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John Cassavetes

Le coin des cinéastes, car le cinéma, ce n'est pas que des films... Découvrez ici les travailleurs de l'ombre du septième art, réalisateurs, scénaristes, producteurs, qui une fois leur travail mis en commun nous permet de nous offrir le meilleur du cinéma... Ou le pire.
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John Cassavetes

Messagepar Duramou » ven. mai 23, 2014 6:57 pm

La famille Cassavetes comprend le père John, la mère Gena Rowlands et les enfants Nick, Alexandra et Zoe.


John né le 9 décembre 1929 à New York et mort le 3 février 1989 à Los Angeles.
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Longs métrages

1959 : Shadows
1961 : Too Late Blues ou La Ballade des sans-espoir
1963 : Un enfant attend (A Child Is Waiting)
1968 : Faces
1970 : Husbands
1971 : Minnie et Moskowitz ou Ainsi va l'amour (Minnie and Moskowitz)
1975 : Une femme sous influence (A Woman Under the Influence)
1976 : Meurtre d'un bookmaker chinois (The Killing of a Chinese Bookie)
1978 : Opening Night
1980 : Gloria
1984 : Love Streams ou Torrents d'amour
1985 : Big Trouble


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:arrow: John Cassavetes & Gena Rowlands


Vous pouvez venir parler des films du fils, de la mère ou des filles.
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Re: Cassavetes

Messagepar Duramou » ven. mai 23, 2014 6:59 pm

Décroche les étoiles
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Le premier film d'un enfant (de) star est forcément une curiosité !
En ce qui concerne Unhook the star, c'est encore plus troublant car le fiston de papa John et maman Gena honore formidablement sa filiation en reprenant le style de son père et en faisant jouer sa mère. Comme si la mort du père quelques années plus tôt avait permis au fils de tenter sa chance et de créer à son tour.
Mildred (maman Gena) Hawkes a perdu son mari et peine à faire son deuil. Elle a élevé ses enfants, devenus grands...
Son fils Ethan Hawkes, son préféré, est marié à une femme ravissante, a un emploi satisfaisant et rémunérateur mais sa fille, Ann Mary Margret entretient des relations conflictuelles avec sa mère. Elle ne travaille pas, refuse de poursuivre des études et toute la compréhensivité de Mildred, la communication ne passe pas et elle finit par claquer la porte de la maison familiale.
Face à cette nouvelle solitude, Mildred va essayer de se construire une nouvelle vie.
Sa nouvelle voisine (la blonde Marisa Tomei), une jeune femme fraîchement séparée de son mari violent vit seule avec son fils J.J. et offre à Mildred une chance de se rendre utile en s'occupant de l'enfant.
C'est cette relation entre ses deux personnages que le spectateur observe se construire. La patience, l'attachement et le temps partagé font que le lien qui se crée changera leur vie à tous les deux.
Monica, la mère de J.J. apporte ainsi un nouveau soufle à la vie le la veuve et lui permet de rencontrer un camionneur canadien inteprété par notre Gégé national avant qu'il ne devienne russobelge. Les scènes entre les deux, la séduction complètement troublante (Vous êtres, une vraie femme, à 100%) quoique surréaliste et incongrue qui s'installe fait partie des moments les plus drôles du film. Il est son cadet de 20 ans, c'est une intellectuelle et lui un routier mais elle lui plait. Le spectateur est comme lui, ravi de côtoyer Gena Rowlands à presque chaque plan. -
Faisant la part belle aux émotions, Nick Cassavetes ne tombe ici jamais dans le travers que je lui reprocherais dans ses films plus récents.
La jaquette du DVD comporte des citations que je ne peux pas m'empêcher de copier à mon tour.
"Gena Rowlands, meilleure actrice du monde" (Première)
"Gena, sensible et émouvante" (Le Nouvel Observateur)
"La grandiose, la géniale Gena Rowlands" (Le point)
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Re: Cassavetes

Messagepar Duramou » ven. mai 23, 2014 7:02 pm

Torrents d'amour
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Adapté d'une pièce de théâtre écrite par Ted Allan, Torrents d'Amour est à la fois le dernier film (Big Trouble ne compte pas !) et la somme des films du réalisateur phare du cinéma indépendant américain.
Tourné dans des conditions plus que difficiles pour lui, John Cassavetes se porte plus que mal personnellement et met une part autobiographique importante dans l'adaptation qu'il coécrit avec l'auteur de la pièce. Il vient de perdre sa mère et d'apprendre qu'un crabe le ronge et le condamne plus tôt que prévu à partir loin de ceux qu'il aime, Gena et leurs trois enfants. Le tournage se passe en grande partie dans la maison du couple Le personnage qu'il se donne à jouer était d'abord destinée à un autre (John Voight) et se fond dans le personnage de cet écrivain alcoolique en manque d'amour, immature qui fuit les responsabilités. Même au milieu de son harem, il est isolé. Il lui donne de lui tout autant qu'il l'interprète et dès les premières secondes, on sent qu'il est à sa place et qu'elle n'aurait pas pu être mieux occupée par un autre. Le réalisateur ne donne aucun élément rassurant au spectateur pour qu'il puisse prendre ses repères. Qu'ils soient narratifs ou temporels il nous laisse dans le vague et entraîne le spectateur dans un vertige cinéphile sans rien à quoi se raccrocher. On n'apprend d'ailleurs qu'au bout d'une heure et vingt minutes le lien qui unit les deux personnages principaux.
"La vie est une suite de divorces, de suicides, de promesses non tenues et de gosses bousillés"
La chute !
Celle de Sarah également ! Une femme trop aimante, trop proche des siens et qui a fini par acculer son mari Jack (Seymour Cassel) au divorce et sa fille à ne plus vouloir la voir. Elle veut tout donner à ceux qu'elle aime et révèle une force d'amour qui condamne toute réciprocité. Elle se voit confrontée comme Robert à l'impossibilité de voir son désir d'amour prendre forme, devenir réalité.
Tous les thèmes chers à J.C. sont réunis ici. C'est pourquoi je parle de film somme. La famille, le spectacle, le couple... On retrouve de nombreux clins d'œil/hommage à ses opus précédents. De Faces, à Opening night en passant pas Meurtre d'un bookmaker chinois, Gloria à Une femme sous influence ou Faces dans sa somptueuse séquence finale dans les escaliers de la maison des Cassavetes. Toutefois la caméra n'est plus en roue libre comme elle pouvait l'être quand elle filmait la folie de Mabel Longhetti. Elle est docile, comme apprivoisée et s'autorise à rester en place pour des plans fixes et un cadrage travaillé.

Il ne faut pas pour autant que le cinéphile étranger à l'œuvre de Cassavetes se prive du plaisir de découvrir Love Streams s'il ne maîtrise pas la filmographie de l'auteur. Il ne restera pas pour autant sur le bord de la route et se sentira malgré tout partie prenante de la relation antre Sarah et Robert.

L'argent a une place de choix ici chez ses personnages;
On peut tout acheter. Robert la compagnie de femmes, son ex, son fils, l'impression de compter pour les autres, qui lui permet de vaincre son immense peur de la solitude. Sarah, s'achète une santé mentale. Elle part en Europe comme un autre va à la pharmacie du coin, avec quelques bagages en plus.

Il filme Sarah/Gena avec des plans lumineux, souvent extérieurs et rapprochés alors que lui est filmé en intérieurs, dans l'obscurité et distants.

Difficile en tout cas de bien aborder cette œuvre singulière qui parle à l'intime de chacun, bouleverse par la richesse esthétique, sémantique et analytique des personnages et du film en lui-même. La symbolique est riche autant psychanalytique que religieuse mais cette scène finale qui voit l'homme dire à la femme "Tu es la seule que j'aime" sonne comme une déclaration somptueuse.

Ours d'or à la Berlinale 1984. (il y a déjà 30 ans !)
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Re: Cassavetes

Messagepar Duramou » ven. mai 23, 2014 7:05 pm

Opening night
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Opening night est une déclaration d'amour d'un homme à sa femme. En écrivant ce rôle pour Gena, John lui offre une magnifique occasion de montrer son aura exceptionnelle et son talent incommensurable.
Myrtle Gordon, une actrice de théâtre connue et reconnue, célébrée et adulée assiste, à la sortie d'une représentation à la mort accidentelle d'une jeune admiratrice venue l'attendre pour obtenir un regard, un sourire et un autographe de son idole.
Comme dans le reste de son œuvre, toujours en recherche, l'improvisation a la part belle et la notion de troupe prend toute sa dimension ici, une fois de plus.
John nous donne à partager le calvaire d'une star, contrainte de travailler une nouvelle pièce "The second woman" dont les enjeux lui apparaissent de plus en plus odieux et lui renvoient ses propres préoccupations en pleine face : "Cette histoire d'âge m'achève !" s'écrie-telle d'ailleurs en plein milieu d'un répétition. Jetée en pâture aux spectateurs, Gena/Myrtle remet en cause sa propre raison d'être, dévore le film et rend la dernière partie insoutenable. Son entourage (partenaires, producteurs, auteur) se doit de composer avec cette crise existentielle qui la fait toucher au génie mais supportent de moins en moins de ne pas savoir sur quel pied danser, de devoir allégeance au talent de la Dame à ce prix là. John Cassavetes nous dit l'importance du spectacle, de l'illusion, tout en en dénonçant la fragilité. Il ne nous dit d'ailleurs pas dans la dernière partie, ce qui fait partie du jeu, ce qui est improvisé, composé, ce qui ne l'est pas. Dans son rôle d'acteur de théâtre, J.C. se moque, ironise et prend du recul sur ce qui a été son apprentissage. La folie paranoïaque de Myrtle semble guider l'action et en même temps sert de révélateur sur ce qu'est le métier d'actrice : donner de la substance à un personnage qui n'existe pas, "lui donner du sens pour en avoir à son tour". Tout ça pour dire que Gena, je t'aime d'amour et que tu n'as pas volé ton prix d'interprétation au festival de Berlin.
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Re: Cassavetes

Messagepar phoenlx » ven. mai 23, 2014 7:08 pm

je ne connais aucun de ces films
Qu'importe la destination c'est le voyage qui compte
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Re: Cassavetes

Messagepar Duramou » ven. mai 23, 2014 10:38 pm

Une femme sous influence
Image

Il m’apparaît extrêmement difficile d’écrire une critique constructive ou objective sur ce film, encore plus « à chaud » comme on dit, tant j’ai surtout envie d’en livrer mon ressenti. Un fort ressenti.

Je n’irai pas par quatre chemins : j’ai trouvé « Une femme sous influence » magnifique.

Mais attention, pas magnifique parce que le réalisateur nous balancerait de jolis plans toutes les 30 secondes, ni parce qu’il nous conterait une belle histoire. Non.

Magnifique de justesse. Cassavetes sublime le quotidien, le simple, élève la banalité au rang d’art. Ici on est loin d’Hollywood, du cinéma spectacle. Ici, tout sonne vrai, on en oublierait presque que l’on regarde un film.

Magnifique parce que malgré sa durée et la lenteur on est complètement happé par ce film, et quand cela finit on se dit que l’on repartirait bien pour 2 heures et demie de plus, volontiers même. Énormément de choses nous sont montrées, par des gestes, des regards et les dialogues ne sont qu’accessoires par moment.

Magnifique grâce à Gena Rowlands. J’ai été subjugué par son interprétation. Elle a su rendre cette joie de vivre enfantine mêlée de frustration, cette folie douce menant à la crise de nerf d’une façon qui m’a soufflée. Cassavetes offre à l’actrice l’un des plus beaux rôles de femme qu’il m’ai été donné de voir. Cette femme dont le seul tort finalement, serait peut-être de ne pas être adaptée à la société, d'être toujours mal à l'aise avec sa famille, ses voisins, les gens quoi... Son monde à elle, c'est son mari.

Magnifique monsieur Peter Falk, qui prouve, si besoin est, qu’il n’est pas QUE l’inspecteur Columbo. Cet homme qui à deux doigts de ne plus la supporter, n’est malgré tout que l’ombre du lui-même quand Mabel, sa femme n’est pas là. Homme qui se révèle finalement aussi instable qu'elle... C’est qu’il l’aime Mabel… Impossible d’en douter. Qu’il l’embrasse, lui sourit, l’engueule ou la gifle, il l’aime.
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Re: Cassavetes

Messagepar Duramou » ven. mai 23, 2014 11:18 pm

phoenlx a écrit :je ne connais aucun de ces films


John Cassavetes est le maître dun cinéma américain indépendant des années 70.
Son cinéma place l'acteur au centre de son film.
Il forme avec sa femme Gena Rowlands le couple le plus glamour de l'époque jusqu'à la mort du cinéaste en 1989 des suites de son cancer.

Si tu veux t'intéresser à son oeuvre, l'un de ses films les plus universels est Opening Night.
Tu peux sans hésiter voir Un enfant attend aussi.
Par contre, je déconseille de commencer par Shadows ou Faces.
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Re: Cassavetes

Messagepar phoenlx » ven. mai 23, 2014 11:47 pm

faudrait que j'en tente un pour voir
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Re: Cassavetes

Messagepar Duramou » mar. mai 27, 2014 10:16 pm

Meurtre d’un bookmaker chinois
meurtre-d-un-bookmaker-chinois-affiche_light.jpg
meurtre-d-un-bookmaker-chinois-affiche_light.jpg (45.17 Kio) Vu 72 fois

C'est souvent la lutte qui préside à la construction d’une œuvre de John Cassavetes. L’existence d’un film hors système se gagne au forceps : même si le succès d’Une femme sous influence procure au tournage de Meurtre d’un bookmaker chinois un relatif confort, il n’est qu’une oasis passagère dans la trajectoire hors cadre du cinéaste. Comment ne pas voir alors dans ce récit d’un directeur de cabaret, survivant seul contre tous, une allégorie de la condition de créateur dans la jungle du cinéma ? Il y a bien sûr de cela dans le personnage de Cosmo Vitelli. Mais il y a, au delà d’une représentation de l’artiste – au sens de l’homme de scène, l’homme d’image, l’homme que l’on regarde –, une cartographie de l’homme seul. Cosmo Vitelli est une ombre mouvante : un personnage tout à fait melvillien, qui glisse de place en place dans un monde volontiers nocturne où sa trace est toujours perdue. Il est presque le seul être doué de mouvement : tels les points de chute du héros d’un banal polar, les lieux qu’il visite sont des chambres invariables, où il est toujours la même heure, où l’on retrouve toujours les mêmes visages.

L’espace, dans Meurtre d’un bookmaker chinois, est labyrinthique. Cassavetes place ses scènes dans des lieux repliés, favorables à l’entropie : l’enfermement infini des miroirs de la loge, et son architecture détruite par les amas de costumes, l’infini, encore une fois, d’un parking souterrain qui se prolonge démesurément dans une forêt de pylônes, ou encore l’abondance oppressante de voix et de visages à l’intérieur d’une voiture de la mafia, comme des démons spectraux. La clé, c’est la désorientation. En plus de ces structures spatiales démesurément répétitives, les volumes, eux aussi, se désordonnent en une avalanche d’étages, de caves, d’escaliers, d’antichambres, que ce soit au cabaret ou encore dans la villa du bookmaker. Le seul qui ne se morcelle pas et reste discipliné, c’est le temps, qui s’écoule lentement sur les lieux, dans de longs et tragiques silences – voir la scène de l’assassinat.

Dédale spectral

Si cette composition oppressante de l’espace nous semble si marquée, c’est peut-être du à une position assez inédite de la caméra dans le dispositif de Cassavetes : elle n’est plus seulement un témoin invisible, obéissant aux acteurs et à l’aléatoire de leur jeu. Elle devient intrusive, un véritable espion. Meurtre d’un bookmaker chinois est filmé de loin, par le trou de la serrure. On y a toujours ce sentiment voyeuriste, ce fantasme de paparazzi. Le point de vue prend une teinte coupable. Vus de si loin, les espaces sont souvent tranchés par un élément de premier plan, certains visages sont camouflés. Le champ est réduit à l’état d’une trace : on voit ce que notre position inconfortable a bien pu enregistrer, on « fait avec ». Comme des petites perles documentaires, des coups de chance, la caméra saisit parfois l’expression bouleversante d’un visage ; ce n’est pas forcément celui de Cosmo Vitelli, c’est parfois celui d’une de ses « divines », et l’émotion qui transparaît a le goût de l’unique. Elle est saisie, volée.

De la musicalité de cette partition émerge le portrait de « l’homme de scène » dans toute sa puissance tragique. Il n’existe que pour sauver les apparences. En filigrane, Cassavetes travaille volontiers sur la théâtralité de la vie, notamment dans les divagations de Vitelli sur la fin du film : choisis un personnage, et joue-le, c’est le plus important. Une balle dans l’abdomen, ce n’est rien, car à ce jeu-là il n’y a pas le temps de s’arrêter ; ainsi presse-t-il vite ses danseuses inquiètes de ne pas se faire de mouron et de reprendre le spectacle – « the show must go on ».
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Re: Cassavetes

Messagepar SeliCat » lun. mars 25, 2024 5:19 pm

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COUVcassavetes.jpg (152.4 Kio) Vu 67 fois

LA BIBLE INÉDITE DU CINÉASTE, 544 pages illustrées au format album

Prix du meilleur album sur le cinéma 2020, remis par le Syndicat français de la critique de cinéma

Cassavetes par Cassavetes est la somme indispensable sur le réalisateur de Faces et Une femme sous influence. Suivant un fil chronologique, John Cassavetes y raconte son enfance et sa jeunesse, ses études d’art dramatique, ses débuts d’acteur fauché à New York, ses combats permanents contre les studios d’Hollywood et les automatismes du cinéma commercial. Il expose en détail les étapes de réalisation de chacun de ses films, de Shadows (1959) à Love Streams (1984). Tournages épiques, souvent interrompus faute d’argent, montages sans cesse repris, communication et plans de sortie menés par le cinéaste lui-même… Toute sa vie, Cassavetes restera fidèle à sa vision radicale de l’art et du cinéma, parfois même contre l’avis de ses collaborateurs les plus fidèles, tels que les acteurs Peter Falk, Ben Gazzara, ou sa femme et actrice Gena Rowlands.

Abondamment illustré, le livre alterne les propos de Cassavetes avec des commentaires de son biographe Ray Carney, qui viennent à la fois les resituer, les compléter et parfois les discuter. Salué à sa sortie aux États-Unis en 2001, Cassavetes par Cassavetes est, selon le cinéaste Harmony Korine, le « meilleur livre jamais écrit sur le cinéma ».

Traduit de l’anglais (États-Unis) par François Raison

:arrow: https://capricci.fr/wordpress/product/cassavetes-par-cassavetes/
Ray Carney est le spécialiste mondialement reconnu de John Cassavetes, auquel il a consacré de nombreux ouvrages. Il a aussi écrit une quinzaine de livres, dont des monographies sur Frank Capra, Carl Theodor Dreyer ou encore Robert Bresson (à paraître).
Vous mangez des langues de chat, pourquoi je ne peux pas manger le reste ?... ALF
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