Le lembasIl s'agit d'un pain confectionné par les Elfes, qui se présente sous la forme de fines galettes dorées. Il est uniquement connu des Eldar, qui ne le partagent pas avec les hommes, sauf exceptions.
Etymologiquement le nom signifie « pain de route » ou « pain de voyage » en langue sindarine ( la langue des elfes gris ) ; de lenda « voyage » et bast « pain » . Le nom dérive d'une forme antérieure lenn-mbass. L'équivalent quenya le plus fréquemment employé est coimas, qui signifie « pain de vie ».
Le lembas peut être conservé très longtemps et présente des capacités nutritives élevées, « nourriss[ant] la volonté et donn[ant] une force d'endurance, ainsi qu'une maîtrise des nerfs et des membres dépassant celle des simples mortels ». Dans Le Seigneur des anneaux, Galadriel en offre à la Communauté de l'Anneau, et il constitue la principale nourriture de Frodon et Sam durant leur voyage jusqu'au Mordor.
Tolkien invente le lembas fin 1941, durant la rédaction du chapitre du Seigneur des anneaux « Adieu à la Lórien ». Ce n'est que par la suite, dans les années 1950, qu'il l'introduit dans les textes du Silmarillion, plus précisément dans les brouillons pour la partie centrale de l'histoire de Túrin, utilisés par Christopher Tolkien pour la publication du Silmarillion en 1977 et repris plus en détail dans Contes et légendes inachevés (1980). Vers la même période, Tolkien rédige un court texte sur la nature et l'origine du lembas, publié par Christopher Tolkien en 1996 dans The Peoples of Middle-earth, dernier volume de l'Histoire de la Terre du Milieu.
Dans les CLI , l'elfe Voronwë évoque ce pain en s'adressant à Tuor :
"
Tu connais l'endurance des Hommes, dit-il [Voronwë].
Quant à moi, je suis un Noldo, et âpre serait la famine et rude l'hiver qui abbatraient les gens de la race de ceux qui ont franchi la Glace Broyeuse [Helcaraxë]. Car comment penses-tu que nous avons pu peiner des jours innombrables dans les déserts salés de la mer? Ou n'as-tu point entendu parler du pain-de-route des Elfes? Et je conserve toujours par-devers moi ce que tous les marins gardent en dernier recours."
Le lembas est un Don des Valar aux elfes : Il leur est apporté par Oromë durant leur Grande Marche vers le Valinor. Il est préparé à l'aide d'un blé conçu par Yavanna, à la croissance particulièrement rapide et dont la vigueur se retrouve dans le lembas ; en Terre du Milieu, ce blé ne connaît ni la pourriture, ni aucun mal que connaissent les autres plantes.
Les Eldar font pousser ce blé dans des champs gardés : sa récolte, ainsi que la préparation du lembas est réservé à un petit groupe de femmes, les Yavannildi ou Ivonwin (« Servantes de Yavanna »), qui tiennent la recette de cette nourriture secrète. Le lembas est ensuite conservé par les femmes eldarines de rang particulièrement élevé (par exemple les reines), qui en disposent comme bon leur semble. C'est ainsi que Melian en fait don à Beleg Cúthalion pour Túrin dans Le Silmarillion ; une faveur importante, car « jamais auparavant les Eldar n'avaient permis aux Humains de manger de ce pain ». La guérison des compagnons blessés de Túrin est également facilitée par le lembas, mais lorsque le nain Mîm feint d'être malade, Beleg refuse de lui en donner, augmentant sa rancœur envers lui.
Bien des années plus tard, à la fin du Troisième Âge, Galadriel (qui a reçu l'enseignement de Melian au Premier Âge) en offre aux membres de la Communauté de l'Anneau. Le lembas est décrit dans Le Seigneur des anneaux comme des galettes, « faites d'une farine légèrement dorée d'un côté et couleur de crème à l'intérieur ». Les Galadhrim expliquent à Gimli qu'« un seul [gâteau] peut garder un voyageur sur pied pour une journée entière de dur labeur » ; ses vertus sont accrues lorsqu'il est consommé seul, sans autre nourriture.
Le lembas offre par la suite à Merry et Pippin, enlevés par des Uruks, le souvenir « de beaux visages, des rires, et une nourriture saine en des jours tranquilles, à présent lointains » ; lorsqu'ils trouvent à s'enfuir, ils ne prennent que le lembas avec eux. Néanmoins, Gollum préfère jeûner plutôt qu'en consommer, et lorsque Frodon est capturé par les Orques de Cirith Ungol, ces derniers lui prennent sa nourriture, mais se contentent d'éparpiller le lembas, craignant visiblement d'y toucher. Au cœur de l'aridité du Mordor, il constitue la principale source de nourriture de Frodon et Sam, « sans laquelle ils se seraient depuis longtemps [avant d'atteindre la Montagne du Destin] couchés pour mourir ».
Analyse :
Christopher Tolkien suggère que son père a pu introduire un clin d'œil philologique dans sa description du lembas : le fait que seules les « Dames » puissent en faire don serait une référence à l'étymologie du mot anglais Lady, dérivé du vieil anglais hlǣf « pain » + dīġe « pétrisseuse ». Il faut peut-être également lier le « pain de route » (waybread) au wegbræde, nom du plantain qui apparaît dans plusieurs charmes anglo-saxons, notamment le Nine Herbs Charm (en).
Tolkien lui-même explique dans une lettre que le lembas possède deux fonctions dans Le Seigneur des anneaux : la première est de « rendre vraisemblables les longues marches faites avec peu de provisions, dans un monde où [...] les miles sont des miles », mais cette nourriture possède également un aspect « d'un genre que l'on pourrait appeler, avec hésitation, "religieux" ». De nombreux lecteurs ont perçu des liens entre le lembas et le sacrement catholique de l'Eucharistie, et notamment avec le viatique, l'eucharistie donnée aux mourants avec l'extrême-onction. Le nom « viatique » provient du latin viaticum, « provisions de voyage », ce qui rappelle le « pain de route » qu'est le lembas ; dans l'Évangile selon Jean, Jésus déclare « Je suis le pain de vie », ce qui correspond à l'autre nom du lembas, le coimas ou « pain de vie ». Conscient de cette portée « religieuse » du lembas, Tolkien l'explique par le fait que « des choses bien plus importantes peuvent jouer dans notre esprit lorsqu'il s'occupe des choses secondaires du conte de fées ».
( source : wikipédia )