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La Grande Encyclopédie des Lutins

Les univers médiévaux-fantastiques et de fantasy hors récits de Tolkien :
Game of Thrones, Narnia, Harry Potter, romans de David Eddings, Pratchett, David Gemmel, Marion Zimmer Bradley, Terry Brooks, The Witcher, etc.
Náin

Re: La Grande Encyclopédie des lutins

Messagepar Náin » dim. juil. 14, 2013 8:52 pm

Les croquemitaines de Noël ( Bogey Men )
Children ? Children ?
( David Grubb, La Nuit du chasseur )

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Taille :
Les Croquemitaines sont courts sur pattes : un mètre soixante à soixante-cinq environ.

Aspect :
La chevelure abondante, le sourcil épais, la barbe longue et fournie, la peau velue, tannée et rubiconde, les dents blanches et biens plantées.
Tous présentent un ventre proéminent, une charpente robuste. On dit que leur bonnet de fourrure et leur capuchon masquent les cornes et les oreilles pointues, comme leurs bottes dissimules leurs pattes de bouc.

Vêtements :
Peaux d'ours, bottes de paille et d'écorce, pelisse de mousse, masque cornu des Körbopche, avant d'adopter le houppelande et les cuissardes, la tunique aux couleurs rougeoyantes. Ils portent une hotte d'abondance sur le dos et des verges à la main ou un rameau vert.

Habitat :
Autrefois les montagnes, les cavernes, les forêts ; aujourd'hui les caves. Ils occupent des maisons bourgeoises. Certains se sont établis définitivement dans l'est de la France, en Suisse, en Bavière, au Tyrol, dans l'Italie du nord et en Laponie.

Nourriture :
Ils ont, paraît-il, cessé depuis peu la consommation de chair de petits enfants.

Mœurs, Activités :
On prétend que tous sont devenus très bons, serviables et excellents éducateurs ( plutôt fermes au demeurant ).

Activités :
Ce sont d'habiles et ingénieux fabricants de joujoux qu'ils distribuent tous les ans aux enfants qui leur écrivent.
Ils ne viennent que la nuit, se déplacent à travers le ciel grâce à des bottes aussi rapides que les sandales de Mercure, les pantoufles de vair, les bottes de sept lieues, à moins qu'ils ne parcourent le firmament sur des rennes, des ânes, des attelages sylphiriques ! Ils entrent comme ils veulent dans les foyers où ils sont invités et déposent leurs cadeaux devant la cheminée ( là où un semblant d'autel leur est dressé ), en échange d'un humble présent.

"Quel est donc dedans la plaine ce grand bruit qui parvient jusqu'à nous ? On dirait un bruit de chaîne, que l'on traîne sur les cailloux...C'est le grand Lustukru qui passe, c'est le grand Lustukru qui mangera tous les petits gars qui ne dorment guère, tous les petits gars qui ne dorment pas !" dit la chanson aux enfant turbulents. Car l'ogre n’est plus sédentaire. Depuis que les lauriers sont coupés, que les enfants ne vont plus au bois ( à moins que les parents n'aillent les y perdre ), que le confiseur passe à domicile et qu'ils n'ont plus à courir les halliers en quête de maison-pâtisserie, l'ogre à décroché de sa porte la lanterne qui n'attire plus personne et s'en est allé de maison en maison, jusqu'aux villages, jusqu'en ville, jusque dans les cours de récréation.
Il s'est déguisé en colporteur avec une hotte sur le dos : il vend de belles images, des polichinelles, des toupies, des poupées de chiffon. Il s'est déguisé en Pépé Poussière, en Fütter Männchen, en marchand de sable, en souffleur de chandelles, c'est lui qui ferme les yeux des enfants, qui règne et fait la loi dans la nursery. L'ogre citadin est très malin, avec ses rubans, ses horoscopes, son "beau parler", il a jeté de la poudre aux yeux des mamans. Grâce à ses vêtements sombres, sa mine sévère, son "amour des enfants", les mamans l'ont pris pour un vieux professeur en retraite, une sorte de pion pour marmots récalcitrants. A la moindre sottise, on l'appelle à tout bout de champ, "si tu n'es pas sage, je dis à Zwarte Pieter de venir !" et bien sûr il vient...
Il vit désormais à demeure : à la cave, au grenier, dans le placard à balais, au fond de l'armoire, "il voit tout, il entend tout, il sait tout". La nuit on entend sa voix monter du soupirail, et ses ongles griffent les boiseries. Seuls les petits connaissent sa vraie nature, mais ils ont beau s'échiner à dénoncer ses mauvaises intentions, jamais les grands ne les croient ; ils sont seuls à avoir vu le contenu de la hotte sanglante, et attendent pâles et tremblants leur tour dans le noir...
Ah ! Si les mamans pouvaient deviner le double sens des comptines du Croquemitaine :


"Petit agneau, où vas-tu ?
- A l'abattoir.
- Pour quoi faire ?
- Couler mon sang.
- Reviendras-tu ?
- Ah non, jamais,
Si je reviens,
Je reviendrai
La tête coupée,
La queue hachée,
Dans la voiture du charcutier."

"Le bagage de Croquemitaine" ( tableau de Timoléon Lebrichon, Salon de 1874 ), représentait une énorme hotte de grossière vannerie d'où dépassaient les visages éplorés de cinq ou six fillettes était pourtant si éloquent...
Croquemitaine, Croque Metjien, Croque Mädchen se cachent sous plein d'autres identités, dont tous les enfants du monde se sont passés les noms : Babou, Jean Gris, Lowethme, Galaffre, Père Fouettard, Gros sourcils, Moine Bourru, Monsieur louis, Olentzaro, Bogey Man, Le Roux, Père Gel, Bouman, Hans Trapp, Boublin, Jean le Vert, Pépé, Isola, Papa Goulu, Preneur de rats, le Père Chalande, l'Homme aux nez, Zwarte Pieter, Krampus, Pelznickel, Nicolas Velu, Beelzebub, Aschenman, Lent Fresser, Butzenberckt...
Oh, Oh, Oh ! mais comment se fait-il que ces noms désignent aussi, dans certains pays, saint Nicolas et le bon Père Noël ?...

Náin

Re: La Grande Encyclopédie des lutins

Messagepar Náin » lun. juil. 15, 2013 11:17 am

Les Changelins ou Changelains
Bel enfant que j'aime, avec moi tu viendras...
( Goethe, Le Roi des Runes )

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Taille :
Celle d'un bébé de 6 mois. Même lorsqu'il a atteint sa taille adulte, "l'enfant changé" ( Changelain, Changeling, Wechsel Kind ) reprend, auprès de ceux qui l'aiment ou des enfants, ses mensurations enfantines. ( Certains elficologues affirment que Peter Pan était un Changelin. )

Aspect :
Il n'y a guère de différence entre le Changelin nain ( l'enfant des Nains parmi les hommes ) et le Changelin humain ( l'enfant des hommes parmi les Nains ). L'imagerie épinalière et gargantuine s'est toujours évertuée à représenter le Changelin nain comme un horrible avorton, noiraud et ridé, sans doute pour effrayer les mères. Le Changelin nain est un mélange de vieillard et de bébé, il est sans âge. Devenu adulte et même chenu, il dégage toujours une impression de jeunesse. Ses yeux très grands, profonds, reflètent des images de vallées ensoleillées et fleuries. Sa bouche passe vivement du rire à l'amertume.

Vêtements :
Si le Changelin nain adopte parmi les hommes le port du costume local, chez lui il se vêt d'une tunique et d'un long manteau couleur de mousse et de terre.

Habitat :
Le Changelin nain aussi bien que le Changelin humain aiment les cabanes à l'écart, dans les arbres, les bois, près des étangs ou des fontaines. Ils sont dispersés de par le monde.

Nourriture :
Il est végétarien. Les croyances sur son appétit d'ogre, son insatiable soif ( il assécherait le lait des deux nounous et d'une vache en moins d'une semaine sans pourtant prendre le moindre gramme ) relèvent de la même volonté d'en faire un monstre disgracieux et dangereux.

Mœurs :
Les Changelins aiment autant leurs parents adoptifs que leurs parents de sang. Ils sont silencieux, méditatifs, mais peuvent aussi être très gais. On les dit excellents musiciens. Ils sont en général malheureux en amour et recherchent la compagnie des petites filles avec qui ils entretiennent de tendres rapports, jusqu'à ce qu'elles grandissent et leur préfèrent des garçons plus "normaux". Il en va de même avec les très jeunes fées !

Activités :
D'un côté ou de l'autre de la frontière, les Changelins recherchent l'harmonie et la communion avec la nature et les éléments. Les Kaybora des forêts américaines volent les bébés qu'ils cachent au fond des troncs afin qu'ils apprennent le langage et la sagesse des arbres et des Dryades.
Mais attention ! Tous les Changelins ne sont pas des anges. Certains, sous l'apparence humaine, corrompent, violent, assassinent. On les reconnaît à leurs yeux jaunes et à leurs ongles rouges.
Une hypothèse de C. Marmadulee Perthuvee ( le Changelin de Whitechapel ) suggèrent que Jack l’Éventreur était l'un d'eux.

Comme les fées des houles de la côte bretonne, celles des cavernes de Guernesey faisaient aussi des substitutions d'enfants. Un pêcheur de l'Erée avait placé près d'un bon feu des patelles qu'il venait de ramasser sur la grève, et il s'était éloigné un moment en attendant qu'elles fussent cuites ; sa femme, qui s'occupait de la maison, entendit sortir une étrange voix rauque du berceau où reposait son enfant nouveau-né. Elle se retourna et vit debout un affreux brimborion tout ridé qui regardait le foyer avec attention en disant d'un ton de surprise :

Je n'suis ni de cet an, ni d'antan,
Ni du temps du Rouey Jehan,
Mais de tous mes jours et de tous mes ans,
Je n'ai vu autant de petits pots bouillants.

Elle avait entendu les vieilles femmes raconter que les fées profitaient parfois de l'absence des mères pour voler leurs enfants endormis et leur substituer leurs propres poupons, et que le moyen de les forcer à la restitution était de jeter l'enfant par terre et de le frapper. Dès qu'elle l'eut fait, le Changelin se mit à crier, et aussitôt la fée, sautant par-dessus le "hec" ( demi-porte ), lui rendit son nourrisson et emporta le sien.
Il y a peu de temps encore les Nains se plaisaient à enlever des enfants et à mettre à leur place de vilains petits êtres qui restaient mélancoliques et rabougris, tétaient toujours, asséchaient les nounous et gardaient une figure vieillotte. Une fois les Jetins prirent un petit garçon que sa mère avait emmené aux champs et posé à l'écart, et ils lui substituèrent un de leurs rejetons. Comme il ne grandissait pas malgré les biberons, la femme alla consulter le sachant, qui lui recommanda de mettre à bouillir devant le feu une douzaine de coquilles d’œufs ( ce peut être des coquillages, des écales de noix, de noisettes, des cupules de glands ) remplies d'eau. En s'éveillant, l'avorton glapit, les yeux ronds : "J'ai plus de cent et cent ans, j'ai vu le gland avant le chêne, l’œuf avant la poule, mais je n'ai jamais vu tant de petits pots bouillants !" La bonne femme lui demanda où était son gars et il répondit que les Jetins l'avait emporté chez eux "pour en avoir de la race". Elle alla donc encore consulter le sachant et, d'après son conseil, porta le nabiot à l'entrée de leur domaine, criant qu'elle allait le tuer si on ne lui rendait pas son petiot, et se mit à fouailler le pauvret qui se mit à pousser des hauts cris. Au bout de quelques minutes, on vit venir un Nain qui tenait par la main un beau petit enfant au regard illuminé. Enfin, ayant pris son Jetin dans ses bras, il l'emporta bien vite dans sa demeure de mousse et de pierres...
Partout ces récits sont les mêmes, seules changent les formulettes du Changelin : "J'ai bien des jours et bien des ans/Jamais je n'ai vu tant de p'tits tupains blancs", s’exclame celui de la forêt de Jailloux. "J'ai vu la forêt d'Ardenne/Tout en seigle et en avoine/Celle de Brekelien pas encore plantée/Mais jamais tant de petites potées !" dit le Fersé.
En Flandre il s'étonne, "bien qu'il ait vu naître le monde, de n'avoir jamais vu tant de petits pots chauffants et tant de petites louches mélangeantes !" Qu'importe les termes, le tout c'est de lui faire avouer son grand âge et du même coup ses origines alfiques.
D'aucuns prétendent que s'il rompt ainsi son mutisme c'est qu'il est vexé que l'on se moque de sa petite taille en lui préparant des ustensiles de dimensions dérisoires. Quoi qu'il en soit, c'est la seule manière de le déloger et de récupérer son bébé. Il disparaît alors par la cheminée, où il suffit de le malmener pour que ses parents accourent le rechercher.
"Quelquefois pourtant, la famille adoptive s'en accommode, ou même s'y attache, et le Changelin grandit parmi les hommes. Il devient alors musicien, poète, ermite, visionnaire, ou "Médecin des Vaches", mais ne se marie jamais. C'est un "Intermédiaire". Jadis ils étaient saints et respectés, et on venait de loin les consulter", écrit Barbygère. Quant à l'enfant des hommes resté parmi "Eux", une autre vie commence pour lui.
On raconte dans le Livradois qu'au rebours de ce qu'affirment les légendes, ce sont les chrétiens qui auraient commencés par dérober la progéniture des fées. Celles-ci en représailles emmenèrent tous les nouveaux-nés et, lorsque les mères vinrent les supplier de les leur ramener, elles répondirent :


Randa nou noutri fadou
Vou randran voutri Saladou.

[Rendez-nous notre Fade/ Nous vous rendrons votre Salé] faisant allusion au sel du baptême.

Une vieille chronique alfique rassemble d'autres exemples de Féetauds, Fayons, enlevés par des villageois, mais les Nains et les Elfes admettent volontiers que ce sont les Alfs noirs, les premiers, a avoir vidé les berceaux. On ne peut passer sous silence les "passages" des ogresses croque-mitaines et nains viandards : l'Hébreu Schabta, le Birman Ponnaka, la sanglante Dzonoqwa et autres Chicheface, Rounff, Calin-Minou, Tirelovis, Babarouchi, Caragnaou, Piquious, Barabaüs, Tschanteret, Stalker et méchants Niques que dépassent les ombres de Erlkoening et Ellekongen, son jumeau danois. Mais que le peuple voisin enlève des enfants "pour en avoir de la race" est bien une thèse imaginée par les hommes dont l’orgueil va jusqu’à considérer la nature comme "leur " environnement, alors qu'ils ne sont que poussières dans le si vaste Univers !
Pour les Nains et les Elfes les enfants sont précieux : ils n'ont pas encore d'âge, ils n'appartiennent qu'à eux, leur esprit peut encore "choisir". Tout comme les Indiens ( si proches des dieux, des esprits élémentaires, frères de la faune et de la flore ) enlevaient des petits Blancs non pour les torturer mais pour les "élever", les Bienveillants emmènent quelques élus afin de leur ouvrir les portes d'autres connaissances, espérant que, revenus parmi les leurs, il les guide vers des lendemains plus sages et harmonieux. Et s'ils laissent en échange leur propre enfant, auxquels ils sont si attachés ( ils accourent le reprendre à la moindre menace ), c'est avec le même élan de générosité et le même utopique espoir !...

Náin

Re: La Grande Encyclopédie des lutins

Messagepar Náin » lun. juil. 15, 2013 11:57 am

Les Callicantzaris
Le mois de l'avent
Est sujet au vent.


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Taille :
Soixante à soixante-dix centimètres.

Aspect :
Gamins hâves et décharnés. Regard exorbité presque aveugle. Beaucoup ont les yeux blancs. La bouche dépourvue de lèvres, édentée, s'avance comme un bec. Chauves, pas d'oreilles, une longue mèche de crins s'accroche au bas du dos. Une des deux jambes présente les caractéristiques de celle d'un poney. Grelottent sans arrêt.

Vêtements :
Nus. Seul un bonnet trop grand pour leur tête dépouillée leur dissimule à moitié le museau.

Habitat :
D'étranges amphores de terre cuite, façonnés aux formes du Callicantzari. Koutsodaimonas les empile par rangées au fond d'étroits boyaux des montagnes grecques.

Nourriture :
Dévorent goulûment, une fois par an, ce qu'ils ont le temps de picorer des appétissants victuailles de Noël.

Mœurs, Activités :
Certains les prétendent descendants des centaures. D'autres penchent pour des âmes ensorcelés d'enfants nés à Noël. Le révérend G. Carolus avance la thèse de petits surgeons morts-nés des anciens dieux du Parnace. Il y a de fortes chances que les Callicantzaris soient les "esprits" des grands Dieux grecs résolus à ne pas disparaître complètement des mémoires. Conservés à l'état larvaire dans ds jarres, ils sortent de leur léthargie forcée pour rappeler leur existence le jour de la naissance de celui qui les a supplantés.

Il est surtout sujet aux tracasseries des Callicantzaris. Dès que l'on découvre la première fenêtre du calendrier de l'Avent, que les miracles commencent à loupionner à la barbe des haies et à semer Fioles et Fofus aux sillons des chemins, les Callicantzaris dévalent des montagnes grecques. Sous la coupole endormie du mont Parnasse, quelque part dans le sud-est de la Doride et de la Phoride, là où hibernent à jamais les souvenirs des dieux anciens, les Callicantzaris s'étirent de leur engourdissement.
Ils vont, toute la durée de l'Avent, perturber la populace pieusement occupée à préparer la Sainte Nuit, propager colère, désordre, énervement parmi paysans, pères et popes, pour gâcher l'arrivée de l'enfant roi. Le village décoré de chromos d'anges, de pailles, de branches tressés de fleurs de papier argenté est retourné sans dessus dessous. Saccagés la crèche illuminée, les chapelets d'images scintillantes : la meute lamentable se disperse au carrefour, bouscule la cheminée, enfume la pièce apprêtée. Ils pissent dans le feu, la soupe, la réserve d'eau, pincent, griffent, mordent, épouvantent les enfants. Trois, presque quatre semaines, ils rigodaillent de maison en maison.
Au chant du coq, ils disparaissent laissant les femmes réparer les dégâts renouvelés la nuit suivante, les hommes se préparer à la riposte. Un cochon est aussitôt saigné, découpé. Il faut bien le sacrifier, seule sa mâchoire suspendue dans l'âtre repousse les assaillants.
Partout les couinements déchirent le fond des cours, les haches rougeoyantes à la lueur des torches s'activent au rituel. Bah ! La viande ne sera pas perdue, elle sera salée et fera tout l'hiver ! Les plus déshérités qui n'ont rien à tuer viennent réclamer les pattes : l'odeur de la corne brûlée éloigne aussi les drôles.
Une file de vieilles encapuchonnées de noir déambulent sur la place, le panier alourdi et sanglant. Cloués au linteau, les talismans rosâtres s'égouttent parmi les banderoles pieuses, les scapulaires, le gui, les étoiles et le houx. Une odeur douceâtre s'unit aux parfums des baklavas, des résines, des pâtisseries miellées.
Maintenant ils peuvent venir.
Et bien-sûr, ils reviennent, se cognent à l'interdit qu'ils ne peuvent franchir, courent ailleurs, puis ailleurs. Partout c'est la même barrière. Ils vont et viennent, cherchent à entrer par l'étable, la lucarne, la cave, essaient les toits, escaladent les gouttières, tournent autour des cheminées barrées de l'odeur du porc qui fume...et retombent dans la cohue désemparée d'où monte au fur et à mesure une monotone plainte. Ils frappent timidement aux portes, geignent, réclament, grattent aux vitres.
Et tandis que, vaincus et pitoyables, les Callicantzaris déambulent jusqu'aux aurores triomphantes qui les reconduiront pour une année encore dans leur retranchement du Parnace, la famille salue l'Elu et ripaille.

Náin

Re: La Grande Encyclopédie des lutins

Messagepar Náin » lun. juil. 15, 2013 12:19 pm

Koutsodaimonas

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Taille :
Quatre-vingt centimètres sans la corne.

Aspect :
Obscène margouillis de Faune et Caliban, velu, bossu par-devant, ventru par derrière, pattes arquées, oreilles d'âne, tête bovine et énorme, œil fendu de chèvres, barbiche, langue pendante, organes génitaux de taille impressionnante dont le poids et la grandeur le gênent pour marcher. Corne serratiforme au milieu du front.

Vêtements :
Nu exception faite d'une grossière résille cliquetante de médailles frappées aux effigies des dieux perdus.

Habitat :
Attaché au Parnace, il lui arrive de voyager de temps à autre vers les côtes et les îles Andros, Samos, Kalimnos, en quête de baigneurs que son anatomie ne rebute pas.

Mœurs, Activités :
Très dangereux la nuit de Noël, il se rit des talismans de porc ; seul le feu et les torches le tiennent à distance. Il charge et éventre ceux qui s'en prennent aux Callicantzaris. Passe l'Avent à corrompre les abreuvoirs, les puits, les fontaines en y prenant des bains de siège. Insatiable voleur, son étreinte peut être mortelle, surtout pour les jeunes bergers pourtant avertis. Joue joliment de la flûte de Pan.

Derrière la troupe dérisoire des Callicantzaris cahote la bancroche silhouette de Koutsodaimonas, gardien de la ruche callicantzarienne.

Náin

Re: La Grande Encyclopédie des lutins

Messagepar Náin » lun. juil. 15, 2013 3:24 pm

Le Hosenteufel
On se livre à la volupté
Parce qu'elle flatte et qu'on l'aime ;
Et si du diable on est tenté,
Il faut dire la vérité,
Chacun est son diable à soi-même.

( Mercure de Trévoux )

Image

Taille :
D'une quinzaine de centimètres au repos, il peut atteindre trente-cinq centimètres et parfois davantage en pleine activité.

Aspect :
Bien que celles ou ceux qui subissent l'emprise de ses charmes le trouvent beau, séduisant et bien fait, le Hosenteufel est en réalité repoussant. Mou et plissé "pareil à une limace des vasiers" lorsqu'il somnole et digère ses victoires, il s'allonge comme une salamandre quand le "Spiritus Incubus" ( Barbygère ) l'éveille. Écœurant cylindre boucané et suintant. Verrues, oreilles molles, nez en trompe, yeux de poix. Queue de macaque dont il a plus ou moins le faciès. Son sexe est couvert de ventouses. Dos velu. Mains et pieds palmés. Il peut prendre l'aspect d'un beau jeune homme, d'un incomparable amant. Il figure symboliquement sur une toile de Jérôme Bosch sous l'apparence de deux oreilles chevauchant un couteau en guise de nez.

Vêtements :
Nu, mais on lui connaît parfois un ridicule "bonnet-leurre".

Habitat :
Les hauts de culotte très serrés.

Nourriture :
L'âme de ses victimes.

Mœurs, Activités :
Le Hosenteufel fait partie de la vaste cohorte des Incubes. Les soudards, les mercenaires, les lansquenets le ramenèrent comme un parasite, un virus de leurs lointaines campagnes.
Si le Hosenteufel a disparu, laissant la place à d'autres "Caraquins Erectins", il en traînerait encore quelques-uns dans les musées du costume et de l'armée, derrière les vitrines consacrées à la Renaissance d'où il guette les visites guidées d'écolières.

Les oriflammes, les drapeaux, les gonfanons ondulent au vent. Les clameurs couvrent les fifres. Les panaches dansent derrière le capitaine des reîtres qui va devant, campé sur son destrier en grand harnois, tous deux semblants forgés d'un seul tenant d'acier. Son nez aussi rostré qu'un bassinet conduit les troupes victorieuses à travers le bourg en liesse.
La petite Gretel admire de ses yeux écarquillés les beaux soldats emplumés. Après la piétaille lourde des piquiers, voici, marchant à la cadence roulante des tambours, ses préférés : les lansquenets suisses de l'Allemagne du sud ! C'est un plaisir que de voir se découper les hautes silhouettes, la pertuisane ou l'espadon sur l'épaule, le chapeau de feutre crénelé posé crânement sur leurs têtes héroïques. Elle n'a d'yeux que pour eux, surtout un grand mâtin de sergent à dents blanche et regard de mâchefer qui marche à la droite du peloton et mène ses seigneurs de la guerre beaux comme des guerriers de Holbein, de Dürer, cambrés comme ceux de Peter Flönter, de Hans Burglemain.
Le torse sculpté dans le justaucorps moulant, les épaules encore élargies par les bourrelets des mahuitres, ces glorieux miriflores font tourner le sang des filles avec leur mâle coquetterie. Pensez, ces ingénieux coquins gênés par l'étroitesse de leurs vêtements si ajustés, dont ils ne veulent pas perdre un puce d'avantage, n'ont pas trouvé mieux que de tailler l'étoffe aux entournures de façon "délicieusement primitive". Pour se mettre en garde, parer, se fendre, estoquer, ils coupent aux bras, aux coudes, aux genoux, révélant par ces bâillements à la gente féminine affolée linge de dessous et peau nue ! Déjà les bourgeois, les godelureaux, les maris jaloux ont commandés à leurs couturiers de semblables innovations, et les tailleurs cisaillent à qui mieux mieux dans les pourpoints, les corsetons ; un petit peu partout où le regard s'attarde. Et tous de parader, de se pavaner en costume à trous pareillement à des déguenillés splendides. Du chef aux rouliers, on se larde de crevés, de fentes, d'échancrures sous-tendus de soie qui simule la chemise. Mais les vrais connaisseuses méprisent ces fades supercheries. A ces puériles inventions et singeries elles préfèrent, à juste titre, les modèles authentiques.
Et la jeune Gretel ne peut s'empêcher de s'extasier face au défilé gaillard. Rouges, or, blanc, jaunes, ils avancent, basanés, moulés dans des fourreaux où se tendent les muscles longs des biceps et des jarrets d'étalon. A travers la frange blonde échappée du bonnet, elle détaille les sandales larges d'où s'érigent les jambes nerveuses du routier, le galbe du mollet bandé, la cuisse ferme travaillant sous la peau rêche du bas, la hanche roulante frappée régulièrement par la gaine graissée du braquemart. Timide, elle n'a qu'une légère hésitation sur la coquille ouvragée de la braguette à pont dont la pression des ceinturons exagère les proportions. Vivement, prise de honte, Gretel revient sagement à la contemplation des aiguillettes, des lacets, et se mortifie à égrener le chapelet des boutons. Mais il est déjà trop tard ! Son regard a été capté et retourne à lorgner le nœud du péché.
Jan Hus le réformateur, brûlé en 1415 à Constance, avait déjà condamné le relâchement des fanfreluches gothiques. Lui succédant, Andreas Musculus, le super intendant de la Marche de Brandebourg, s'était mis lui aussi, lors de la fête de l'Assomption, à tempêter en chaire contre l'impudique mode de ces luxurieux adeptes, condamnant la diabolique culotte, siège du péché qui couvait dans ses fondements l'embryon même du mal : le Hosenteufel.
Gretel avait pourtant encore dans les oreilles les harangues sonores du sermon mais elle avait failli !
Mon Dieu ! Sainte-Marie ! Gretel comprend qu'elle est damnée, que le mal est fait ! Elle a oublié l'avertissement, tout occupée à sa joie naïve et enfantine de regarder passer les soldats. Maintenant, hypnotisée, elle ne peut plus dégager sa prunelle de l’œil de poix qui à travers une fente la fascine. Inutile d'essayer de fuir l'attraction du daymon, qui tressaille et imperceptiblement se dénoue, se dégage de la gangue distendue, s'échappe, fouettant sa queue des nuages de soufre ! Désormais, qui qu'elle fasse, il la rejoindra cette nuit.
In cauda venenum...

Náin

Re: La Grande Encyclopédie des lutins

Messagepar Náin » lun. juil. 15, 2013 5:47 pm

Les Gremlins
Moteur grippé
Gremlin contrarié !

Image

Taille :
Neuf à treize centimètres.

Aspect :
Très petit, mince, extrêmement souple, il peut se contorsionner, s'aplatir, s'affiner, s'allonger, se faufiler, se glisser à l'intérieur des mécaniques les plus étroites. Il peut se rendre invisible, rapetisser en grain de poussière, en rouille, en virus ( afin de pirater, effacer, transformer les données des ordinateurs ). Vif, intelligent, sage, visionnaire, il a l’œil en tête d'épingle et ne manque pas de succès auprès des jeunes filles épatées par sa créativité, sa haute technicité et ses époustouflants discours philosophico-épistémologiques.

Vêtements :
Salopette couverte d'un patchwork de poches aux teintes métallisées, serrées par un large ceinturon où se trouvent rangés des centaines de fins outils soigneusement entretenus. Sorte de bonnet d'aviateur très ajusté. Ne se sépare jamais de sa burette d'huile et de son chiffon.

Habitat :
Les Gremlins font leurs nids dans toutes les machineries, moteurs, appareils de toutes sortes.

Nourriture :
Le Gremlin mange très peu ; un grain de maïs soufflé le cale pour la journée. Apprécie les morceaux de chewing-gum que lui laissent les enfants complices, amateurs de bricolage, de modèles réduits et de jeux électroniques.

Mœurs, Activités :
Tout comme leurs frères Gobelins, à l'origine bons et prodigues envers les hommes, écœurés par leur ingratitude après leur avoir inspiré le meilleur de la science, effrayés par leur instinct de destruction, les Gremlins sont devenus méfiants et essaient désespérément de les prévenir des risques encourus par de successifs avertissements : du simple court-jus à la catastrophe nucléaire.

Le réveil n'a pas sonné, la lampe de chevet a disjoncté ainsi que la cafetière électrique et le grille-pain, le transistor grésille de parasites, le four à micro-ondes court-circuite, la machine à laver n'a pas fonctionné, la T.V. a implosé, le fer à repasser a brûlé, le réfrigérateur, s'est arrêté, la cuisinière fumaille, l'évier est bouché, la douche ébouillante, le chauffe-eau est glacé, la porte du garage est coincée, la voiture ne veut pas démarrer, l'autobus est en retard, le métro est bloqué, le train a déraillé...Pas la peine de s'énerver, de malmener les objets, de trafiquer les prises, de se coincer les doigts dans la porte, mieux vaut ne pas insister, éviter d'accuser, d'insulter à tort et à travers, les choses ne feraient qu'empirer ! Des oreilles écoutent, des yeux épient, des mains s’apprêtent à sévir...Mieux vaut respirer un bon coup, se calmer, sourire, s'excuser humblement et admettre gentiment que c'est votre faute, que vous avez tout bêtement oublié, hier soir en vous endormant, d'avoir une pensée reconnaissante pour les gentils Gobelins de la maison, les veilleurs, bricoleurs, protecteurs, réparateurs de l'électroménager, des circuits électriques, des conduites de gaz et d'eau, des choses mécaniques : les Gremlins ! les génies de tout ce qui tourne, se branche, fonctionne, s'allume, s'actionne, démarre, vrombit, aspire, lave, moud ; les esprits de toutes les machines, des plus petites aux plus grandes, des plus simples aux plus sophistiquées. Reconnaissez vos torts. Offrez-leur un bouquet de compliments pour leur ingéniosité, pour les incomparables bienfaits que généreusement ils dispensent !...
Le chauffage central : au lieu d'aller fagoter sous la pluie et dans la bise, abattre des arbres, débiter en bûches pour alimenter une cheminée à la refoule qui rôtit la face, gèle le derrière et vice versa !
Le robinet : un simple geste qui évite l'antique corvée d'eau, le seau pesant, la fontaine gelée, le puits où se love le Drac !
Le béatifique aspirateur, compagnon si compréhensif de la ménagère ; élégant, maniable, efficace, supprimant le harassant balai-souillard et ses nuages de poussière !
La machine à laver la vaisselle, au ronron presque silencieux, qui efface tant de vains efforts de mains rouges et gercées, de verres cassés, de dégoûtantes éclaboussures d'eaux grasses !
Combien de durs labeurs, d'obscures corvées évités grâce à la magie des Gremlins !...et que l'on a trop facilement oubliés !
C'était il y a...il y a si longtemps que l'homme a perdu le souvenir de ce jour où les Gremlins étaient spontanément venus proposer leurs services au premier chef des hommes - l'idée du premier outil : qu'était-ce encore ? Un si rudimentaire outil : une pierre emboîtée dans un morceau de bois, ou un os pourri dans un autre. Une évidence si élémentaire ! Ils auraient pu y penser eux-mêmes les hommes !...Mais il avait fallu l'étincelle, l'intervention des génies de la "Matière Pensante", des petites divinités de la "Psychomatière". Ils demandaient trois fois rien en échange : que les hommes reconnaissent leur "intervention" à chaque invention nouvelle. Les Elfes, les Nains, les Génies de l'Age d'Or étaient si confiants, si généreux, et si peu exigeants. Contre tout présent ils requéraient que l'homme laisse toujours un épi au champ, un fruit à l'arbre, une goutte à la fontaine, une infime part à la nature donatrice, une pensée bienveillante à l'Invisible - un simple merci.
Puis il y eut le feu, et un autre outil, la roue, le moyeu, le moulin, le roulement à billes, la vis, le premier engin mécanique, la machine à vapeur et à explosion, le moteur, l'hélice, l'électricité, le fil télégraphique, l'avion, l'atome, les bombes, l'ordinateur...et les tragiques conséquences et retombées de l'orgueilleux oubli des inventeurs envers le Pacte Gremlin.
Catastrophes, guerres, accidents, virus, pollutions ne cessent pourtant de rappeler aux savants, scientifiques, brillants mathématiciens, atomistes, informaticiens, électroniciens, astrophysiciens que l'avenir de la planète ( tout comme l'humble ménagère met par ingratitude en péril sa maisonnée ) ne dépend que d'une simple et amicale pensée pour le petit Gremlin.

Náin

Re: La Grande Encyclopédie des lutins

Messagepar Náin » lun. juil. 15, 2013 6:26 pm

VII Ceux des Étangs et des Rivières

Louis Courtois
Un, deux, trois, voici Louis Courtois !
Tant pis pour toi,
Tant pis pour moi,
Tant pis pour le p'tit père François !

Image

Taille :
Quatre-vingt centimètres.

Aspect :
Joli garçon, pâle de peau et très harmonieux de proportions. Bouche en forme de cœur. Poudré, fardé. Mouche assassine sur la joue droite. Yeux noirs et maquillés.

Vêtements :
Porte hiver comme été un costume soyeux bien ajusté de marquis du XVIIIe siècle. Coiffé d'un tricorne empanaché de duvet blanc. Il porte une perruque à marteaux, nouée d'un catogan bleu azur qu'il échange contre un autre de couleur écarlate lorsqu'il vient de tuer.

Habitat :
Le marais poitevin et plus particulièrement les rives du Mignon, et la région de Saint-Hilaire-la-Palud. Il hante les chemins, les bosquets et les conches. Son manoir, visible seulement à Noël, se déplace sans cesse.

Nourriture :
Réveillonne une fois par an, sinon se contente de priser. Un chapelet de délicats éternuements révèle sa venue et donne le signale de la fuite.

Mœurs :
Louis Courtois est un lutin lacustre, proche du Guib, des lutteurs et noyeurs, c'est un "Esprit mauvais des eaux dormantes" ( Barbygère ). On signale sa première apparition au début du XVIIIe siècle.

Activités :
Il collectionne les meurtres en tous genres. Excellent escrimeur et "rimailleur de bel esprit". S'il ne fréquente ni les génies de l'eau ni ses cousins lutins, il aurait, en revanche, beaucoup de succès auprès des fées, des Vouivres, des Fayettes...et même des dames.

Soudain, un léger éternuement glace d'effroi le braconnier qui pêchait l'anguille à la lanterne. Il n'a pas le temps de régir que deux petites mains manucurées saisissent la barque à fond plat et la font chavirer. L'homme auréolé de bulles disparaît sous les lentilles argentées du vasier. Louis Courtois vient une nouvelle fois de commettre un de ses crimes.
Les habitants de la région de Niort et du Marais poitevin ont baptisé ce méchant Louis là "le Courtois", car il a, paraît-il, gente allure et belles manières. S'il vous rencontre, galamment il vous salue, tire forces révérences, poliment vous offre une prise de sa tabatière, pour ensuite vous transpercer de sa courte rapière, ou vous noyer, ou vous tordre le cou, ou vous jeter dans une oubliette ou dedans un puits. Il peut aussi vous pendre à la première branche venue ; et inutile d'essayer de lui résister : le lutin est invincible et d'une force prodigieuse !
Il laisse un peu partout derrière lui la trace de ses meurtres, en lavant sa lame sanglante dans l'eau des fontaines qui demeure teintée de rouge.
Ce tueur maniéré est à éviter à tout prix tout le long de l'année, sauf la nuit de Noël pendant laquelle il ouvre les portes de son château à qui veut bien le suivre. Là, il offre plantureux repas, bal exquis, feu d'artifice, cadeaux...et va reconduire en carrosse tout doré, jusqu'à leur porte, ceux qui, ayant abusé de la bouteille, ne marchent plus droit.

Náin

Re: La Grande Encyclopédie des lutins

Messagepar Náin » lun. juil. 15, 2013 9:43 pm

Le Houzier
Les rivières étaient vivantes...
( Octave Grévain, La Pêche et très petit )

Image

Taille :
Quarante-six centimètres.

Aspect :
Joli, rieur et harmonieux. Une mince arête dorsale faite d'écailles orne toute la longueur de l'échine. Grands yeux ronds et doux. Oreilles pointues mais finement ourlées. Bien que passant beaucoup de temps sous l'eau, il vit sur les rives et, si ses pieds et ses mains sont palmés, il possède un système respiratoire, comme le nôtre, sans branchies. Le Houzier s'exprime de façon très précieuse, en versifiant le patois local.

Vêtements :
Nu, à l'exception d'une paire de bottes qui dissimulent ses pieds palmés.

Habitat :
Berceaux de joncs séchés et tressés enfouis sous les racines des aulnes bordant les rives. On les trouve dans toutes les mares, les fossés, les trous d'eau, les fontaines et oasis des "deux côtés du monde".

Nourriture :
Baies, fleurs, racines, miel sauvage. Tète les vaches et les brebis.

Mœurs :
les "Turbulents des eaux douces", pas méchants pour deux sous, ne songent qu'à jouer, s'amuser et faire des farces.

Activités :
Le Houzier, comme tous ceux de son espèce, aime taquiner les baigneuses, les lavandières, éclabousser les passants, emmêler les lignes, tirer sur le bouchon pour faire croire à une grosse "touche", libérer le poisson ferré de l’hameçon et y accrocher n'importe quel objet hétéroclite.

Il y a de cela fort longtemps, à la Hardoye, en Ardennes, vivait le long des ruisseaux et des passerelles unj esprit aquatique que l'ion avait surnommé le Houzier, c'est-à-dire "Homme des eaux".
Tout petit, il pouvait facilement se cacher, l'été dans les joncs, l'hiver dans un trou. Nullement méchant, il n'était que malicieux. Son grand plaisir, lorsqu'on passait près de lui sans le voir, était d'éclabousser et de couvrir de boue les promeneurs, surtout les jeunes gens parés pour la messe de leurs "costumes du dimanche" ou de belles robes blanches.
En catimini, il dérobait aussi les vêtements des baigneuses, tirait sur leurs chemises de bain, les lutinait, leur faisait boire la tasse, leur chatouillait le ventre par en dessous pendant qu'elles nageaient. Il poussait parfois la plaisanterie plus loin en se couvrant de feuilles et d'algues et, contrefaisant les cris des ogres d'eau, mordait les orteils. Voulait-on le fesser que, dans un éclat de rire, le "flac" que ferait une grosse grenouille en plongeant, quelques cercles auréolant l'onde, le Houzier était déjà hors de portée. Pendant longtemps, à la Hardoye, on n'osa plus longer les ruisseaux de peur de se faire asperger. Si de nos jours le Houzier n'existe plus, son souvenir est encore vivace. Lorsqu'un enfant rentre à la maison mouillé et crotté, sa mère ne manque pas de lui dire : "Comme te voilà houzelé !"
Tous les Colineaux d'eau et les Espiègles de la mare se ressemblent, sans toutefois rivaliser avec le gracieux Houzier. Les Satis de la Semoy sont de "jolis bossus". Les Berges-Jeannot sont verts. Le Pied-Pied-Vent-vent d'Iges est un Pie-Pie-Van-Van aimablement moqueur : il répète tout ce qu'on dit. Le Joli-Coeur aspergeur à la peau argentée. Le Père Bigournet ( prononcer : Bigournette ) patauge le long des eaux rebelles de la Loire. le Duz d'eau nage dans les eaux vives. Les Cracras préfèrent les flaques. Le Guldentop anversois hante les routes engorgées de pluie. Le Ian an Ôd breton se dissimule sous les ponts, le Bayeux dans les puits. Le Lanternier déguisé en feu follet allume des feux d'artifices d'étincelles et d'eau en plongeant dans les rivières. Le Chanterai ( celui qui gambade ) dégringole et remonte à longueur de journées les cascades du Valais et asperge les montagnards. Les Engouttés, comme des castors, inondent, détournent les cours en construisant des barrages au milieu des rivières. Le Bergeron reste des heures entières au soleil à paresser sur des mousses. Aubin de la Loire-Atlantique arrose tous les crânes tonsurés passant à sa portée. Algol boit l'eau des oasis. Il est responsable des mirages qui attirent les assoiffés toujours plus loin dans le désert : "Là où le sol est craquelé, Algol est passé." Pour chasser le Gabinot ou Gobineau du Morbihan, il faut faire allusion à son odeur de vase en lui criant : "Hors d'ici, puant."

Náin

Re: La Grande Encyclopédie des lutins

Messagepar Náin » mar. juil. 16, 2013 2:09 pm

Kludde, Osschart et Roeschaard

Image

Taille :
De la puce à l'arbre géant.

Aspect :
Avant la métamorphose les trois compères n'en ont pas : ils sont comme la nuit, ils n'ont ni membres, ni visage, ni regard. Ils errent dans le silence des ombres. Ils enveloppent le corps de l'homme d'un vêtement de poix. Sinon ils peuvent être homme griffu, rapace nocturne, chien noir, loup à poils raides et longs, veau difforme...A Schelle on les décrit avec une tête large et des yeux proéminents.

Vêtements :
Ils se harnachent quelquefois de chaînes, grelots, de filets de pêcheurs, d'une peau rêche et malodorante aussi rugueuse qu'un hekel ( séran ). Ils se coiffent à l'occasion d'un feutre à larges bords, pour rire d'une coiffe de Hollandaise, et se chaussent de lourds sabots.

Habitat :
Des bouges "d'une honteuse malpropreté" dans le Brabant, le pays de Waas, dans le Lijskebreer, près de Haren. Dans le limbourg, le Hanovre, le long de la digue de Gravejand, à Kuokkre, à Kieldrecht non loin d'Anvers, à Hammme, dans la commune de Doel. Dans toute la Flandre et les Pays-Bas occidentaux, à Herchten à côté d'Alost. La Dendre dans la contrée de Dendermonde sert de résidence fixe à Kludde.

Nourriture :
Petits oiseaux qu'ils attrapent au vol ou dénichent dans les haies ; poissons crus ; chiens perdus, chats en maraude. Visitent également les poubelles.

Mœurs :
Plus méchants que facétieux. Ils ne se frottent ni à LangeWapper ni aux autres démons aquatiques, terreurs des polders, des rives de l'Escaut : Nikker, Haleman, Slokker et Krolleman.

Activités :
A part "crever leur monture humaine", ils effrayent de toutes les façons imaginables les promeneurs du soir. Une de leurs farces favorites est de remplacer le contenu des filets des pêcheurs par des torrents d'excréments.

Il étaient trois petits démons...
Kludde, Osschart et Roeschaard sont trois méchants Luchtgeesten ( Esprits de l'air ) des Flandres ; trois lascars à quelques poils près Weerwolven ( loups-garous ) de "parenté sanguine". Quand la nuit noue sa noire capuche sur les villages, pose son éteignoir sur les bougies des beffrois et referme les pans de sa pèlerine autour des champs, le premier de l'infernal trio sort de son trou en poussant quatre lugubres cris : "Kludde, Kludde, Kludde, Kludde", c'est ainsi qu'il s'annonce lui-même, et il va se reposter sous les drèves à la recherche d'une monture.
"O Maer, gij leelijk !" O cauchemar, vilaine bête ! Osschart "met zijn bellen" ( avec ces clichettes ) le suit de près. Ses deux yeux de braise bleus laissent dans sa course une traînée crépitante. Il a revêtu sa plus sombre toison - aile de corbeau - et recherche un saule bossu d'où il surplombera le chemin. A chacune de ses foulées grelotte une sonnaille d'étain aigre.
Roeschaard émerge de son puits et traîne la jambe derrière. C'est un Esprit de l'air mais, contrariant et chagrin, il a élu domicile dans les lieux humides. Cette nuit il s'est fait une tête de veau noire avec des chaînes autour du cou et un corps de gros chien roussâtre aux pattes bien griffues pour mieux crocheter sa prise.
Chacun de son côté, ce triplé de Protées, suivant un rite quotidien réglé depuis des lustres, se prépare à accomplir ses spécialités, ce pourquoi ils sont faits et postés là à attendre en plein courant d'air ! Damnation, ou besogne commandée jadis par un prince infernal fou disparu il y a si longtemps qu'on n'en a plus souvenir mais que, consciencieux et bornés, ils perpétuent invariablement chaque soir sur n'importe quel client ? Ils ne respectent ni l'âge, ni la qualité, ni la stature. Le passant peut être marmot ou chenu, notaire ou va-nu-pied, malingre ou obèse, qu'importe ! dès qu'il se trouve à sa portée, chacun de sauter sur les épaules de la proie, de se coller à son dos et de se faire porter jusqu'à ce que le patient tombe d'épuisement ou succombe. Ce n'est pas très malin, c'est méchant, mais "ils ne savent pas mieux" comme on dit dans le coin, et si d'aventure ils innovent c'est pour "du plus pire et du plus bête !"
Kludde, Osschart, Roeschaard se changent alors en loup croqueur de talons, en cheval au dos accueillant pour vous précipiter à l'eau, en jeune baigneur pour noyer le pêcheur, même en puce pour gâcher le sommeil !
On les appelle "Esprits Aufkocher", dénomination dont la traduction boîteuse serait "Esprits berneurs-trompeurs".
La Chronique des Frayeurs nocturnes en connaît d'autres : le Belleman, le Dromedaris de Groningen "qui derrière la Hoornse Dijk saute sur le dos du promeneur et lui pose sa trompe autour du cou", le Bozenherel et Boezkappert de Hollande. Les Allemands courbent les reins sous le poids du Pöjel de Burgwindleim et de Beitl, dit Hoimman, ainsi nommé en raison du cri qu'il pousse lorsqu'il se jette au colbac du passant. Les campagnes françaises retentissent des galopades de Ch'tit Chien, du Cheval Mallet, de la Galipade, de la Bête Pharamine. Et les lointains Babyloniens s'essayaient déjà à exorciser par la prière le démon Alü qui "s'écroule comme un mur sur l'homme et l'écrase". Les Indiens d'Amazonie redoutent Juruyari qui, de plus, rote et pète bruyamment et accompagne sa course en chantant à tue-tête dans les oreilles de son porteur.
Kludde, Klurre, Kleure, Klodde, Klödde, peut prendre la forme de plantes et d'animaux. C'est souvent un cheval très maigre - l'épouvantail de tous les valets de ferme. Lorsque ceux-ci croient sauter en selle, ils se trouvent en réalité sur Kludde, qui les désarçonne au fond de la première citerne. Pendant que sa victime essaye de s'en sortir, on voit Kludde se rouler dans l'herbe et rire aux éclats.
Le nom d'Osschart, Osschaart, Orssart, peut être composé du suffixe :
hard ( vaillant, fort ) et os qui peut provenir de ors ( monture : cheval, que l'on ne retrouve plus que dans d'anciens proverbes populaires selon A. Van Hageland ). Lorsqu'il se cramponne au dos du passant, il le brûle de son haleine ardente et l’asphyxie par son odeur nauséabonde.
On pense à présent que c'est le seul des trois qui soit mort : "Au Sjije, un quartier de Malines, écrit Jonas van Leckant, l'on montre encore aux amateurs le cercueil de Osschaart et l'on demeure persuadé que ce démon se trouve enterré dans cet endroit.
En ce qui concerne Roeschaard,
Roes dérivait du scandinave ruske qui signifie "se précipiter, attaquer quelqu'un" et rejoint l'anglais to rush. Mais ce mot présente peut-être aussi quelques analogies avec l'anglo-saxon brcosan : "épouvanter" et le hollandais roezen : "faire du tapage".
La peur d'âtre saisi par Roeschaard était si forte que les habitants de Blankenberge et de ses environs se faisaient baptiser une nouvelle fois, et changeaient de nom afin de lui échapper, comme les Chinois donnent à leur enfant un "nom de lait" composé de deux mots pour tromper le démon. Il était devenu traditionnel, avant qu'un jeune homme ne montât dans un bateau pour commencer sa carrière de pêcheur, de l'asperger d'eau de mer. Em même temps que la baptême avait lieu, on prononçait la formule suivante :


Je te baptise
Et que Roeschaard
Le trois fois laid
S'en retourne
Tourne, tourne, tourne,
Ton nom est [on annonçait le surnom]

Náin

Re: La Grande Encyclopédie des lutins

Messagepar Náin » mar. juil. 16, 2013 4:12 pm

Les Animalitos

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Taille :
Une dizaine centimètres.

Aspect :
Serpentin fluide et noirâtre. Deux bras élastiques. Tête de lézard à gueule de chien.

Vêtements :
En hiver les Animalitos s'enduisent de boue et de lambeaux de peaux de serpent tombés pendant la mue.

Habitat :
Marais et rocailles d'Espagne. Ils se lovent en boules et en nœuds gluants dans les fissures des monastères et châteaux en ruines, dans les tombes des cimetières abandonnés.

Nourriture :
Enfoncés au milieu de touffes d'ajoncs, immobiles dans la vase, les yeux affleurant à la surface, les Animalitos guettent les baigneurs ou le bétail qui vient s'abreuver. Ils se glissent sous le ventre et comme de grosses sangsues suçonnent le sang de leurs proies. En captivité ils réclament de la chair humaine, maudite de préférence.

Mœurs :
Ce sont, dit-on, les âmes perdues des "impies" morts sous la torture durant l'Inquisition. D'abord feux follets, sans lumière, flammèches éteintes et glacées, ils se sont matérialisés en s’accolant aux vermines de la nuit.

Activités :
Semblables aux génies des bouteilles et des lampes, des homoncules, racines sorcières, démons apprivoisés, ils poussent les hommes à la damnation en exauçant leurs plus inavouables caprices. Au moment de se coucher, les enfants mexicains glissent sous l'oreiller des Animalitos, petits jouets en bois, qui les préservent des cauchemars. On en dépose aussi sur la tombe des enfants.

En Espagne des sorciers peu fréquentables vendent à la sauvette des morceaux de roseau noués d'un côté, obstrués par un bouchon de l'autre. Dans ce roseau, il y a de petites bêtes au moyen desquelles on obtient tout ce qu'on désire.
"Mais vous savez mieux que moi comment on les nourrit", explique le guide Vicente à Prosper Mérimée, "de chair d'enfants non baptisé, Monsieur, et quand il ne peut pas s'en procurer, le maître du roseau est obligé de se couper un morceau de chair à lui-même. Il faut lui donner à manger toutes les vingt-quatre heures. J'ai connu un Zagal ( espèce de postillon à pied qui tient par la bride les deux mules de devant d'un attelage et les dirige en courant. Lorsqu'elle sont lancées au galop, s'il s'arrête, la voiture lui passe sur le corps ). Ce Zagal fit une maladie qui lui tua le souffle l’empêchait de courir. Il acheta alors à un sorcier un de ces roseaux à "immondes génies"...et dès lors bondit devant l'attelage sans perdre une bouffée de son cigare. Il courait de Valence à Murcie tout d'une traite. Mais maintenant il n'y a qu'à le voir pour juger ce que cela lui coûte. Les os lui percent la peau et si ses yeux se creusent toujours comme ils font, bientôt il verra derrière la tête. Mes bêtes le mangent !" Et les Animalitos ont un terrible appétit !...


Wermine Pouline

Autre entité ogrichonne et semi-végétale que les Mages Sombres transposaient dans leurs poches et faisaient grandir et grossir à la taille qu'ils voulaient. Les Indiens l'appelaient Honowah qui la repiquaient dans la neige.

Débruma

Petits démons familiers du Pays Basque. Les contrebandiers les louaient pour se faire guider par d'inaccessibles sentiers connus d'eux seuls contre du tabac et des boucles d'oreilles. Ils se transformaient en monstres sanguinaires à des périodes précises de l'année.

Les Erles
Plante-Alf que les sorciers cultivaient en Allemagne pour propager la peur dans les campagnes.

Mandragores

Démons familiers assez débonnaires ; ils apparaissent sous la forme de petits hommes sans barbe, avec les cheveux épars. Un jour qu'une Mandragore osa se montrer à la requête d'un sorcier qu'on jugeait, le juge ne craignit pas de lui arracher les bras et de les jeter dans le feu ( Dictionnaire Infernal, Collin de Plancy ).

Ginseng

Image

Mandragore de Chine. Elle hurle lorsqu'on l'arrache du sol.

Les Alrunes

Image

Les anciens Germains possédaient des Mandragores qu'ils nommaient Alrunes. Ces figurines de bois tenaient en leur pouvoir le destin et la fortune des hommes. On les habillait proprement, on les couchait noblement dans de petits coffrets ; toutes les semaines on les lavait avec du vin et de l'eau, et à chaque repas on leur servait à boire et à manger, sans quoi elles auraient jetés des cris, comme des enfants qui souffraient la faim et la soif. Elle faisaient connaître l'avenir, soit par un mouvement de tête, soit quelquefois en s'exprimant d'une manière très intelligible ( Les Secrets du Grand et du Petit Albert ).

Le Kennie

La Kenne dans la vieille Allemagne est une pierre verdâtre qui se forme dans l’œil du cerf mourant. L'homme chanceux qui la recueille peut survivre à tous les venins et poisons. Si on enterre la Kenne suivant un certain rituel, au bout de sept ans, elle donnera le Kennie : un minuscule esprit transparent qui ouvrira toutes les serrures à son maître contre des osties.

Terragon

Esprit malin né de manipulations sorcières. Gnomoncule d'éprouvettes, résultant de croisements de semence de Bouffon et de Dryade, lâché vers 1576 dans les passages secrets du château de Blois, il s'ingénia à terroriser Henri III, tantôt prenant les traits d'un mignon, d'un élément spadassin des Quarante-cinq, pour revenir soudainement à sa forme première et monstrueuse. Il le poussa aux vices et vilenies avant de guider la main du moine ligueur Jacques Clément, son assassin.

Morgoth Bauglir
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Re: La Grande Encyclopédie des lutins

Messagepar Morgoth Bauglir » mar. juil. 16, 2013 5:58 pm

Sympa l'illustration de la Mandragore (tirée de HP) :P .
« Vous êtes comme tous les Français, vous n'avez pas lu Tolkien !
Il n'y a que vous autres qui ne l'ayez pas encore lu. »

Louis LAMBERT, Prélude à l'Apocalypse, p. 118 (cit. par Michaël Devaux dans La Feuille de la Compagnie n° 2, p. 85)

Náin

Re: La Grande Encyclopédie des lutins

Messagepar Náin » mer. juil. 17, 2013 11:41 am

Le Vodianoï
Parmi les niéjits, il y a le Tchort de l'eau qu'on appelle Vodianoï.
( V. Baïkov, Le Vurdalack )

Image

Taille :
Un mètre quatre-vingts.

Aspect :
Le Vodianoï, Vodni Moz, Povoduji, Houggä-Ma, Celui de l'eau, d'après le professeur Boris F. Porchnev, est une vieillard nu, aux cheveux ébouriffés, noirs ou d'un roux éclatant. Il est invariablement doté des mêmes expressions vocales que les Léchiys et Dikonkyi Moujiks et Liéchatchikas : éclats de rire, sifflements, murmures enjôleurs. Face couperosée et gluante...Corps obèse large et spongieux. Canines proéminentes. Il peut prendre la forme du brochet, d'un Gudiu carnassier ou d'un riche paysan rougeaud.

Vêtements :
Nu lorsqu'il est sous l'eau. Lorsqu'il se promène sous les traits d'un propriétaire terrien prospère, on le reconnaît au bas de sa tunique trempée et aux flaques d'eau qu'il laisse derrière lui, ou à la forte odeur de vase qui l'imprègne. En Bohême, il apparaît à la surface des lacs sous l'apparence d'un bouquet de fleurs rouges.

Habitat :
Il se tient en général dans un trou creusé près d'un moulin, dans le bief ou sous la roue. Il prend le soleil quelquefois sur les écluses. On le trouve dans le nord de la grande Russie, en Yougoslavie, chez les grands Russiens du sud ainsi qu'en Biélorussie.

Nourriture :
Au tout début du printemps, quand le pays est encore sous la neige, les villageois achètent un cheval, l'engraissent, lui tressent la crinière et l'enrubannent après avoir enduit sa tête de miel. Un dimanche donné, le "présent" est mené à la rivière, ses jambes sont entravées, on lui accroche deux meules au cou et on le précipite - à minuit - par un trou dans la glace sous lequel l'attend le Vodinaoï. Cette offrande est censée les préserver de l'appétit d'ogre du Vodinaoï - hélas qui a toujours faim et avale tout ce qui plonge et nage à sa portée, même les cadavres des noyés dont il collectionne les âmes entreposées dans des enfilades de jarres. Il est d'usage de lui offrir régulièrement un porc noir et le premier essaim de l'année afin de calmer ses folies printanières et les inondations qu'il provoque par ses jeux.

Mœurs :
La moindre présence féminine batifolant dans l'eau le fait accourir - parfois de très loin : son odorat est très développé. Il propose à chaque baigneuse de devenir sa Vodianoï qui viendra tôt ou tard se venger.

Activités :
Le Vodianoï pêche les filles et les enfants à l'aide d'un long bâton dont il agite les jolis rubans sous le nez : lorsqu'ils veulent les attraper, le Vodianoï les assomme et les emmène sous les fonds. Communique l'hydropisie aux pêcheurs qui viennent troubler son repos.

Pour bien réussir la Chkembe tchorba, il faut d'abord un fond de bouillon bien corsé, ensuite un poivron rouge, un oignon, de l'ail, des tomates bien mûres, de la farine, du beurre, de la marjolaine - ça parfume ! -, du persil, du laurier et des tripes cuites la veille et finement émincées...et j'ajoute du fromage de brebis royé. Mais c'est l'tout d'avoir de bons ingrédients, faut aussi l'coup de main !" Et là-dessus, elle ne craint personne la vieille Tatia ! C'est pas la première fois qu'elle la donne sa recette de soupe aux tripes, mais ce n'est pas une de ces mauvaises cuisinières du pays, tout juste bonne à cuire des blinis, à tremper un éternel bortsch aux betteraves rouges, qui saura l'imiter ! C'est bien pour cette raison que tous les hommes viennent festoyer à son auberge pourtant perdue en campagne. Sa mère originaire des Balkans lui a légué ce don en guise dot, avec un sacré paquet de recettes : le Sataras, la Goulasch à trois viandes, le Sarma, le Sis cévaps, le Patka sis sele, canard farci à la choucroute...c'est à force de leur faire goûter ses plats qu'elle a crevé ses tris maris.
De temps à autres la vieille Toutia quitte la cuisine et va se promener en salle pour s'assurer du résultat de ses efforts sur les trognes réjouies des clients.
"Une goutte avec nous, p'tite mère ?" propose Akaky Marribov Akakievitch, l'arrière-petit-fils de Pavel Ivanovitch Vakhrameï Licatchev, un habitué dont la femme Anna Ivanovna Grigorievna ne saurait même pas cuire un navet.
Malgré son âge c'est pas demain la veille qu'elle lâchera son tablier : les servantes Olga et Foma ne rechignent pas à la besogne ni ne s'offensent des pince-fesses sournois échangés contre un kopeck glissé dans la tirelire du corsage généreusement échancré.
"Encore une bonne soirée !" soupire-t-elle d'aise. Pourtant quelque chose la chagrine : ce gros bonhomme là-bas, qui, dans l'ombre, vide vodka sur vodka. Drôle de mine. Bien qu'elle soit de taille à chasser les ivrognes à coups de louche, celui-là ne lui dit rien qui vaille. C'est la première fois qu'il met les pieds ici et elle espère que ce sera la dernière.
Renfrogné, il na mange pas, ne répond pas aux gentilles à souper de la brune Olga, qu'elle a envoyé par trois fois en repérage. Coiffée jusqu'aux yeux d'un vaste bonnet qui lui dissimule la face, il descend autant de bouteilles que dix tablées sans bouger d'un iota.
Faut qu'elle en aie le cœur net ; ce bougre là ne lui revient décidément pas, et, tout en flânant et s'attardant aux tables, elle se rapproche discrétement de l'inconnu pour voir de plus près. "Hum, il sent mauvais, le mâtin !" Par hasard, voilà qu'elle laisse tomber sa louche qui ne la quitte jamais par terre - et se penche pour la ramasser, juste le temps d'un coup d’œil sous la chaise : "Par Nicolas et tous les saintes Icônes", c'est bien ce qu’elle craignait : le coin gauche de la blouse est trempée et une large mare stagne entre les pieds du monstre...
"Vodianoï !" hurle-t-elle, désignant d'un index dénonciateur le "Moujik aquatique" qui déjà renverse la table, la lève à bout de bras et la projette sur les plus téméraires accourus le ceinturer. Un à un, ils tombent sous sa masse. Avec un rugissement, il a arraché son lourd manteau révélant un corps obèse, spongieux et rosâtre, et en deux enjambées, il atteint la porte qu'il brise d'une poussée et disparaît dans la nuit vers la rivière proche...
L'éclat d'un rire, suivi d'un éclaboussement sonore, indique qu'il est maintenant chez lui.


La Roussalka :

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bon nombre de légendes décrivent les Rusalky comme de ravissantes nymphes des eaux, blondes et grandes consommatrices de moines errants et de saints ermites.
En fait, la Roussalka "roussyi" : blond vénicien. La Roussalka "ryjiy" : roux éclatant - ou la Roussalka brune, sont les Vodianikhas du Vodianoï, leurs compagnes de jeux et de lit ; elles ne sont pas uniquement aquatiques : elles vivent dans les champs, dans les arbres, les cultures de seigle et de lin des régions de Toula et d'Orel. Ces Babas ( femmes sauvages ) malgré leur toison foisonnante sont très coquettes et, vexées, étranglent de leurs longues mamelles les jeunes gens qui ne répondent pas à leurs avances.

Náin

Re: La Grande Encyclopédie des lutins

Messagepar Náin » mer. juil. 17, 2013 12:51 pm

VIII Ceux de la Mer et des Rivages

Les Klabouters
Vois-tu la terre, petit Klabouter ? et quelle est-elle ?
( Jan Timmermans, Le Gueux de mer )

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Taille :
Quelques pouces, pas plus grand que le Kabouter.

Aspect :
Le Klabouter, Klaboutermanneken ou Klabber, est plus robuste que le Kabouter. Sa peau est cuivrée. L’œil bleu est vif et perçant. Il ne porte pas de barbe, mais de longs cheveux retenus sur la nuque dans un sac de cuir goudronné où réside sa force naturelle. Ses mains sont très larges, et ses pieds palmés.

Vêtements :
Porte un bousingot sur la tête, une chemise de combat, une vareuse rouge, des pantalons larges, une jaquette courte lorsqu'il descend à terre avec une pipe en terre passée dans l’œillet de la boutonnière. Coutelas au ceinturon et en pendentif un sifflet de bootsmannen ( quartier-maître ). Boucle d'oreille. Il est très tatoué.

Habitat :
Il a quitté assez tôt ses Flandres natales pour parcourir la Hollande, le nord de l'Allemagne jusqu'à l'est de Leipzig. On l'a vu ensuite traîner dans les grands ports : Ostende, Anvers, Amsterdam, Copenhague, avant de s'embarquer et naviguer sur toutes les mers. Vit dans un caqueron ou le plus souvent dans le tonneau de vigie dont le vaste champ de vision le ravit.

Nourriture :
Tout ce que l'on mange à bord, mais raffole des gaufres, des croustillons hollandais et du sucre candi ( le vrai, enchapelé à une ficelle ! ).

Mœurs :
Une fille dans chaque port. Mais il garde au pays une Kleine Verloof de Husse ( une jeune fiancée ) à qui il promet le mariage à chaque retour. Bien que Klabouters et Kabouters ne soient pas ennemis, on trouve un peu chez eux les mêmes traits de caractère que chez les deux héros du Maître de Ballantrae de R. L. Stevenson. Autant l'un est grégaire, sage et économe, autant l'autre est aventureux, téméraire et gaspilleur.

Activités :
On l'a vu maintes fois, le marin, qui croit aux esprits des éléments - et il a de bonnes raisons de le faire -n ne manque jamais de respecter les interdits de la mer : ne jamais manger de lapin ni même prononcer son nom, ni emmener à bord une femme ou un chat noir, éviter de croiser un curé avant d'embarquer, ne jamais découper une bible, ni écouter les sirènes. Il fait exorciser régulièrement le navire de peur que s'y loge un caraquin de la poisse, de sorte que c'est avec soulagement et avec beaucoup de reconnaissance que le marin a accueilli à bord cet "esprit protecteur" en chair et en os ! Mais le Klabouter n'est pas uniquement un porte-bonheur. Son œil d'aigle en fait une vigie et un canonnier hors pair, sa vivacité et sa robustesse un sabreur exceptionnel.

Le Klabouter est le frère marin du Kabouter. Au sortir du limon, si l'un possédait plus de gènes terriens, l'autre était déjà bien imbibé. Quelques méchants ragots médisent qu'à force de bonne chère, de kermesses trop arrosées et de vie pépère, les Kabouters seraient devenus un peu idiots et paresseux et qu'il fallait trois Kabouters pour le travail d'un seul Klabouter. C'est inexact et injuste. Les Kabouters ont suffisamment laissé de traces de leur labeur pour ne pas être aussi bocardés : la tour Sainte-Gertrude de Louvain et bien des pignons dentelés de Gand, de Bruges et d'Anvers. On leur reproche surtout qu'à force de vivre parmi les hommes, ils se sont banalisés et ne font plus rêver, au contraire du Klabouter, véritable foudre des mers.
Le Klabouter s'est très vite senti attiré par l'élément liquide. Pendant que son frère sarclait, bêchait, le nez aux alouettes, l'autre, humant le large, pêchait et explorait les rivières, les canaux, les fleuves, remontait l'Escaut, l'Elbe ou l'Oder. Pendant que le Kabouter s'essayait aux bancs des femmes, s’arrêtait au cabaret pour discuter des cours du lait, le Klabouter courrait les ports et les quais et espérait voyages et courses en mer. Les enseignes aux éclatantes couleurs : "Le Zwarte Haai", "Le Loup ds mers", "La baleine qui fume" claquaient sur son passage comme autant de pavillons hissés à l'aventure ! Assis sur une bitte d'amarrage, il contemplait les navires en partance, les mouettes s'envoler vers le large. Ou il errait dans les ruelles saumurées par l'odeur des filets et des poissons séchés, s'attardait aux vitrines des schipwinhel ( magasin de fournitures maritimes ), fasciné par le bric-à-brac cuivré des longues vues, des sextants et des boussoles, par l'acier bleu des sabres d'abordage, enivré par les encens et les épices. Le soir venu, il s'attablait dans les tafelhorns et les kabedoloesjes ( tripots ) enfumé, pleins de zeekappers ( corsaires ) buvant le dog-nose, la dobbel knollaert, la kuyt, la bruinber, tout en portant des toasts aux îles, aux Maries-Clapettes et sacs-à-diable, toutes niqueuses de poorters ( bourgeois ) et de schiphanndelaars ( commerçants maritimes ).
"Verdekke ! Et Potverdekke !" Il serait corsaire ! et gravissant la première échelle de coupée, il le fut ! C'est-à-dire que, sans devenir tout à fait le gentilhomme de fortune rêvé, il devint tout de même la mascotte, le porte-bonheur de l'équipage.
Les marins si superstitieux n'ont jamais refusé un bon esprit à bord pour les protéger du mauvais œil, du feu Saint-Elme, des naufrages, des coups de tabac et de Trafalgar !

Náin

Re: La Grande Encyclopédie des lutins

Messagepar Náin » mer. juil. 17, 2013 1:59 pm

David Jones
Le téméraire qui oserait prendre la mer sans s'être au préalable concilié les dieux et les déesses trouvera sans le moindre doute la mort dans les vagues.
( Albert Van Hageland )

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Taille :
De vingt-deux à deux cents mètres.

Aspect :
Petite boule gluante bardée de piquants acérées, glissant sur des filaments garnis de ventouses. Deux gros yeux rouges. Une sorte de bouche succionnante. Ou monstre immense aux pattes et à la queue armées de griffes. Langue démesurée. Le David Jones peut également gagner la terre ferme sous l'aspect d'un vieux marin, on le repère alors à ses mains vertes et spongieuses.

Habitat :
Vit au large des Côtes-du-Nord et de la Manche, dans les alvéoles d'algues tressés dissimulées sous des amas de varech flottants.

Nourriture :
Gobe les petits poissons qui passent à sa portée. Quatre fois par an, aux changements de saison, dévore un équipage entier.

Mœurs :
Fait partie des créatures amphibie à sang froid. Appartient au bestiaire Sombre des Déchus. Se reproduit rapidement. Durée de vie : six ans. Vit en tribu.

Activités :
Ceux qui ont voulus en savoir davantage sur le David Jones n'en sont jamais revenus. Même l'écrivain William Hope Hodgson, surprenant spécialiste des horreurs marines, ne l'a évoqué que très prudemment.

La goélette glisse sur les flots écumeux qu'argente une pâle clarté lunaire. L'homme de barre somnole, doucement bercé par le roulis, brûle-gueule entre les dents. Soudain, un léger cliquetis raclant la coque le fait sursauter et scruter les remous de la nuit. Quelque chose de mou entoure la coque. Des frôlements flasques glissent sous la proue, le fanal de bâbord éclaire un long frisson d'algues mouvantes. Attention droit devant ! trop tard ! Le piège de varech s'est refermé sur sa proie et les mille ricanements de David Jones annoncent son triomphal abordage.
David Jones est un Drac des vagues, connu des marins anglais et des familiers des eaux du Nord...et c'est bien le pire des monstres qui errent par les sept mers. Il approche dissimulé dans les replis tentaculaires de son herbier visqueux et...soudain, "ils" sont tous en conglomérat de nains grouillants et glapissants, légèrement phosphorescents. mille petite être affamés, semblables à des "oursins-crabes" gélatineux qui s'assemblent, s'empilent en un essaim répugnant. Et voilà que la masse s'élève et se métamorphose en un géant surplombant le pont du navire. Des bras griffus sortent du tronc serpentaire et balaient la mâture, déchirent voiles et haubans. Une gueule à quatre rangées de dents claque et se plante jusqu'aux cales pour arracher les flancs. Les mâchoires broient, mastiquent, la langue musculeuse rampe entre les entreponts, s'insinue par les coursives, envahit la cambuse, emportant les malheureux matelots, gabiers, timoniers, maître coq, charpentiers, pilote, tout l'équipage, du mousse au capitaine...
Alors, repu, satisfait, David Jones, d'un coup de queue, émiette l'épave au gré des vagues et, à nouveau, en mille petits David Jones s'éparpille. Tout est consommé, la mer chantonne doucement, promenant vers l'horizon un banc d'algues tranquilles d'où fuse de temps à autre un discret rot gourmand.
Modifié en dernier par Náin le jeu. juil. 18, 2013 9:38 pm, modifié 3 fois.

Náin

Re: La Grande Encyclopédie des lutins

Messagepar Náin » mer. juil. 17, 2013 5:56 pm

Le Bosch
...Car le marin ne connaît rien de pire qu'avoir un Bosch à bord...
( Carnet de bord du Corentin, capitaine Louis Marie Fa[illisible] )

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Taille :
Trente-sept centimètres.

Aspect :
Grosse tête molle surmontée d'une tignasse d'algues blanches. Yeux délavés, profonds et tristes. Nez crochu et flasque. Large bouche tombante. Pas de corps mais de courtes pattes-tentacules. Un long bras terminé par une main puissante.

Vêtements :
Se drape dans de vieux bouts de voiles ou de pavillons.

Habitat :
L'avant du navire, le plus souvent dans la soute à cordages.

Nourriture :
Mange les rats et le suif à enduire les cordes.

Mœurs :
Solitaire, de nature chétive et mélancolique, il tire sa force de la peur qu'il engendre. Il est lui-même la première victime de ses pouvoirs destructeurs qui le minent et empoisonnent sa triste existence. Peut vivre durant sept ans son enfer ; en revanche, si d'aventure le Bosch retrouve le voleur qui l'a fait naître et le tue, il glisse alors avec bonheur dans les flots et devient un coquillage lumineux.

Activités :
Lorsqu'il ne passe pas son temps à provoquer des catastrophes, il chante, agrippé au bout-dehors de foc, de si longues et tristes mélopées que les sirènes en pleurent. Il existerait un Bosch des maisons provenant de la trahison amoureuse, de la rupture d'une passion. Insidieux et tenace, il serait infiniment plus difficile à expulser, poussant bien souvent l'amant délaissé au suicide.

Sur les côtes du Finistère un vol commis sur un navire porte malheur au volé, non au voleur, lequel laisse alors derrière lui, une fois qu'il a quitté le bord, le génie de la fatalité, "la personnification du mauvais œil" : le Bosch, fâcheux parasite des bateaux, furoncle de l'infortune apportant par sa seule présence les pires catastrophes, tempêtes, scorbut, accidents, mauvaise pêche, pirates, incendies, mutinerie, calme plat, avaries de toutes sortes, noyades, naufrages...et toute les misères de la salée !!
Il n'est pas réellement méchant, mais lorsqu'on tente de le tuer, menacé, il devient dangereux et étrangle ceux qui témérairement l'approchent.
Dès qu'il apparaît sur le pont, aussitôt se succèdent les malheurs : un gabier passe par-dessus le bastingage, un canon se détache de ses amarres, le gouvernail se brise, la brigantine se déchire, une voie d'eau se déclare !
On connaît cependant plusieurs méthodes pour le déloger, la plus simple étant de dérober un objet quelconque sur un autre bâtiment : le Bosch se précipite aussitôt à bord du bateau "contaminé". Heureusement certains capitaines suffisamment honnêtes répugnent à ce genre de pratique extrême. La seconde consiste à enfumer avec de la paille humide toute la carcasse de la proue à la poupe. Mais attention ! Le Bosch peut rétrécir au point de se dissimuler dans un dé à coudre ; aussi faut-il être vigilant et prendre garde que la fumée s"insinue bien dans tous les interstices. Le moyen le plus efficace pour l’exorciser est la technique dite du "frappage". Une fois l'équipage endormi, le capitaine entasse au pied du mât de misaine une grande quantité de paille d'avoine à laquelle il boute le feu, criant "le diable à bord !". Les matelots jaillissant de leurs hamacs, effrayés par les flammes du démon, empoignent anspects, cabillots, rames, fauberts et commencent à frapper partout, au hasard de tous côtés. Étouffé par la fumée, crachant, toussant, roué de coups, brûlé, menacé de toutes parts, le Bosch, paniqué et saignant, renonce à son territoire et se jette à la mer.
Enfin, pour éviter qu'une fois pansé et rassuré il ne remonte à bord, il est nécessaire d'accrocher aux deux flancs de la coque de filets déployés, salés et à demi consumés.

Náin

Re: La Grande Encyclopédie des lutins

Messagepar Náin » jeu. juil. 18, 2013 10:42 am

Fions, Jetins et Fois
Le Fion de l'Eire effraie !
( Blague de Sotai )

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Taille :
Les Fions, les Fois, les Folgoats sont minuscules. Les Jetins ont un demi-pied de haut.

Aspect :
"Ils étaient si petits que leurs épées n'étaient guère plus longues que des épingles de corsage", dit-on des Fions et des Fois. Ils étaient vifs, gracieux et sombres de peau : on les surnommait les Hommes nées ( noirs ) ! Deux yeux supplémentaires se cachaient dans leurs cheveux. Mince et de taille menue, assez velus, ils portaient barbe et longue chevelure.

Vêtements :
Portent sous un long manteau brun de coquettes livrées aux couleurs chatoyantes, blasonnées des armoiries de leur seigneur. Ils sont armés de sabres et de lances. Les Jetins, à la tenue plus rustique, sont coiffés de bonnets velus et chaussés de sabots d'argent. Les Folgoats sont vêtus de gris.

Habitat :
La côte de Bretagne, l'île de Batz. On cite des "caches à Fions" en Pleurtuit et sur les bords de la Rance. Des Jetins occupaient la grotte du Bec Dupuy près de Sulniac. Après le départ des Fées, les Fions, Fois, Folgoats et Jetins ont quitté les cités féeriques pour s'installer dans des goulets et cavernes de rochers dans un état à demi-sauvage. Des Fions se sont installés à l'extrême nord de l'Irlande où, devenus méchants, ils s'amusent à tracasser les gens.

Nourriture :
Cuisine simple mais succulente. Autrefois ils vendaient des biscuits et des macarons au sommet des dunes.

Mœurs :
Habitués à obéir, les Fions étaient serviables avec les humains. Ils se mettaient rarement en colère et jouaient avec les enfants, ce que n’appréciaient pas les mamans qui, ne faisant pas la différence avec les Jetins, craignaient de les voir disparaître entre les bras de ces voleurs d'enfants. Les Jetins avaient des instincts changelins....Les Fions sont hermaphrodites.

Activités :
Lorsqu'ils avaient terminés leurs services auprès des Fées, les Fions menaient pâturer leurs petites vaches noires.
Les Jetins, aussi forts que des géants, arrachaient d'énormes pierres de la côte pour les jeter dans les airs. C'est pour cette raison que l'on s'étonne parfois de voir d'énormes rochers comme tombés du ciel au milieu des champs et des cultures. Cette curieuse manie a valu à ces Fions le surnom de Jetins ( jeter ) !

Au temps où les Fées se montraient souvent sur terre, une bonne femme fut réveillée au milieu de la nuit par un nain de très petite taille enveloppé d'un grand manteau. Quand elle avança une lumière, il se retourna de côté en disant qu'on avait besoin d'elle pour soigner un enfant malade. La femme le suivit, et vit qu'il se dirigeait vers la baie de Vozon, ce qui la surprit parce que ce rivage n'est qu'une longue falaise sans habitations. Elle lui fit observer, par deux fois, que sans doute il se trompait de chemin ; mais il lui répondit qu'au contraire ils étaient dans la bonne direction. Ils arrivèrent, après avoir traversé les sables, aux rochers qui sont auprès de la Tour du Houmet, et comme il faisait noir, le nain la prit par la main et la guida sur les rochers. Ils entrèrent dans une caverne où elle ne voyait pas à un pied devant elle ; ils marchèrent assez longtemps dans une obscurité profonde, jusqu'au moment où le petite être lui demanda si elle ne voyait pas quelque chose. Elle ne révéla jamais ce qu'elle avait vu, mais le lendemain elle avait dans les bras un joli petit enfant délicat. C'était un enfant des fées, qui resta avec elle, comme s'il eût été son propre fils, jusqu'à l'âge de quinze ans. A cette époque il prit des leçons avec le pasteur ; une nuit que celle-ci s'en revenait chez lui, il entendit une voix qui l'appelait par son nom : "Jean du Marescq ! dites donc au petit Cloin que le grand Colin est mort." Lorsque l'enfant eut appris ce que le pasteur avait entendu, il lui dit : "Adieu, maître, il faut que je parte". Il alla voir sa mère adoptive et lui dit en pleurant : "Il faut que je m'en aille bien loin, et jamais je ne reverrai ma mère terrestre ; mère chérie, donne-moi ta bénédiction." Alors, si promptement qu'elle n'eut pas le temps de lui répondre, il s'évanouit et elle ne le revit plus.
Des anecdotes comme celle que rapporte Louisa Lane Clarke étaient très fréquentes à cette époque où les Fées et Féetauds vivaient nombreux le long des côtes et des rivages. Il n'était alors pas rare qu'un pêcheur en barque voie brusquement surgir à quelques pas de lui un char marin tiré par des chevaux d'un blanc éblouissant et portant quelques-unes de ces Faës des eaux salées !
"On voyait autrefois, dans la Rance maritime, des créatures gracieuses, vêtues des couleurs de l'arc-en-ciel, qui formaient des rondes sur les vagues. Le courant les portaient vers les criques, d'où bientôt elles sortaient plus nombreuses en marchant à la suite d'une femme plus belle encore. Celle-ci, montée sur une barque faite de la coque d'un nautile des mers du sud, traînée par deux écrevisses, était leur reine, et ses compagnes les Fées qui ont l'empire de la mer : elle commandait au vent de souffler moins fort, et à la rance de rejeter sur le rivage les corps des hommes que la tourmente avait engloutis dans la mer."
Pour le meilleur et pour le pire les Fées et les hommes se côtoyaient, se rendaient des services, s'aimaient, se haïssaient, s'entre-tuaient, s'oubliaient...Malgré tout, les Fées puissantes, les Faës de sang royal gardaient une certaine distance, et leurs vassaux et serviteurs servaient d'intermédiaires. Les Folgoats en étaient les messagers ; les Fois les écuyers du grand puis du petit Colin prince des dunes ; les Fions les domestiques ; les Jetins, de caractère plus capricieux et indomptable, refusèrent toujours de prêter serment d’allégeance aux souverains des vagues, les aidant quand bon leur semblait. Lorsque la plupart des grandes familles Fées quittèrent les rivages de Bretagne pour gagner l'Angleterre, les Jetins bouchèrent définitivement, par écroulement, l'entrée du goulet de la Teignouse qui menait à leur ancien palais.

Náin

Re: La Grande Encyclopédie des lutins

Messagepar Náin » jeu. juil. 18, 2013 12:53 pm

Le Roi des Auxcriniers
Arok tremen Kraou Alberz
Grel ho kiniad govde kovez.

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Taille :
Vingt à vingt-cinq centimètres.

Aspect :
Petits mais robustes et bien proportionnés. Peau sombre. Visage aux traits secs. Nez long et pointu. Œil d'acier. Cheveux drus gris-fer. Ils ne sont ni beaux ni laids. Il se dégage d'eux une impression guerrière et une certaine "froideur de caractère fée". Les enfants qu'ils engendrèrent auprès des "Fanfreluchorus" comprachicos les dégoûtèrent tellement qu'ils le jetèrent à la mer. C'est à force de barboter dès leur plus jeune âge dans l'eau que les Auxcriniers apprirent à marcher sur les flots comme Orion, Jésus et le dieu finnois Vainaimoinen. Ils sont devenus aujourd'hui de grêles créatures nébuleuses, assez proches des Alleurs, vivant dans les atmosphères troubles.

Vêtements :
On les a vus harnachés de cottes de mailles, de courtes armures, casqués de coquillages de fer, armés de lances et d'épées. Par la suite, malgré leur "embourgeoisement" et leur vie au foyer, ils n'ont jamais quitté tout à fait leur tenue de combat, même si les pantoufles de peau ont remplacés les poulaines de nacre.

Habitat :
Uniquement les îles anglo-normandes. On ne sait rien de l'intérieur de leurs demeures : ils aveuglent, en leur crachant à la figure, tous ceux qui se sont risqués à s'approcher de chez eux.

Nourriture :
Poissons et viandes crus avant de s'abandonner aux plaisirs gourmets des spécialités locales.

Mœurs :
D'abords conquérants et redoutables, voire sanguinaires, ils ont fini, au contact des femmes, par devenir familiers et serviables.
Les derniers Arrahgoussets qui survivent dans l'île servent dorénavant plus ou moins de baromètre. Leurs apparitions annoncent les tempêtes, les orages, les décès, les malheurs. "Demandez-leur votre chemin, dit-on, c'est des gens bienfaisants, c'est des gens biens civils à deviser au monde." Bien sûr les très vieilles dames qui s'expriment ainsi doivent avoir conservé en elles une petite gène d'Arragousette.

"Les ignorants seuls ignorent que le plus grand danger des mers de la Manche, c'est le roi des Auxcriniers. Pas de personnage marin plus redoutable. Qui l'a vu faire naufrage entre une Sainte-Michel et l'autre. Il est petit, étant nain, et il est sourd, étant roi. Il sait les noms de tous ceux qui sont morts dans la mer et l'endroit où ils sont. Il connaît à fond le cimetière océan. Une tête massive en bas et étroite en haut, un corps trapu, un ventre visqueux et difforme, des nodosités sur le crâne, de courtes jambes, de longs bras, pour pieds de nageoires, pour mains des griffes, un large visage vert, tel est ce roi. Ses griffes sont palmés et ses nageoires sont onglées. Qu'on imagine un poisson qui est un spectre, et qui a une figure d'homme. Pour en finir avec lui, il faudra l'exorciser, ou le pêcher. En attendant, il est sinistre. Rien n'est moins rassurant que de l'apercevoir. Le roi des Auxcriniers n'est visible que dans la mer violente. Il est le baladin lugubre de la tempête. On voit sa forme s'ébaucher dans le brouillard, dans la rafale, dans la pluie. Il se dresse debout au haut de ces vagues roulées qui faillissent sous la pression des souffles et se tordent comme les copeaux sortant du rabot du menuisier. Il se tient tout entier hors de l'écume, et, s'il y a à l'horizon des navires en détresse, blême dans l'ombre, la face éclairée de la lueur d'un vague sourire, l'air fou et terrible, il danse." Cette vilaine rencontre, Victor Hugo l'a faite et décrite lors de sa retraite obligée dans les îles enchanteresses anglo-normandes. Meme si Sir Edgar Mac Culloch, bailli et chercheur passionné du folklore de Guernesey ne se prononce guère sur la présence des Auxcriniers, si Louisa Lane Clarke ( Folklore of Guernesey and Sark, 1890 ) semble les avoir oubliés, personne ne peut mettre en doute les affirmations du grand poète visionnaire, spirite, créateur de Quasimodo, Han d'Islande et du pathétique "Homme qui rit". Des recherches approfondies de R. Claymorius prouveraient que les Auxcriniers seraient sans doute les résultats des lamentables amours des vieux Arragousets, Sarregousets et Sarregousetts avec les "Fabrications" des "Comprachicos" ou "achète-petit" : "Les Comprachicos faisaient le commerce des enfants", dit Victor Hugo. Et que faisaient-ils de ces enfants ? Des monstres. Pourquoi des monstres ? Pour rire. Le peuple a besoin de rire, les rois aussi. Un enfant destiné à être un joujou pour les hommes, cela existe et constitue une industrie spéciale. Pour que l'homme-hochet réussisse, il faut le prendre de bonne heure. Le nain doit être commencé petit. Un enfant droit, ce n'est pas bien amusant. Un bossu, c'est plus gai. De là, un art et des artistes. Qu'on s'imagine une orthopédie à l'envers : on prenait un vidage et l'on faisait un mufle ; on tassait la croissance ; on pétrissait la physionomie. On broyait les cartilages, on entonnelait, on tailladait des grimaces, de deux yeux on faisait un cyclope. Une cargaison de tels pitres, en partance d'Irlande, île pauvre, vers Rome pour faire rire le Pape et les prélats, s’écrasa sur les côtes de Jersey et de Guernesey ; les Arragousets recueillirent les nabiots et leur roi de cour des miracles. Leurs enfant étaient si tristes, si hideux, que le bon peuple îlien, honteux, préféra l'ignorer. Il fallait un Victor Hugo, amateur du "beau monstrueux", pour les extraire de l'ombre.

Les Arragousets

Quant aux Arragousets, ou Sarragousets, il serait bien difficile aux habitants de Guernesey de les nier car leur sang coule dans leurs veines...
D'après la tradition, c'est d'une caverne de la côte ouest de l'île, appelée le Creux des Fées, que sont sortis les Arragousets qui en ont pris possession. Un homme nommé Jean Letocq s'étant levé plus matin qu'à l'accoutumée, pour se rendre à sa bergerie, vit des troupes innombrables de petites gens, armées de toutes pièces, qui sortaient Creux des Fées ; il se répandirent bientôt, malgré la résistance qu'on leur fit, par toute l'île, tuant tous les hommes et prenant possession de leurs femmes et de leurs demeures. Deux personnes du sexe masculin échappèrent à ce carnage, un homme et un jeune garçon de la paroisse de Saint-André, qui réussirent à se cacher dans un four. Pendant bien des années, les envahisseurs, qui appartenaient évidemment à la race des fées, vécurent tranquillement avec les femmes qu'ils s’étaient appropriées, se conduisant en bons pères de famille et engendrant fils et filles. C'est à ce mélange de races que l'on attribue la petite taille et l'intelligence supérieure de quelques familles. Le jour vint cependant où, pour quelques raison qu'on a jamais pu deviner mais que l'on croit avoir été un ordre émanant du roi des fées, il leur fallut quitter les femmes et les demeures auxquelles ils s'étaient attachés. Une nuit donc, tous s'en allèrent ou, devrait-on dire, devinrent invisibles ; car ils ne cessèrent pas, la nuit, quand tous les habitants de la maison dormaient, de visiter leurs anciennes demeures pour compléter l'ouvrage qu'on avait laissé inachevé la veille, et rendre mille autres petits services qui, au dire des anciens, ne cessèrent que du temps de leurs grands-pères. Puis ils disparurent dans les "caches" de la côte, là où naquirent les Auxcriniers, pour revenir plus tard sous la forme de petits hommes voltigeant dans les nues...

Náin

Re: La Grande Encyclopédie des lutins

Messagepar Náin » jeu. juil. 18, 2013 2:43 pm

Tud-Gommon et les méchants de la côte
Il n'est de pires affamés que dans la mer salée.

Image

Taille :
Du plancton au Kraken.

Aspect :
Tête plate, regard fendu, flanc mous, bouche-ventouse, membres grêles, queue fouettante. Flasque, squameux, écailleux, il est protéiforme et peut grandir, rapetisser, prendre des proportions de baleines ou de masasaures, ou tout simplement berner son monde en s'approchant sous l'apparence d'un paisible poisson. Les Treo Fall, Dud-vor, Bolbiguéandets, Kolokinto, Nain rouge, Diavwlo dû, Cornandonets dû et autres petits hommes de mers portent narines et branchies. Ils se déplacent sur et sous l'eau. Leur peau est vert-noir, et blanchâtre sous le ventre.

Vêtements :
Herbes marines et bonnets d'algues, capuchons de goémon.

Habitat :
Seul le Tud-Gommon demeure dans les grands fonds où il s'ensable ; les autres hantent les côtes mais ne s'aventurent pas trop loin car ils redoutent les requins, les orques, les pieuvres, et la faune des hautes mers.

Nourriture :
Dévorent les matelots et la chair des noyés.

Mœurs :
Méchants, sournois. Ils vivent en bande et servent quelquefois de chiens de garde aux Fées, Sirènes, Tritons, Morgans et dieux des ondes.

Activités :
Ils peuvent provoquer tempêtes et brouillards. Les Cornadonets dû dansent sur les vagues de plaisante façon afin d'amuser l'équipage et les poussent perfidement vers les écueils. Le Poisson Nicole est très actif, il enlève les ancres des navires, coupe les amarres. La plupart attaquent la nuit, mais les Kolokinto Pirates n'ont pas peur d'affronter les embarcations en plein jour, montés sur leurs petits esquifs façonnés dans des coloquintes évidées et goudronnées. La ruse la plus fréquente chez les Cornandonets est de se transformer en banc de poissons, de se laisser pêcher et de sauter sur l'équipage une fois à bord. Ils sont la terreur des contrebandiers.

Avant même de gagner le large et de tomber dans le gueule dentue du léviathan, les dangers guettent déjà le matelot le long des côtes et des grèves. Même par beau temps, la mer est grosse aux abords du rocher de Félouére, en Côtes-du-Nord, un navire chargé d'aimant a coulé auprès et les bateaux qui n'ont pas soins de s'en tenir éloignés viennent s'y perdre, invinciblement attirés par cette cargaison : et c'est le premier naufrage ! Si le navire a le bonheur d'échapper au premier piège, un second est tout prêt...tout près...le tourbillon du rocher de la Fauconnière, dont les marins s'écartent avec terreur, s'est formé à l'endroit où une fée se précipita dans les flots, après qu'un pêcheur y eut jeté le breuvage d'amour qu'elle lui présentait. Depuis elle se venge en attirant les barques dans un gouffre sans fond : c'est le second naufrage !
Ailleurs c'est une pointe de diamant qui aimante les proues et les jette sur des rangées d’écueils noirs. Sur la côte de Tréguier, des bancs de sable et de coquillages tout à coup se forment en rond, s'élèvent hors de l'eau et gardent les bateaux au milieu de cet espèce d'entonnoir qu'escaladent les Cornandonets dû, pour dévorer l'équipage. Ou bien le bâtiment est englué par des bancs d'algues grouillants de petits êtres cannibales ; ou abordé par la sanguinaire flottille des Kolokinto Pirates, ou encore guidé, la nuit, sur les récifs par les fanaux trompeurs des Potret-ar-c'hill-krok - joueurs de perche à crochet - ou autres nains naufrageurs...et c'est le énième naufrage, ; d'ailleurs si le sable des plages est si blanc, assure-t-on, c'est parce qu'il est fait de la poussière d'os des hommes péris en mer : on croyait en Bretagne qu'une tempête ne cessait que quand les corps impurs et les cadavres avaient été vomis sur les rivages.
La côte, dans ses balafres, ses déchirures, ses aspects déchiquetés et ses splendeurs, raconte son histoire épique et légendaire. On y devine le long des tourelles et créneaux des falaises les vestiges des anciens palais des fées, les crevasses laissées par les griffes des dragons, les éboulis causés par les combats des nains et des géants...
Et tous ces rochers anthropomorphes sont des moines, des fées, des nains, des géants, des matelots pétrifiés...Quant aux dunes blondes, on dit à Portsall que des fées qui avaient commis un meurtre furent condamnées, pour l'expier, à aller chercher du sable dans la mer et à en compter les grains, jusqu'à ce qu'elles fussent arrivées à un chiffre que l'imagination peut à peine concevoir. Les monticules entre Portsall et Lampaul représentent les tas que chaque fée à compté.
Et ces colonnes, ces arches émergent du sable en des vasières sous les ruines de villes englouties que gardent des sentinelles bossues. Il y a tant de démons, de monstres et d'âmes tourmentées sur les petits îlots avoisinants que les oiseaux n'osent s'y poser !...
Enfin, lorsque l'équipage a réussi à force d'habileté, de prières et de conjurations à échapper à l'attraction mortelle des côtes, ainsi qu'aux pièges des démons des rivages, il lui reste à affronter les hantises de la haute mer, dont la Bête à Bizeux, la Bête au Décollé, la Bête aux Ebihens sont les premières à surgir !
Un pêcheur qui s'est retourné pour jeter un ultime regard à la terre qui s'estompe aperçoit des corps blêmes et fuselés nager derrière son bateau.
Ils suivent ! dit-il, désignant les Groac'h vor, Dud-vor, Bolbiguéandets qui ne lâchent pas leur proie et talonnent la poupe au milieu de leur meute, de chiens, de loups, de hyènes : de charognards de mer. Au-delà, de grandes pieuvres attendent au passage les navires qui s'approchent de l'archipel des Triagoz, pour les entourer de leurs longs tentacules.
Autrefois, tout bateau qui s'aventurait trop près d'eux était fatalement perdu s'il ne jetait à la mer un sabot ayant appartenu à l'équipage, une coquille de noix ou une mèche de cheveux du plus jeune matelot en disant :


Botez, cogeu, cogeu vihan,
Et da gavout an erovan,
Et da gavout ar potru,
Kerset dezan ma blew dû.

[Sabot, coquille, petite coquille/ Allez trouver le diable/ Allez trouver l'homme rouge/ Portez-lui mes cheveux noirs.]

Car mieux valait pactiser avec lui que tomber entre les griffes palmées des Méchants de la côte.

Náin

Re: La Grande Encyclopédie des lutins

Messagepar Náin » ven. juil. 26, 2013 11:16 am

Le Hook
Partout où il y a de l'ombre,
Il y a Hook.

( Jamles Barrie, Peter Pan )

Image

Taille :
Quarante à cinquante centimètres.

Aspect :
Tête grosse en pain de sucre, au visage déformé par la grisaille du supplicié au moment de sa mort. Yeux blancs. Épiderme "couleur d'algue". Râblé et robuste. Une énorme pince de crabe remplace une main, un pied, ou même lui sort des épaules ou d'un côté du crâne.

Vêtements :
Costume de matelot qu'il barbouille de goudron afin de se fondre dans la nuit.

Habitat :
On le trouve sur toutes les mers du monde, dissimulé dans les cales et les soutes des navires, hormis ceux protégés par le Goguelin et le Klabouter.

Nourriture :
N'ayant faim et soif que de vengeance, il n'a nul manger de boire ni de manger...et si d'aventure on le surprend à s'enivrer de rhum, c'est pour répondre au "réflexe-souvenir" de l'esprit qui l'anime.

Mœurs :
Les Hooks vivent ensemble. Impossible de les exterminer : on peut tout au plus les chasser par une conjuration très compliquée et épuisante qu'autrefois les vieux boscos, nés un vendredi, se léguaient.
Au XVIe siècle, abordant les côtes bretonnes, une poignée de Hooks à la dérive créèrent la race carnassière des Tan Noz, en enlevant les compagnes d'un petit peuple des rivages.

Activités :
Leurs sinistres abordages ne sont pas près de cesser, comme le prouve la disparition régulière de navires parmi les plus modernes et les plus sophistiqués.

17 mars 1580 : La caravelle Santa Josefa disparaît.

20 juillet 1668 : Une galère et tout son équipage sont portés disparus.

29 mai 1744 : Le vaisseau principal du commodore Anson Philips entre dans une nappe de brouillard et ne réapparaît plus.

6 novembre 1758 : C'est au tour du navire corsaire
La Trinité de s'effacer des mers.

28 août 1781 : Disparition au large de Chesapeake de la frégate
Serapis.

14 décembre 1840 : Disparition d'un baleinier de Nantucket.

27 mai 1855 : Le capitaine du clipper
Sorcière des mers note dans le journal de bord "avoir visité, dérivant au gré des flots, un clipper désert, étrangement abandonné par l'équipage entier. Une bouilloire chantonnait sur la cuisinière encore chaude".

Plus près de nous, le 28 juillet 1909 :
Le Waratah, paquebot à deux hélices jaugeant plus de 9000 tonneaux, se rendant d'Australie en Grande-Bretagne et faisant route sur Durban, disparaît inexplicablement.

16 mars 1920 :
L'Asiatic Prince, cargo de 7000 tonnes quittant Los Angeles en direction de Yokohama, disparaît. Au large d'Honolulu, un bâtiment capte son message de détresse où le mot "pirate" émerge d'un texte indéchiffrable.

La liste des disparitions mystérieuses de navires au long de l'histoire maritime est si impressionnante qu'il serait fastidieux de l'énumérer...Toutes les recherches pour retrouver équipages et bâtiments littéralement "effacés" de la surface océane par temps calme ont été veines...Aucune épave n'a été retrouvée, à l'exception de ces vaisseaux fantômes, errant sans hommes à bord. Une seule explication : les Hooks.

Les Hokks ne sont pas des âmes de trépassés perdus en mer, spectres de pirates morts au combat, ou de noyés qui hantent parfois les ponts, mais les personnifications des "âmes maudites" des flibustiers exécutés à bord. Le Hokk est la matérialisation de l'ultime souffle d'agonie, du cri de révolte du condamné passé à la planche, mort sous le fouet, pendu ou noyé sous la carène durant le "supplice de la grande cale".
"Du cadavre jeté à la salée sortira un embryon minuscule qui, une année durant, se nourrira de plancton, nageotant entre deux eaux, avant de se hisser, une fois sa taille normale atteinte, à bord du premier bâtiment croisé."
Une fois embarqué, il se faufile jusqu'aux cales et aux soutes, sous le premier pont, et, la nuit venue, sort de sa cachette préparer le naufrage par une multitude de sabotages invisibles mais irrémédiables.
Le Hook, seul, n'attaque pas l'homme, mais si son nombre croît au cours des traversées, expéditions et courses, il devient alors très dangereux.
Le plus ancien en tête, la bande envahit le pont et silencieusement, chaque nuit, continue la lente mais inexorable détérioration : qui coupe un câble, l'échelle du hunier, qui endommage la coque, qui fausse le gouvernail...qui noie la soute aux biscuits, gâte les réserves, jette des rats crevés dans les barils d'eau...Les plus forts, surgissant par surprise, jettent à l'eau les hommes de quart : semant terreur, mort et maladie sur tout le navire, jusqu'à l'inévitable mutinerie et l'abandon du bâtiment dans des chaloupes malignement sabordées ; le reste des mutins restés à bord est aussitôt saisi et jeté aux requins...
Le bateau conquis est soit abandonné à la dérive, soit pulvérisé par l'incendie de sa sainte-barbe. Déjà les Hooks, voguant sur un radeau, sont en quête d'une nouvelle proie qu'ils aborderont à la faveur des ténèbres.

Náin

Re: La Grande Encyclopédie des lutins

Messagepar Náin » ven. juil. 26, 2013 11:58 am

Les Tan Noz

Image

Taille :
Quatre-vingts centimètres.

Aspect :
Solides. Basanés. Couturés. Bestiaux. Mains menaçantes rappelant la pince de crabe de leurs ancêtres. Les compagnes bien qu'aussi féroces qu'eux peuvent parfois être assez jolies.

Vêtements :
Tricornes. Foulards colorés. Culottes de marins. Vareuses et redingotes, vestes taillées dans les costumes de leurs victimes. Ils aiment les soieries, la dentelle et se parent de multitudes de bijoux, boucles d'oreilles, colliers, coquillages.

Habitat :
Hantaient jadis la côte bretonne.

Nourriture :
Anthropophages, ils faisaient fumer la viande des matelots assassinés, la laissaient ensuite sécher par-dessus les monceaux d'or et de pierreries entassés.

Mœurs :
Chassés d'un navire qu'ils hantaient, les Hooks échouant d'abord à Kelaourou conquirent rapidement le rivage, usant de toute leur férocité contre le Petit Peuple des grèves, massacrant des familles entières, enlevant Morganes, Lusines et Marmaids avec lesquels ils engendrèrent les Tan Noz, dignes rejetons de leurs pères !

Activités :
Attirent par leurs feux les bateaux sur les récifs afin de les piller.

Dès que la nuit tombe, les Tan Noz sortent de leur forteresse creusée dans la falaise, ils se glissent et se faufilent hors des trous, des failles, des fentes et s'épandent le long des roches luisantes. L’œil vif, ils scrutent l'horizon à la recherche d'une voile. S'il n'y a ni tempête ni vent, ils s'en vont en lâchant dans les flots des tourbillons de bises noroises enfermées dans des sacs de cuir, ou bien ils provoquent la colère des Esprits tempestaires en les injuriant, la pointe de leur tricorne dardé vers les nuées, ou fouettent la surface des eaux où reposent les sirènes. S'il y a trop de lune et que ses rayons éclairent le paysage comme en plein jour, il la masque en assemblant devant elle des nuages noirs qu'ils rameutent en soufflant dans des conques sorcières...
D'épaisses masses de fumées, qu'ils obtiennent de brûlots sans flammes d'algues, dressés de loin en loin tout le long du rivage, remplacent aussi avantageusement les absences de brouillard.
Une fois la côte et ses abords piégés et les phares soufflés, les Tan Noz peuvent allumer les feux trompeurs. Lanternes et falots lampionnent alors paisiblement une imitation de village aux fenêtres éclairées. Des torches accrochées aux cornes des vaches jouent leur rôle de rassurantes balises...Le navire, aveuglé par le brouillard, secoué par les vagues, perdu dans l'obscurité, va en toute confiance se laisser guider par les lueurs salvatrices de la côte, et c'est le drame !
Le Tan Noz corneur répond au signal de détresse et amène la proue fragile vers l'éperon des écueils. Un millier de petits rires joyeux saluent les craquements de la coque sur le roc et la victoire des nains naufrageurs !
Un coup de sifflet du chef ordonne le pillage du navire et le massacre des survivants, puis deux clignotements de fanal rassemblent les lutins naufrageurs.
Avant l'arrivée des veuves éplorées devinant le drame, précédées de quelques gendarmes, tout est terminé !
Ayant regagné furtivement leur invisible tanière au tréfonds des falaises, les Tan Noz partagent, empilent les trésors, ricanent, mettent en pièces les tonneaux de rhum, fêtant la prise au son des musettes répercutant leurs plaintes à travers les fissures de la côte jusque dans la lande déserte, emplissant la population de terreur. "Les Tan Noz ont frappés, et maintenant, ils chantent !"
Charognards des grèves, les pirates nains ont ensanglantés les rivages bretons jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, date à laquelle, excédés par leurs exactions, viols de femmes, enlèvements d'enfants et razzias incessantes, les Mériens, Crierens, Féetauds, Arragousets et quelques autres lutins côtiers décidèrent de les anéantir. Égorgeant les sentinelles, bloquant toues les issues des falaises ils entrèrent nuitamment en force au coeur de l'énorme bastion réputé imprenable. Combattant deux jours et deux nuits durant, ils ne laissèrent aucun naufrageur en vie, mettant définitivement un terme à la piraterie Tan Noz, dont toutes les puissantes armées humaines n'avaient pu venir à bout.

Náin

Re: La Grande Encyclopédie des lutins

Messagepar Náin » ven. juil. 26, 2013 12:07 pm

Voilà, c'est la fin de cet encyclopédie des lutins :mrgreen:

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Re: La Grande Encyclopédie des lutins

Messagepar phoenlx » ven. juil. 26, 2013 12:09 pm

quel travail,
maintenant reste à tout lire :lol:
Qu'importe la destination c'est le voyage qui compte
Notre histoire deviendra légende

Náin

Re: La Grande Encyclopédie des lutins

Messagepar Náin » ven. juil. 26, 2013 12:15 pm

Haha oui en effet :rire: :rire: :rire:

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Re: La Grande Encyclopédie des lutins

Messagepar SauronGorthaur » ven. juil. 26, 2013 4:24 pm

après tu passes aux fées?

Náin

Re: La Grande Encyclopédie des lutins

Messagepar Náin » ven. juil. 26, 2013 4:26 pm

Oui ba peut-être pas tout de suite hein :rire: à long terme oui certainement

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Re: La Grande Encyclopédie des lutins

Messagepar phoenlx » sam. juil. 27, 2013 7:33 am

Les fées ça pourrait être sympa, mais il y a différentes sortes de fées ?
Qu'importe la destination c'est le voyage qui compte
Notre histoire deviendra légende

Náin

Re: La Grande Encyclopédie des lutins

Messagepar Náin » sam. juil. 27, 2013 8:49 am

Ba euh.."sortes" oui mais aussi de nombreuses légendes :la fée Viviane, la fée Morgane, la fée Mélusine etc....

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Re: La Grande Encyclopédie des lutins

Messagepar SauronGorthaur » sam. juil. 27, 2013 9:51 am

ben déjà y a des fées différentes selon les milieux ( forêts, rivières, montagnes )

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Re: La Grande Encyclopédie des lutins

Messagepar phoenlx » ven. août 02, 2013 1:21 pm

Bon sinon je sais pas si vous avez regardé hier soir l'émission Envoyé Spécial mais c'était très sympa, il y avait un reportage sur l'islande, et ça parlait justement des lutins, des trolls, elfes et autres croyances locales dans les petits êtres ( à un moment ils ont parlé du seigneur des anneaux, de Tolkien ) certains paysages je trouve rappelaient d'ailleurs beaucoup les films et l'un des intervenants ironisait sur le fait que les gens allaient visiter la Nouvelle zélande pour se tremper dans une ambiance de terre du milieu alors que l'Islande avait plus directement inspiré Tolkien. J'espère qu'elle sera rediffusée , c'était pas mal

edit
j'avais annoncé l'émission avant le crash du forum, vu que tous nos posts ont été perdus, je remet le résumé de l'émission

Islande : trolls d'histoire


En Islande, un bloc de rochers peut brusquement prendre figure humaine. Brumes, nuages, fumées des geysers enveloppent l’île d’une atmosphère particulière. On n’est jamais sûr de ce que l’on voit… La frontière entre monde visible et monde invisible est floue…

Au XXIe siècle, la moitié de la population islandaise croit aux Elfes et à leurs cousins : les Gnomes, Lutins et autres Trolls. Ces petits êtres font partie de la vie des habitants. Même le gouvernement cohabite en bonne intelligence : détourner le tracé d’une route pour éviter de détruire la maison d’une famille d’Elfes n’a rien d’extraordinaire … Et lorsque l’Islande s’est retrouvée au bord de la faillite en 2008, le Petit Peuple de l’Invisible a été appelé à la rescousse : l’industrie du tourisme l’a enrôlé pour attirer les visiteurs.

Parmi les Islandais qui savent communiquer avec ces créatures, certains se sont transformés en guides ; plusieurs villes du pays se proclament capitale des Elfes et les boutiques de souvenirs prospèrent. Mais les Islandais ont un dilemme : comment satisfaire la curiosité des touristes sans briser le lien intime avec leurs frères invisibles ?

Voyage au Royaume des Elfes.

Un sujet réalisé par Héloïse TOFFANOLI


( http://www.france2.fr/emissions/envoye- ... 2013_69896 )
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Re: La Grande Encyclopédie des lutins

Messagepar Sylvana » ven. août 02, 2013 3:52 pm

Moui j'ai pas été emballée par cette émission, pour moi c'est tellement évident que ça existe pas (c'est pas comme si on avait retrouvé des ruines d'une civilisation oubliée quoi), que les voir déplacer des routes ou des rochers exprès parce qu'ils pensent que des lutins habitent dedans, je trouvais ça un peu ridicule.

Sinon les paysages étaient jolis!


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