Il y avait déjà un topic sur la série et plus généralement la saga Patlabor qui comporte mangas, série d'animation, films d'animation et films live, mais nous n'avions pas de topic spécifique sur les deux films d'animation annexes réalisés par le cinéaste Mamoru Oshii (réalisateur aussi de Ghost in the shell, Avalon ... ) donc je décide de réparer cette lacune aujourd'hui, ce sera plus clair ainsi ^^
synopsis du premier film :
Dans un monde futuriste, la police de Tokyo, comme de nombreux industriels, utilise des robots géants appelés Labors. Alors que la ville est en passe de devenir une nouvelle Babylone grâce à l’utilisation massive de ces Labors, le gouvernement constate de plus en plus de dérèglements des robots géants qui mettent en péril la population. Le nouveau système d’exploitation créé par la très puissante corporation Shinohara, en charge de la construction des Labors, serait à l’origine des incidents. Défaut de fabrication ou sabotage, les officiers Noah Izumi et Azuma Shinohara mènent l’enquête...
A noter que la série (produite par le studio sunrise et qui passait d'ailleurs au club dorothée en France dans les années 90) n'est pas réalisée par Mamoru Oshii, lui n'a réalisé que les deux films, avec son style bien à lui qui je trouve, apporte beaucoup à l'univers.
Le premier film est sorti en 1989, sur un scénario original de Kazunori Itō. Il a été produit par Bandai Visual, Tohokushinsha Film et animé par le Studio Deen, avec l'aide d'I.G Tatsunoko.
Les voix de doublage (seiyuu) des personnages principaux sont incarnées par Shigeru Chiba, Toshio Furukawa, Issei Futamata
Pour ma part j'avais abordé le film (premier du nom) sans rien connaitre à l'univers, ni manga, ni série, à part le premier épisode que j'avais visionné au préalable pour me faire une vague idée.
De plus n'étant pas trop adepte des séries et univers de méchas en général, j'avais quelques craintes, mais ce qui m'a poussé à le voir, c'est Mamoru Oshii à la réalisation, dont j'apprécie souvent beaucoup le travail. et j'ai beaucoup aimé !
Dans ce premier opus on ressent bien certaines de ses thématiques habituelles je trouve, comme le rapport de l'homme à l'Intelligence Artificielle, aux robots, à la technologie, le côté "homme qui cherche à dépasser Dieu" avec des réalisations arrogantes (l'image de la tour de Babel, métaphore au coeur de ce récit est très parlante) ; Le film comporte par ailleurs de belles scènes d'action mais celles-ci ne sont pas vraiment centrales, l'action est plus porté sur les dialogues un peu philosophiques, il y a beaucoup de paroles, d'enquêtes, et une très belle BO (charmante à réécouter à part du film ) laquelle est bien dynamique et pêchue ...
C'est un détail relatif à la version française mais j'ai aussi beaucoup aimé les doublages, il y a notamment Virginie Ledieu sur un des personnages (bien connue aussi pour doubler Athéna dans saint seiya ou encore Maetel dans Galaxy express 999). Patlabor le film comporte aussi bon nombre d'autres comédiens qui m'étaient assez familiers comme Patrick Borg, Guy Chapelier ..
Nous avions à l'époque commenté les films dans le topic général sur la saga Patlabor (cliquer ici) ; j'en profiterai pour reposter un peu mon avis de l'époque. Voici ce que j'avais posté à chaud, après mon visionnage
phoenlx a écrit :Dans l'ensemble je sors de ce film avec une bonne impression
Par rapport à d'autres oeuvres de Oshii, je ne dirais pas qu'elle m'a autant marqué qu'un Ghost in the shell par exemple, avec son atmosphère si spéciale, ses thématiques, ou même qu'un Avalon (film qui sous bien des points me rebute par moment à cause du côté ennuyeux vers le début et son atmosphère sombre "polonaise" mais qui m'avait très marqué, par sa BO, par son intro, sa fin, le questionnement par rapport au virtuel etc.
Patlabor je dirais, m'a enthousiasmé mais à un niveau peut-être légèrement moindre mais ce n'est pas une déception en soi, je m'y attendais, ce film d'animation a quelque chose de différent aussi par rapport à l'impression qu'on peut ressentir devant un Sky Crawler. Je n'irais pas jusqu'à oser dire "moins personnel" mais il y a sans doute un peu de ça, on sent un peu, que c'est d'abord et avant tout un film associé à une franchise préexistante.
Vu que je ne connais pas la série, je ne saurais dire ce qui vient de l'univers de base et ce qui vient de Oshii dans tout ça, bien que je m'en doute un peu.
Ca n'en reste pas moins très bon. L'histoire se laisse suivre, dès le début, on est plongé dans une scène d'action assez impressionnante (avec une musique percutante ) dans laquelle on peut voir un des robots (les fameux labor) qui est devenu fou et qui est pourchassé par des soldats. Ensuite par contre, il y a moins d'action pendant un moment car le film va se concentrer sur toute l'enquête afin de découvrir pourquoi les robots deviennent fous etc.
Beaucoup de parole dans cette partie, des dialogues, des personnages qui enquêtent. Un peu d'humour, mais pas trop et plutôt bien distillé. Les personnages sont attachants, sans pour autant être aussi marquants et iconiques (je trouve) que peuvent l'être des mokoto Kusanagi dans Ghost in the shell, ou Baton ou des perso comme ça, mais peut-être qu'en voyant la série et en me familiarisant encore plus avec eux, je le ressentirais différemment, là je découvrais l'univers, et une heure et demi c'est sans doute court, pour un univers qui semble avoir un background intéressant et sans doute plus riche.
L'enquête nous emmène parfois vers des considérations un peu métaphysiques, des questionnements sur la place de l'Homme, son rapport à la nature, à Dieu, à l'IA. Il faut savoir que le monde qui est décrit ici est un monde hypothétique futuriste, dystopique, où les poles auraient fondus et où le niveau de la mer augmente, si bien que plusieurs de nos cotes sont menacées (et ici en l'occurrence, les cotes japonaises)
pour que la population (qui ne cesse malgré tout d'augmenter) puisse continuer à vivre et avoir un habitat, ils cherchent à ériger des espèces d'ilots grignotant sur la mer pour gagner de la place (c'est le projet appelé Babylone, la Babylone japonaise comme il est dit) --> tout ça nous renvoie évidemment au mythe de la tour de Babel
Les labor participent évidemment à élaborer ces habitats, ils sont donc très importants, mais dans ce récits, ils échappent au controle humain pour une raison mystérieuse (et je ne vais pas spoiler)
On a donc à la fois des questionnements religieux et métaphysiques, des références à l'ancien testament, à la tour de Babel, tout ça colle assez je trouve avec d'autres oeuvres d'Oshii, et quand tu verras le film scarabée, je pense que tu reconnaitras sa patte à divers autres petits détails, les bâtiments, et bien sûr aussi les musiques de Kenji Kawai compositeur déjà bien connu sur avalon, sur ghost in the shell, dont on reconnait bien le style ...
pour l'avoir souvent écouté d'ailleurs je dois dire que certains thèmes ici présents me rappellent un peu ceux qu'il avait composé pour un célèbre documentaire pour la seconde guerre mondiale par moment. tout ça donne un certain charme à l'oeuvre et accompagne bien les images, nous plongeant dans une atmosphère intéressante.
Je repartage ici une analyse du premier film trouvée sur sens critique :
https://www.senscritique.com/film/Patla ... ue/4338565
scarabée, je reposte aussi ta critique !!
scarabéaware a écrit :Je viens de le voir, et va falloir qu'on éclaircisse quelque chose de suite . A aucun moment c'est dit que les pôles ont fondus et que le niveau de la mer augmente, j'imagine que t'as conclus ça par rapport à toute cette histoire de création d'ilots hum ? Non parce qu'en fait ces ilots comme tu les appelles c'est juste des polders, ça existe depuis le 17ème siècle aux Pays Bas pour gagner du terrain sur la mer vu qu'ils avaient besoin de plus d'espace, on a aussi ça en France et c'est également largement le cas au Japon pour élargir un peu le territoire vu qu'ils manquent un peu de surface avec leurs îles . On parle même de poldérisation, bref, je te laisse te référer plus amplement à la fiche wikipédia qui explique très bien ce système de gain de terres qui n'est aucunement en relation avec le réchauffement climatique mais qui a tout de même des conséquences environnementales : https://fr.wikipedia.org/wiki/Polder
Maintenant, pour ce qui est du film en lui même, j'ai plutôt bien apprécié, on retrouve bien de la patte d'Oshii mais pour le coup c'est peut être plus léger sur cette histoire et je suis pas sur qu'il surpasse beaucoup l'histoire de base mais c'est tout de même intéressant et évidemment on n'est pas au niveau de Ghost in the Shell, Avalon ou encore Sky Crawler. Par contre on touche un peu à du thème abordé de façon bien hermétique et fascinante dans l'Oeuf de l'Ange avec de l'aspect biblique distillé par là, de manière plus simple mais efficace. Oshii imprime une certaine vision et l'on peut apprécier le propos, car les polders c'est se jouer de la nature il est vrai et le projet Babylone par son nom nous renvoie largement à l'évènement biblique, nous avons aussi la référence à Babel. Bref, c'est impeccable la dessus et on a toute une illustration d'une menace à travers ceci avec un scientifique qui aura orchestré la fragilisation de la construction, signant son opposition à une certaine évolution de l'urbanisation. On se laisser intriguer par ces dérèglements qui touches les robots que sont les Labors avec une IA limitée mais existante sur laquelle on se penche légèrement, qui peuvent être infecté par un virus. Et on peut évoquer vu leur utilisation mondiale le vaste problème encouru par une uniformisation et normalisation qui confère à du monopole à même de représenter un véritable danger par le manque de diversité. S'il y a un problème c'est la planète entière qui peut être toucher au point que ça vire à la catastrophe ce qui nous renvoie bien aux dangers de la mondialisation et aux impacts d'attaques informatiques. La fragilité du système est bien soulevée et c'est des évènements météorologiques exceptionnelles qui peuvent aussi largement contribuer. Qui plus est nous avons de quoi avoir d'autres réflexion quand à l'uniformisation d'un point de vue urbain entre autre avec les grands ensembles d'immeubles, avec lesquelles un trait peut être tiré sur le passé, y a l'invitation à préserver le patrimoine et qu'on laisse de la diversité dans la ville, plutôt que de toute rendre morne et sans âme à développer de la "verrue urbaine" comme disais un de mes profs, massivement et en détruisant ce qui fait le caractère propre d'une cité. Il y a des lieux à préserver.
A part ça nous avons quelques petites touches qui sont plus dans l'humour mais bon, c'est pas l'univers qui soit le plus sérieux qui soit et ça passe bien, on a de quoi relever des choses de bonne valeur dans tout ça, et oh oui pas que j'oublie, pensée pour les intérêts politico-économiques qui ressortent on ne peux dans le contexte de la situation des Labors défectueux. Labors qu'on voit d'ailleurs un peu humanisés par les termes employés, y a un côté affectif .
Bon pis sinon pour la musique il est plaisant d'entendre des morceaux de Kenji Kawaii qui procurent un bel effet de contemplation par instants, c'est bon aussi ça ^^. Bref, avec Patlabor je dirais qu'on est complètement dans une problématique de Développement Durable pour ce qui est de l'appel à la préservation de l'environnement insufflée ici.
La suite de notre discussion de l'époque (notamment sur l'histoire des poles) par ici : viewtopic.php?f=175&t=9074#p1200527
Evoquons à présent le second film (qui m'avait lui aussi beaucoup séduit, quand je l'avais vu, j'ai même tendance à le préférer au 1 ! je trouve qu'on sent encore plus l'emprunte du réalisateur Mamoru Oshii dans celui-ci) :
synopsis :
En l'an 2002, devant la prolifération des robots Labor, une escouade Patlabor est créée afin d'empêcher l'utilisation de cette technologie par des criminels. La destruction, en Asie du Sud-Est, d'une équipe de Labor, est la déclaration d'une guerre terroriste mondiale.
Désormais, l'escouade Patlabor doit protéger la ville, sous les ordres d'un responsable ambigu, qui n'est autre que Nagumo...
Ce second opus est sorti en 1993. Il a été encore une fois produit par Bandai Visual, Tohokushinsha Film et animé par le studio Production I.G. Il fait suite à Patlabor, également réalisé par Oshii, sorti en 1989.
Je reposte ma critique de l'époque (présente dans l'autre topic)
phoenlx a écrit :Difficile de décrire ce film, je l'ai vécu plus comme un film à ambiance (comme souvent avec Oshii) et ce n'est pas pour me déplaire, même s'il est très bavard et qu'il faut parfois s'accrocher. Il est ici question d'une sorte de coup d'Etat, l'équipe des patlabor cherchant à protéger Tokyo, l'histoire se déroule dans le contexte d'une intrigue assez complexe mêlant la police et les militaires, par moment il faut s'accrocher quand (comme moi) on ne connait pas trop l'univers pour se remémorer qui est qui, par rapport aux nombreux personnages qui sont nommés, et aux intrigues.
Mais c'est un très beau film, pour ses visuels, quand on voit certains plans de la ville, certaines scènes sur la route (je pense au moment où la fille conduit sa voiture et passe sur le pont au début du film) ouah, c'est beau avec tous les effets de lumière et autre. On retrouve comme souvent une petite scène avec un basset Hound (le chien fétiche d'Oshii qui est dans quasi tous ses films ) ainsi que beaucoup de plans avec des oiseaux, avec des immeubles qui font un peu miroir, comme dans Ghost in the shell et d'autres films de Oshii (et d'ailleurs en voyant certains je n'ai pu m'empêcher de penser aussi à Matrix, les Wachovski ayant clairement copié ça sur Oshii aussi je pense) ...
Beaucoup de scènes contemplatives, lentes, et en toile de fond, la musique de Kenji Kawai, toujours aussi prenante, inquiétante, mystérieuses par moment (et qui me rappelle toujours autant celle qu'il a composé pour les reportages sur la seconde guerre mondiale, Apocalypse. D'ailleurs je viens de réécouter ces derniers thèmes sur You tube et l'un des thèmes principaux est vraiment très proche de celui de Patlabor que j'entendais juste avant en regardant le film. Mais bon on ne lui en voudra pas de faire un peu de réutilisation de films en films, car il compose de très beaux thèmes à ambiances.
Ne cherchez pas beaucoup d'action car il y a de très belles scènes, léchées, soignées, mais sur les quasiment deux heures de films, ça représente peu de minutes, les 70% du film c'est soit des scènes avec de gros dialogues, des enquêtes, des discussions sur les enjeux politiques (voire philosophiques plus larges, des réflexions sur la guerre) soit des scènes silencieuses, contemplatives, avec de très beaux plans sur la ville, les immeubles, les constructions, les oiseaux, des dirigeables, des véhicules, des machineries, j'ai aussi en tête un superbe plan sur un port, le soucis de détails est incroyable. Je n'avais pas souvenir que le premier film m'ait autant emporté visuellement, même s'il était intéressant à bien des niveaux. Dans ce second volet, j'ai retrouvé davantage ce qui fait le sel du cinéma d'Oshii, tout en me laissant embarquer par l'histoire (je ne vous garantit pas cependant que ça m'ait donné envie de plonger dans la série, je ne le crois pas, surtout qu'il n'y a plus Oshii à la baguette) mais en tout cas, je ne regrette pas l'expérience.
Il est beaucoup question d'actes terroristes, de manoeuvres militaires et politiques, de coup d'Etat dans ce film, et une scène m'a fait un peu froid dans le dos dans le contexte actuel c'est la destruction d'un pont par un missile, un gros viaduc qui se retrouve ensuite coupé en deux avec un gros vide au milieu ..
Voir ce film quelques jours après la catastrophe italienne à Gènes ça réveille forcément quelque chose ...
Le film aborde aussi souvent les rapports entre les américains et les japonais, les conséquences de l'occupation américaine après la seconde guerre mondiale, les questionnements sur la guerre (y a t'il vraiment des "bonnes guerres" et des "mauvaises guerres" ?) ; Bref, de quoi se divertir, de quoi s'éblouir l'ouïe (kawai oblige) et les yeux, et se nourrir l'esprit ... Bon film à voir !
Pour compléter cette petite présentation, je repartage une émission Bakast (chaine youtube Cinefuzz) un peu ancienne, avec notamment la présence de Philippe Bunel, co-auteur notamment du livre récent : Les 100 ans de l'animation japonaise
scarabée, je reposte aussi ta critique qu'on avait partagé dans l'autre topic
scarabéaware a écrit :Je viens de voir le second film Patlabor réalisé par Mamoru Oshii et je crois que je l'apprécie encore un peu plus que le premier film aussi qui était pourtant déjà très bien, mais dans celui-ci on aborde encore autre chose, il s'agit d'une intrigue sur fond de terrorisme qui a de quoi provoquer beaucoup de remous...
On est clairement pris par l'ambiance, on contemple et on a un bon petit flot de paroles tout en étant sur un rythme assez lent mais qui pose bien son atmosphère qui va devenir peu à peu pleine de tension, nous avons une très belle esthétique, une belle animation, de beaux visuels et même en pleine tension il parvient à nous créer de l'apaisement, je pense à la scène du bateau avec la neige qui tombe où nous avons une très belle musique qui nous berce, on est dans un contexte très tendu mais ce moment à quelque chose d'assez magique, ça forme un moment très particulier au milieu de cette crise nous donnant une intrigue ayant une certaine ampleur, conférant au complot, déclenchant une situation telle que le Japon en est limite au bord du précipice, c'est à respirer même une odeur de question de survie. Je trouve qu'avec un telle axe il y a une expression d'angoisses et de craintes, surtout en constatant ce qu'il en est, ça met rudement à l'épreuve tout le petit monde chargé de rétablir la situation, de quoi se demander comment ils vont pouvoir s'en sortir .
En même temps nous avons un filigrane de réflexion quand à la paix et la guerre, à évoquer guerre juste et paix injuste, ça témoigne bien de pensées que peux avoir Oshii, une vision quand à ce que la paix faut avoir de factice du moment qu'elle est là pour préparer la guerre, car qui veux la paix prépare la guerre, d'ailleurs c'est une très belle illustration de ce genre d'état d'esprit, bien que Mamoru Oshii soit du genre pacifiste, finalement le qui veux la paix prépare la guerre a de quoi s'en ressortir, ça aurait presque pu être une réplique placée dans ce film. Bon c'est tout une réflexion qui ressort et à de quoi se faire conséquente mais c'est faire prendre conscience de certaines choses et de la petite pique est glissée vis à vis des USA, on a de quoi en sourire à l'évocation de ce qu'ils ont apporté en terme de produits pas forcément sain et de l'emprise qu'ils peuvent avoir.
Le Japon est prospère, il a réussi une excellente reconstruction mais tout pourrait basculer un jour en ne prenant pas totalement gardes à bien des éléments, bon évidemment il faut penser sur le plan des risques de catastrophe naturelle mais aussi d'un point de vue politique, ce sur quoi Mamoru Oshii assure très bien.
Ceci nous est servi avec bien de belles scènes et une composition de Kenji Kawai offrant une bonne résonance à nos oreilles, c'est très beau et bien prenant, à formuler des inquiétudes qu'on a de quoi bien saisir, les mechas que sont les labors en deviennent même très secondaire, ils sont utilisés mais c'est avant une transmission d'impressions, ça fait bonne part d'exutoire et il faut être bien attentif avec tout ce qui est débité mais le sens profond a de quoi être bien saisi et des situations comme ceci ont de quoi refléter beaucoup de choses, il ne faut jamais se croire en sécurité mais toujours rester en état d'alerte face à des évènements qui pourraient provoquer un véritable chaos. Et là on a devant nous une situation de crise assez terrible, on peut toujours dire qu'il est dommage de ne pas voir quelques réactions de la population peut être mais bon tant pis, on s'intéresse beaucoup à la résolution du problème, faire en sorte de débloquer la situation et pouvoir garder la maitrise, ne pas perdre la main. Encore qu'une suggestion est faite de manière assez fourbe mais pourtant c'est pas totalement faux, la souveraineté peut être parfois fragilisée.
C'est parfaitement calibré pour livrer un message tout en profitant d'une belle œuvre du point de vue visuel et auditif qui se charge d'un fond dont on peut largement apprécier ce qu'il exprime et il a de quoi prendre énormément d'élargissement dans un monde qui vit sous menace constante, avec une géopolitique qui ressemble au cratère d'un volcan qui pourrait exploser à tout moment. Une très bonne réalisation avec bien des qualités que l'on peut voir tant sur le fond que la forme, du Mamoru Oshii comme on aime .