Linda Woolverton est décidément la reine du scénario impossible. Outre le fait d'avoir signé ceux de certains des plus grands films de Disney, elle a transformé l'essai avec Maléfique, dont j'ai déjà parlé, un scénario casse-gueule s'il en est.
Alice de l'autre côté du mirroir a en grande partie l'équipe artistique de Maléfique. Il en résulte des costumes fantastiques, et des décors d'une poésie renversante, les deux facettes tutoyant de prêt la haute-couture.
Ainsi, cette pseudo suite d'Alice aux Pays des Merveilles est d'une beauté à couper le souffle, tout en étant servi par un scénario extraordinaire, riche de nombreux hommages à d'autres oeuvres du cinéma.
Le montage parvient assez bien à suivre toutes les péripéties dAlice, ce qui est un petit exploit en soi.
Est-ce que ce film vaut Maléfique ? Sans doute pas pour la majeure partie des spectateurs, mais pour moi, il n'en est pas loin, sans en égaler la perfection, faute à une fin qui n'est pas aussi renversante.
Mais il ne vole pas un mérité 19/20.Pourquoi les spectateurs risquent de bouder ? Parce qu'il faut garder précieusement en soi son âme précieuse d'enfant, prêt à s'émerveiller et surtout à rêver, pour saute rà pied joint dans la créance secondaire nécessaire à être embarqué dans un voyage fantastique de toute beauté. Si oui, alors, impossible de rester de marbre devant le spectacle d'une beauté à couper le souffle.
Tout comme les meilleurs scénarios, celui-ci se lit aussi entre les lignes, et à bien y faire attention, Linda réitère ici la morale des chroniques de Narnia. Ainsi, cette Alice là a grandi et on sent bien, tout comme le dernier voyage des plus jeunes des PEvensie, que ce voyage là de l'autre côté du, en fait des, miroirs est bel et bien son dernier, pour mieux embrasser ses responsabilités d'adulte, nantie cette fois d'une dernière leçon des plus proitables : on ne peut pas changer le passé, mais on peut entirer des leçons. Et ce conseil, on gagne tous à l'écouter et le vivre, je crois.
Ainsi, Alice va tout tenter - mais vraiment TOUT ! - pour sauver de la dépression ante mortem son ami le Chapelier pas si fou, croiser la route de faux vrais méchants originaux : une nouvelle version de la reine de coeur, qui pourra bien nous tirer quelques larmes lorsqu'on apprendra son triste passé, d'où lui vient son sale caractère, et un faux croque mitaine gardien du Temps, parfaitement interprêté par un sAsha Baron Cohen qui nous fait aisément croire qu'il y croit à fond, malgré certainement des tas de fonds verts omniprésents ici.
Le film est souvent extrêmement émouvant, et j'ai poussé souvent une petite larme ...
De plus, le film va aller chercher quelques références auprès des nouveaux classiques, même les plus improbables pour ceux qui n'auraient pas tout bien suivi. Ainsi, Sucker Punch, un film né pour devenir et rester culte malgré tout le fiel qu'il a récolté et longtemps je pense, est ici clairement emprunté lors d'une scène de lobotomie qui ne peut pas ne pas rappeler la Belle Baby Doll devant y faire face, jusqu'au rire dément du docteur qui le campe - interprêté par le non moins dément "Moriarty" échappé d'un Sherlock pas loin sans doute.
Autre signe qui ne trompe pas, le désormais grand Hugh Jackman, non crédité au casting si on le cherche sur internet, allociné ou wikipedia, campe un très altier et cependant fort scondaire "roi de coeur".
Quant à l'histoire, quelle est-elle et où est son brio ?
Son brio est de donner de la consistance à Wonderland, le monde de l'autre coté du mirroir qui en psychanalyse et en premeir pour Lewis Caroll symbolisait le monde intérieur de l'enfant - qu'est encore un petit peu Alice malgré quelques exploits dans le monde adulte ( forcément impossible à réaliser bine entendu) à travers une histoire de saut temporla avec une vraie "machine à remonter le temps", nommé ici chronosphere et servant d'énergie à la "grande horloge du temps" - celui des Merveilles bien sûr pas le nôtre - Elle vole le chronosphère au Temps lui-même afin de sauver d'une mort certaine les parents de son ami (amant désiré ? ce n'est pas bien clair finalement) Chapelier - campé par un très bon Johnny Deep bien sûr - en revenant dans le passé pile poil au moment de leur décès. Mais quand était-ce ? Alice multiplie les bonds dans le passé pour enquêter, et l'enquête nous émerveille toujours car on voyage à rebrousse temps à Wonderland ... Ainsi, dans un montage malin et rythmé on va dans l'ordre et dans le désordre au niveau du film apprendre comment lareine de coeur est devenue si méchante en attrappant la grosse tête et à cause de qui ... et toutes les conséquences que ce drame d'enfant a pu avoir sur ce monde. La vengeance de la reine de coeur envers les parents du Chapelier et pourquoi elle souhaitait se venger. En parallèle, on assiste aux efforts désespérés du Temps pour garder le contrôle sur le temps afin d'éviter que le monde ne soit détruit.
Ce faisant, on passe en revue toutes les grandes théories cinématographiques du voyage dans le temps, notamment celle du paradoxe made in Retour vers le Futur avec la menace extrême qu'il est lorsqu'un être du monde rencontre son soi-même du passé. Cela est l'occasion de former un énorme climax - hélas pas assez dramatique je pense et c'est le seul reproche que je ferais au film, et encore je pinaille ...
Ce film a de plus énormément de bonnes idées, comme les mécanismes de traversée des mirroirs, les secondes- hommage au magicien d'Oz au passage - qui se transforment en minute, les minutes en heure ... et surtout et peut-être avant tout la magnificence de certains de ces concepts ... Le château du Chapelier Fou, la grande horloge du Temps et tout son repaire d'ailleurs, la volte face de "face de carotte" - hommage à un célébre peintre du reste - la chronosphère et l'océan du Temps, l'enfance des princesses, l'épisode de la chute, l'internement sucker punchien, le thé infini, les salles des montres, et bien d'autres ...
On regrettera de voir finalement très peu Absolem, dernier rôle d'Alan Rickman avant sa mort en début d'année... et aussi certains seconds rôles un peu inutiles, notamment pamri les serviteurs du Temps. Mais dans l'ensemble, le film est un succès - peut-être pas au box office mais ela ne m'étonne guère car on est à une époque où les spectateurs ont du mal à rêver et à s'en émerveiller ... ce film na clairement pas assez de prise sur la vraie réalité pour convaincre les gens qui s'ennuient, comme dirait Dany.
Mais si vous êtes comme moi rêverosien en puissance, alors vous allez adorer.
Pour conclure, il serait injuste de ne pas dire quelques mots sur l'intention "girl power de Linda Woolverton, qu'on a bien sûr déjà découvert avec Maléfique, entre autres. Ici, Alice est clairement le sexe fort, celui qui peut tout dépasser pour démontrer que la créance rend tout possible, mais non sans efforts et acceptation personnelle.
Comme dirait Snyder, on a tous un ange qui veille sur nous, prêt à nous hurler qu'en se battant, rien ne nous est impossible. Pour Alice, cet ange est incarné par un pays merveilleux où règne un touchant châpelier pour qui Alice est cet ange snyderien, tout simplement.
Et bon sang, qu'est-ce que c'est beau ! Vivement mardi que je retourne au pays des merveilles !
Et je convie sans hésiter tout ceux qui veulent s'émerveiller à tenter l'expérience en faisant fi des critiques et du box office décevant, cette fois (même si je n'en suis guère étonné)
Garçon.
"N'avez-vous donc point d'espoir ?" dit Finrod.
"Qu'est-ce que l'espoir ?" dit-elle. "Une attente du bien, qui, bien qu'incertaine, se fonde sur ce qui est connu ? Alors nous n'en avons pas."
"C'est là une chose que les Hommes appellent 'espoir'... "Amdir l'appelons-nous, 'expectation'. Mais il y a autre chose de plus profond. Estel l'appelons-nous.