Alors quand on remet tout dans l'ordre, on trouve un univers charmant, riche, bien construit, et je suppose que c'est comme ça que ça a été présenté à la télé. Mais lu dans l'ordre de parution, c'est une autre affaire... Car là est le grain de sable qui coince la machinerie : Terry Brooks a commencé en écrivant de la merde, puis a bonifié avec le temps. On retrouve ainsi au milieu de tout ce boxon trois de mes livres préférés : La Génèse de Shannara. Mais là, on est loin du concept "Je mets des elfes, des trolls et des nains donc j'écris de la fantasy", on découvre une oeuvre palpitante, émouvante, philosophique, mettant en avant toute la folie de l'homme acculé par ses propres acte suicidaires, bref une recette qui marche ! On y découvre aussi la genèse d'un monde fantastique, aux antipodes de la construction de Tolkien, puisque les nains et les trolls sont des conséquences de la radioactivité d'un monde post-apocalyptique, que les elfes sont à la base des fées, et que notre monde précède le monde fantastique. une inversion des plus bienvenues pour un peu de nouveauté.
Mais trêves d'encensement, passons à la réalité des débuts désastreux de cette saga que j'ai lue parce que j'étais boulimique du genre, sans autre raison.
Biographie :
Terry Brooks est né le 8 janvier 1944 dans la petite ville de Sterling dans l'Illinois aux États-Unis. Cette ville se trouve à environ cent cinquante kilomètres à l'ouest de Chicago. Bien qu'il ait toujours voulu être écrivain, il fait des études de droit et devient avocat dans un petit cabinet. Terry écrit sa première histoire en CM1.
En 1965, il lit Le Seigneur des anneaux de J. R. R. Tolkien. C'est un déclic pour lui. Il veut désormais écrire de la Fantasy. Il utilise un mélange des histoires de Tolkien et de William Faulkner pour écrire son premier roman. Il passe sept ans à développer le livre.
Après avoir adressé le manuscrit de son premier roman L'Épée de Shannara aux éditions Ballantine, il reçoit au début du mois de novembre 1974, une lettre de l'auteur Lester del Rey, l'époux de Judy-Linn del Rey, la toute nouvelle directrice de la collection science-fiction/Fantasy. Il lui écrit :
« Laissez-moi vous dire en tout premier lieu que je considère votre manuscrit comme pouvant devenir le meilleur roman de Fantasy épique depuis Le Seigneur des anneaux de J. R. R. Tolkien. »
Lester del Rey aide ensuite Terry Brooks à rendre publiable son manuscrit. Vingt-huit mois plus tard, en avril 1977, L'Épée de Shannara sort en librairie. C'est un succès d'édition. Il devient le premier ouvrage de fiction à figurer sur la liste des best-sellers du New-York Times.
À la suite de ce succès, Judy-Linn del Rey lui commande une suite. Ce sera La Chanson de Loreleï, une histoire de jeune femme capable de créer des enchantements en chantant. Quelques semaines après avoir envoyé le manuscrit à ses éditeurs, Terry reçoit une lettre de Lester del Rey. Il lui annonce que son nouveau roman est un désastre. Terry Brooks est contraint d'abandonner ce texte et recommence depuis le début. Il écrit alors Les Pierres elfiques de Shannara, son meilleur roman à l'avis de nombreux lecteurs.
C'est en songeant aux chants des sirènes de la mythologie qu'il a l'idée de l'ingrédient principal de son roman suivant L'Enchantement de Shannara. Il s'agit d'un pouvoir magique qui change les choses grâce aux chants des deux personnages principaux.
En 1983, il soumet le synopsis intitulé Le roi Koden à ses éditeurs. Lester et Judy-Linn del Rey le détestent. À la fin de l'hiver 1984, Terry Brooks se rend donc chez ses éditeurs à New-York pour demander conseil. Lester del Rey lui donne une idée de roman. Il s'agit d'une histoire d'un homme qui achète un royaume magique dans un catalogue de Noël. Terry en fera son quatrième roman Royaume magique à vendre. Il se sert de sa propre personne comme modèle de son héros, l'avocat désabusé. Lester del Rey lui inspire le personnage de Meek, le vieux magicien qui vend le fameux royaume à l'avocat. Après la publication de ce roman, Terry Brooks déménage à Seattle et se consacre à l'écriture à plein temps.
En 1986, son éditrice Judy-Linn del Rey décède. C'est Owen Lock, l'assistant de cette dernière qui la remplace. Owen lui propose au printemps 1991 d'écrire la novélisation du film Hook. Pour écrire le livre Terry Brooks n'est pas autorisé à rencontrer le scénariste, n'assiste pas au tournage et ne peut pas rencontrer le réalisateur et les acteurs. De plus le script est plusieurs fois modifié pendant qu'il écrit le roman. Son texte est ensuite relu par trois personnes anonymes du studio de production. Ceux-ci lui font parvenir leurs commentaires qui sont parfois diamétralement opposés. L'expérience est si éprouvante que durant les huit années suivantes, Terry Brooks jure qu'il ne fera plus jamais de novélisation de film.
En août 1997, Terry Brooks écrit Running with the Demon (Non traduit en français). Il change un peu de registre car il s'agit d'un roman de Fantasy contemporaine et sombre qui aborde les thèmes de l'intégration de la magie aux réalités de notre monde et du fait de grandir dans une petite ville du Midwest américain. C'est, selon lui, le meilleur livre qu'il a écrit.
En novembre 1997, George Lucas lui demande d'écrire la novélisation de La Menace fantôme. Malgré la mauvaise expérience de Hook, il accepte. Cette fois-ci Terry Brooks est bien accueilli par les studios de production. Il peut même discuter longuement avec George Lucas du roman. Celui-ci lui demande d'ailleurs d'approfondir certains événements qu'il n'aura pas le temps de montrer dans le film. Terry Brooks termine le roman en mai 1998.
En 2003, il écrit Comme par magie, un livre mi-autobiographie, mi-manuel d'écriture.
Terry Brooks se voit récompensé par le prix World Fantasy grand maître 2017.
Wikipedia
Donc, quand-même, c'est un écrivain reconnu. Il a en effet écrit du très bon,
Terry Brooks écrit Running with the Demon (Non traduit en français). Il change un peu de registre car il s'agit d'un roman de Fantasy contemporaine et sombre qui aborde les thèmes de l'intégration de la magie aux réalités de notre monde et du fait de grandir dans une petite ville du Midwest américain. C'est, selon lui, le meilleur livre qu'il a écrit.
Je confirme, c'est en effet excellent. Si vous avez le temps et que vous lisez facilement en anglais, ça en vaut la peine.
« Laissez-moi vous dire en tout premier lieu que je considère votre manuscrit comme pouvant devenir le meilleur roman de Fantasy épique depuis Le Seigneur des anneaux de J. R. R. Tolkien. »
Heuu... C'est beaucoup plus discutable C'est le premier roman que j'ai lu, et qui m'a poussé à m'accrocher. C'est bien fait. C'est une aventure d'héroic fantasy tout à fait valable, un bon récit, une relativement bonne écriture, le contrat est rempli. Mais comparer ça au SDA... Le public cible est plutôt jeune, 15-16 ans environ. Et quand on le lit adulte, ça se ressent pleinement alors que Tolkien a réussi à écrire une série qui se lit à tous les âges. Ensuite, faire concurrence à Moorcock ? Impossible ! Son roman bien que très correct n'arrive pas à la cheville d'Elric le Nécromancien. Il n'y a pas de dimension philosophique, sociologique, ou psychologique poussée. Et question métaphysique, c'est le néant.
Une remarque qui me semble être là pour flatter l'égo donc, rien de plus. Cependant, si vous voulez vous faire une idée positive de la série, lisez l'Epée de Shannara, et First King of Shannara, écrit bien plus tard. Peu importe l'ordre, ces deux œuvres sont assez autosuffisantes. Les deux sont bons pour différentes raisons.
Terry Brooks se voit récompensé par le prix World Fantasy grand maître 2017.
Oui, mais non, là, il y a erreur de casting. Il a une oeuvre longue, quelques romans réussis, mais il ne faut pas pousser, il ne souffre pas la comparaison face à d'autres plus talentueux.
Bibliographie
Dans l'ordre chronologique des évènements :
(en) Running with the Demon, 1997
(en) A Knight of the Word, 1998
(en) Angel Fire East, 1999
(en) Armageddon's Children, 2006
(en) The Elves of Cintra, 2007
(en) The Gypsy Morph, 2008
(en) Bearers of the Black Staff, 2010
(en) The Measure of the Magic, 2011
Le Premier Roi de Shannara, 2007 ((en) First King of Shannara, 1996)
(en) Allanon’s Quest, 2012, Nouvelle
L'Épée de Shannara, 1992 ((en) The Sword of Shannara, 1977)
(en) The Black Irix, 2013, Nouvelle
(en) The Weapons Master’s Choice, 2013, Nouvelle
Les Pierres elfiques de Shannara, 1993 ((en) The Elfstones of Shannara, 1982)
L'Enchantement de Shannara, 1994 ((en) The Wishsong of Shannara, 1985)
Invincible, 2006 ((en) Indomitable, 2003), Nouvelle
Les Descendants de Shannara, 2004 ((en) The Scions of Shannara, 1990)
Le Druide de Shannara, 2005 ((en) The Druid of Shannara, 1991)
La Reine des elfes de Shannara, 2006 ((en) The Elf Queen of Shannara, 1992)
Les Talismans de Shannara, 2006 ((en) The Talismans of Shannara, 1993)
La Sorcière d'Ilse, 2008 ((en) Ilse Witch, 2000)
Antrax, 2009 ((en) Antrax, 2001)
Morgawr, 2009 ((en) Morgawr, 2002)
Jarka Ruus, 2010 ((en) Jarka Ruus, 2003)
Tanequil, 2011 ((en) Tanequil, 2004)
Straken, 2011 ((en) Straken, 2005)
(en) Wards of Faerie, 2012
(en) Bloodfire Quest, 2013
(en) Witch Wraith, 2013
(en) The High Druid’s Blade, 201416
(en) The Darkling Child, 2015
(en) The Sorcerer's Daughter, 2016
(en) The Black Elfstone, 2017
(en) The Skaar Invasion, 2018
(en) The Stiehl Assassin, 2019
Alors c'est remis par ordre chronologique, et là évidemment, ça a l'air tout beau tout cohérent. On voit cependant que l'ordre de parution révèle une réalité toute autre.
En vert : Très bon, je vous conseille
En bleu : Bon, lecture agréable
En rouge : Vraiment si vous accrochez....
En noir : Je n'ai pas lu, je ne juge pas.
Par ordre de parution, on retrouve surtout deux bons romans, L'Epee de Shannara et Premier Roi de Shannara. C'est là que j'ai commencé, et je n'ai pas été déçu malgré que ça reste très très abordable. C'est après que ça s'est corsé avec la liste rouge. Pendant des mois, j'ai attendu deux choses ; soit un livre aussi bon que les deux premiers, soit que l'auteur s'affranchisse de son étiquette "écrivain pour ados" et ose enfin aller dans le plus complexe. Comme vous le voyez, j'ai attendu longtemps ! Pas mal de temps et d'euros foutus en l'air en vain, jamais Terry Brooks n'a quitté sa zone de confort. Peut-être dans les derniers tomes, mais à un moment j'ai arrêté le frais, des histoires merveilleuses et romantiques ça va un temps, mais d'autres best-sellers étaient déjà en attente sur ma liste, et j'ai zappé. J'y suis cependant retourné pour lire la liste verte, en me renseignant quand-même bien au préalable, et enfin le miracle est arrivé. Terry Brooks s'est décidé à écrire pour un public plus adulte, bien que restant abordable pour des ados, et a pondu tout ce qui précède sa saga dans une époque qui est plus ou moins la notre, et des lieux géographiquement reconnaissables. Ce volet montre un grand écrivain qui se lâche, qui n'écrit pas pour vendre absolument (enfin, il faut bien qu'il bouffe, écrivain à plein temps c'est un métier) et il en résulte une alchimie qui marche vraiment. On est loin des gentils elfes et des récits trop dichotomiques, on trouve une genèse de l'univers originale et bien décrite, des aspects moraux et philosophiques intéressants, et un monde sombre, parfois oppressant, mais qui au moins donne un peu de suspens et de l'action bien sentie. Le pire, c'est que je ne suis absolument pas certain que ce soit pour ces volets que l'auteur ait été récompensé