Bon, comme je ne trouve rien de mieux à dire ni à faire...
Pourquoi ne pas enfin pondre mon petit pavé haineux annuel au sujet de cette ignoble saison 3 de triste mémoire ? Ne le prenez pas pour vous, s'il y a bien un sujet sur lequel je m'autorise une liberté de parole absolue c'est celui-ci. L'objet du délit est passé il y a déjà 3 ans alors je suis un peu moins énervé qu'à l'époque tout de même et puis j'ai fini par accepter que les fans ont dû être victimes les malheurerux d'une épidémie d'AVC généralisés pour encenser une telle chiasse (ça commence bien...
). Attention, ça va déconner.
Je me vois encore en train de lancer le premier épisode, "ça y est, on y est, 25+ piges plus tard, Twin Peaks is back !!!!!". Parce que oui, j'y étais à l'époque de la série originale (enfin, devant ma télé...) sur la Cinq avec une réception pas top, à suivre cette étrange série signée Meussieu David Lynch, dont je ne connaissais que Blue Velvet et Dune jusque là. Le résultat était un savant mélange de série policère, de soap, de comédie et de fantastique qui m'a vraiment scotché. Sans parler du film sorti en 92 que j'ai vu deux fois en salle. Donc le fan avide de retrouver cet univers, qui lance le premier épisode de cette très inattendue saison 3. Et...
Ok ce n'est pas la catastrophe nucléaire dès les premières scènes, mais quand même il y a un malaise : ça commence n'importe comment. Pas mal de scènes random dont on cherche la pertinence (le Dr Jacoby qui se fait livrer des pelles, Lucy à l'accueil qui renseigne un type, ...). Certes, les déambulations de Cooper dans l'autre dimension sont plutôt sympathiques, mais la ville
qui donne son nom à la série n'est ré-introduite à aucun moment, alors qu'il aurait fallu justement commencer par ça, et le faire bien ça va sans dire. Pire, on se retrouve très vite ailleurs (New York) avec cette amorce d'intrigue au demeurant prometteuse concernant la cage en verre et le jeune gars payé pour la surveiller. Intrigue qui sera expédiée très vite d'ailleurs avec une conclusion gore assez mal fichue digne d'une web série et pas trop dans l'esprit Twin Peaks. Et ça ne couvre que les tout premiers épisodes et juste de mémoire.
Je pourrai faire une très courte liste de ce que j'ai aimé, essentiellement certains passages dans les autres dimensions, la scène où cooper traverse une prise électrique, la station-service fantôme etc. Et une liste interminable des passages et idées les plus grotesques de la saison...
La pseudo intrigue policière de la saison... Vous vous rappelez le corps nu du major Briggs sur un lit, décapité, mais avec la tête d'une femme sur l'oreiller ? Oula la, voilà un nouveau cadavre et un nouveau mystère pour... Ah non pas Cooper il est hors-jeu quasiment jusqu'à la fin, alors Gordon Cole (quel filou ce Lynch). Hin Hin, il y a un énorme trou de balle (au sens propre) au niveau de l'oeil gauche... Qui c'est qui qui tire souvent dans les mirettes au cours de la saison ? MISTER C. !!!!!! Enfin c'est ce qu'on peut en conclure nous spectateurs, car l'enquête, elle, n'ira pas plus loin... PIRE, qu'est-ce que cherche Mister C. durant toute la saison ? Des Coordonnées GPS. Et plus tard quand le FBI retrouve par hasard (...) le corps de la femme dont la tête trônait sur l'oreiller, qu'est-ce qu'il y a sur son bras ? Les coordonnées !!!! Donc Mister C. a buté cette femme, a décapité le cadavre (comme avec le major Briggs), l'a déshabillé, mais ne s'est pas aperçu des chiffres tracés en gros au marqueur sur son bras ? WHAT THE FUCK ???
La Blacklodge s'exporte à Vegas, vous fait gagner aux machines à sous et commander des pâtisseries...Oh mon dieu... Le truc le plus emblématique de la série, le rideau rouge, portail vers la Blacklodge (ou "Monde noir" en VF), accessible dans la forêt de Ghostwood au travers d'un cercle de 12 arbres Sycomores, c'était classe hein ? Bon ben terminé maintenant vous avez un faux Cooper, techniquement le second faux mais premier Doogie (faut suivre) avec une perruque et un acoutrement ridicule qui juste après s'être tapé une prostituée (classe...) se met à gerber littéralement devant le rideau rouge (super classe...). J'ai bien compris le principe, c'est au premier qui gerbe, Mister C. ou Doogie, d'être rapatrié dans le "Monde noir", logique... Plus tard notre rideau rouge emblématique se transformera en icône flottante au-dessus de machines à sous de Vegas pour que notre héros, entre temps réduit à l'état de débile et prenant la place de Doogie, puisse gagner assez de tunes pour rembourser les dettes de jeux de son double (du double de son double...). Et encore plus tard le gentil manchot, gardien du rideau rouge depuis que le nain s'est changé en arbre (et oui...), apparaît en surimpression sur la moquette ou à l'entrée d'une pâtisserie pour lui faire acheter une tarte aux cerises. Là encore pour arrondir les angles auprès de maffieux escroqués par Doogie #1 (une tarte et un gros chèque, faut pas déconner). Mais c'est quoi ces idées de merde sérieusement ? Pute, concours de vomi, le rideau qui se téléporte n'importe où ? WHAT THE FUCK ???
Doogie-CoopL'idée la plus naze de toutes, le héros transformé en arriéré mental rigolo sur 97% de la saison... Mais zen attention. Le gars fait des gribouillis mystérieux sur ce qui est sans doute le seul morceau de musique twinpeaksien de toute la saison (et qui n'est même pas signé Angelo Badalamenti, la honte). Et là les fans essaient de décrypter un code, un sens caché etc. Mais non c'est juste des gribouillis, pas de code, pas plus que dans les reflets clignotants des hublots du jet privé de Gordon Cole. Et quand il sort enfin des limbes de la mauvaise comédie pour redevenir Dale Cooper, c'est pour faire un thumb-up face caméra en lâchant un "C'est moi le FBI" avec en fond le générique de la série... OH-MY-GOD. Et la palme du mauvais gôut est décernée à Meussieu LINCHE (parce qu'il n'est plus Lynch depuis longtemps). Bon et d'une c'est ridicule et de deux, le générique c'est le thème de Twin Peaks,
LA VILLE !!!!
Gordon Cole/Lynch se la pète et rêgle des comptesC'est peut-être juste une impression mais j'ai le sentiment que la saison entière est un gigantesque doigt d'honneur. Je veux dire, l'acteur principal et son personnage de fin limier réduit à un rôle de sous Forrest Gump et Lynch quasi omniprésent dans son personnage de Gordon Cole, paradant avec une assistante potiche taille mannequin (chanteuse/protégée de Lynch qui ne sait pas jouer, même le silence). Ok Gordon Lynch, t'en as peut-être encore dans le pantalon, mais côté cinéaste par contre euh...
Sans parler du personnage du tueur à gages nain, avec son pic à glace et ses vilaines dents, ça n'a évidemment pas de rapport avec le fait que Michael Anderson (l'acteur qui jouait le nain du Monde noir) ne figure pas dans la saison suite à ses critiques très virulentes envers Lynch au fil des années ?
Laura fucking Dern / DianeLa mystérieuse Diane à qui tous les enregistrements de Cooper étaient destinés dans la série d'origine. Qui c'est finalement ? Une espèce de nana un peu défraîchie aux perruques improbables qui passe son temps à glisser des "fuck you" dans ses répliques et faire des grimaces au plus mauvais moment... Et puis là aussi, il y a une vraie et une fausse (la couleur de la perruque les différencie). Cherchez pas > Lynch.
Des trucs débiles en vrac...Bobby Briggs qui se met à chialer devant une photo de Laura Palmer, quasiment au moment où il réapparaît dans la série. Un moment émouvant ça se prépare, il faut l'amener. La musique aussi joue un rôle important (on va en reparler). Là ça arrive direct trop tôt, et c'est juste ridicule au lieu d'être touchant.
La mort de Jack le mécano de Mister C. Ah cette scène de massage facial c'était... non c'était ridicule. Voir la bouille de Jack malaxée comme celle d'un gamin, on se doute qu'il se passe quelque chose de pas clair mais ça reste en suspend. Jusqu'à ce que Mister C. déclare plus tard à Daria :
"Daria, j'ai tué Jack il y a 2 heures." MOUHA HA HA, mort de rire !
La gamine malade sur le siège passager. Encore un moment WTF comme Lynch les aime, ça n'a rien à voir avec queu dalle mais voilà. On dirait une mauvaise imitation de Linda Blair dans l'exorciste, ou une parodie de zombie, tout simplement grotesque.
Le personnage de la fille de Bobby et Shelly, sur lequel nombre de fans se sont pâmés. Oui parce que c'est une autre Laura Palmer blabla... Aucun intérêt, un archétype d'ado droguée à peine survolée. Et elle n'a pas l'excuse d'avoir un père abusif. Pire, elle reproduit le même penchant que sa mère pour les mauvais garçons. Et son petit ami drogué qui la trompe avec une autre à qui il déclare dans sa dernière scène (avant suicide ?) qu'il aimait sa foufoune...
La romance du troisième âge entre Ed Hurley et Norma Jennings. Dans l'ultime épisode de la saison 2 l'avenir de leur relation était incertaine. Ici on apprend qu'Ed est finalement reparti avec Nadine à l'issue de la saison 2 et ce pendant les 25 années qui la sépare de la saison 3... Comment s'intéresser à une histoire d'amour aussi ratée que la leur ? Nadine
libère Ed (désespérement fidèle à une femme qu'il n'aimait pas) et l'autorise à retrouver Norma, pendant qu'elle déclare sa flamme à quelqu'un d'aussi barge qu'elle (Jacoby). Impliquation émotionnelle perso = 0, intérêt de tout ça = 0.
Toutes les fins d'épisodes au Road House, la plupart du temps inutiles, si ce n'est pour finir sur une chanson, ou une scène "à la con" (la nana qui se gratte, celle qui hurle sans raison...).
Toutes les scènes pseudo zen, de longues plages de temps mort sans dialogues ni musique. Lynch nous réapprend la lenteur dans notre monde où tout va trop vite (Netflix caca bouuuh) ou plus simplement pour se la péter. Quand même, le voyage en voiture muet de la fin du dernier épisode = 6 putain de minutes (même qu'ils s'arrêtent pour faire le plein !).
Les personnages qui ne font que passer : le jardinier louche à Buckhorn qui passe un coup de fil dès le départ des flics (mystère ? non.), la secrétaire de Benjamin Horne et son mystérieux mari (mystère ? non.). MIEUX : Audrey Horne, la petite vamp de la série originale, coincée dans trois, quatre scènes en huis clos complètement What ? Et pour finir sa euh "fameuse danse" devant un public de jeunes conquis de voir une quinquagénaire se trémousser comme une ado aguicheuse. Plutôt embarassant... Ah mais c'est un rêve aussi, enfin peut-être, comme tout le reste, "Lynch l'a fait, démmerdez-vous avec".
La musique jazzy qui donnait son ambiance rétro à la série, envolée ! La musique tout court se fait même très rare dans pas mal d'épisodes. Mais comme de toute façon peu de choses se passe à Twin Peaks, l'essentiel de l'action se déroulant à Végas, il ne reste pas grand chose de l'esprit Twin Peaks dans cette saison 3. Même le compositeur original s'est borné à faire 3 ou 4 morceaux à peine au synthé et ils rappellent plus Mulholland Drive que TP.
Et puis évidemment le jeune anglais à l'accent très prononcé, nouveau personnage euh... comique ? Que je soupçonne d'être une paraodie de super-héros à la Marvel puisqu'il a un super-pouvoir : un gant de jardinier magique ! Si ! On aurait pu penser que Dale Cooper fraîchement revenu du pays du n'importe nawak aurait trouvé quelque utilité à Twin Peaks, du style battre le méchant ? Pas de chance il arrive trop tard pour se confronter à son double, Mister C., terrassé par la secrétaire neuneu de service. Mais Re-pas de chance, il n'a pas de gant magique lui, il n'aura pas non plus l'opportunité de se mesurer à BOB l'esprit du mal (un peu comme un certain Jon Snow en saison 8 de Game of Thrones, c'est le héros, mais il ne fait RIEN
). Lynch se donne tellement de mal (ha ha) pour aller à l'encontre de ce qu'on attend, que ça aboutit à des extrémités assez ahurissantes.
Combien il y a de types de méchants surnaturels déjà ? Les personnes possédées par des esprits comme Leland Palmer par BOB (facile, tout le monde saisit le concept), les esprits du Monde noir (BOB, le nain, le manchot, le géant, la grand-mère et son petit-fils,...), les Doppelgangers (des doubles maléfiques vus la première fois dans l'ultime épisode de la saison 2), les Tulpas (des doubles pas forcément maléfiques ?), Les Woodsmen (les barbus radioactifs à la peau charbonneuse), la mère de Laura Palmer (possédée par une grenouille mutante quand elle était enfant ? Super-pouvoir de retirer son visage comme un masque de cire pour frimer ?).
BOB transformé en orbre noire volante, parce que ben l'acteur est mort en 95, et pas question de le recaster donc... Alors autant j'ai bien aimé le morphing discret dans le miroir avec le reflet de Mister C. autant la bouboule volante euh... Pas trop raccord avec les premières saisons. Et l'idée d'un double maléfique lui-même possédé par un esprit maléfique, assisté par des barbus de l'au-delà eux-mêmes plus forts que le double ou l'esprit réunis. Putain allez chercher la logique dans ce bordel sans nom !
J'ai déjà cité l'idée Ô combien stupide de la "création" de Laura Palmer dans un autre sujet. Moi ça m'a tout de suite rappelé Superman (ou Highlander 2 au choix), hop on l'envoie sur Terre comme le sauveur. Sauf qu'en lieu et place de super-héroïne elle finit prostituée junkie. Sérieusement, ça ne suffisait pas une ado tourmentée par un père possédé par un démon ? Il fallait absolument lui inventer une origin story aussi abracadabrantesque ?
Enfin tout déconne dans ce foutoir prétentieux et la fin atteint des sommets inégalés dans le genre. Allez zou, tout n'est qu'un rêve (oui encore) mais pas que. On a aussi du voyage dans le temps et de la réalité alternée, tout ça sans la moindre cohérence, mais vos gueules hein... c'est de l'Art.
Meussieu LINCHE s'est fait plaisir en faisant un best of de toutes ses petites obssessions (vomi, biatches, feu, électricité, blabla) et tout le monde s'est empressé de lui lécher les roubignoles. Wouah le film de 18 heures, trop génial, le refus de la nostalgie, la narration que dis-je la télévision révolutionnée !!!!
J'en veux presque plus aux fans de cet ignoble machin mal foutu qu'à Lynch lui-même. Lui au moins on peut arguer que c'est un vieil excentrique à moitié sénile. Surtout qu'à notre époque les gens ne sont ordinairement pas tendres avec les mauvais films ou séries. Là c'est pas juste mauvais ou raté, c'est un foutage de gueule aux proportions cosmiques (je pousse un peu volontairement
), et tout le monde se roule dedans le sourire aux lèvres...
Bref, c'était donc mon coup de gueule annuel sur Twin Peaks saison 3 alias Twin Peak the TURD Season. Si certains passages vous ont offensé en tant que fan de cette saison... Ben c'est dommage pour vous.