Date de sortie 17 août 2016 (1h 43min)
De David Lowery
Avec Bryce Dallas Howard, Robert Redford, Oakes Fegley plus
Genres Aventure, Comédie, Fantastique, Famille
Nationalité Américain
Résumé :
A partir de 6 ans
Depuis de longues années, M. Meacham, un vieux sculpteur sur bois, régale les enfants du coin avec ses histoires sur un féroce dragon qui vivrait au plus profond de la forêt voisine. Pour sa fille Grace, garde forestière de son état, tout ceci n’est que contes à dormir debout… jusqu’au jour où elle fait connaissance avec Peter. Ce mystérieux petit garçon de 10 ans - qui dit n’avoir ni famille ni foyer - assure qu’il vit dans les bois avec un dragon géant baptisé Elliott. Et la description qu’il en fait correspond étonnamment à celui dont parle son père… Avec l’aide de la jeune Natalie - la fille de Jack, le propriétaire de la scierie -, Grace va tout mettre en oeuvre pour découvrir qui est vraiment Peter, d’où il vient, et percer le secret de son incroyable histoire…
Ma critique :
16/20
Disney continue à revoir en format live tous les vieux et grands succès de son répertoire.
En 2016, après un somptueux Livre de la Jungle qui mettait la barre très haut, et à tous les niveaux, après un Cendrillon magique et un Maléfique en tout point extraordinaire, c'est au tour de Peter et Eliott le dragon d'entrer en scène.
Et quelle scène !
Se positionnant à la fois fidèle et infidèle au film initial de 1977 - un vrai bijou - il rempli haut la main son objectif : raconter de nouveau une émouvante histoire d'amitié entre un enfant et un gentil dragon. Il se démarque de son modèle sur bien des points cela dit, comme la nature de la menace, le lieu et l'époque.
Ici, on est à l'époque moderne, dans une petite ville américaine qu'on pourrait facilement trouver au milieu du kansas - bien que les paysages les plus magiques ont été dégotté en Nouvelle-Zélande, bien sûr.
L'introduction est poignante comme rarement, et dès les premières minutes, on sait qu'on va voir bien plus qu'un blockbuster sans âme.
Il y a en effet au moins deux moments toûchés par la grâce dans ce nouveau Peter et Eliott le dragon : l'accident qui ouvre le récit, où tout est comme chorégraphié avec g^race, légéreté, pourtant celle de l'horreur absolu pouvant toucher un gosse. Ses deux parents meurent dans un accident, dont il sort miraculeusement totalement indemne, mais éberlué. La caméra, le son, le cadre, tout dans cette séquence sert ce topo, celui qui va permettre à l'incroyable rencontre d'avoir lieu ...
Vers la moitié du film, un retour infiniment gracieux lorsque le dragon, groggy, en un double hommage cinématographique volontaire à King Kong bien sûr, nous invite à percevoir son environnement effrayant comme lui-même le vit : un coeur qui bat.
Entre ces deux moments d'absolus, la magie est plus que jamais au rendez-vous, mais sans jamais rien d'énormissime, sans effets de blockbusters lambdas. Le coup d'oeil du cinéaste impose une vision presque naturelle, et ce à tous les niveaux : oui, on a un méchant, mais c'est le genre de méchant lambda qui ne se rend pas compte de sa bêtise, du moins pas avant avoir compris où se situait le principal, ce qui alors le rend instantanément humain et presque sympathique. Ou bien le shériff, qui ne sert à rien d'autres que montrer que la loi peut aussi rester empathique parfois. Cela fait du film une oeuvre d'humanité chorale. Personne n'a de raison de hair quiconque, personne n'en fait trop, tout est finalement très cohérent et logique ... hormis bien sûr le dragon, mais c'était sans doute le moyen le plus efficace pour qu'on croit en lui, au moins tout le temps de la séance.
Alors, certes, le film manque d'audace et d'inventivité, certes on aurait apprécié avoir des personnages un peu moins lambdas, voire un peu moins sympas pour certains, et je sens que ce film va prodigieusement en gonfler pus d'un , mais c'est aussi là sa force : inviter le surnaturel à notre table, sans surenchère tapageuse et probablement inutile.
Bien sûr, autre force, le dragon est d'une tendresse redoutable : quelque part entre le Falkor de Neverending Story - ça lui va très bien - et le dragon de Coeur de dragon, il ne possède pourtant pas l'humour taquin du Eliott originel, ce qui le rend entièrement fraternel et presque paternel à l'égard de Peter, puis de ses amis.
Il reste un animal sauvage capable d'une rare férocité, voire pire, et si Peter ne le conseillait pas, on voit qu'il aurait pu faire des ravages.
Mais on est pas dupe, c'est plus une sorte d'énorme toutou débonnaire qu'un prédateur véritable.
Comme le dit Robert Redford - qui a pris un coup de vieux - à plusieurs reprises dans le film, un vrai être de magie.
Alors, est-ce que tout cela remplit un film ? Oui, si on vient voir un conte, et l'habileté des acteurs y fait pour beaucoup : les enfants sont complices à souhaits, les parents adoptifs parfaits, notamment Bryce Jurassic Howard, livrant une prestation de maman nécessaire, impeccable. Au-dessus du lot, le jeune Peter campe fort bien l'enfan t sauvage tiraillé entre ses arbres et son dragon, et l'envie de découvrir ses semblables ... Et Eliott est bien évidemment la plus grande réussite du film : sans un mot, un peu à l'instar de la prouesse daft punkienne et matsumatienne du Legend of the 5th Star system d'Interstella, le dragon nous montre sans aucun fard ni artifices son riche panel émotif, jusqu'à nous faire comprendre avec lui l'importance de son sacrifice. Encore une fois, cela fonctionne grâce aux grands atouts de la famille adoptive, idéale.
Bien sûr, si on cherche un film rempli de rebondissements et de fracas, avec des boules de feu destructives comme s'il en pleuvait, mieux vaut passer son chemin. Peter et Eliott le dragon tape dans l'émotion pure, ni plus ni moins, et déplaira si cela ne prend pas.
A une exception, lorsqu'acculé il se met très très en colère, certes, mais cela ne dure guère longtemps, on reste loin de Smaug :
Mais, il est facile de tomber en larmes devant certains moments du film, tant les protagonistes et Eliott sont émouvants et justes.
Et le film a aussi pour lui une très belle photographie :
Je n'irais pas jusqu'à dire qu'adulte, on verra la fin en y adhérant totalement, mais certainement tous les enfants, oui.
De même, au rayon du manque d'inspiration déguisé en hommage, on ne pourra aps ne pas citer Mowngli, ou Tarzan, surtout cette année :
Pour accompagner en musique ce joli conte, on a droit à une partition un peu country très efficace, avec à la fin la patte inimitable de Lindsey Sterling pour clore en beauté le récit, ici dans un clip qui rend justice à la beauté du film, et à la magie d'Eliott.
En tout cas, si vous aimez ce film et avez envie de voir l'original, foncez :
