La Boîte à musique est un film d'animation des studios Disney sorti en 1946. Il s'agit d'une des nombreuses compilations de courts et moyens métrages que les studios réalisèrent dans les années 1940 afin de faire des économies et pouvoir faire aboutir leurs projets plus ambitieux de véritables longs-métrages.
Tout d'abord, un mot sur la distribution du film. La Boîte à musique est présentée au Festival de Cannes en 1946 en France et bénéficie à ce titre d'une version française avec entre autres Edith Piaf pour le court-métrage Johnny Fedora & Alice Blue Bonnet. Le film ne connaîtra jamais de ressortie au cinéma, et encore moins de sortie VHS ou DvD en France. Il est le seul film de la collection numérotée en France, avec Mélodie du Sud, à être absent du commerce. Plusieurs des courts-métrages du film sont sortis indépendamment soit au cinéma soit en vidéo (Pierre et le Loup) mais jamais la compilation complète. Le film n'est disponible en Europe que depuis 2007 et uniquement au Danemark. L'édition est en anglais et sans sous-titres français disponibles. L'intérêt de la version danoise par rapport à l'américaine est que le DvD américain a été amputé du premier métrage de la compilation, Les Martin et les Blaise, jugé trop violent. Enfin une autre censure a eu lieu, que l'on trouve également dans la version danois, est le gommage de la poitrine d'un des personnages du métrage All the cat in Joins. Il existe une jaquette non officielle du film, réalisée par des fans qui souhaitaient compléter l'esthétique de leur collection, mais il s'agit d'un travail de fan qui ne correspond malheureusement à aucun DvD :
La Boîte à musique est donc une compilation qui présente dix segments animés sur fond de musique et chansons interprétés par des artistes connus de l'époque. En France le film fut présenté pour le premier Festival de Cannes en 1946 et remporta même le prix du meilleur film d'animation. Il est souvent rapproché de Fantasia, car il se fonde sur le même principe, des métrages d'animation servis par la musique, cette dernière étant plus populaire que Fantasia, puisque l'on retrouve des morceaux plus populaires comme du jazz par exemple, et non pas uniquement de la musique classique.
Les dix métrages présentés par le film sont les suivants :
- Les Martin et les Blaise (The Martins and the Coys)
- Sous la Lune d'Argent (Blue Bayou)
- All the Cats Join In
- Si vous m'aimiez autant que je vous aime (Without You)
- Casey at the Bat
- Deux Silhouettes (Two Silhouettes)
- Pierre et le Loup (Peter and the Wolf)
- After You've Gone
- Johnny Fedora et Alice Blue Bonnet (Johnny Fedora and Alice Bluebonnet)
- La baleine qui voulait chanter à l'opéra ou Une baleine à l'opéra (sortie vidéo) ( The Whale Who Wanted to Sing at the Met)
Les Martin et les Blaise est inspiré de l'histoire vraie de la rivalité entre les Hatfields et les McCoys. Il voit deux familles se quereller et s’entre-tuer jusqu'à ce qu'il ne reste plus qu'un individu dans chaque clan, une fille et un garçon, qui vont tomber amoureux, se marier, pour que finalement le mariage se termine en querelle. Sympathique, avec un certain humour cynique pas désagréable.
Sous la Lune d'Argent devait à la base être intégré au projet Fantasia et cela n'a rien de surprenant vu la poésie qui se dégage de ce court segment, à l'animation contemplative et magnifique, d'un couple de cigognes.
All the Cats Join In quant à lui met en scène une sortie d'un groupe d'adolescent qui vont se mettre à s'amuser et danser au rythme du jazz. C'est e métrage notamment qui subit une censure lorsque la jeune fille se prépare pour sortir et ainsi se douche et s'habille. L'anatomie féminine n'ayant jamais été montrée de cette façon dans un film d'animation, il s'agit d'une première.
Casey at the Bat est le premier métrage du film à se montrer véritablement ennuyeux. Il est adapté du poème Casey au bâton de Ernest Lawrence Thayer et dans lequel un grand joueur de baseball se montre tellement orgueilleux qu'il en perd son talent et ne pourra plus jamais frapper une balle.
Deux Silhouettes s'amende de son inutilité par un temps très court. Il représente deux silhouettes danser sur une chanson interprétée par Dinah Shore.
Pierre et le Loup est sans nul doute le court-métrage le plus connu du film. Je dois avouer avoir un rapport particulier à ce court-métrage. Je le connais depuis tout petit dans sa version audio, les images manquant, ce qui avait pour intérêt de laisser une place importante à l'imagination (c'est d'ailleurs là une des critiques majeurs qui fut adressée au film, le conte musical de Prokofiev inspirant l'histoire par sa musique et non par des images, De ce fait, j'ai donc échappé à ce malheureux effet tout en ayant grandi avec la version Disney du conte). Et si je n'ai découvert Bambi que très tard et que la seule mort particulièrement choquante d'un Disney pour moi était celle de Mufasa, il en est une autre qui me donnait des sueurs froides à chaque écoute, c'était la mort de la canne. En effet il est toujours plus violent d'imaginer une mort que la voir. Pour moi Pierre et le Loup est un classique autant que les autres Disney plus connus car ayant grandi avec également.
After You've Gone, très court lui aussi, mais néanmoins très sympathique, voit une bande d'instruments danser et jouer une musique, à l'instar de ce qui se fera plus tard dans Mélodie Cocktail.
Johnny Fedora et Alice Blue Bonnet raconte une histoire d'amour entre deux chapeaux qui se verront séparés pendant plusieurs saisons mais qui finiront par se retrouver. Le film est interprété par les Andrews Sisters et et ajoute à une histoire et une animation déjà très réussies, une chanson tout à fait agréable.
Enfin, dernier mais non des moindres, La baleine qui voulait chanter à l'opéra raconte, comme son titre l'indique, l'histoire d'une baleine (ou vraisemblablement un cachalot) douée pour le chant qui se rêve chanteur d'opéra et va faire preuve de ses talents à un chasseur de baleine qu'il prendra pour un imprésario. Willie la baleine déclamera ainsi un Largo al factotum si réussi qu'il en enchantera les marins. Cependant il ne pourra rien faire avec le capitaine qui finira par le tuer. Outre l'histoire très réussi, c'est par sa fin que le film se distingue, étant le premier, et même le seul en fin de compte, à faire tuer son personnage principal de manière tragique. Il s'agit probablement du meilleur métrage de la compilation avec Pierre et le Loup.
Bref l'une des meilleures compilation des années 1950, avec Le Crapaud et le Maître d'école et Coquin de Printemps, dont on espère fortement une sortie en DvD digne de ce nom dans les années à venir.
