Voici un manga qui n'est pas à mettre entre toutes les mains. En effet, Chibi Geass s'adresse avant tout aux vrais fans, ceux qui ont vu l'intégralité de la série animée et qui s'intéressent à l'univers. Le public otaku, quoi ! Les autres peuvent déjà rebrousser chemin, ils risquent de ne pas comprendre le délire.
Cela étant dit, qu'est-ce que Chibi Geass ? Eh bien, c'est un recueil de suites de gags en quatre cases formant de petites histoires parodiques avec les personnages de la série Code Geass: Lelouch of the Rebellion. Ces derniers sont représentés en SD (Super-Deformed: des grosses têtes sur des corps pas spécialement grands) et ils sont tournés en dérision d'une manière qui reste extrêmement fidèle à l'essence même de la série (raison pour laquelle les néophytes risquent de ne rien y comprendre).
J'avais découvert de genre de manga parodique avec la série des Petit Eva, mais cette dernière n'était vraiment pas terrible et sentait le fan-service à plein nez. Non pas que Chibi Geass soit dénué de fan-service, mais la manière dont elle en joue est réellement jouissive et on sent réellement tout l'amour et le respect que l'auteur prête à la série animée. Si bien que le délire est véritablement communicatif, les gags sont tellement débiles qu'ils en deviennent géniaux, les fans de la série et les connaisseurs de la culture otaku saisiront aussi le second niveau de lecture subtil qui se cache derrière (les allusions sont nombreuses et riches) et l'ensemble tout simplement hilarant et incroyablement divertissant.
On retrouve bien sûr Lelouch dont l'ego surdimensionné confine à la stupidité, Kallen dont l'apparence douceur et élégance cache une grande colère qui donne naissance à l'Incroyable Hulkallen, sorte de transformation de super-saiyan avec les cheveux en bataille et un témpérament violent, C.C. pour laquelle tous les prétextes sont bons pour bouffer de la pizza, Jeremiah "Orange" Gottwald qui est un grand fan de groupes tels que Orange Range ou de films tels que Orange Mécanique, ou encore le jeune Lelouch qui s'avère déjà un véritable tyran dans l'âme, idôlatrant le terroriste Zero et étant toujours du côté des méchants quand les autres enfants de la maternelle de la rébellion regarde les aventures du Lancelot Masqué à la télévision (héros de série super-sentai crée par Britannia pour endoctriner les jeunes esprits).
Un bel esprit de dérision donc qui enchaîne des séquences purement géniales au cours de petites histoires sympathiques. Même si le paradoxe de ce genre de manga, c'est qu'on en profite pleinement en le lisant à petites doses au fur et à mesure plutôt que tout d'une traite (ce qui peut créer des longueurs). Mais le plaisir de la lecture est à chaque fois présent.
Pour terminer, un mot sur la qualité de l'adaptation française qui est juste excellente. Les traducteurs n'ont pas hésité à inséré de nombreuses références à la culture française (ou des références que le public français peut saisir) lorsque le contexte s'y prêtait et ça s'intègre si parfaitement à l'ensemble qu'on peut se demander si l'adaptateur n'est pas habitué à écrire des sketches.
Quoiqu'il en soit, malgré les à-priori qu'on peut avoir sur ce titre et malgré une couverture qui ne donne pas spécialement envie, on se trouve donc en présence d'un très bon manga qui divertira pleinement les nombreux fans de cette excellente série, public auquel cet ouvrage est avant tout destiné.
Peut-être le meilleur manga dérivé de cette franchise à l'heure actuelle, même si sa nature un peu particulière fait qu'il est tout sauf indispensable. C'est principalement destiné à un public de fans otakus qui ont envie de déconner un bon coup avec une série pour laquelle ils ont une affection sincère.