Réalisateur
James Wan
Acteurs
Vera Farmiga, Patrick Wilson, Ron Livingston, Lili Tailor, ...
Scénariste
Chad Hayes
Equipe technique :
Superviseur des effets visuels
Ray McIntyre Jr.
Directeur de la photographie
John R. Leonetti
Compositeur
Joseph Bishara
Production :
* Warner Bros. France
* Evergreen Media banner
* New Line Cinema
Notation Allociné :
3.2 Presse
4.3 Spectateur
Notation personnelle : 4/5 car j'aurais aimé tant qu'à faire que cela soit plus épouvantable ... mais je chipote, ça mérite 4.5/5.
Qu'est-ce qui fait un bon film d'horreur, dites-moi ?
L'atmosphère ... C'est-à-dire un savant mélange entre un ton noir, un scénario horrible, une ambiance dense, une musique stridente et surprenante
L'attachement envers les personnages principaux
L'action, bien dosée, pourquoi pas fantastique mais pas excessif
Très peu d'humour, ou à brule pourpoint, pas dans l'action ...
le gore, éventuellement
la surenchère, sans doute
un brin d'érotisme ?
des références de geeks ?
un faux teen movie qui part en cacahuète ? ...
Difficile de répondre, c'est surtout je pense d'après moi un savant mélange bien dosé de tout cela, et certainement d'autres choses (la surprise, le faux semblant, la fausse alerte, la toile de fond historique ou religieuse, l'espoir et le désespoir... ) ... Certains tapent dans le mille, comme l'Exorciste ou dernièrement Sinister ... d'autres ratent de peu, comme the grudge, evil dead ou la maison de cire...D'autres se vautrent lamentablement, comme Paranormal Activity. D'autres vont dans l'exces, flirtant avec les limites du mauvais goût ... le torture porn est probablement très souvent dans ces eaux troubles là ...
Bref, l'équation n'est pas facile.
Le créneau choisit pour The Conjuring : le fait réel, le thême de la maison hantée revisitée avec efficacité, et je dirais la fausse carte du réalisme. Enfin, un énorme travail d'archive.
Le résultat est un film de qualité, qui a le bon goût de limiter la casse, enfin si on excepte les tonnes de petits bois déchiquetés lors des événements télékinétiques classiques.
La famille est composée d'acteurs plus ou moins jeunes, mais qui tous jouent juste.Lili Tailor, magistrale, campe la mère de famille. Ses cinq filles de la famille sont campées par de jeunes actrices prometteuses : Joey King (The Dark Knight Rises), Shanley Caswell (Détention), Hayley McFarland (La série Lie to Me), Mackenzie Foy (Twilight : Révélation 2ème partie) et la débutante Kyla Deaver. Le couple d'enquêteur, les Warren, Vera Farmiga et Patrick Wilson, assurent leur prestation très convenablement également.
La reconstitution historique est très réussie également, on se sent vraiment faire un bond de près de cinquante ans en arrière ... (Lorraine Warren a 85 ans aujourd'hui, et a été prise comme consultante pour le film, ça se sent)
Le réalisateur, James Wan, maitrise totalement la technique (cf fin de l'article ci-dessous listant son savoir-faire en détail pour ce film) et son jeu,tout en s'éloignant pas mal de sa partition habituelle (saw). Il nous emmène où il le veut, souvent, et les effets qu'on voit dans la bande annonce nous accompagne pendant tout le film. De plus, il n'oublie pas de faire du bon cinéma, en choisissant la trame pourtant archi classique exposition (on s'attache aux personnages pour mieux frissonner avec eux), manifestation, amplification de la manifestation, consulting des Warren, exorcisme classique ... mais en le faisant très bien. Il est impossible de ne pas vibrer avec les personnages face à l'inconnu, rendu encore plus terrible que l'effort de réalisme est systématique. La maison elle-même dégage une vraie présence. On pense à Amityville (autre affaire des Warren d'ailleurs), à Trauma, et autres classiques du genre. On pense à Hitchcock aussi. Une nouveauté, on s'attache vraiment aux Warren aussi, qui ne sont pas uniquement spectateurs passifs des mésaventures de la famille agressée par la méchante sorcière. Je ne vais pas trop en dire, mais sachez que le cinéaste utilise à fond tous les ressorts dramatiques qui peuvent naitre des simples interactions familiales classiques. Par exemple, lors d'une anodine partie de cache cache entre une petite fille et sa mère, la caméra nous amène partout et on frissonne d'angoisse à chaque meuble à l'idée de ce qui va en surgir ! Et je ne vous en spolierais pas plus.
Il sait aussi, contrairement à paranormal activity, enrichir sa palette de phénomènes effrayants et terrifiants: la nature, l'architecture, la topographie des pièces, les forces télékinétiques, et bien entendu la possession archi classique, répondent présents au rendez-vous. Le scénario glauque à souhait aussi, même si on est finalement dans rien d'extrêmement alambiqués.
bref, tout ça conflue vers un final, que je qualifierais, unique bémol car il manque de nous perdre pourtant en terrain conquis, d'excessif. On cesse d'y croire et on se retrouve hélas dans un film d'horreur dans le genre, plus classique, surenchérissant. Et pourtant, malgré ça, bien qu'on s'attende alors à deux types de final extrêmement communs (le toutlemondeilestzigouillé à la Paranormal Activity ou le thappyend(inn)atenduinextremis à la sos fantôme ... j'exagère à peine ... ) on bascule soudain sans avoir vraiment compris ce qui nous arrivait, et notamment grâce à la performance hallucinante de Lily Tailor, fabuleuse en maman totalement bouleversée, dans le crescendo total, comme si on voyait là surgir les notes maitresses d'une chevauchée des walkyries assourdissantes ou d'un ainsi parlait zarathoustra tonitruant. Dans les dernières minutes, un souffle nous remue les entrailles, nous noue la gorge, et nous serre le cœur, ou l'inverse même ... Là, on vit un grand moment de cinéma, tout court, et on cesse de se poser de questions : la fin, pourtant tout compte fait après coup pas si annihilante, monte à un diapason rarement atteint avant. Une belle maestria encore une fois !
Et au final, un film d'horreur qui fait peur de manière très juste. Dans tous les sens du terme. Sans jamais basculer dans l'infâme ...
On ne cache pas son envie de voir un jour un nouveau dossier Warren au cinéma ... C'est probablement l'objectif initial principal de l'équipe ... et de Lorraine Warren, qui doit certainement regretter que son mari ne soit plus là pour partager cette consécration avec elle
Un dernier mot, le disclaimer de fin du film nous prévient d'ailleurs : les faits sont réels, mais certains événements ont été modulés (comprendre pleins de trucs improbables rajoutés) pour les besoins du spectacle cinématographique.
Bref, vrai et faux tout à la fois ... LE cinéma, quoi
article intéressant à lire pour complément :
http://www.lephare-ouest.fr/cinema/une-journee-sur-le-tournage-de-conjuring/3005
Un film que je conseille vivement aux mateurs de frissons
Moi bizarrement c'est un genre que je boude depuis pas mal de temps je sais pas trop pourquoi ( quand j'étais plus jeune j'en voyais paradoxalement beaucoup plus ! ) J'ai même pas encore regardé Sinister tiens ( je l'ai pourtant )
