
Je lance un topic afin qu'on discute et s'interroge un peu sur les sources d'inspiration de Leiji Matsumoto ! Je n'ai préparé aucun plan, mais c'est un topic coup de coeur et coup de tête que je lance car je suis en train de lire plein de pages web là-dessus en ce moment et ça me fascine. La représentation des femmes dans l'oeuvre de Matsumoto me fascine. Ces créatures étrangement belles longilignes aux longues chevelures comme Emeraldas, Maetel bien connus, et d'autres, qui semblent parfois se fondre avec l'environnement, la nature ou le végétal, comme les mazones et bien d'autres. sur deviant-art on peut trouver pas mal de petites merveilles d'illustrations j'essaierai d'en poster quelques unes dans le topic ultérieurement. Mais avant de commencer le topic, un bon conseil de lecture avec un recueil de mangas de Matsumoto édité très récemment en France et où les jolies créatures féminines sont souvent présentes et mises en valeur, il s'agit de 24 histoires d'un temps lointain (qui contient des oeuvres de jeunesse de Matsumoto) et pour plus de détails je vous renvoie à ce topic

Alors il faut savoir que graphiquement Matsumoto s'inspire beaucoup de l'Art Nouveau. Il n'est pas le seul d'ailleurs, au Japon surtout à l'époque où il s'est lancé dans sa carrière de mangaka il y avait une mode pour ce courant à travers des expos, d'autres artistes qui s'en inspirèrent, et c'est quelque part un étrange retour des choses car l'art Nouveau semble s'inspirer à la base lui-même de l'estampe japonaise, l'art de l'Ukiyo-e.
Qu'est-ce que l'Art Nouveau ? Il s'agit d'un mouvement artistique né à la fin du 19ème siècle (et début 20ème) qui s'appuie sur l'esthétique des lignes courbes (définition wikipédia) L'influence de la nature, par exemple de la végétation qui se marie harmonieusement aux formes, comme les cheveux des femmes est grande, il s'agit d'un mouvement qui s'inscrit en réaction à l'industrialisation excessive de l'époque (il faut se replacer dans le contexte de la révolution industrielle) c'est un mouvement qui cherche à se libérer de l'influence du classicisme plus ancien, influence toujours forte même au 19ème siècle. Il s'est développé dans bon nombre de pays avec des noms différents ; En France par exemple il était connu sous le nom Modern Style, en Italie Stile Liberty ...
S'il comporte des nuances selon les pays, ses critères sont communs : l'Art nouveau se caractérise par l'inventivité, la présence de rythmes, couleurs, ornementations inspirés des arbres, des fleurs, des insectes, des animaux, et qui introduisent du sensible dans le décor quotidien. C'est aussi un art total en ce sens qu'il occupe tout l'espace disponible pour mettre en place un univers personnel considéré comme favorable à l’épanouissement de l'homme moderne à l'aube du XXe siècle. En France, l'Art nouveau était appelé « style nouille » par ses détracteurs, en raison de ses formes caractéristiques en arabesques, ou encore « style Guimard », à cause des bouches de métro parisiennes réalisées en 1900 par Hector Guimard (ci-dessous : station Abesses)

ci-dessous : Affiche de l'exposition d'art décoratif des galeries Poirel de Nancy en 1894. L'utilisation du thème du paon récurrente dans l'Art nouveau.

Apparu au début des années 1890, on peut considérer qu’à partir de 1905 l'Art nouveau avait déjà donné le meilleur de lui-même et que son apogée est atteinte. Il touche bon nombre de domaines qui vont de l'illustration à l'architecture en passant par les meubles bijoux, la céramique, sculpture etc. Parmi les précurseurs du mouvement Art Nouveau on trouve l'anglais Willliam MORIS qui se nourrit du Moyen Âge et pour qui l'art doit parler au peuple dans son ensemble et non seulement à une élite. Sa conception est aussi que l'art doit rendre l'utile agréable. Parmi les artistes et styles précurseurs on trouve aussi les constructions de l'époque victoriennes, ou l'artiste Viollet-Le-Duc, mais aussi et peut-être surtout l'art traditionnel japonais, l'art de l'estampe (comme je l'évoquais précédemment) notamment. On compare parfois l'art Nouveau à l'art traditionnel celte ou irlandais. De même, certains inscrivent un peu l'art elfe chez J.R.R. Tolkien à ce courant ! ( source d'où je reprend ces infos : ce très bon site consacré à Matsumoto. Bref, comme vous pouvez le voir c'est intéressant à étudier, et en plus j'aime y voir des convergences avec Tolkien et d'autres choses

Avant la Première Guerre mondiale, ce mouvement évolua vers un style plus géométrique, caractéristique du mouvement artistique qui prendra la relève : l'Art déco (1910-1940). Je ne vais pas détailler plus ce mouvement, je vous renvoie à la littérature, à Google, à la page wiki
Parmi les artistes très représentatifs de ce style et dont Leiji Matsumoto s'est sans doute beaucoup inspiré pour ses représentations de femmes on trouve Alphonse Mucha (1860 - 1939).

Quelques exemples de femmes illustrées par Mucha


un exemple de paravent (un art où il laissait libre court à son talent pour représenter des notions comme les Quatre Saisons, les fleurs, les fruits, etc)


Une représentation de Sarah Bernhardt par Mucha (ce genre d'illustrations ont valu à l'Art Nouveau le surnom un peu péjoratif de "style nouille", on comprend un peu pourquoi ^^ )

Mucha affectionnait d'ailleurs les femmes aux très longs cheveux ondulants, symbole de féminité et de séduction pour lui. On peut voir que c'est un art qui accorde une grande importance à la courbe, avec certains éléments qui rappellent aussi les fractals. On trouve d'ailleurs la même chose chez Matsumoto si vous observez bien certaines chevelures. Ci-dessous : Sennen Joô dans Queen Millenia

Ci-dessous : Emeraldas (en compagnie de Tochiro )

ci-dessous : Maetel (et le Galaxy Express 999)

Ce n'est pas la plus connue ni forcément la plus belle représentation de Maetel mais en faisant une recherche je suis tombé sur cette image que je trouve assez parlante

Comme autre source d'inspiration de Leiji Matsumoto pour représenter ses fameuses très belles femmes blondes, on en a déjà parlé sur le forum il y a aussi le film de Julien Duvivier Marianne de ma jeunesse (film de 1954) avec l'actrice Marianne Hold dont Matsumoto semblait beaucoup épris


Chose amusante par rapport à ce film d'ailleurs, l'action se situe dans un très beau domaine bavarois nommé Heiligenstadt et on trouve des clin d'oeil à ce lieu jusque dans le film Albator, l'arcadia de ma jeunesse (ou L'atlantis de ma jeunesse) nom qui n'est pas choisi au hasard !
Il semble que le côté longiligne et souvent très fine des femmes de Matsumoto doive beaucoup à Mariane Hold ; Les femmes des illustrations de type Art Nouveau comme celles de Mucha étaient quant à elle un peu plus enveloppées mais on en trouve justement aussi dans l'oeuvre de Matsumoto notamment dans le manga The Insecters


Dans cette oeuvre on peut admirer la symbiose entre de jolies créatures féminines et l'environnement végétal, un peu comme dans certaines affiches et illustrations de Mucha. Ce thème de la"femme végétale" trouve bien évidemment son apogée chez Matsumoto avec le concept des Mazones (sylvidres dans la VF).

Autre caractéristiques des femmes chez Mucha : elles sont souvent dotées de longues robes avec des drapés fluides. Ceci est fréquent aussi chez Leiji Matsumoto et quand ce ne sont pas des robes il s'agit de la longue cape d'Emeraldas ou du long manteau de Maetel, le vêtement dans tous les cas souligne leurs corps longilignes et prolonge l'aspect ornemental.
Ci-dessous : encore Sennen Joô dans Queen Millenia (la reine du fond des temps)

Ci-dessous : Mellow dans DNA-Sight 9999

On pourra citer aussi bien évidemment Miimé

Je termine cette petite présentation en citant un peu mes sources et en vous redirigeant vers d'autres sites web si vous voulez approfondir




Je poste enfin quelques représentations de femmes diverses et variées glanées sur pinterest, certaines assez osées



Et histoire de quitter cette présentation avec le maître en personne, une petite photo de Leiji Matsumoto en train de dessiner Promithium
