
Un petit topic pour parler d'un réalisteur phrare de l'animation japonaise et le "numero 2" des studios Ghibli, j'ai nommé : Isao Takahata.
EDIT 2018 : Voici quelques uns des films d'animation célèbres qu'il a réalisé (avec leurs topics) :

















Pour ma part, je n'ai vu à ce jour que deux de ses films dont "Le Tombeau des Lucioles", souvent considéré comme son chef d'oeuvre, et "Goshu le Violoncelliste" (relativement méconnu en France et difficle à aquérir de nos jours).
Le Tombeau des Lucioles :

A la base, il s'agit d'une nouvelle quasi-autobiographique de Nosaka Akiyuki écrite en 1967. Le film en est une adaptation très fidèle (l'intervention des fantômes est la seule réelle différence par rapport à la nouvelle).
Seita et sa jeune soeur, respectivement agés de 14 et 4 ans, vivent l'enfer des bombardements de la seconde guerre mondiale dans lesquels ils perdent leur mère et leur maison. D'abord recueilli par leur tante, qui leur donne un accueil bien peu chaleureux, ils décident ensuite de vivre par leurs propres moyens dans la nature, avec pour seuls compagnons des lucioles.
Mais deux jeunes enfants ne peuvent survivre livrés à eux-mêmes, surtout en temps de guerre...
Le Tombeau des Lucioles est certainement l'un (si ce n'est LE) film d'animation le plus bouleversant qui n'ait jamais été crée. On ne compte plus les témoignages de personnes confiant être incapable de le revoir (sans pour autant nier ses qualités, bien au contraire justement !) tant sa puissance émotionelle nous prend littéralement aux tripes.
L'horreur de la guerre nous est présente, de manière plutôt indirecte (quasiment aucun soldat ennemi n'est montré, juste les avions) mais jamais édulcorée (on pense à la terrible scène où Seita retrouve le corps horriblement abimé au milieu d'un hôpital rempli d'horribles cadavres).
Il faut aussi souligner la qualité technique du film, notamment pour la première séquence de bombardement (salué par Télérama à l'époque et l'auteur de la nouvelle lui-même a déclaré avoir revécu ces événements auquels il avait assisté dans sa jeunesse en revoyant le film).
Le film est encore plus cruel quand il nous fait assister à la lente descente aux enfers de ces deux enfants, qu'on sait dès le départ voué à mourrir (qui n'a pas frissonné en attendant les premiers mots du film : "La nuit du 21 septembre 1945, je suis mort" dits dans la bouche du jeune garçon...). L'apothéose émotionel est atteint quand, après une frissonnante séquence nostalgique accompagnée par la chanson "Home sweet home", Seita brûle le cadavre de Setsuko La musique de cette scène offre un sentiment de chagrin et de désespoir rarement (jamais ?) égalé et le dernier regard du jeune garçon à sa jeune soeur avant de refermer ce qui lui sert de cercueil est une image à jamais marquante.
Mais ces moments ne seraient pas ce qu'ils étaient si ils n'étaient pas contrebalancés par la poésie qui est heuresement présente. Les fameux lucioles du titre ont permis d'introduire des très belles scènes nocturne, notamment celle où les deux enfants en capturent des dizaines et les libérent dans leur caverne (ce qui donne lieu à lumière particulièrement belle, une autre image marquante, dans le "bon" sens cette fois, du film).
La bande-son est une totale réussite, comprenant parmi les plus belles musiques de l'animation. Le doublage japonais est également parfait (pour l'anecdote, la voix de Setsuko est bel est bien assurée par une toute jeune enfant, donnant un ton particulièrement réaliste !). La VF est très soignée et ne gènera nullement pendant le visionnage, même si elle reste un cran en dessous de la VO.
Quand aux graphismes, c'est du Ghibli comme on l'aime avec des décors superbes et une animation très réussi qui n'a pas du tout vielli à mon sens.
Regarder le Tombeau des Lucioles, c'est se prendre une balle d'émotion fortes en pleine poire. On en ressort ému aux larmes (comme c'est mon cas) voire même traumatisé mais quoi qu'il en soit, c'est un film que chacun devrait voir au moins une fois dans sa vie. Peut-être l'un des plus beaux films de guerre et la meilleure démonstration de sa connerie profonde (salut à toi Jacques Prévert !

Goshu le Violoncelliste :

Ce film est sorti quelques années plus tôt que le Tombeau des Lucioles (en 1981) mais n'est arrivé en France que bien plus tard (et il a connu chez nous un destin un peu particulier mais j'y reviendrais plus en détail plus tard).
Là encore, le film adapte une nouvelle, cette fois-ci écrite en 1949 par Kenji Miyazawa. Je ne l'ai pas lu mais d'après ce que j'ai vu sur le net, l'adaptation a l'air là aussi très fidèle.
Goshu est un jeune violoncelliste timide jouant dans un orchestre. Bien que motivé, il a beaucoup de mal à maitriser son instrument mais la visite sucessive d'un chat, d'un oiseau, d'un tanuki (une sorte de blaireau) et de deux souris lui font faire des progrès considérable qui le mène sur la route du succès.
Ce long-métrage (qui ne dure qu'à peine plus d'1h) est dans un tout autre registre que le Tombeau des Lucioles. Il est d'ailleurs, contrairement à lui, très conseillé pour le jeune public (il est régulièrement diffusé dans les classes au Japon).
C'est d'abord une excellente initiation à la musique classique (la symphone Pastorale de Beethoven ponctue toute l'oeuvre) et peut sans doute même créer des vocations chez les enfants. Il est vrai que Goshu, de part sa timidité et sa maladresse, est un personnage auquel on peut tous s'attacher ou même s'identifier et le dur labeur qu'il s'inflige pour se perfectionner est particulièrement crédible.
Une petite touche "Disney" survient avec la présence des animaux parlants qui sont tous très sympathique à leur manière et les métaphore cachées derrière ces scènes sont bien amenées.
Le film a plutôt bien veilli techniquement même si je lui ai trouvé quelques (mais très secondaire hein !) longueurs dans sa mise en scène parfois. Je n'ai pas vu le fim en VO pour l'instant.
Il est temps de parler un peu du destin de ce film dans notre contrée. Il faut d'abord savoir que l'exploitation du film au cinéma a été effectuée par "Les Films du Paradoxe" mais que les droits en vidéo ont été aquis par LCJ. Hors, les deux éditeurs n'ont pas réussi à s'entendre (j'ignore les détails concernant cette mésentente par contre, peut-être une histoire de gros sous) sur la VF et du coup, deux doublages du film ont été effectués à la même période !
Le plus connu est celui de LCJ, effectué chez Chinkel avec notamment Yann Pichon sur le rôle de Goshu. Je n'ai pour l'instant pas vu tout le film (hormis des extraits) dans cette VF mais de ce qu'on m'a dit, elle est inférieure à la première quoi que tout de même très correct.
Le premier doublage n'ayant été exploité au cinéma et à la télévision lors d'une diffusion sur le cable (enfin, Les Films du Paradoxe ont sorti un DVD comprenant cette VF mais seulement pour un usage scolaire, impossible de le trouver dans le commerce, tout comme celui de LCJ qui est épuisé depuis longtemps et qui est vendu à ses sommes folles sur le net...), il est moins connu et je n'ai moi même pu l'écouter que grâce à quelqu'un qui a numérisé la bande-son (de la diffusion TV).
Il est en tout cas très bon, comprenant des voix connues comme Christophe Lemoine (qui livre un Goshu très crédible), Henri Poirier sur le chef d'orchestre ou encore Eric Legrand sur le chat et un membre de l'orchestre.
En résumé, Goshu le Violoncelliste est un film, certes un peu anecdotique en comparaison du Tombeau des Lucioles, mais néanmoins fort sympathique et peut facilement constituer un divertissement familial.