que je l'aime vraiment). Ce n'est que mon avis et il n'engage que moi.
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Re: Tree of life ( de Terrence Malick )

Messagepar phoenlx » lun. déc. 12, 2011 10:47 pm

Moi je l'aime beaucoup mais je pense toujours un peu que c'est celui que j'aime le moins par contre :lol: Mais c'est vrai qu'un peu comme toi, si une partie du film m'a déçu c'est surtout la fin, notamment toutes les scènes sur la plage , ma partie préférée est clairement la première heure ( ou la première heure et quart, avec la petite enfance des garçons, la dernière demi heure traine en effet trop dans des longueurs. Tant qu'aux scènes de fin, c'est vrai qu'elles laissent vraiment perplexe

ceci dit quand tu dis qu'il n'y a pas de messages, je crois qu'il ne faut pas chercher de messages dans les films de Terrence Malick, c'est leur particularité. ce sont plus des films qui se ressentent , il faut arriver à se libérer complètement des codes du cinéma auxquels on est habitué je pense.
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Re: Tree of life ( de Terrence Malick )

Messagepar Myrdred » lun. déc. 12, 2011 10:50 pm

je crois qu'il ne faut pas chercher de messages dans les films de Terrence Malick, c'est leur particularité. ce sont plus des films qui se ressentent , il faut arriver à se libérer complètement des codes du cinéma auxquels on est habitué je pense.


Sans doute mais ça n'a pas marché avec moi, pas assez d'éléments pour moi pour pouvoir en tirer vraiment quelque chose.
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Re: Tree of life ( de Terrence Malick )

Messagepar phoenlx » lun. déc. 12, 2011 11:07 pm

ouaip. ça se commande pas.

Dans ce topic sur allociné on avait commenté et recommenté longuement le film à l'époque de sa sortie, certains ont posté des critiques magnifiques ( souvent dithyrambiques d'autres plus complexes, de personnes n'ayant pas tout aimé dans le film ) Je pense que ça peut aider aussi à mieux l'apprécier, ou le percevoir, moi ça m'a aidé en tout cas car il est vrai qu'à la toute première vision, j'avais une double impression.

Etant toujours sensible au cinéma de Malick j'avais clairement ressenti une grosse impression, notamment pour toute la première partie du film, mais c'est vrai qu'une fois vu dans sa globalité, je ne ressentais pas l'espèce de sentiment d'harmonie que je ressens d'habitude avec ses films. Il m'a fallu 2 autres visions, mais c'est définitivement celui qui me laisse le plus perplexe des 4 que j'ai vu.
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Re: Tree of life ( de Terrence Malick )

Messagepar ANGELO » sam. mars 10, 2012 7:15 pm

mais il n'ya pas morale dans le film.
On rentre juste dans la tête de sean penn quand il est assis dans son fauteuil en haut de sa tour en verre.. on est dans ses pensées où se mêlent souvenirs, méditation assortie d'images introspectives, (lui en costume dans un désert) reflexion sur la vie et l'ordre des choses (big bang, scène du dinosaure adulte piétinant un petit dinosaure allongé sur le sol au bord de l'eau (une comparaison avec la violence du père?) )... L'ordre dans lequel les scènes se succèdent sont comparables aux scènes qui se succèdent dans les nôtres alors que nous pensons à quelque chose en particulier..; ce qui explique aussi le caractère à proprement parler un peu décousu du film. le fim suit le cour d'une pensée... du moins pour moi.
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Re: Tree of life ( de Terrence Malick )

Messagepar phoenlx » sam. mars 10, 2012 7:19 pm

Je le vois comme ça aussi. Mais d'ailleurs il n'y a jamais de "morale" à proprement parler dans les films de Terrence Malick. Ils ne sont jamais manichéens, d'ailleurs tu parles d'aspect "décousu" mais ce côté la se retrouve un peu dans tous ses films ( qui prennent souvent prétexte de l'histoire des personnages pour aborder une réflexion plus globale sur la vie et notre place dans le cosmos ) ; Dans Tree of life je dirais que c'est encore plus extrême que parfois, c'est dans ce film qu'il a poussé cette manière de filmer jusqu'à son paroxysme ...
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Re: Tree of life ( de Terrence Malick )

Messagepar ANGELO » ven. mars 16, 2012 1:55 pm

en fait ,je suis un peu à mi chemin entre l'avis de myrdred et l'avis de phoenix. mais j'ai un troisième avis.
Malik est un cinéaste du sentir (phoenix) mais son film qui promettait d'être peut-être plus riche en événement reste assez plat. (myrdred) sa seule substance restant l'allégorie seule de la vision de la vie, de l'univers, de dieu, contenu dans la tête du personnage de sean penn. pour moi, ce film s'accapare un peu à une sorte de prière où il cherche réponse aux grands mystères de la vie sans jamais la trouver. de fait la relation entre bradd pitt et ses fils est interessante certes et poignante mais pas développée dans sa longueur. d'aucun dirait que le choix des pensées du personnage de penn se sont fixés sur ces souvenirs pour uen raison particulière, je ne discute pas mais on a du mal à saisir que ce souvenir seul suffise à faire vibrer le film plus que de rigueur.
en effet, il ne se passe pratiquement rien (cf phoenix un peu plus haut dans un de tes commentaires.)
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Re: Tree of life ( de Terrence Malick )

Messagepar ANGELO » ven. mars 16, 2012 2:14 pm

avoir mêlé le souvenir d'une enfance passée dans la campagne des années 50 et images de l'espace, habituellement liés au monde du futur et de la science fiction , c'était bien trouvé... le film oscille entre le documentaire cosmologique, et animalier de l'ère des dinosaures et fable sur la condition humaine avec une reflexion métaphysique et l'idée m'a bien interpellé. il a un peu un côté documentaire sur la rude vie de famille dans la campagne américaine d'après guerre. presque une reflexion sur le sens de la rigidité d'une société entièrement patriarcale régie par des règles strictes mais dont l'intégrité, ainsi que l'autorité qu'elle entend dispenser sont chahutée par les bouleversements économiques qui lui murmurent de changer de visage.. avec une comparaison interessante entre la dureté du père et celle de Dieu. le fils souffre de l'attitude dictaturale du père (famille) mais le père est rattrapé par des événéments (le monde du travail) qui lui rappellent qu'il n'est rien devant un autre patron qui veille sur lui de manière tout aussi ambivalente. on a le sentiment que le diable n'est nulle part. (même la mort d'un des frères n'est pas perçue comme une attaque du malin alors que le propos est plus que religieux) D'ailleurs Malik n'y pense même pas. En fait, c'est Dieu qui est ambivalent. Cependant , on doit toujours se rappeler que c'est le point de vue du personnage de penn.
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Re: Tree of life ( de Terrence Malick )

Messagepar ANGELO » ven. mars 16, 2012 2:28 pm

aussi je pense que l'intérêt du film consiste aussi un peu en une énigme sur qui est vraiment ce personnage.. d'après ce que l'on a vu. qu'a-t-il retenu de son éducation? la dureté d'un père absent ? la douceur d'une mère aimante? et pourquoi seraient-ils des souvenirs ces épisodes sur son enfance ? et s'ils n'étaient pas des scènes du passé qu'il se réinvente ? après tout , ça n'est pas écrit en toute lettre que ce sont ses souvenirs !! et mis à part ça , les scènes or du contexte sont bien des images introspectives. Or rien ne nous force à croire que penn n'invente pas tout ou parti en réaction à la mort de son frère, ou bien qu'il y repense à sa manière... déméler le vrai du faux, le réel du factice, le souvenir authentique du souvenir réinventé, étant virtuellement difficile. puisqu'on est dans sa tête, toutes les configurations sémantiques et analytiques sont possibles.
et puisque malik ne donne pas vraiment d'indication là dessus, c'est à chacun de voir le film comme il l'entend.
Ayant fait des études de cinéma, et rédigé un mémoire sur un film et son étude du plan par plan destiné à expliquer au spectateur pourquoi le cinéaste a choisi tel ou tel plan, Tree Of Life s'est révélé un régal à décrypter. Je pourrais en écrire tout un roman.
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Re: Tree of life ( de Terrence Malick )

Messagepar phoenlx » ven. mars 16, 2012 3:41 pm

Oui c'est un film qui ne laisse pas indifférent, unique en son genre je pense, par sa construction, son mélange du cosmique et de la réalité terre à terre humaine, moi aussi il m'a énormément fait cogiter ( j'en garde d'ailleurs des souvenirs vifs de débats sur les forums, avec certains l'ayant apprécié et décrypté encore beaucoup plus que moi, pour certains ce film c'est même une sorte de film absolu , en lisant à l'époque les avis c'est ce qu'il ressortait, peu après le film ) A titre personnel je l'aime cependant moins que d'autres films Malickiens, qui tout en étant mêlés et imprégnés du même parfum panthéiste qu'on peut relever dans toute l'oeuvre de Malick, sont plus "terre à terre" sans cette espèce de cassure étrange fascinante qu'on a dans Tree of life entre le microcosme et le macrocosme ; Quand je regarde un de ses films comme Les moissons du ciel et la vie des travailleurs dans les champs de blés, l'histoire est sans doute plus facilement accessible mais néanmoins on retrouve aussi toute la dimension "cosmique" , simplement, j'avais trouvé justement que c'était plus subtile car moins explicite que dans Tree of life où là, on peut pas se tromper, malick veut parler du cosmos , du panthéisme, de Dieu !!! Dans ses autres films, ça se ressent mais c'est moins directement visible , quelque part, j'aime mieux ( là où d'autres ont préféré Tree of life ) mais le passionné d'astronomie que je suis , le panthéiste spinoziste que je suis ne peut aussi qu'être quand même très sensible à Tree of life ; au final c'est un film qui me laisse un sentiment très étrange. Une espèce de film super culoté, où je me dis : Le cinéaste est fou !!! Mais je crois que j'aime ce côté fou de Malick, cette volonté qu'il a eu de faire un film yper osé, que sans doute personne d'autre lui n'aurait tenté, n'aurait risqué, presque contre toute logique ( un cinéaste moins reconnu serait arrivé avec ce scénario et aurait cherché à vendre ça à n'importe quel studio, si ça n'avait pas été Malick à mon avis on lui aurait dit : vous avez fumé, on vous finance pas lol
d'ailleurs c'est sans doute aussi pour ça qu'il a attendu aujourd'hui pour le faire, je ne pense pas que Malick aurait pu faire un tel film à la fin des années 70 à l'époque des Moissons du ciel, mais entre temps il était déjà devenu un cinéaste culte pour certains et reconnu par la critique.
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Re: Tree of life ( de Terrence Malick )

Messagepar ANGELO » ven. mars 16, 2012 4:21 pm

Les films fous ont fait leurs beaux jours dans les années 70... regardons l'oeuvre d'un certain jodorowski... comme el topo où le but du film est de narrer de façon presque aussi successive qu'une bataille des cdz les duels initiatiques d'un cow boy solitaire avec à chaque fois un tireur particulier, élite de surcroit dans son domaine... c'était aussi délirant. Le plus délirant restant peut être la Montagne Sacrée. qui narre les péripéties d'un illustre inconnu qu'une série impromptue de circonstances improbables hissent au rang de prophète , naviguant de lieux improbables en lieux improbables.(je me souviens d'une scène où celui ci est assis en lotus dans une sorte de cuve de verre où on lui fait inhaler la vapeur provenant d'une cuve voisine où l'on fait cuir ses propres excréments, excréments qui deviennent plus après de l'or après avoir fondu.) le type devient un prophète détenant les secrets de l'immortalité. dans un langage ésothérique, neuf capitaines d'industrie que l'on présente comme dans un catalogue, chacun sous le signe d'une planète, et dont on dépeint l'horreur des perversions, (je me suis demandé si l'un d'eux n'aurait pas inspiré les dirigeants de la Weyland Yutani corporation d'alien de ridley scott) alors se rendent sur une montagne à sa rencontre avec dans l'espoir de devenir immortels; a cela le prophète leur répondra par une illustre ironie. ils sont en fait des personnages de film. dont ils sont immortels puisque leur image est imprégnée sur la pellicule. :saute:
Malik non seulement aurait pu faire son film à cette époque là finiment plus osée qu'aujourd'hui mais je pense aussi qu'il aurait été battu.
on se souvient du projet de dune initié par jodorowski et michel seydoux, qui voulait faire un film révolutionnaire, quelque part entre caligula et star wars. si si ce dernier t'intéresse, tu n'as qu'à jeter un coup d'oeil sur le site de jorodowski s' dune.
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Re: Tree of life ( de Terrence Malick )

Messagepar phoenlx » ven. mars 16, 2012 4:41 pm

ah je ne connais pas jorodowski , tu sais ma culture cinéphile surtout avant les années 80 est très limitée il y aurait tant d'oeuvres à visionner ( une vie entière ne suffirait pas )
mais ce que je veux dire n'est pas que Malick n'aurait pas pu faire son film à l'époque DU FAIT de l'époque, mais parceque c'était ses premiers films. Pour faire des films yper audacieux comme ça, parfois il vaut mieux être déjà reconnu ( donc malick aurait pu oui, sans doute, s'il avait fait des films avant or c'était ses premiers à l'époque )

En tout cas pour faire un film audacieux et nécéssitant des moyens, ( des tas de cinéastes se lancent avec des films qui sont surprenants, mais souvent leurs premiers films nécéssitent peu de moyens, exemple Pi de Darren Aronofsky : premier film, projet très surprenant, mais qui n'a sans doute pas nécéssite de moyens énormes. Pour un film comme Tree of life avec sa réalisation léchée c'est très différent je pense. A mon avis, en 1978 ça aurait été plus dur qu'en 2011. Mais je pense aussi que le film a du murir dans sa tête longtemps, c'est le film qu'il a toujours voulu faire, il le dit.

Ensuite, tu dis qu'il aurait été dépassé par certains cinéastes, peut etre ( je ne connais pas ceux que tu dis) reste que Malick c'est très particulier tout de même ( pour moi il n'y a qu'un seul Malick, pas dans le sens ou il serait "supérieur" à d'autres mais avec une telle patte artistique très reconnaissable )

Son cinéma en tout cas me touche, c'est subjectif après, mais à titre très personnel et pour avoir tenté d'autres cinéastes qui parfois osent faire des oeuvres empruntes de panthéisme ( c'est pas si courant quoique j'ai l'impression que c'est à la mode ) je me sens en osmose avec ses réalisations là ou ce n'est pas toujours le cas avec d'autres, il y a toujours un petit quelque chose qui me bloque chez les autres ( De plus et encore une fois c'est personnel, mais les vieux films j'ai souvent du mal, même pour les très très grands réalisateurs, quand les réalisations sont un peu vieillotes avec des moyens dépassées, les films ont beau aborder des thèmes philosophiques très profonds, être très surprenant du point de vue mise en forme voire jeux d'acteur, je bloque toujours un peu ) Je suis irrésistiblement attiré par les films récents plutôt qu'anciens ( et en même temps je tempeste aussi très souvent contre un certain formatage de beaucoup de films actuels, Malick étant d'ailleurs un cinéastes qui typiquement échappe aux modes, a la tentation du blockbuster, du sensationnel, .. ) c'est aussi pour ça que je l'aime.
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Re: Tree of life ( de Terrence Malick )

Messagepar ANGELO » ven. mars 16, 2012 7:22 pm

juste!!! concernant les moyens, dans les années 70.
jodo n"a pas pu faire son dune parce qu'il coutait trop cher et parce qu'ayant naivement requis une aide financière des majors américaines, on lui a craché à la figure parce que son projet n'était pas hollywoodien. au vu de ses films à l'époque, c'était presque normal; ce projet était barré, niveau folie, dépassait de loin même la poésie de lynch notamment dans le Dune qu'on l'a amené à réaliser. je pense toutefois qu'aujourd'hui, s'il fallait faire un remak de dune ,ça serait vraiment ce projet là qu'il faudrait remettre en marche.
notabene: ce projet seul a tellement défrayé la chronique qu'aidé de s'intervenants dont le scénariste faisait partie qui transformera cet échec de prod en succès postume en écrivant "alien" que réalisera ridley scott qui à l'époque était déjà très impressionné comme le sera Lucas par le travail de Jodo, qu'à lui seul il pu a donner naissance à la science fiction moderne du cinéma. problème, la boite à fric qu'est Holywood a annéanti le contenu ésothérique et philsophique d'une telle aventure au profit d'une succession de bouses formatées desquelles des sagas comme alien, star wars, star trek et même matrix peinent à sortir de la boue.
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Re: Tree of life ( de Terrence Malick )

Messagepar phoenlx » ven. mars 16, 2012 7:29 pm

Ok oui c'est regrettable, je ne savais pas que c'était le réalisateur qui aurait du réaliser Dune. Ce projet aurait sans doute mérité mieux en effet :( A mon avis tôt ou tard ils le ressortiront des cartons, c'est obligé, surtout de nos jours où la mode est aux remake, ça m'étonnerait fort qu'ils ne s'y collent pas, surtout vu l'accueil mitigé de l'autre film. reste à savoir si pour autant ce sera une vision plus conforme au livre, plus intéressante , plus profonde, ou un nième blockbuster formaté qui ferait regretter l'adaptation de Lynch lol
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Re: Tree of life ( de Terrence Malick )

Messagepar Bombur » mar. sept. 11, 2012 11:30 pm

Vu hier soir, j'ai plutôt bien aimé :D .

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Re: Tree of life ( de Terrence Malick )

Messagepar phoenlx » mer. sept. 12, 2012 11:22 am

Tiens , c'est plutôt étrange comme réaction !
En général Tree of life on aime beaucoup, ou alors on déteste :lol: ( Encore que moi qui adore le cinéma de Terrence Malick c'est le film que j'aime le moins, malgré son côté encore plus audacieux que les autres ) mais beaucoup de fans de Malick le préfèrent encore aux autres je suis un peu à contre-courant d'eux mais je crois que je préfère ses films plus "conventionnels" ; J'avoue que le coup des scènes démiurgiques mélangées à la vie de la famille , et ce montage assez inouï m'avait un peu bloqué au début ( La fin peut-être encore plus avec les scènes sur la plage ) dans ses autres films tu verras si tu ne les connais pas c'est quand même un peu plus classique au niveau de la réalisation, plus proche des "codes" courants ( Mais avec tout de même la patte Malickienne si particulière qui se retrouve dans chacun de ses films : Panthéisme, la nature au coeur, réalisation léchée, soin de chaque plan , des BO prenantes, une ambiance unique .. )

Moi je te conseille ses 3 autres films pour commencer plutôt que Tree of life ( si j'avais su que tu te lançais dans Malick je t'aurais conseillé de voir Tree of life en dernier :lol: )

Mon ordre à moi ça a été :
- Le nouveau monde
- La ligne rouge
- Les moissons du ciel ( peut etre mon préféré finalement )
- la balade sauvage
- Tree of life
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Re: Tree of life ( de Terrence Malick )

Messagepar phoenlx » mer. sept. 12, 2012 11:40 am

Ma critique de Tree of life avait d'ailleurs été postée ici : viewtopic.php?f=171&t=7374#p163374
( et critiques plus détaillées après avec le recul et d'autres visions .. )
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Re: Tree of life ( de Terrence Malick )

Messagepar Bombur » mer. sept. 12, 2012 3:23 pm

En tout cas je le vois bien pour le Silm' :super: .

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Re: Tree of life ( de Terrence Malick )

Messagepar phoenlx » mer. sept. 12, 2012 3:54 pm

oui les scènes de l'origine de la terre il faudrait quelque chose de similaire ( au niveau de l'esprit, des musiques ) pour la jeunesse de la terre dans le silmarillion. Avec les Valar et tout en plus bien sûr !! Mais je ne connais pas d'autres cinéaste que Malick qui filme aussi bien la nature. Dans ses autres films il y a aussi des scènes magnifiquement réalisées, par exemple dans les moissons du ciel : http://www.youtube.com/watch?v=CvHIibTpxYk
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Re: Tree of life ( de Terrence Malick )

Messagepar phoenlx » mer. janv. 30, 2013 2:43 pm

Tiens pendant que j'ai les photos sous la main et histoire de relancer un peu les sujets malickiens à l'approche de son prochain film ( je sais qu'il y a enfin un ou deux fans ici :mrgreen: ) je vous poste quelques pages d'un magazine que j'ai ( Les cahiers du cinéma ) avec un gros dossier qui était paru à l'époque de la sortie de Tree of life ( ça parle du cinéaste, de son cinéma, de ses thèmes phares, de sa manière de filmer, du film Tree of life, mais aussi d'autres de ses films comme La ligne rouge, la Balade sauvage - du reste la partie concernant Badlands je la posterai plutôt dans le topic du film .. )

Je vous met les premières pages ( c'est long à optimiser les images , je vous mettrai le reste ce soir )

N'hésitez pas à cliquer pour voir à la bonne taille ( il faut regarder les images en taille 100% sinon ça risque d'être un peu dur à lire .. )

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( la suite plus tard ^^ )
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Re: Tree of life ( de Terrence Malick )

Messagepar phoenlx » mer. janv. 30, 2013 5:24 pm

La suite

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Re: Tree of life ( de Terrence Malick )

Messagepar phoenlx » mer. sept. 18, 2013 8:44 pm

Une analyse intéressante de Tree of life sur un site ( analyse signée Candice Bruneau ) Je partage ici et recopie car c'est vraiment bien écrit et ça touche à l'âme du film. Les réflexions sont d'ailleurs issues d'une conversation entre l'auteur de l'article et un interlocuteur sur un forum internet

La source : http://enfancesdecinema.free.fr/index.p ... -danalyse/

Pour lire -->
Tree of Life, de Terrence Malick : quelques pistes d’analyse

Préambule : L’article qui suit peut être considéré comme des notes fourre-tout disséminées dans un article brouillon. En effet, ces propos ont été tenus originellement sur un forum, enfance-et-cinema. Les interlocuteurs se répondent donc. J’ai pris la liberté d’user d’un code couleur à mon avantage ; en effet, ce qui est en noir a été écrit par moi. Les réponses en rouge ont été écrites par mon interlocuteur d’alors, romuslus.

Comment aborder le film ?

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Dans un premier temps, on notera la difficulté à appréhender ce film ; en fait, on ne sait pas par où commencer. De quoi ça parle ? Quel est le point de vue du film ? Jack, son père, la mère, le frère qui mourra, Dieu ? Tree of Life en fait, c’est tout ça à la fois. On a dit qu’il s’agissait d’un film panthéiste, et je crois que c’est profondément vrai.

Panthéisme : doctrine philosophique selon laquelle Dieu est tout.

Ainsi, Dieu serait dans tout. Bien compris, cette philosophie se dégage de toute tentation religieuse. En effet, si Dieu est dans tout, c’est qu’il est dans l’Homme, forcément (autant que dans une méduse qui se déploie dans l’océan, le ressac des vagues, un arbre, bref, n’importe quoi). Et si Dieu est dans l’Homme, l’Homme est donc Dieu. L’humain et le divin se confondent, et bien compris, les deux mots sont toujours synonymes. On tient là l’une des clefs du cinéma de Malick. Le regard de l’Homme et le regard divin ne sont qu’un. D’ailleurs, jusqu’à preuve du contraire, le film, bien que panthéiste, a bel et bien été réalisé par un humain.

L’oeil du cinéaste = l’oeil de Dieu ?

Mais je m’égare.

Le film fonctionne donc selon cette pensée panthéiste. Car plus qu’un philosophie (notion trop théorique), c’est une pensée qui se dessine ici. Le film se disperse et se rassemble à l’image de :

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Le film s’ouvre sur l’enfance de la mère, puis s’ensuit la longue dégression si décriée par la plupart des spectateurs : la cosmogénèse, et la Terre avant l’Homme. Ca dérange, ça ennuie, on attend l’histoire. En fait, on ne sait plus ce que raconte le film ni même qui raconte le film. On croyait que c’était Jack, mais en 30 minutes, on comprend que ce n’était pas le cas. En fait, tous les éléments du film nous racontent le film. Aussi bien les dinosaures, que les volcans, que les vagues, que les méduses… Mais le film est en fait animé de deux mouvements inverses : un mouvement centrifuge, qui écarte le sujet du centre de la narration (l’enfance de Jack), et un mouvement centripète, qui semble ramener les éléments épars du film à ce même centre.

La seule chose qui peut animer ces deux mouvement de façon cohérente, c’est bien sûr l’enfance. L’enfance parce que c’est la période de la vie où la construction de soi prime sur la construction du monde (ce qu’on appelle l’égocentrisme propre à la petite enfance) -mouvement centripète donc, l’on ramène tout à soi, mais aussi parce que ce mouvement se double d’un rapport au monde brut et concret : les expériences sensorielles les plus marquantes, celles dont le souvenir se transforme en une vraie résilience, ce sont celles qui viennent de l’enfance. L’enfance est un vecteur qui nous emmène vers la construction du monde (une nouvelle cosmogénèse en quelque sorte) mais à laquelle on revient également toujours, parce que tout nous y ramène.

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Or, dans Tree of Life, la narration s’adresse avant tout aux sens du spectateurs. Il lui propose une expérience sensorielle et sensible mêlant le phénoménal et le mélancolique. Et la mélancolie est le sentiment qui évoque le plus la Grâce, évoquée dès le début du film, en opposition à la Nature, imprévisible et encline à tout changement même terrible.
http://www.youtube.com/watch?v=5Fh2XRsBJJk&

Pourquoi la mélancolie ?

La mélancolie est la posture du non-sentiment, de l’indécision face aux choses, et qui laisse donc aux choses la possibilité de se déployer dans tous leurs sens possibles, sans les rapporter à soi. Le mélancolique ne sait pas quoi faire des choses, et c’est cette indécision qui procure une profusion de sens inaboutis, finalement proches de la fadeur au sens où Jullien l’entend.

C’est aussi, la Grâce dont nous parle Malick. Laisser aux choses leur liberté d’être et de sens, tout en gardant soi-même une souplesse maximale quant aux possibilités qu’elles se donnent, et donc, qu’elles nous donnent.

La fluidité, donc.

Et finalement l’eau, bien sûr.

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On n’oubliera pas que l’eau, omniprésente dans Tree of Life (et déjà dans Le nouveau monde), ce n’est pas seulement la signification amniotique, bien entendu déjà prégnante. C’est aussi une affaire de bouleversement et d’éclatement des données spatio-temporelles. Plus de x, y ou z sur un chronos défini. L’eau procède en ressac et donc recouvrement par couches liquides, permettant une dislocation des fragments et couches solides de la pensée d’une narration linéaire. La narration du film, parce que panthéiste comme nous l’avons vu, procède en éclatement et en fondus, d’où les deux grands éléments qui gouvernent Tree of Life, l’eau et le feu, et nous le portent au-delà du sens rationnel, en nous l’adressant au contraire aux sens purs, à nos résiliences personnelles.

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Bon, c’est très abstrait ce que je raconte là, et c’est peut-être pas très intéressant. Pour revenir concrètement à la question que j’ai posée au départ, à savoir Tree of Life est-il un film d’enfance ?, je répondrais selon cette optique qu’il n’en est pas un, puisque si Dieu est dans tout, pourquoi serait-il davantage dans l’enfance. L’enfance n’est qu’un point d’intensité choisi pour permettre et réceptionner une pensée plus vaste, dans laquelle s’inscrit bien sûr un questionnement sur l’acceptation de la mort, à travers le processus de vie qui la précède. Ainsi, nous ne verrons jamais le cadet (celui qui mourra à 19 ans) au-delà de ses dix ans, c’est à dire au moment où la Grâce ne l’a pas encore quitté et est fait partie intégrante de l’être de l’enfant, contrairement à l’aîné, qui s’obscurcit en grandissant et l’accepte très mal.

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A suivre encore…
_______________________________________________________________________

Ah, je viens de m’apercevoir que j’ai oublié de relier Tree of Life à l’oeuvre d’un autre immense cinéaste, Andrei Tarkovski. J’y ai pensé en écrivant sur l’eau, qui a une fonction similaire dans tous les films de Tarko, y compris dans son premier, L’enfance d’Ivan.

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En préambule, gnagnagna, j’aime beaucoup ce que tu écris, même et sourtout si je ne suis pas entièrement d’accord avec toi. Je prends cette précaution oratoire, car nous aurons probablement ici quelques points de désaccord. On pourra commencer par cette phrase :

Citation :Et si Dieu est dans l’Homme, l’Homme est donc Dieu

Méfie-toi, si l’on poursuit cette logique, une merde est donc Dieu, un virus est donc Dieu, un pédophile meurtrier est donc Dieu, tous les tyrans du monde sont donc Dieu… Cela pourrait en déranger plus d’un et justifier n’importe quel type d’acte. Pourquoi ne me permettrais-je pas n’importe quoi puisque je suis Dieu ? Imagines-tu ces idées dans l’esprit d’un Hitler ?
De même que pour Nietzsche, la mort de Dieu affranchit l’homme, la Déification de l’homme ne l’affranchit-il pas encore davantage ?

On voit bien là qu’il faut éviter toute explication ou interprétation trop simpliste, les mots eux-mêmes paraissent souvent trop pauvres pour traduire la réalité, quelle qu’elle soit. Les deux premiers vers du Tao-tö King, par exemple nous l’indiquent :

Le Tao qu’on tente de saisir n’est pas le Tao lui-même
le nom qu’on veut lui donner n’est pas son nom adéquat

On pourrait alors se dire qu’une tentative comme celle de Malick est une solution, comme une poésie, une oeuvre d’art ou un acte d’amour. Ce serait le doigt qui pointe vers la lune. Le problème est que j’y ai ressenti une approche trop New-age, un peu trop brouillonne, trop proche à mon goût d’une sorte de documentaire pseudo-scientifique. Ce n’est que mon point de vue, mais ce que tu écris là tend à me conforter dans cette idée …


Romuslus, tu utilises (ou tu fais comme si j’utilisais) la notion de Dieu au sens religieux du terme, en lui conférant une dimension supérieure à l’humain et qui donc s’arrogerait des droits supérieurs à ceux de la civilisation.

Or, je m’échine à écrire le contraire ici : si Dieu est dans tout, c’est qu’il est indissociable de chaque chose, et donc de l’humain. Si humain et divin sont donc synonymes, ce n’est donc pas pour que l’un s’empare de cette idée à son compte et l’érige en une idéologie. Le panthéisme de Malick est affaire de sensibles, pas d’idéologies. Pour que les choses soient bien claires, je suis profondément athée, et Dieu pour moi c’est simplement la vie qui anime les choses (et mêmes les choses sans vie – par exemple, le vent qui fait bouger un rideau). Voilà pourquoi ça n’autorise rien mais qu’il s’agit simplement d’une façon de voir la vie, ce que Malick appelle la Grâce.

D’ailleurs, on voit bien que dans l’univers de Tree of Life, s’opposent deux mondes : le monde de la Nature, c’est à dire de l’idéologie (puisque la Nature implique création d’une civilisation, avec ses lois qui obéissent aux instincts les plus primaires de l’Homme -ceux de la survie), et celui de la Grâce, où l’Homme avance nécessairement seul en se laissant bercer par le monde du sensible.

Il faut revenir à cette idée de l’enfance, et des personnages de Tree of Life : Jack et ses deux petits frères. Pourquoi l’enfance est-il le terrain privilégié de la Grâce ?

C’est très simple, en fait. L’enfant apprend le monde. Mais sa construction de soi dans un monde prééexistant relève de son appréhension de ce qui compose le monde du sensible : le bruissement des feuilles d’un arbre, le petit frère qui n’est encore qu’un bébé et qui est à la fois cet autre mais aussi soi-même, la terre dure, sèche quand il fait chaud, humide quand il a plu, etc. Tout ça, ce ne sont pas des idées, mais c’est ce qui compose le monde. Avant toute chose, l’enfant apprend donc à être dans le monde, et c’est à travers le sensible que cela est possible : voilà pourquoi l’enfant est empreint de Grâce jusqu’à ce que dans sa vie, à un moment ou à un autre, le monde de la Nature et des idées prennent le pas. Si l’on aime les aphorismes, l’on pourrait dire que la Grâce se trouve dans ceux qui voient leur vie à la façon d’un tableau impressionniste.

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Dans le film, c’est la mère qui est du côté de la Grâce et qui apprend à ses fils qu’ils seront adultes avant que l’arbre qu’ils viennent de planter ne le soit. La dichotomie est claire. Le père, lui, est clairement du côté des idées, et pas des meilleures : il apprend à ses fils les notions de propriété privée (« ne dépasse pas cette limite invisible, de l’autre côté, ce n’est plus chez nous »), de violence (« frappe moi »), etc.

Jack, le frère aîné, est donc dans la position la plus délicate du film : le monde de la Nature et des idées prend de plus en plus de place en lui ; il devient un homme. Il quitte le monde de la Grâce et jalouse ses jeunes frères qui eux, ne sont pas encore touchés par cette chute. Jack fait désormais exploser des grenouilles et casse les fenêtres des vieilles bicoques avec ses copains. Les plus grosses bêtises qu’il fait d’ailleurs, il les fait avec les copains. Parce qu’en bande, il y a création d’une civilisation et de ses lois hiérarchisantes qui garantissent la survie au sein du groupe. Ainsi, l’individu en état de grâce est nécessairement solitaire dans sa façon de se positionner face à monde. Il est solitaire mais aussi définitivement disponible à tout ce que la vie donne.

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Il faudra que je revoie ce film avant d’en parler davantage – seconde séance de cinéma ou attente du dvd, je ne sais pas encore ?
En attendant, j’ai re-parcouru ce fil et me suis aperçu que j’avais oublié de te répondre sur un point, gnagnagna. Lorsque tu écris

D’ailleurs, on voit bien que dans l’univers de Tree of Life, s’opposent deux mondes : le monde de la Nature, c’est à dire de l’idéologie (puisque la Nature implique création d’une civilisation, avec ses lois qui obéissent aux instincts les plus primaires de l’Homme -ceux de la survie), et celui de la Grâce, où l’Homme avance nécessairement seul en se laissant bercer par le monde du sensible.

Je suis a priori d’accord avec toi, Malick me parait opposer effectivement le monde de la nature (celui de la domination, incarné par le père ) et celui de la grâce (incarné par la mère) – ce qui me parait d’ailleurs être l’un des aspects fondateurs du film (je suis un peu plus dubitatif sur le « en se laissant bercer par le monde du sensible » de ta phrase, que je n’ai peut-être pas très bien compris).
Pourtant, pour ce qui est de cette opposition, je m’interroge tout de même sur la signification du passage où l’un des dinosaures fait grâce à l’autre. Malick voudrait-il ici nous faire comprendre que ces deux mondes de la nature et de la grâce ne sont finalement pas si opposés ? J’aimerais savoir comment toi, tu l’interprètes, si tu t’en souviens.

Ceci-dit, je reviendrai sur ce fil lorsque j’aurai revu plus attentivement le film. Je pense qu’il y a en effet encore beaucoup de choses à en dire et cela me permettra de voir dans quelle mesure cette seconde lecture confortera ma première impression. Il y a aussi plusieurs choses que je ne suis pas certain d’avoir complètement comprises, comme l’une des scènes finales, sur la grève, où des personnes des différentes époques m’ont semblé présentes en même temps, qu’il faudra que je revoie. Je repense à celle-ci mais il y en a d’autres.


Citation :Pourtant, pour ce qui est de cette opposition, je m’interroge tout de même sur la signification du passage où l’un des dinosaures fait grâce à l’autre. Malick voudrait-il ici nous faire comprendre que ces deux mondes de la nature et de la grâce ne sont finalement pas si opposés ? J’aimerais savoir comment toi, tu l’interprètes, si tu t’en souviens.
Oui, ce passage semble être l’un des plus opaques du film.

En fait, je pense qu’il est à regarder et à penser de la même façon que tout le reste du film. Quand Malick nous montre la naissance de la Terre et de l’Humanité, les images qui sont à l’écran possèdent toujours deux « pôles » d’émotion, que l’on pourrait résumer en deux grands termes universels : le Bien et le Mal. Toute vie se crée avec beaucoup de violence, de sang, de feu. Il n’y a rien de paisible dans Tree of Life. Le petit, le faible, menace toujours de disparaître dans le grand, le fort, mais au final, il y a toujours un équilibre miraculeux qui se crée et qui permet au monde de la Nature d’héberger en son sein celui de la Grâce.

Ainsi :

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est la même chose que :

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C’est pour ça que tous ceux qui qualifient ToL de film « propret » ou « neuneu » ont infiniment tort. C’est au contraire un film où la violence de chaque chose, de chaque mouvement, est évoquée.
A suivre ?
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Re: The Tree of Life (L'Arbre de Vie)

Messagepar Somewhere » jeu. sept. 19, 2013 7:33 pm

Dieu pour moi c’est simplement la vie qui anime les choses


Voilà, belle phrase qui résume à peu près le cinéma panthéiste de Malick. :jap:
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Re: The Tree of Life

Messagepar phoenlx » ven. juin 06, 2014 1:25 am

Pour ceux qui les cherchent voici l'intégrale des musiques utilisées dans Tree of life ( je cherche l'un des thèmes en fait, joué lors de la grossesse et je n'arrive pas à voir le nom, même avec cette liste, si quelqu'un pouvait m'aider ... )

source : ce site qui contient aussi un bel article sur les musiques du film que je vous recommende de lire en entier ..

- Funeral Canticle, de John Tavener et Mère Thekla, interprété par George Mosley, Paul Goodwin et the Academy of Ancient Music
- Cosmic Beam de Francesco Lupica
- Symphonie n°1 de Gustav Mahler (1er mvt), Polish National Radio Symphony Orchestra, Michael Halász
- Morning Prayers, de Giya Kancheli
- Faunophonia Balkanica, d’Arsenije Jovanovic
- Wind Pipes, de Michael Baird
- Approaching, d’Arsenije Jovanovic
- Ta Há 1, de Klaus Wiese
- Snapshot from the Island, de Tibor Szemzo
- Lacrimosa 2, de Zbigniew Preisner
- Ascending and Descending, de David Hykes
- Resurrection in Hades, de John Tavener et Mère Thekla
- Requiem de Berlioz (Domine Jesu Christe, Agnus Dei)
- Siciliana Da Antiche Danze Ed Arie Suite III, d’Ottorino Respighi
- Hymn to Dionysus, de Gustav Holst
- La Moldau (extrait de Ma Vlast), de Bedrich Smetana
- Symphonie n°4 (Andante moderato), de Johannes Brahms
- Symphonie n° 3 de Henryk Górecki
- Les Barricades Mistérieuses, de Francois Couperin
- Toccata and Fugue en ré mineur BWV 565, de JS Bach
- Le Clavier bien tempéré de JS Bach
- Tableaux d’une exposition, (promenade, les Tuileries, Bydio), de Modest Moussorgsky
- Concerto pour piano en la mineur (Allegro affettuoso), de Robert Schumann
- Klangschalen 2, de Klaus Wiese
- Eternal Pulse, de Hana Townshend
- After the Rain: Antiphon, de Barry Guy
- Harold en Italie, d’Hector Berlioz
- Sonate n°16 en do majeur K. 545, de Wolfgang Amadeus Mozart
- Sound Testament of Mount Athos, d’Arsenije Jovanovic
- Ma Maison, d’Arsenije Jovanovic
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Re: The Tree of Life

Messagepar phoenlx » lun. juin 30, 2014 11:56 am

J'ai trouvé une petite vidéo sympa en anglais, sur Tree of life ( Il s'agit du projet d'un universitaire pour sa thèse apparemment, Spencer Everhart ) ..

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