L'histoire se passe à une époque très reculée, quand les créatures fantastiques régnaient encore sur une terre quasiment inhabitée par les humains, à part quelques royaumes et empires déjà prospères. Parmi ces empires, l'empire de Mu, dont la précédente dynastie, la quatrième, avait été décimée par des querelles meurtrières, laissant un empire orphelin. Un nouvel empereur avait été nommé il y avait moins de trois mois parmi les princes de la cité, sans doute le plus sage et le plus aimé. Le jeune empereur n'avait que vingt ans et était d'une rare beauté, on le disait de lignée divine, issu du Chaos lui-même par son fils Eros, l'Eros Primordial, cité dans la Théogonie d'Hésiode, et qui ne doit pas être confondu avec le fils de la déesse Aphrodite. Ce jeune empereur, Appolonios, dès son sacre, s'était vu tatouer deux points bleus sur le front, signe de sa fonction impériale. Il avait des cheveux noirs très longs, une peau halée sans être trop sombre aux traits harmonieux et aux yeux d'un magnifique vert émeraude. Il dépassait légèrement le mètre quatre-vingt dix et était bien fait de sa personne. Il aimait et respectait son peuple, vivait comme ses sujets sans les écraser d'impôts injustes. Comme chaque matin depuis un peu moins de trois mois, il avait le conseil des ministres réuni autours de lui.
« Mais vous n'y songez pas, Majesté ! s'obstina le premier ministre.
- Le peuple souffre, les greniers sont presque vides et les bêtes meurent dans des champs stériles. Je n'ai pas d'autre choix que de diminuer encore les impôts.
- Mais, nous...
- Taxer le peuple, même à ce niveau infime, revient à le tuer. Vous êtes issus de familles riches, achetez des vivres aux royaumes voisins ou hors de l'empire, s'ils en ont. Mais je pense qu'ils ne sont pas plus chanceux que nous. »
Le jeune empereur se tut un instant, puis déclara :
« Une légende raconte que dans la montagne située à deux semaines de marche d'ici se trouve une épée magique aux pouvoirs infinis. Cette épée, dit-on, aurait même le pouvoir de faire revivre les morts, donc aussi les récoltes et le bétail et ainsi, le peuple sera riche et prospère et n'aura plus faim. Je vais aller à la recherche de cette épée.
- Majesté, moi aussi j'ai entendu parler de cette légende et tous ceux qui ont tenté leur chance pour s'emparer de cette épée sont morts avant même d'avoir parcouru la moitié du chemin.
- Je vais aller chercher cette épée et je sauverai mon peuple, affirma le jeune empereur,. Si je ne suis pas revenu dans un an, considérez moi comme mort et choisissez un autre empereur. Comportez-vous bien et n'écrasez pas le peuple, ce peuple que j'aime, en mon absence. »
Le jeune homme prit unee besace dans laquelle il mit un arc et des flèches pour chasser et prit une épée et de l'argent puis revêtit une veste en peau de mouton et se rendit vers la montagne. Il campa à même le sol, mangeant les animaux qu'il chassait ainsi que des fruits et des racines sauvages. Après deux semaines, il aperçut enfin la montagne sacrée. C'était une montagne hostile, entourée de nuages noirs d'où surgissaient des éclairs menaçants. Il songea sans crainte à tous ceux qui avaient péri en tentant de l'escalader afin de s'emparer de l'épée... Il pensa avant tout à sa juste cause : son peuple qu'il voulait sauver de la famine.
Il arriva enfin au pied de la montagne et commença à l'escalader. Une tempête de neige froide et coupante comme de la poussière de diamant se leva brusquement sous les éclairs qui menaçaient de le foudroyer à chaque instant. Les rochers qu'il escaladait à mains nues lui écorchaient les mains et les bras, ainsi que les jambes. Son corps était de plus en plus lourd et le mal de l'altitude se faisait parfois ressentir. Mais il ne céderait pas, pensant à chaque seconde à son peuple qui mourait.. Un dernier effort le fit se jeter dans une grotte où il s'évanouit. Il devait rester en vie, se ressaisir, ne pas mourir ici. L'épée se trouvait au sommet de la montagne et il devait y accéder.
« Appolonios... Appolonios... »
Une voix de femme, télépathique, le ranima. Elle se tenait devant lui et il se leva. Elle toucha ses plaies et ses blessures guérirent instantanément. Elle mesurait environ un mètre soixante-dix, avait de longs cheveux châtains clairs, la peau blanche et des yeux bleus qui percèrent le jeune homme jusqu'à son âme.
« Renonce à l'épée, Appolonios, elle n'est pas à ta portée. Tu mourras avant de t'en emparer.
- Je dois sauver mon peuple, répondit le jeune empereur. J'utiliserai cette épée pour faire prospérer les récoltes et le bétail, ainsi mon peuple ne mourra plus de faim.
- Ta cause est juste et je le sais, mais renonce à cette épée. Elle appartient à Chaos et à Chronos, ils ne te laisseront ps t'en emparer.
- Que va devenir mon peuple ?
- J'ai une autre proposition à te faire, une proposition qui fera de toi un grand empereur et te permettra d'assurer l'avenir de ton peuple.
- Si c'est pour le bien de mon peuple, j'écoute votre proposition.
- As-tu entendu parler de la jarre de Pandore ?
- Il y a mille générations de cela, la reine Pandore a ouvert cette jarre, que Zeus lui avait confiée, et a libéré tous les maux dont souffrent la terre, comme la maladie, la famine et la mort.
- C'est cela, Appolonios. Mais seulement, Pandore a refermé trop vite la jarre en laissant l'espoir enfermé à l'intérieur. Je vais te demander d'ouvrir à nouveau cette jarre et de libérer l'espoir qui s'y trouve. »
La femme s'écarta, laissant apparaître un autel sur lequel se trouvait une magnifique jarre richement décorée sur laquelle était apposée le sceau de la déesse Athéna. Elle conduisit Appolonios vers l'autel.
« Vous êtes... dit Appolonios en s'inclinant avec respect.
- Je suis bien la déesse Athéna. Brise mon sceau, Appolonios, libère l'espoir. »
Appolonios approcha de la jarre et brisa le sceau d'un coup sec, puis l'ouvrit. Une énergie immense, cosmique, se fit alors ressentir, libérant quatre-vingt huit flammes qui se dispersèrent dans le ciel, choisissant chacune une constellation. Une énergie semblable, mais bien plus puissante, émana d'Athéna et entra en résonance avec Appolonios, dont l'énergie cosmique s'éleva malgré lui.
« L'énergie que tu ressens s'appelle la cosmo-énergie ou le cosmos, dit Athéna. Ne lutte pas. »
Appolonios cessa de lutter et laissa son cosmos s'élever. Bientôt, une boîte en or apparut devant lui et entra en résonance avec son cosmos, avant de s'ouvrir, révélant l'armure d'or des gémeaux, qui se détacha devant lui et vint le protéger.
« Appolonios, chevalier d'or des gémeaux, tu es désormais Appolonios de Gemini, le premier chevalier d'Athéna, et aussi le premier grand-pope. De ce fait, je vais multiplier ta durée de vie et celle de ta descendance par mille ainsi que ta durée de vieillissement. Tu auras ainsi le temps d'assurer le bonheur de ton peuple. Je te donne aussi une mission ; tu devras te rendre au lieu que je t'indiquerai et là, je te donne deux cent cinquante ans pour construire un sanctuaire avec un temple protégé par treize maisons, allant du bélier aux poissons, et former des chevaliers de bronze, d'argent et d'or parmi les jeunes hommes et jeunes filles les plus courageux sur cette terre. Ton armure ne devra être utilisée que pour défendre l'amour et la justice.
- Cette armure me permettra t'elle de sauver mon peuple ?
- N'aie crainte, Appolonios, la pluie tombe enfin sur la capitale de ton empire et les céréales seront plus abondantes que jamais cette année. »
Athéna prit les mains du jeune homme.
« Nous nous reverrons dans deux cent cinquante ans, tu me trouveras réincarnée sous la forme d'un bébé. Je dois regagner l'Olympe. »
Athéna disparut dans un éclat de lumière. Appolonios renonça pour cet instant à l'épée, qu'il avait désormais presque cent mille ans pour conquérir. Un jour, il s'emparerait de cette épée, il le savait. Il sourit à cette pensée et songea à son peuple, qu'il avait hâte de revoir. Il se concentra sur son cosmos et malgré lui, ouvrit un portail dimensionnel dans lequel il s'engouffra pour arriver à un kilomètre de la capitale de son empire. Il retira son armure qu'il rangea dans sa boîte de Pandore et la chargea sur son dos pour regagner son palais où il fut accueilli joyeusement par ses ministres et ses sujets.