Phantom of the Paradise est un film d'épouvante fantastique musical écrit et réalisé par Brian de Palma. Il est sorti le 31 octobre 1974 aux Etats-Unis et le 25 février 1975 en France. Le film est une transposition très personnelle du célèbre roman Le Fantôme de l'Opéra de Gaston Leroux, dans lequel l'Opéra Garnier est hanté par un être cachant son visage repoussant derrière un masque et transi d'amour pour l'une des chanteuses dont il aspire à faire une grande célébrité. De Palma mélangea dans son scénario cette histoire avec le mythe de Faust, un médecin qui décide de vendre son âme au Diable en contrepartie de pouvoirs hors du commun. Ici c'est le gérant de l'Opéra qui pactise avec le Diable et le Fantôme tentera de mettre fin à ce pacte. Cette idée de mix de ces deux histoires vient à de Palma du fait que dans le roman Le Fantôme de l'Opéra, il est donné une représentation du Faust de Charles Gounod.
Synopsis
Winslow Leach, un jeune compositeur inconnu, tente désespérément de faire connaître l'Opéra qu'il a composé. Swan, producteur et patron du label Death Records, est à la recherche de nouveaux talents pour l'inauguration du Paradise, le palais du rock qu'il veut lancer. Lorsqu'il découvre la partition de Leach, il lui vole puis le fait enfermer pour trafic de drogue lorsque celui-ci tenta de récupérer son bien. En prison, sa dentition sera arrachée pour les besoins d'une expérience. Ayant perdu sa voix, le malheureux compositeur parvient à s'évader et devenu fou, il s'attaque au Paradise de Swan. Mais il est victime d'un accident qui lui défigure cette fois-ci le visage. Mutilé, sa vengeance n'en devient que plus terrible...
Le film fut boudé à sa sortie par le public, mis à part au Canada où il resta plusieurs mois à l'affiche. Le film n'a acquis son statut de film culte que bien plus tard et est aujourd'hui considéré comme l'un des meilleurs films de Brian de Palma pour sa mise en scène virtuose, son montage, sa photographie, les split screens, sa musique et toutes ses références artistiques.
Références littéraires
- La trame du récit, ainsi que le titre du film, s'inspire grandement du roman Le Fantôme de l'Opéra de Gaston Leroux dans lequel l'Opéra Garnier est hanté par un être cachant son visage repoussant derrière un masque et transi d'amour pour l'une des chanteuses dont il aspire à faire une grande cantatrice.
- L'histoire reprend également le mythe de Faust, médecin qui décide de vendre son âme au Diable en contrepartie de pouvoirs hors du commun (voir aussi Références cinématographiques). Ici c'est le compositeur Winslow Leach qui pactise avec le maléfique Swan. Par ailleurs, il est à noter que la cantate écrite par Winslow a pour sujet l'histoire de Faust et que dans le roman Le Fantôme de l'Opéra, il est donné une représentation du Faust de Charles Gounod.
- Le Portrait de Dorian Gray d'Oscar Wilde dans lequel Dorian Gray reste éternellement jeune grâce à un portrait de lui qui vieillit à sa place. Dans le film de Brian de Palma, le personnage de Swan ne vieillit pas mais c'est son image sur les archives de vidéosurveillance qu'il est obligé de regarder tous les jours qui subit les affres du temps.
- Frankenstein ou le Prométhée moderne de Mary Shelley : le numéro musical dans lequel une mise en scène fait croire à la création, sous les yeux des spectateurs, de Beef, un être dont le corps résulte de l'assemblage de celui de plusieurs personnes dans le public. À l'instar de la créature de Frankenstein qui échappe à son créateur, Beef qui aurait dû être le symbole de la perfection s'avère être une créature du Diable.
- Dans la scène où Winslow Leach est surpris par la police devant la maison de Swan, un des officiers lui demande ce qu'il fait « du côté de chez Swan » (dans la version française et dans les sous-titres français). La référence à Marcel Proust et à son roman Du côté de chez Swann semble volontaire de la part des traducteurs. En revanche dans la version originale le policier dit “What are you doing outside Swanage?”, et le titre anglais du roman de Proust “Swann's way” n'est prononcé à aucun moment dans le film.
Références cinématographiques
- La scène où Swan regarde des auditions derrière un miroir est directement inspirée de celle du film Les Chaussons rouges de Michael Powell où Anton Walbrook assiste au spectacle depuis sa loge.
- Faust, une légende allemande : non content d'emprunter une grande part du mythe de Faust dans la trame du récit, Brian De Palma cite également le film de Friedrich Wilhelm Murnau grâce à des clins d'œils tels que la phrase que Swan prononce lorsqu'il fait signer de son propre sang Winslow Leach « L'encre n'a aucune valeur pour moi ». L'aspect visuel du contrat, écrit en caractères gothiques, est également une référence au film de Murnau.
- Dracula de Tod Browning : lors d'une scène, Swan est censé revenir de Transylvanie et arbore un costume rappelant celui que portait Bela Lugosi lorsqu'il interprétait Dracula.
- Le Cabinet du docteur Caligari : la scène où Beef se réveille est très ressemblante à l'éveil de Cesare dans le film de Robert Wiene : les deux personnages ont le même genre de maquillage et sortent d'un cercueil. De plus, les décors apparaissant lors de la chanson "Somebody super like you" sont très inspirés de ceux présents dans le cabinet du Docteur Caligari, symbole de l'expressionnisme allemand.
- Psychose d'Alfred Hitchcock : la célèbre scène de la douche est ici reprise de façon parodique dans la scène11.
- La Soif du mal : la scène en split screen de la bombe à retardement dans le coffre du véhicule des Juicy Fruits est un clin d’œil au plan-séquence qui ouvre le film d'Orson Welles.
- Sueurs froides d'Alfred Hitchcock : le générique d'ouverture où apparait le logo de Death Record dans des couleurs « psychées » rappelle celui du film de Hitchcock, dont De Palma s'inspire beaucoup.
- Le nom de Philbin, le bras droit de Swan est un clin d'œil à Mary Philbin, l'actrice qui interpréta le rôle de Christine dans la première adaptation cinématographique du Fantôme de l'Opéra en 1925 : Le Fantôme de l'Opéra.
- L'Homme qui en savait trop d'Alfred Hitchcock : la célèbre scène où le tireur caché s'apprête à exécuter Phoenix en plein concert ; Winslow Leach se précipite pour détourner in extremis le coup qui va tuer Philbin déguisé en prêtre pour unir Swan et Phoenix.