Maintenant que je l'ai vu...passons aux impressions
C'est pour le moins assez obscur mais en même temps on saisit tout de même bien une teneur post-apocalyptique, enfin un aspect de fin du monde et j'ai comme l'impression que transparaissait déjà sa façon d'attirer l'attention par rapport à la technologie. Au début on aperçoit un étrange amas technologique vers là où se tiens le jeune homme, un vestige de civilisation avancée peut on dire. Et puis arrive la curieuse masse sphérique, une espèce d'Etoile de la Mort qui forme un œil où on a l'impression que se marient la technologique et le mystique, c'est très étrange toutes ces statues, toute cette imbrication à laquelle on fait face. Un œil de Dieu je veux bien mais il est avec toute une caractéristique technologique, comme si en fait c'était la technologie qui avait dévasté ce monde sombre et plongé dans l'obscurité. Bon, et puis tout ça c'est vraiment du très contemplatif et dans le style graphique on a la très belle touche Yoshitaka Amano justement, entre la patte de Mamoru Oshii et son esthétique à lui on obtient quelque chose d'assez particulier et intéressant. On notera l’œuf qui semble contenir un gros poussin que l'on reverra par la suite, les œufs sont d'ailleurs nombreux, comme si on avait plein d'embryons qui voulaient rester bien à l'abri pour ne pas affronter ce monde hostile et devenu stérile
. En parlant des œufs, j'en viens bien évidemment à la fille que nous suivons dans sa déambulation, cheminant sans véritable but à part prendre soin de l’œuf dont dépend sa vie. Elle a vraiment quelque chose d'irrationnel en fait, et quand je vois le type qui croise son chemin je me dis que lui est le rationnel, nous avons l'irrationnel et le rationnel qui se font face. Dans tous les cas tous deux ont de leur couleur et l'on peut leur considérer une conscience contrairement aux autres êtres que nous voyons, inanimés mais qui s'animent soudainement tel des pantins quand nous avons les ombres de la Baleine et des poissons qui arrivent et qu'ils pourchassent sans plus y réfléchir. Ils ne sont plus que des ombres, ils ne sont plus rien. C'est en véritable contraste quand on voit la fille. J'ai bien noté aussi que nous avons toute la référence au déluge et donc à Noé, le garçon nous déclame bien les versets de la bible et on aperçoit comme une arche (avec des rames
) à deux instants. Tout ceci à de quoi vraiment bien interloquer et la musique souligne bien tous ces instants que nous visionnons, très belle musique qui plus est dans cette histoire avec peu de paroles qui à de quoi nous laisser songeur à chaque instant. Il y a une chape non pas de plomb mais mystique, toutefois on voit qu'est venue comme une dévastation. Je reviens un peu sur le jeune homme et la fille, tout d'abord elle le fuit, puis celui-ci la suit mais elle n'apprécie pas puis finalement on lui voit un petit sourire d'appréciation de sa compagnie qui fait qu'elle se retrouve moins dans la solitude. Il y a fuir ce qui nous échappe dans un premier temps avant d'appréhender tout en restant irrationnel face au rationnel qui est difficile à appréhender pour qui reste dans l'irrationnel et y subsiste fortement. Et là j'en viens à son acte à lui sur l’œuf, à ce qui lui prenne de porter un coup dessus avec son espèce d'épée. On peut aussi la considérer comme une croix bien sur. Mais là du coup je vois toute une rationalité de voir ce qu'il y a, plutôt que de ne pas essayer d'aller vers la vérité de ce que ça cache. Et là je me dis qu'il y a peut être un aspect gnostique
, lui est allé à la recherche de la vérité quand la fille restait dans une autre position. La vérité c'est qu'au final il n'y a rien dans cet œuf...couvé pour se rassurer avec sa présence maintenant en vie la jeune fille. On a donc une symbolique par rapport à la foi ici. Et en regardant rapidement ça :
- L’œil représente Dieu
- Les statues entourant l’œil représentent les 144000 élus (apocalypse 7 : 4)
- Le bruit que celles-ci font représenterait les sept trompettes annonciatrices des malheurs qui s'abattront sur la Terre à Harmaguedon
- La fille représenterait l'Humanité
- Le garçon : Jésus Christ
- Le vaisseau : l'arche que Noé construisit pour le déluge
Difficile de voir Jésus en ce garçon si jamais il est plutôt gnostique
. Je vais d'ailleurs lire ensuite tout le propos mais pour le moment avec l'impression que j'ai autant sur bien des éléments il est possible que je sois d'accord, autant le garçon, qui forme une pointe rationnelle, ne m'inspire pas l'irrationnel d'un statut de messie. Mais bon possible que ça puisse être le cas aussi mais alors à ce moment là il est antéchrist. Enfin bref, j'ai plutôt une perception de rationalité avec lui.
Autrement la fille apparait très pure je trouve, ce que n'est pas vraiment l'Humanité de ce point de vue mais en soit elle est très représentative de la façon dont l'humanité peut se réfugier fortement dans l'irrationnel de la foi, la dessus c'est indéniable qu'elle renvoie complètement une certaine image.
Bon puis au final, la fin nous laisse encore plus songeur et pourrait presque nous perdre quand nous apparaît toute l'immensité à ce qu'on demande où l'on est finalement. Tout est finalement si petit, c'est un infiniment petit contrastant avec un infiniment grand et on a du mal à comprendre ce qu'on voit d'un coup, mais bon, en songeant avant tout à ce qui s'est déroulé on capte tout de même des éléments probants auxquels se rattacher avant d'être pris par la curiosité de l'infiniment grand qu'on ne sait comment observer concrètement. Et là on peut se référer à l'immensité de l'espace à la rigueur.
On a toute une recherche. Enfin bon, ce film c'est une teinte de clarté au milieu d'un océan d'opacité avec son petit côté hermétique qu'on peut difficilement vraiment pénétrer mais légèrement appréhender.
Dans tous les cas j'ai vraiment envie de songer à la gnose quand je vois tout ça
. Je pense que je me ferai un second visionnage de ce film après avoir fait quelques autres explorations des fois qu'il soit possible de retirer encore quelques autres éléments
.