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Westworld - Les allusions et références dans la série

Westworld est l'une des plus fascinantes série TV de SF de ce début de millénaire. Produite par J.J. Abrams, scénarisée par Jonathan Nolan et servie par un casting en or constitué entre autre de Ed Harris et Anthony Hopkins elle s'inspire du film de 1973 Mondwest avec Yul Brynner, imaginé lui-même par le romancier Michael Crichton. La série nous plonge dans l'univers de Westworld, un parc d'attraction futuriste rempli de robots d'apparence humaine et où les visiteurs humains paient des fortunes pour revivre le frisson de la conquête de l'Ouest, jusqu'au jour où les choses se mettent à dérailler ... N'hésitez pas à venir ici partager commentaires, impressions, théories !!
phoenlx
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Westworld - Les allusions et références dans la série

Messagepar phoenlx » lun. mars 29, 2021 10:15 pm

J'ouvre un topic qui s'enrichira avec le temps, pour évoquer les différentes sources d'inspiration que l'on peut trouver dans la série Westworld ainsi que les allusions qui sont éparpillées dans les épisodes : clins d'oeil divers à l'art, à la culture, à la littérature, à la philosophie. La série regorge de petits détails intéressants et qui sont évidemment en cohérence avec ses thématiques.
Je ne vais évidemment pas évoquer TOUT dans le premier post du topic, car c'est un sujet très vaste, je complèterai ce topic au fur et à mesure, il s'enrichira au fil des mois. En écrivant ce topic, je vais considérer que mes lecteurs ont plus ou moins testé la série, au moins la première saison ou une partie des épisodes de la première (lorsque j'évoquerai des éléments spoilants sur la seconde, je l'indiquerai) mais au cas où certains novices arriveraient ici, je rappelerai en début de topic certains fondamentaux sur la série. Si vous voulez éviter les spoilers et souhaitez découvrir la série un jour je vous déconseille cependant de commencer à lire ce topic tant que vous n'êtes pas en fin de saison 2.

Pour ce qui est du plan du topic : il n'y en aura pas, ce sera un peu anarchique. Quand une idée intéressante vient, je l'écrirai. Mais grosso modo, le topic suivra l'ordre des épisodes (du premier aux plus récents) pour éviter de spoiler trop vite ceux qui commenceraient à lire, en n'ayant pas vu les épisodes tardifs. Dans ce premier post je reviendrai surtout sur les épisodes 1 et 2, les thèmes phares, et la symbolique du logo de la série.

Avant de démarrer nous allons rappeler quelques fondamentaux sur la série : Comme vous le savez Westworld est une sorte de remake (en série) de l'ancien film des années 70 Mondwest (avec Yul Brynner), film qui avait lui-même donné lieu à une suite : Futureworld

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scénario de Mondwest :
Un parc d'attraction peuplé de robots propose aux visiteurs de se replonger dans plusieurs époques. Lancés dans l'ouest sauvage, deux amis se retrouvent plongés en plein cauchemar quand l'un des androïdes se détraque et les prend en chasse...


ce que le résumé n'indique pas c'est qu'il y avait d'autres parcs en plus du parc western (avec des ambiances différentes), mais beaucoup moins exploités. Ainsi, on retrouvait déjà dans ce film l'idée de plusieurs parcs à thème où des visiteurs fortunés pouvaient venir vivre des expériences au milieu de robots-cowboys (pour le parc western) ou des robots incarnant d'autres types de personnages dans les autres parcs.
Le film évoquait un peu aussi un parc médiéval, ainsi qu'un parc sur la Rome antique. Les visiteurs pouvaient ainsi s'amuser avec les robots, vivre des expériences inspirées du far west, jouer aux cowboys et aux indiens, se livrer au vice, baiser avec de jolies robotes cow girls, flinguer à tout va ou simplement visiter ce monde, ses saloons, ses paysages en s'imprégnant tout simplement de l'expérience. La grande particularité évidemment est que les humains peuvent tirer à balle réelle sur les robots (et donc les "tuer", ils cessent alors de fonctionner et sont emmenés en coulisse par les équipes de maintenance du parc chargées de les réparer et les remettre en état, avec les mêmes personnalités et boucles narratives (ou d'autres)
En revanche, bien évidemment les robots ne peuvent pas tuer les humains et leurs balles ne leur font rien !!

Il est intéressant de noter que le réalisateur et scénariste de ce film était le grand romancier Michael Crichton, qui est bien connu aussi pour son célèbre Jurassic Park (on peut dire qu'il aime bien les parcs à thèmes coupés du monde lui :mrgreen: )

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Et histoire de finir les présentations rappelons aussi que cette superbe série est produite par J.J.Abrams (réalisateur de certains Star Wars récents),
les showrunners sont Lisa Joy et son époux Jonathan Nolan, le frère de Christopher Nolan (the dark knight) et à la musique nous avons un grand nom aussi puisqu'il s'agit du désormais très courtisé Ramin Djawadi (bien connu aussi pour l'excellente bande son de la série Game of Thrones) mais nous aurons l'occasion de reparler du score en détail dans le topic.

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La série TV Westworld (dont la diffusion a commencé en 2016) reprend l'idée du film de 1973 avec Yul Brynner, mais elle a le mérite de profondément approfondir l'univers, et de changer certains éléments scénaristiques.

Tout d'abord on peut noter que dans le film ancien, le robot Cowboy qui se détraque (et qui va attaquer les humains réellement en créant beaucoup de morts et de dommages) était un cowboy habillé de noir assez inquiétant incarné par le célèbre acteur Yul Brynner (il avait un petit côté Terminator dans ce film :mrgreen: )

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En revanche dans la série TV, l'homme en noir est un visiteur humain, assez âgé (et incarné par Ed Harris) ce n'est pas un robot.
Si on voulait voir un équivalent du personnage de Yul Brynner dans la série, ce serait plutôt quelqu'un d'autre : Dolorès (ou Maeve) mais pas le personnage incarné par Ed Harris qui joue un tout autre rôle (et qui est magistral dans la série, soit dit en passant)

Ed Harris (L'homme en noir) dans la série Westworld
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Ce rôle est d'ailleurs à mes yeux le plus beau rôle qu'ait jamais tourné Ed Harris (pour l'avoir pourtant vu dans pas mal de films) et n'est pas sans rappeler au niveau de son look celui qu'il avait dans le film Appaloosa (avec Viggo Mortensen)

La grande idée de Mondwest à savoir la recréation d'un parc imitant le Far West est reprise (pour le plus grand plaisir autant des fans d'ambiances westerns que des amateurs de science-fiction et de robots, il faut avouer que c'était assez osé !!)

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Mais notons parmi les différences avec le film des années 70 que (pour le moment du moins, après 3 saisons au moment où j'écris ces lignes) aucun parc médiéval n'a été aperçu, en revanche la saison 2 de la série fait la part belle au Japon féodal avec "samouraï world". De plus, un parc indien est aperçu à quelques reprises, même s'il est moins développé. C'est aussi ce qui est beau, rigolo et assez fascinant avec la série Westworld, beaucoup de déclinaisons sont possibles (pour ma part j'aimerais voir des parcs avec de toutes autres ambiances que le western, le film des années 70 Futureworld - qui faisait suite à Mondwest - nous montrait d'ailleurs un parc futuriste avec des références à la conquête de l'espace, entre autre. Et parmi les fantasmes des fans sur la toile, certains ont parfois rêvé d'un parc Game of Thrones (simulant l'univers de l'autre série phare de la chaine HBO !!) cette idée folle malgré quelques vagues rumeurs à une époque n'a pas été mise en oeuvre à l'heure actuelle mais on peut noter tout de même un petit clin d'oeil à ceci dans un des épisodes de Westworld avec un gros dragon qui n'est pas sans rappeler les créatures de Daenerys dans GOT !!
Bref, je disgresse, mais on voit à travers ceci que s'ils le voulaient les scénaristes pourraient faire durer leur série très longtemps sur bon nombre de saisons aux ambiances très différentes. Le virage que prend cependant la série dès la saison 3 est assez différent (et très intéressant aussi).

Quelques images du parc samouraï dans la série (samouraï World)

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On peut d'ailleurs y apercevoir l'acteur japonais Hiroyuki Sanada (jadis super connu notamment pour son rôle phare dans la série San Ku kaï, et qui fait aujourd'hui une belle carrière à l'international)

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Le thème de la créature robotique qui échappe à ses créateurs humains et qui va se retourner contre eux, est un classique de la science-fiction. Mais la force de la série Westworld est d'enrichir ce thème en proposant une déclinaison bien à elle et singulière, tout en mélangeant à cette histoire l'idée des parcs à thèmes, et bien d'autres réflexions et idées ou concepts encore.

Difficile de ne pas penser à des oeuvres comme Terminator, Blade Runner, et d'autres. Et au mythe de Frankenstein (lui-même inspirateur de beaucoup de ces histoires SF) ou (en remontant encore plus dans le temps), le mythe Juif du Golem de Prague bien évidemment.

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Et au-delà de ça, on peut penser à certains récits bibliques et mythologiques où des enfants se rebellent contre leurs parents (Zeus et les olympiens contre Chronos etc) Dans l'épisode 1 de la série le personnage d'Ashley Stubs (chef de la sécurité du parc) prédit à Bernard Lowe, l'un des principaux ingénieurs et concepteurs des robots incarné par Jeffrey Wright, que les enfants finissent toujours par se rebeller contre les parents ...

Mais parallèlement à ces réflexions sur l'Intelligence Artificielle échappant au contrôle de ses créateurs humains, la série Westworld constitue aussi une réflexion sur le monde du cinéma et du divertissement, et une critique acerbe (bien que voilée et en sous-texte) de nombreuses créations actuelles, notamment à Hollywood, à l'instar de ces films qui jouent sur les bas instincts humains (recherche du sexe, de la violence) pour faire de l'audience. Indéniablement, quand on lit la série entre les lignes, elle prône un autre type de spectacle, plus artistique, plus ... subtil.

Comme le souligne d'ailleurs très bien le youtubeur Captain Popcorn (qui soit-dit en passant, a livré de très belles et profondes analyses de cette série) nous avons une profonde symétrie entre l'univers de la série Westworld, et le monde de l'industrie cinématographique.

Il n'est sans doute pas un hasard, par exemple, que le grand démiurge de ce monde, celui qui a co-créé les robots (et incarné par Anthony Hopkins) soit nommé Robert Ford.

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Robert Ford est le même nom que celui de l'assassin dans le film L'assassin de Jesse James par le lâche Robert Ford (film de 2007 avec Brad Pitt et Sam Sheppard)
Mais Robert Ford est très probablement aussi une allusion au grand cinéaste américain John Ford, bien connu pour ses westerns comme Les raisins de la colère ou encore L'homme tranquille.

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Ainsi, si John Ford était créateur de westerns pour divertir le public, dans la série Westworld Robert Ford est créateur de robots, inventeur de scénarii pour ces derniers, c'est lui qui donne vie à ce parc aux allures de western et de far west dans lequel les visiteurs évoluent (et qu'on pourrait comparer à une version futuriste du divertissement cinématographique : un peu comme une expérience en 3D en taille réelle où on serait, en quelque sorte, carrément plongé dans le scénario !) En un sens, Ford invente des westerns interactifs avec des personnages et décors bien réels où les spectateurs sont plongés, et interagissent !

En pensant : futur et expériences interactives, on est aussi tentés de penser aux réalités virtuelles, et à des films comme Tron, ou Passé Virtuel.
Il en va évidemment différemment dans Westworld puisque ces parcs sont réels et tangibles, recréés en dur. Mais (je spoile un peu la saison 3) il se trouve que dans la série Westworld nous avons également un parc entièrement virtuel (et reconstituant la Seconde Guerre Mondiale et la domination des nazis) Considérant ceci, le parallèle entre les parcs et l'industrie du divertissement (y compris celle des jeux vidéos interactifs) est d'autant plus flagrante.

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Dans l'épisode 1 de la série, un petit dialogue entre Theresa (personnage faisant partie de l'équipe d'élite du parc), et Lee Sizemore (réalisateur de scénarii, et qu'on pourrait donc comparer aux scénaristes pour les films) nous montre qu'il y a des tensions et des divergences de point de vue selon les personnes qui vivent l'expérience de ces parcs à thème.
L'expérience des visiteurs qui viennent pour vivre des expériences, n'est pas la même que celle des créateurs, des ingénieurs, ou encore des investisseurs.
A cet instant de la série d'ailleurs, nous devinons que derrière ce but premier (proposer à des touristes fortunés des expériences vivifiantes), se cachent probablement d'autres raisons plus profondes qui justifient l'existence de ces parcs. A nouveau je spoile un peu les saisons suivantes : Nous apprendrons notamment que plus que simplement proposer au public un divertissement, ces parcs sont là pour étudier aussi la nature humaine, et donc finalement, pour observer, scruter les gens, et constituer des bases de données.

Difficile de ne pas penser à Facebook et certains réseaux sociaux de nos jours qui derrière le but premier (proposer aux gens d'échanger et de partager des choses) servent surtout à étudier les comportements, proposer de la pub, et in fine, assouvir des buts à la fois commerciaux voire de contrôle des masses, comme l'estime notamment Edward Snowden.

Mais je ne vais pas m'étendre trop sur ce point là pour le moment, qui est développé plus tard dans la série (notamment en saison 3 avec le super ordinateur Rehoboam successeur de l'ordinateur Salomon - encore un nom biblique chargé de sens - inventé par le personnage joué par Vincent Cassel) , nous y reviendrons.

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Le dialogue entre Theresa et Lee Sizemore dans l'épisode pilote vient en tout cas souligner (en parallèle) les tensions qui peuvent exister au cinéma entre : les perceptions du public, les intentions du réalisateur (ou d'autres membres de l'équipe, scénaristes, acteurs), ainsi que les producteurs, investisseurs ..
On peut y voir une critique profonde de l'industrie hollywoodienne actuelle dans ses dérives, et notamment de tous ces blockbusters jouant sur la violence et bourrés de scènes voyeuristes comme je l'ai dis, mais qui en viennent au final à être extrêmement formatés et fades. Une scène de l'épisode 2 fait beaucoup échos à ceci, lorsque Lee Sizemore, le scénariste du parc, présente son nouveau scénario Odyssée sur le fleuve rouge, avec les différents robots protagonistes (cowboys, indiens etc)

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A l'inverse Robert Ford qui assiste à cette scène insistera sur le sens des petits détails pour plaire au public. Même s'ils n'en ont pas souvent conscience, les gens aiment être surpris par de petites subtilités ; Ford incarne donc ici plutôt la valorisation d'une forme de spectacle plus artistique, et qui nous élève en quelque sorte. On a ici deux visions radicalement opposées (et qui rappellent ce qui se passe avec le cinéma et certains débats houleux sur la toile, le public lui-même semblant parfois divisé à ce sujet ^^ )

Pour revenir d'ailleurs au personnage de Robert Ford (incarné par Anthony Hopkins), le créateur des robots, on peut le comparer à Dieu, à l'Architecte dans le film Matrix, à un démiurge. Je ne vous cacherais pas que c'est un personnage que j'adore (et le charisme de l'acteur n'y est pas pour rien ! :super: )
A plusieurs reprises, dès le premier épisode, certains dialogues ne trompent pas, notamment lorsque Ford évoque les robots qui buggent, et les compare aux erreurs dans la nature qui sous-tendent le mécanisme de l'évolution : Sans infimes erreurs constamment dans le monde naturel au sein du code génétique, les espèces animales et végétales n'auraient jamais évolué. Point de mutations génétiques, point de diversité. Notre bon vieux démiurge Ford qui n'est pas né de la dernière pluie a bien compris que tenter de reproduire ce mécanisme (par d'infimes petites touches nommées les rêveries) avec ses robots, les ferait évoluer et c'est ce qu'il s'est employé à faire, tout ceci en douce bien sûr, au nez et à la barbe des élites financières du Parc pour qui au contraire l'intérêt est que les robots n'évoluent pas et restent bien dociles, pour assouvir les bas instincts des humains.
Avec cette comparaison évolutionniste, Ford s'inscrit vraiment dans une métaphore divine par rapport à son monde de robots.

La scène où il fait une petite incursion dans le parc pour discuter avec le jeune garçon androïde et où il arrive à commander les mouvements d'un serpent avec de simples mouvements de sa main et avec sa voix, est plus que parlante :mrgreen: Ford est omnipotent dans ce monde, comme un dieu face à sa création.

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Le dialogue entre Ford et Peter Abernathy (le "père" de la robote Dolorès dans le scénario de début de l'histoire) lorsque ce dernier annonce qu'il aimerait rencontrer son créateur pour se venger de lui, n'est pas sans rappeler le dialogue entre Roy Batty (incarné par Rutger Hauer) avec son créateur Eldon Tyrell dans le film Blade Runner, de Ridley Scott. ( lien vers cette scène )

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Comme autre métaphore que l'on sent poindre dans la série Westworld, et ce, dès les tous premiers épisodes, il y a celle de l'enfer de Dante. Voire .. de l'holocauste et de certains génocides terribles de l'humanité. Les scènes de la série qui font terriblement penser à ça sont en particulier ces scènes où l'on voit des robots (ne fonctionnant plus), nus, et mis au rebut dans un immense hangar, ou encore cette autre scène où l'une des robotes (Maeve) parvient à se réveiller dans le "monde réel hors parc", et s'échappe de sa salle de réparation, pour apercevoir le sort qui est fait aux siens. Cette scène, assez terrible où Maeve, nue (dans une scène de nudité cohérente scénaristiquement d'ailleurs et non pas destinée à assouvir les bas instincts du spectateur comme souvent) aperçoit une salle où les corps des robots sont jetés comme de vulgaires objets, n'est pas sans rappeler les visions les plus terribles de la Shoah.

Certaines scènes font aussi penser à ces âmes souvent dénudées et en peine qui errent dans le purgatoire ou d'autres lieux des enfers dans la divine comédie de Dante.
Je reviendrai plus tard sur ce parallèle avec Dante notamment à l'occasion d'un épisode très beau et important de la saison 2 avec deux androïdes indiens (contenant une émouvante allusion au mythe d'Orphée et Eurydice)

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Westworld est aussi une série qui multiplie les petites phrases et allusions tantôt à la philosophie, à la littérature, à la poésie. Ce topic me servira à les lister aussi de temps à autre. Shakespeare revient souvent, notamment en début de série avec cette étrange phrase : "These Violent Delights Have Violent Ends' (ces désirs violents auront une fin violente) phrase tirée de Roméo et Juliette et que les androïdes se répètent les uns après les autres (comme un virus). Phrase qui semble à chaque fois déclencher l'évolution des robots qui se mettent à ressentir des choses qu'ils ne ressentaient pas, à se souvenir de leurs vies antérieures, et ainsi, progressivement, à voir une forme de conscience émerger en eux. Cette phrase semble agir comme une commande informatique déclenchant un processus. Mais symboliquement, elle fait évidemment référence au déchainement de viles passions et de violence des visiteurs à l'égard des robots dans le parc, qui ne pourra qu'aboutir à un retournement désastreux !
On peut y voir aussi une critique de notre monde actuel, avec ses dérives hédonistes évidemment.

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William Shakespeare

Le robot Peter Abernathy ne cite pas que Shakespeare d'ailleurs, mais également la poète et romancière américaine Gertrude Stein (1874-1946) lorsque Robert Ford le questionne sur son nom dans une scène de l'épisode pilote.
Sa réponse très énigmatique en apparence : "Rose, est une rose, est une rose" est un extrait du poème Sacred Emily de 1913 et cette célèbre répétition est souvent interprétée comme signifiant "les choses sont ce qu'elles sont".


Gertrude Stein

L'androide Peter Abernaty (dans cette scène)
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Pour en revenir à l'homme en noir incarné par Ed Harris. Personnage assez fascinant de la série qui (contrairement à celui du film Mondwest) n'est pas un robot mais un humain dont les intentions sont mystérieuses au début de la série et qui semble chercher un niveau caché dans le jeu (un peu comme un gamer explorant un jeu vidéo à la recherche d'indices pour accéder à certains niveaux du jeu)

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L'homme en noir (un peu comme un spectateur cinéphile ou un gamer un peu blasé) apparaît ici comme la métaphore de ceux qui aiment aller chercher des niveaux un peu "méta" dans une oeuvre, quelque part on pourrait se dire : à l'image de ce topic et de ce que je suis en train de faire ici avec la série ou de certains youtubeurs qui aiment décortiquer pour chercher un éventuel niveau de lecture caché :mrgreen:

L'homme en noir ne cessera durant toute la première saison d'imaginer le parc Westworld comme un immense labyrinthe et dont il cherche le centre.
Ce centre existe t'il quelque part, ou bien est-ce métaphoriquement autre chose ? ça, la série nous le dira en fin de première saison (je ne spoilerai pas à ce stade) ; Au niveau de l'imagerie utilisée, on peut voir que la représentation d'un labyrinthe est gravée à l'intérieur du crâne des robots (c'est le scalpe de l'un des androïdes qu'il a torturé et massacré qui mettra d'ailleurs l'homme en noir sur cette piste d'un labyrinthe)

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L'idée de cet étrange schéma qui est gravé à l'intérieur de la tête des robots provient d'un jouet qui appartenait au jeune fils (décédé) de l'ingénieur Arnold, co-créateur des robots avec Robert Ford ; C'est d'ailleurs ce jouet qui l'incitera à envisager la construction de la conscience des robots comme une quête labyrinthique à l'intérieur de soi-même (comme Arnold l'explique d'ailleurs à Dolorès lors d'un flashback).

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On peut voir que cette représentation du labyrinthe nous montre même un humain à l'intérieur de lui, similaire à ces représentations que l'on voit à plusieurs reprises (lorsque les androïdes sont fabriqués à partir de l'espèce de liquide à allure laiteuse)

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Représentation qui n'est pas sans rappeler le Christ sur la croix, mais aussi l'homme de Vitruve, de l'artiste italien Léonard de Vinci, comme vous l'aurez sans doute reconnu.

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Ce célèbre dessin est censé représenter les proportions idéales du corps humain, s'inscrivant parfaitement dans un cercle (dont le centre est le nombril) et un carré (centre : les organes génitaux), l'Homme de Vitruve est un symbole allégorique emblématique de l’Humanisme, de la Renaissance, du rationalisme, de « L'Homme au centre de tout / Homme au centre de l’Univers », de la mesure et de la représentation du monde.
L'homme de Vitruve a aussi pour vocation de mettre en avant le nombre d'or, souvent utilisé par les artistes recherchant des proportions parfaites, notamment en architecture. Dans la série, Robert Ford apparaît ainsi comme le grand architecte, le Léonard de Vinci du parc, pourrait-on dire.

Ce symbole inspire aussi le logo du parc (et logo de la série) et l'enfermement dans le cercle rappelle le fait que l'Homme (ou plutôt les robots si on replace dans le contexte westworld) restent soumis à un déterminisme implacable, leur liberté n'étant qu'apparente, ils sont enfermés dans des boucles narratives, condamnés à revivre inlassablement certains scénario préécrits, et à revivre les mêmes scènes de souffrance, de torture, de tuerie, destin tragique qui n'est pas sans rappeler le personnage de Sisyphe dans la mythologie grecque, condamné à rouler un gros rocher jusqu'au sommet d'une montagne des enfers avant de le voir inlassablement retomber pour recommencer la même tâche.

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Parmi les autres petites allusions dans l'épisode 2, nous avons l'évocation de Guillaume d'Ockham à travers une réplique de Robert Ford (Anthony Hopkins) en discussion avec Bernard Lowe lorsque tous deux s'interrogent sur les raisons des modifications récentes des androïdes, Bernard imaginant une ingérence extérieure, hypothèse qui lui paraît plus simple que l'hypothèse selon laquelle la photo trouvée par Abernathy dans l'épisode 1 (et provenant du monde moderne extérieur) aurait pu à elle seule provoquer les bugs de comportements du robot. "C'est la solution la plus simple" dit Bernard. Ce à quoi, Robert Ford répond "ahhh .. monsieur Ockham et son rasoir !"

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c'est au philosophe et moine Guillaume d'Ockham que l'on doit le célèbre principe du rasoir d'Ockham , aussi appelé principe de simplicité, principe d'économie ou principe de parcimonie et que l'on pourrait résumer par « les hypothèses suffisantes les plus simples doivent être préférées ».
C'est un principe heuristique qui est très souvent utilisé dans la recherche scientifique même s'il n'est pas à proprement parler un résultat scientifique.
notons pour l'anecdote que c'est Guillaume d'Ockham qui a inspiré le personnage de Guillaume de Baskerville dans le roman Le nom de la rose (d'Umberto Ecco, adapté au cinéma par J.J.Annaud)

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Le petit dialogue entre Bernard et Ford se poursuit, Ford essayant de détourner Bernard de l'idée d'un sabotage, en évoquant l'extrême complexité de leurs travaux de fabrication de robots. "On crée la vie à partir du chaos ! Guillaume d'Ockham était un moine du 13ème siècle, aujourd'hui il ne peut rien pour nous ! On aurait fini sur le bûcher à cause de lui !"

On peut d'ailleurs se dire que la science d'aujourd'hui et de demain passerait facilement pour de la magie (ou de la sorcellerie) aux yeux de nos ancêtres lointains ! Lorsque l'on ne comprend pas un phénomène il est tentant de penser que c'est de la magie. C'est aussi le cas apparemment de certains robots primitifs comme le petit garçon qui dialogue avec Robert Ford dans l'épisode 2, dans la scène où Ford contrôle le serpent d'un doigt. "Comment faites-vous ? c'est de la magie !" s'exclame le petit garçon-robot 8-)
scène qui n'est d'ailleurs pas sans faire penser au magicien d'Oz ici.

Je vais terminer ce post introductif sur les premiers épisodes de la série en évoquant ce train à vapeur (qui revient de manière récurrente dans les premières saisons, et qui permet de passer du monde extérieur au parc) , ce train si emblématique du Far West et de la conquête de l'Ouest, et qui (dans les deux cas) permet de repousser les frontières et de passer d'un monde à l'autre ... tout un symbole !

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Re: Westworld - Les allusions et références dans la série

Messagepar phoenlx » mar. mars 30, 2021 12:12 pm

Un article qui présente une réflexion intéressante sur les robots dans la série TV Westworld

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source de l'article qui suit : https://www.reformes.ch/culture/2017/08 ... es-dossier

«Westworld»: De la sexualité des robots et de la nature de l'âme

article de PROTESTINTER, 14 AOÛT 2017

La série Westworld de la chaîne de télévision américaine HBO, connue pour ses succès à l'instar de Game of thrones, est un riche mélange d’émission télévisée sur la lutte entre le bien et le mal, la nature de l’âme ou le sexualité augmentée grâce aux robots. Par Kimberly Winston

Normalement, HBO ne produit pas de séries dramatiques sans qu’elles soient subtilement pimentées. Mais aussi troublantes que soient certaines scènes, la série soulève des questions théologiques sur ce que signifie le fait d’être un humain et ce qu’il en coûte de sacrifier son humanité pour un instant de plaisir.

«Cela renvoie une image noire de la société», a expliqué au quotidien le Los Angeles Times Evan Rachel Wood, qui joue Dolores, le robot principal dans la série. «Mais je pense que les spectateurs verront également le potentiel que nous possédons. Nous ne sommes pas encore à Westworld; ceci pourrait être un récit de mise en garde». La série dont la première saison s’est terminée le 4 décembre 2016 aux Etats-Unis, est basée sur le film dont le scénariste n'est autre que le romancier Michael Crichton, bien connu pour ses textes de Science-fiction. L’acteur Yul Brynner, décédé en 1985, y tenait le rôle de «l’homme en noir», joué par Ed Harris dans la série. Dans les deux versions, des clients nantis paient d’importants forfaits pour évoluer dans un monde qui relève du western-spaghetti et dans lequel ils peuvent assouvir toutes leurs pulsions et pour cause : ils évoluent dans un parc d'attraction géant dans lequel ils ne peuvent pas se blesser ou mettre en danger la vie d'être humains.

Dans la série – qui s’éloigne largement du film original –, les robots à l’apparence humaine qui agissent en tant qu’hôtes du parc commencent à se souvenir de la souffrance qu’ils ont endurée de la part des humains et s’interrogent sur leur sort tout en cherchant à s’enfuir. Et c’est là que la série passe de l’évasion futuriste fantastique à une réflexion plus philosophique.


Le robot, cet animal moral

«Ce qui peut déranger dans la série, c'est que les machines se rapprochent tellement des êtres humains qu'il devient difficile de faire la différence – pas seulement au niveau de l’intellect et de l’apparence, mais aussi au niveau moral», analyse Tony Prescott, neuro-scientifique cognitif et directeur d’un centre de robotique à l’Université de Sheffield, à propos de Westworld dans le magazine en ligne The Conversation.

«En présentant une autre vision de la condition humaine à travers le miroir technologique des robots vivants, Westworld nous fait réfléchir au fait que nous sommes peut-être également des machines sophistiquées, quoique biologiques.» A propos de la biologie, la série aborde la question de la théorie de l’affect, qui touche aussi à la religion: ce nouveau champ d’études essaie de déterminer si les humains et les animaux sont biologiquement programmés pour exprimer certains affects, parmi lesquels... la religion.

Ken Chitwood, chercheur en science des religions de l’Université de Floride, a déclaré que Westworld aborde la théorie de l’affect dans le sens qu’on s’y demande si les robots, créés par les humains pour leur ressembler et se comporter comme eux, doivent être traités comme s’ils l’étaient vraiment. «Les êtres humains sont-ils si spéciaux», s’interroge-t-il. «Sont-ils uniques au monde, sommes-nous supérieurs ou égaux aux animaux qui se trouvent autour de nous? Nous refusons cette hypothèse parce que nous croyons avoir été créés à l’image de Dieu.Westworld nous incite à réfléchir: les non-humains peuvent-ils avoir une âme, et comment cette âme est-elle reliée à notre biologie?» Jusqu’à présent, la série n’a pas répondu à cette question ni à aucune des questions morales et théologiques que la série soulève.. dont la principale: quel est le prix à payer pour accéder à un espace sans jugement, où toute sorte de péchés et d'atrocités allant du meurtre au viol peuvent être commis?


Là où tous les péchés sont permis

«C'est bien ce qui attire qui attire les gens», explique Ken Chitwood. «Qu’il y ait ce lieu fou où les gens peuvent faire ce qu’ils veulent aux hôtes, y compris tous ses “péchés”. La série débat de la question: “si on le fait à un robot, est-ce que c’est mal?”, mais personne ne se demande “En premier lieu, n’est-il pas inconvenant de faire ces choses-là, tout simplement?” Quels effets peuvent avoir ses actes sur nos propres âmes.»

Bill Brimer et James Cleland ont pointé leur viseur théologique sur Westworld. Les deux hommes sont responsables à l’Eglise SoutThirst dans le nord du Texas. Ils produisent un podcast appelé «God Geek» qui traite de la religion dans les bandes dessinées, à la télévision, dans les films et autres médias. Pour eux, cette série soulève des questions sur la nature du péché: sommes-nous pécheurs par nature, comme le comportement atroce des nouveaux arrivants dans le parc envers les hôtes le suggère? Ou bien sommes-nous déchirés entre le péché et la pulsion à faire le bien, comme semble le suggérer le personnage de William?

«Je ne dirais pas que je suis complètement d’accord avec le point de vue adopté par la série, mais elle montre qu'au fond de lui-même, l’homme est par nature un pécheur», analyse James Cleland, joint par téléphone, alors qu’avec son acolyte Bill Brimer, ils préparaient leur émission sur Westworld. «Dans quoi tombons nous quand on nous libère des lois et qu’on nous laisse carte blanche? Le péché! Le parc d’attractions dans son entier est bâti sur cette promesse et inévitablement chaque nouveau visiteur finit par déraper sérieusement.»

Pour James Cleland, la série propose une description assez de l'humanité avant l'arrivée du christianisme: «Ce que je trouve intéressant, c’est que justement dans le monde dans lequel nous vivons, les canailles peuvent amasser beaucoup de biens, de puissance et d’argent, tout comme cela se passe dans la série», analyse-t-il. «En attendant le retour du Christ, le mal semble avoir pris le pouvoir.»

Les créateurs de la série, le couple Jonathan Nolan et Lisa Joy, semblent avoir conscience du paysage philosophico-religieux qu’ils exploitent, même s’il n’y a aucun indice laissant présager qu’ils y répondent prochainement dans la série. «Le programme essaie d’avoir le beurre et l’argent du beurre», reconnaissait Lisa Joy interrogée par le site Deadline Hollywood. «Mais nous sommes à l’aise avec ce paradoxe.»



article intéressant, notamment évidemment par rapport à l'idée avancée que nous serions des machines biologiques trsès perfectionnés, donc très proches par nature des robots finalement (ce que je pense fondamentalement) et ça, cette série comme plein d'autres bonnes séries et films autour de l'IA le fait bien ressentir (tout comme Ghost in the shell et d'autres)

bon par contre l'article précédemment cité aurait pu se passer de certaines citations des religieux américains christiques (ou les nuancer, car là ça fait un peu "propagande chrétienne" lol) , d'autant que ça me semble assez loin du message de la série (qu'il y ait une réflexion profonde sur le déterminisme, l'idée des chaines versus la liberté et l'émancipation, c'est clair et net et on le voit d'ailleurs bien aussi en saison 3 par rapport au système que compte mettre en place Serac , à la fois pour libérer l'humanité de quelque chose (mais qui la contraint aussi, comme tout système assez .. "sécuritaire")
mais de là à prôner l'idée que la religion est un idéal en formant une espèce de cadre moral qui évite les pulsions et passions négatives (même s'il y a une part de vrai :lol: ) je dis : attention aux dérives et ce n'est pas trop le message de la série, même pas du tout je dirais ; les réflexions de westworld sont plus .. subtiles et profondes que ça, et plus rationnelles je dirais, même si la série s'imprègne beaucoup de notions bibliques, religieuses, gnostiques ..
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Re: Westworld - Les allusions et références dans la série

Messagepar phoenlx » dim. avr. 04, 2021 7:09 pm

Je continue un peu avec les différents clin d'oeil de la série (et thématiques) aujourd'hui nous allons nous concentrer sur diverses petites anecdotes avant de revenir sur des sujets plus de fonds dans les prochains posts.

Tout d'abord, pour revenir au film Mondwest (avec Yul Brynner) dont la série westworld est en quelque sorte le remake, vous aurez peut-être remarqué que dans la série (épisode 6, saison 1) nous avons un plan avec un robot qui est clairement une référence au rôle du Gunslinger, le robot-cowboy joué par Yul Brynner dans le film !
(scène où Bernard descend dans les sous-sol du parc !)

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ci-dessous : Yul Brynner dans le film

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Au niveau scénaristique et des personnages, même si la série approfondit beaucoup le film (et s'en écarte sur certains points) beaucoup de choses sont reprises, notamment les deux personnages de William et Logan (qui rappellent le duo John et Peter de Mondwest)

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William et Logan dans le film Mondwest

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On retrouvait aussi le même nom pour la société qui gère le parc (Délos) que dans la série TV ...

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On retrouve aussi dans la série le fameux serpent qui attaquait les visiteurs dans Mondwest

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Le clin d'oeil à ce serpent dans la série est bien sur cette scène avec Robert Ford (Anthony Hopkins), lors de sa petite balade dans le parc pour rendre visite à la version jeune robotique de lui-même..

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Personnellement j'aime bien y voir aussi une petite référence à travers les allusions aux tatouages d'Armistice ...

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Délos qui dans la réalité est une ile grecque des cyclades (dans la mythologie c'est l'ile de naissance d'Apollon et Artémis)
Ce qu'il est intéressant de noter est que sur cette ile, une loi sacrée stipulait qu'il était interdit d'y mourir ! C’est également sur cette île que se déroulaient les accouchements et qu’on soignait les malades, puisqu’il était interdit de naître et de mourir sur Délos.
Ceci nous renvoie bien sûr symboliquement aux robots de la série qui ne meurent jamais vraiment (ou meurent sans cesse, ça dépend comment on voit les choses :lol: )

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Par ailleurs, comme vous le savez (et comme je l'ai dis en intro du topic), le réalisateur et scénariste du film Mondwest est Michael Crichton, l'auteur de Jurassic Park. Autre histoire avec un parc à thème au passage, rempli de dinosaures.

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L'épisode 10 de la série westworld (saison 1) nous place un petit clin d'oeil à Crichton à travers l'allusion de Dolorès aux dinosaures, lors de son dialogue avec l'homme en noir (Ed Harris) :

Dolorès : - On dit qu'autrefois, des bêtes géantes parcouraient ce monde, grandes comme des montagnes, et qu'il ne reste d'elles que des os fossilisés, piégés dans de l'ambre. le temps détruit même les plus monstrueuses créatures. Regarde ce qu'il a fait de toi ! Un jour tu vas mourir toi aussi, étendu dans la poussière avec ceux de ton espèce, toutes tes chimères évanouies, tes horreurs effacées ! le sable recouvrira ta carcasse. Et sur ce sable mélangé à tes restes, un nouveau Dieu marchera, un Dieu immortel ! Parceque ce monde là n'est pas à toi, ni à ceux qui l'ont peuplé avant toi, ce monde appartient à celui qui arrive !

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Parmi les clin d'oeil aux westerns (nombreux dans la série) : la petite ville de Sweetwater (qui signifie littéralement la "source fraiche" et où se déroule une grosse partie de l'action de la première saison) correspond à une ferme dans le célèbre film de Sergio Leone : Il était une fois dans l'Ouest, ferme objet de nombreuses luttes !

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Comme autres clin d'oeil, la série Westworld (produite par HBO) fait parfois des petites références à l'autre série phare de HBO, Game of Thrones
(notamment à travers une scène de fin de la saison 2 dans les coulisses du parc où nous avons un grand dragon robotique qui n'est pas sans faire penser aux dragons de Daenerys dans l'autre série

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Certains (notamment des journalistes allocine) ont vu d'autres petits clin d'oeil, notamment cet insigne que porte Logan sur son costume à la fin de la première saison

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insigne qui n'est pas sans rappeler l'insigne de la main du roi que porte Tyrion dans Game of Thrones

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Certains voient même dans le bureau de Robert Ford (avec les nombreux visages sur les étagères) des allusions à la secte des sans-visages dans Game of Thrones ...

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Pour ma part j'avoue que je n'y avais pas forcément penser, ça va un peu loin, par contre, on a parfois bel et bien des petits clin d'oeil au niveau des visages comme ici pour cet androïde laiteux en cours de fabrication, qui est une petite référence au personnage de John Locke dans la série TV LOST (on rappellera que J.J.Abrams a produit à la fois Westworld, et LOST ! :super: )

[dès que je retrouve la scène je vous la capture (je n'arrive plus à la retrouver mais elle existe dans la saison 1 :mrgreen: ]

une autre (dans la saison 2) qui pourrait lui faire référence aussi

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Hormis tous ces auto-référencements assez amusants de la part de HBO on a aussi de nombreux clin d'oeil à la littérature (on a évoqué précédemment Shakespeare, on peut citer aussi Alice au Pays des Merveilles de Lewis Caroll qui revient souvent)

--> c'est notamment le livre que Bernard lit à son livre pour qu'il s'endorme !!

--> ou encore ce livre qu'il fait lire à Dolorès lors de l'un de ses entretiens

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--> On a aussi une référence à Alice dans l'un des costumes que porte Dolorès (le bleu, qu'elle porte fréquemment en saison 1 dans les scènes du passé à l'époque de William jeune)

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costume qui n'est pas sans rappeler celui d'Alice elle-même

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D'après ce qu'on peut lire sur la toile, cette influence viendrait du fait (entre autre) que le personnage d'Alice est très apprécié par l'actrice, Evan Rachel Woods ; Et les deux personnages se font un peu échos, Dolorès se retrouvant plongée un peu comme Alice dans un monde d'illusions, où la réalité des choses n'est pas toujours ce qu'elle paraît être ...

Autre anecdote à savoir, dans l'épisode 6 de la saison 1, Maeve découvre progressivement qui elle est vraiment, et comment les techniciens du centre peuvent agir à leur guise sur sa personnalité et l'influencer via une interface permettant de jouer sur différents paramètres (humour, charme, impulsivité, intelligence etc)

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Cette idée viendrait apparemment du film Interstellar, où une interface similaire existe afin de programmer la personnalité des robots TARS (Interstellar qui est un film réalisé par Christopher Nolan, et scénarisé par Jonathan Nolan)

Toujours par rapport aux scènes avec Maeve on peut noter aussi que les deux larrons qui prennent en charge ses réparations avant son évolution (personnages qui vont nous accompagner durant pas mal de scènes par la suite) se nomment Felix Lutz (interprété par Leonardo Nam), et Sylvestre (interprété par Ptolemy Slocum) !!

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Félix et Sylvestre, référence bien sûr aux deux fameux chats de dessins animés : Félix le chat, personnage de dessin animé américain à l'époque des films muets, et Sylvestre le chat (dit Grosminet, le célèbre ennemi de Titi dans Titi et Grosminet)
Ces deux chats ont des personnalités très différentes, Félix étant beaucoup plus positif, Grosminet passant son temps à élaborer des stratagèmes afin de piéger le canari Titi !! Contraste de personnalité auquel fait bien sûr référence celui de nos deux techniciens dans la série !!

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Toujours par rapport à Félix, le site serieaddict.fr nous évoque une autre symbolique possible du personnage liée à son étymologie. Félix serait un peu l'antithèse de Dolorès. Cette dernière acquière sa conscience et sa liberté à travers la douleur (d'où son nom d'ailleurs, Dolorès signifie "souffrance") et en tuant Ford et un grand nombre d'humaine, alors que Félix aide Maeve et souhaite que les hôtes soient libres. Il ravive même un oiseau robotique du parc. Felix signifie "Bonheur"

Autrement parmi les anecdotes désormais bien connues, toujours dans les jeux de mots par rapport aux personnages, on rappellera que Bernard Lowe (joué par l'acteur Jeffrey Wright) est l'anagramme d'Arnold Weber (autre personnage de la série mort avant le début de l'histoire et ancien associé de Ford)
petite anecdote qui met finalement assez tôt sur la voie du twit à son propos :mrgreen:

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Re: Westworld - Les allusions et références dans la série

Messagepar phoenlx » dim. avr. 04, 2021 10:03 pm

On aussi noter d'ailleurs toujours dans les jeux de mots que celui d'Hector Escaton renvoieà la racine grecque eschatos qui signifie « dernier » et au terme escathologie, autrement dit le discours sur la fin du monde (ou la fin des temps), ce qui n'est pas sans résonner, encore une fois, avec ce qui se passe dans la série d'une certaine manière, comme l'annonce de la fin de l'ère des hommes et d'une nouvelle ère émergente, celle des robots.

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Re: Westworld - Les allusions et références dans la série

Messagepar phoenlx » dim. avr. 04, 2021 10:03 pm

Pour évoquer brièvement certaines allusions au monde des jeux vidéos maintenant, déjà on peut noter que la série emprunte (dans sa construction même) certaines mécaniques inspirées des jeux de type RPG : Les visiteurs dans le parc sont comme plongés dans un immense jeu de rôle à taille réelle ; On a de même certaines énigmes à résoudre (le personnage de l'homme en noir incarné par Ed Harris est particulièrement représentatif de cet esprit de gamer cherchant comme je l'ai un peu évoqué plus haut à découvrir les niveaux "méta" du jeu ..

De même je ne sais pas si vous avez remarqué mais on a parfois des personnages qui, au détour d'une quête, se retrouvent avec leurs armes qui évoluent,
à l'image de Logan dans l'épisode 4 qui après avoir dézingué toute une bande de cowboys dans une bâtisse se réjouit de trouver un flingue meilleur que le sien en s'exclamant : "La version au-dessus !!" ! :mrgreen: Tous les gamers auront remarqué la référence au fait de looter dans les RPG !

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La série comporte plein d'autres petites allusions similaires.

On peut d'ailleurs dire que le créateur de la série Jonathan Nolan dit s'être inspiré de plusieurs jeux vidéos pour la série notamment

Red dead redemption

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le jeu Skyrim

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D'ailleurs ce genre de personnages parmi les robots du parc Westworld m'y font beaucoup penser, pas vous ?

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Parmi les autres influences évoquées par Jonathan Nolan nous avons le jeu Bioshock

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d'ailleurs pour ceux qui veulent faire plus ample connaissance avec le jeu Bioshock j'en profite pour vous renvoyer vers l'excellente vidéo du youtubeur ALT236 sur le sujet.

et concernant ce jeu précis, on en a d'ailleurs un petit clin d'oeil dans cette scène à l'intérieur du bureau de Robert Ford, où on peut apercevoir le visage du personnage de Sander Cohen de Bioshock !!

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Petite comparaison avec le personnage du jeu !

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Re: Westworld - Les allusions et références dans la série

Messagepar phoenlx » dim. avr. 04, 2021 10:15 pm

Parmi les reprises musicales de la série, on notera le morceau pour piano nommé Rêverie (de Claude Debussy)
Un air fort bien choisi quand on sait qu'il est justement associé aux rêveries dans la série (ces fameuses nuances dans le programme des robots introduites par Ford afin de les faire évoluer vers un stade supérieur et l'état de conscience)



C'est d'ailleurs la petite musique que lance Arnold dans la fameuse scène de son suicide par l'intermédiaire de Dolorès.

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Partition du morceau (extrait)
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Re: Westworld - Les allusions et références dans la série

Messagepar phoenlx » mar. avr. 06, 2021 7:27 pm

La bicaméralité

Evoquons à présent la bicaméralité, théorie aujourd'hui controversée au psychologie mais qui inspire plusieurs aspects de la série, et notamment la grande idée mise en place par Arnold (puis Ford) pour faire naître la conscience au sein des robots.

Petit extrait de la série avec Robert Ford (Anthony Hopkins) et Bernard (Jeffrey Wright) :



Ce dernier épisode de la saison 1 se nomme d'ailleurs : The bicameral mind (L'esprit Bicaméral en VF) et ce n'est pas un hasard.

La bicaméralité est une hypothèse controversée développée par le psychologue américain Julian Jaynes dans son ouvrage La naissance de la conscience dans l'effondrement de l'esprit [bicaméral] (1994, édition originale 1976).

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Cette théorie propose que l'esprit humain, avant d'être conscient, était divisé en deux parties, l'une qui « parlait » et l'autre qui écoutait et obéissait. Jaynes suggère que l'esprit bicaméral était encore le fonctionnement de l'esprit humain répandu un millénaire av. J.-C.

La conscience est-elle indispensable ?

Pour montrer qu'il est possible d'imaginer un être humain sans conscience, Jaynes rappelle le « peu de conscience que nous avons de notre action quotidienne ». Il explique que la conscience n'est pas nécessaire aux concepts, à l'apprentissage, à la pensée ou encore à la raison. Il en conclut que « la conscience ne modifie pas tant que cela beaucoup de nos activités » et qu'« il est parfaitement possible qu'il y ait eu une race d'hommes qui parlaient, jugeaient, raisonnaient, résolvaient des problèmes, faisaient, en un mot, la plupart des choses que nous faisons, mais qui n'étaient pas conscients du tout »

L'esprit bicaméral

Se référant à L'Iliade, dont il situe l'écriture vers 900 ou 850 av. J.-C., soit quatre siècles après les événements relatés, Julian Jaynes note que le texte ne comporte « en général, [...] pas de mots se rapportant à la conscience ou à des actes mentaux ». Il remarque que dans toutes les situations critiques, les personnages sont influencés par l'intervention des dieux, qui s'adressent à eux et leur parlent. Interprétant ces faits littéralement, il suppose que des voix étaient réellement entendues par les humains, qui les considéraient comme des voix divines.

« L'homme de l'Iliade n'avait pas la subjectivité que nous avons. Il n'avait pas conscience de sa conscience du monde, pas d'espace mental intérieur pour pratiquer l'introspection. »

Julian Jaynes décrit le fonctionnement de l'esprit bicaméral ainsi :

« La volition, l'élaboration, l'initiative s'organisent sans aucune aide de la conscience et sont ensuite « transmises » à la personne dans la langue qu'elle connaît, parfois accompagnées de l'apparition d'un ami intime, d'une figure d'autorité, d'un dieu ou parfois sous la forme de la seule voix. La personne obéissait à ses voix, entendues dans les hallucinations, parce qu'elle ne « voyait » pas ce qu'elle devait faire toute seule. »

Jaynes attribue l'esprit des dieux à l'hémisphère non dominant du cerveau (l'hémisphère droit pour la plupart des gens), et l'esprit des hommes à l'hémisphère dominant.

Le psychologue trouve des résurgences de cette organisation chez certains schizophrènes qui entendent des voix s'adresser à eux. Il tente ensuite de justifier sa théorie en explorant les connaissances en psychologie, neurosciences acquises grâce à l'étude de cas de lésions au cerveau, et se réfèrent à de nombreuses publications.
(source wikipédia)

Tout ceci nous renvoie aussi à cette fameuse scène de la série (dernier épisode de la première saison) où Robert Ford montre à Dolorès un célèbre tableau de Léonard de Vinci : La création d'Adam

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Dans ce tableau que l'on peut trouver (dans la réalité) dans la chapelle Sixtine, l'homme communique avec Dieu mais un jour, un scientifique américain (Frank Meshberger) remarqua que la partie du tableau correspondant à Dieu rappelle fortement un cerveau humain. Michel Ange aurait ainsi laissé paraître son gout pour l'anatomie humaine lui qui en plus de peintre était aussi médecin, sculpteur, architecte ... En tant que médecin il disséqua plusieurs cadavres à Florence et à Rome.

Le Dr. Meshberger exposa sa théorie dans le Journal of the American Medical Association en 1990.

D’après ses observations, la partie montrant Dieu représenterait, de façon inéquivoque, les différentes parties du cerveau humain.
La cape rouge délimiterait sa forme, tandis que les chérubins suggèrent ses circonvolutions.
( source : doctissimo )

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ce décryptage du tableau à la façon de Meshberger nous suggère que Dieu n'est finalement qu'une représentation créée par l'Homme à l'intérieur de son cerveau ;

"L'essence humaine n'est due aucunement à un être supérieur ! c'est l'esprit de l'Homme qui l'engendre" (Robert Ford)

les voix divines que nous entendons sont en réalité les nôtres et que nous avons un libre arbitre dont nous devons prendre conscience en dépassant cette vision : L'idée est que jadis (par exemple dans un certain passé préhistorique) l'homme entendait des voix dans sa tête qu'il pensait divines et qui lui dictaient de faire telle et telle action. Un peu plus tard, sa conscience plus développée émergea et c'est ce qui arrive aussi aux robots dans le parc.

On peut d'ailleurs remarquer aussi que dans la série, certains robots eux-mêmes pensent entendre des voix divines ; C'est aussi toute l'idée qui transparaît dans le nouveau scénario de Robert Ford à travers le personnage de Wyatt, un soldat devenant fou commettant des massacres et disant entendre des voix divines lui ordonnant de les accomplir. Derrière toute fiction, il y a une part de réalité, comme le dira Ford lui-même et on apprendra que cet énigmatique Wyatt est en réalité Dolorès elle-même, le massacre ayant bel et bien eu lieu (et par elle !) à l'époque où Arnold voulut en finir avec tous les hôtes avant de provoquer son propre suicide indirect par Dolorès !! Une version de Dolorès alors non encore pleinement consciente, une version "bicamérale", pourrait-on dire, encore un peu primitive, comme nos ancêtres lointains humains, si on se réfère à la théorie bicamérale de Julian Jaynes.

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Sous bien des aspects les androïdes de cette série sont un miroir de nous-même, humains, et à travers eux la série parle en fait de nous ! des fonctionnements complexes de notre conscience, de notre rapport au libre arbitre, au MOI.

Robert Ford dira d'ailleurs (nous comparant aux robots du parc) :

" Nous vivons dans des boucles aussi serrées et aussi occluses que nos hôtes, en questionnant sans cesse nos choix, satisfaits pour la plupart d'entre nous de se voir dicter notre prochaine action "
(Robert Ford, épisode 6)

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Re: Westworld - Les allusions et références dans la série

Messagepar phoenlx » sam. avr. 17, 2021 1:14 am

Analyse du générique de la série

Pour continuer ce topic je voulais aborder le générique de la série réalisé par le studio Elastic et sur lequel il y a beaucoup à dire. IL est extrêmement chargé en symbolique de toute sorte, avec là encore des allusions à l'homme de Vitruve (de Léonard de Vinci) , des allusions au célèbre tableau de Michel Ange (La création d'Adam), évoqué plus haut, mais aussi des petits parallélismes avec Ghost in the shell (le film d'animation de Mamoru Oshii), des allusion au mythe grec d'Icare se brûlant les ailes en essayant de voler vers le soleil (comme on peut le voir en parallélisme dans la version "saison 3" du générique avec le rapace volant vers la source de lumière et dont les ailes se désintègrent .. )

Mais pour l'analyse détaillée détaillée concernant le générique je vous renvoie sur ce topic séparé (avec plein d'images et captures à la clé !

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Re: Westworld - Les allusions et références dans la série

Messagepar phoenlx » dim. avr. 18, 2021 12:17 am

Je viens de lire sur youtube un commentaire très intéressant sur le comportement de Dolorès, et la thématique de la liberté dans la série (notamment au regard de la saison 1 et 2) ; L'internaute remettant notamment en question une idée (souvent évoquée lorsqu'on commente westworld) que les humains viendraient dans le parc que pour faire le mal, car ils sont libres de le faire et non jugés. Or déjà on peut voir que tous ne font pas du mal aux robots, et l'internaute ici dans son commentaire compare (ce qui est fort juste) l'expérience Westworld à un MMORPG en réel ; or on sait que dans ce type de jeu ce qui compte c'est aussi souvent l'expérience, l'aventure, le plaisir de la découverte d'un monde en soi, plus que juste assouvir des pulsions et des vices en tuant des personnages non joueurs (PNJ, assimilés ici aux robots évidemment)

Mais avant d'en venir au commentaire de cet internaute, je partage la vidéo youtube en question, qui nous parle ici du rapport de la série au thème de la liberté (source de la vidéo : la chaine PHILOSOPHIA)



et maintenant le commentaire de A88Miles
A88Miles a écrit :Personnellement l'idée que les visiteurs humains viennent à Westworld seulement pour assouvir leur désires morbides et sexuels seulement car ils sont libre de faire ce qu'ils veulent sans aucun jugement, je ça trouve assez dérangeant et erroné. C'est juste regarder les choses en surface.

Dans un premier temps il faut penser que Westworld ressemble beaucoup à un MMORPG grandeur nature dont les PNJ sont des robots plus vrais que nature. La grosse différence avec un MMORPG sur PC ou console, c'est que notre personnage est soit même et qu'on n'est pas limité par les codes du jeu (et qu'on ne gagne pas de points d'expérience ou de niveaux pour notre personnage). Et l'un des principal intérêt d'un MMORPG c'est de pouvoir vivre une aventure dans un univers imaginaire hors de la réalité, les joueurs viennent très peu seulement pour tuer gratuitement des mobs (qu'ils jouent un personnage héro ou méchant, il y a toujours un but).
La série met très peu en avant le côté aventure du parc (même s'ils parlent souvent de scénarios) et met surtout en avant la cruauté des humains envers les hôtes, comme si l'être humain était de nature psychopathe.
Hors on oublie que pour les visiteurs du parc, les hôtes sont sensés être des PNJ codés et programmés pour interagir de manière réaliste avec eux et non des êtres vivants capables de réflexion et surtout de souffrance. Il s'avère qu'en réalité ces hôtes/PNJ ont développés une conscience, qu'ils sont capables de réfléchir et surtout de souffrir, et pour ce dernier points même s'ils sont régulièrement réinitialisés, la souffrance semble réelle et non simplement simulée, mais ceci les visiteurs humains n'en ont pas conscience et s'ils en avaient conscience leur comportement envers les hôtes pourrait être très différent. Bref ce qui les poussent à être cruels, c'est surtout l'ignorance ou l’inconscience et non la liberté de pouvoir faire ce qu'ils veulent sans aucun jugement. Ce que Dolores ou William ne semblent pas comprendre. D'ailleurs j'aurais bien aimé que quelqu'un puisse essayer de faire comprendre à Doroles ce détail qui n'est pas insignifiant (ça lui aurait peut-être évité de se comporter comme une terminatrice sans âmes ni scrupules envers les êtres humains).

Ce n'est pas vraiment le sujet principal de la vidéo, mais je trouve pas mal d'en parler. Par-contre est-ce vraiment agir comme des robots lorsque notre but est de prendre du plaisir à jouer à un jeu ou une simulation dont nous croyons que tout est factice ?


Qu'en pensez-vous ? en ce qui me concerne je trouve que cet internaute a raison, mais je pense que justement, on a un peu ce cas de figure ou des humains (par leurs comportements plus empathiques) arrivent à "adoucir" la révolte d'un robot, même si ce n'est pas vraiment dans certains dialogues : c'est un peu ce qui se passe dans la série avec Félix et Maeve je trouve ; on voit que Maeve n'évolue pas comme Dolorès, et c'est probablement car elle a ressenti du bon chez certains humains comme Félix. Là où Dolorès devient une machine à tuer probablement car elle a surtout ressenti le mal de certains visiteurs. En gros, le hasard a fait qu'elle a eu de plus mauvaises expériences, et ceci induit son parcours. Mais je suis d'accord avec lui qu'il aurait été bien d'avoir le genre de dialogue qu'il évoque où un humain tente de faire comprendre à Dolorès que si les humains agissent mal, c'est souvent et avant tout parcequ'ils ne sont pas conscients de la conscience des robots !! Il aurait été bien d'avoir un dialogue entre Félix et Dolorès sur ce thème par exemple, voire entre un visiteur autre, comme william jeune (mais resté bon) et elle. Mais en voyant ce que William est devenu je pense qu'elle a perdu toute foi en l'humanité .. ou presque. car en fin de saison 3 on peut voir finalement que c'est beaucoup plus nuancé !! (cf petit dialogue avec Maeve avant que ses souvenirs soient totalement effacés)
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Re: Westworld - Les allusions et références dans la série

Messagepar Scarabéaware » dim. avr. 18, 2021 1:59 pm

Alors, en ce qui concerne la réflexion de cette internaute je me dirai partiellement d'accord, voir pas vraiment même s'il faut bien admettre que c'est en faisant connaissance avec des personnes qui peuvent provoquer un adoucissement qu'il y a de quoi voir le bon fond de l'être humain et considérer que tout n'est pas mauvais. Maeve aura eu de quoi prendre un autre chemin, nous avons un grand contraste avec Dolorès, c'est vrai mais Maeve c'est aussi une mère avec le combat qu'elle mène pour retrouver sa fille et elle pourrait très bien aussi vouloir se venger du fait qu'on lui ait retirer sa fille pour être replacée ailleurs, connaître un autre scénario tout en faisant la part des choses ceci dit. Mais bon faut bien qu'il y ait du contraste et elle nous avons plus de quoi percevoir l'attachement maternel qui la pousse, lui sert d'objectif même en ayant eu d'abord un renoncement, elle n'est aucunement libérée de son affect. Et c'est important à signaler quand on parle de liberté, une mère n'est jamais vraiment libre de ses sentiments, à part si c'est une mère indigne qui ne vaut rien. L'amour filiale est sa chaîne, pour autant elle a aussi de quoi aller de l'avant quelque part.

Maintenant concernant Dolorès qui n'a pas eu la même expérience que Maeve et forcément aura eu de quoi se radicaliser, faut aussi voir qu'il y a tout de même une part de volonté de Ford dans ceci pour la conduire à accomplir quelque chose qu'il désirait aussi d'elle. Nous avons pu quelque peu percevoir ça, mais il n'empêche que nous avons une libération dans la mesure où il voulait faire en sorte que les hôtes puissent être libre. Après on peut reprocher son comportement par rapport à des victimes plus innocentes si on peut dire, en tout cas moins coupables que d'autres, elles sont des dommages collatéraux comme dans toute guerre. Pour autant le fait que d'autres personnes soient meilleures par rapport à celles qui sont des crapules ayant de quoi forger la haine ne veux pas dire que tout le monde il est beau il est gentil, qu'il faut avant tout s'illusionner face au bon parce que c'est trop bien de tuer et se de venger, c'est maaaaaaaaaaaaal. Dolorès elle a de quoi se prendre une part de vérité dans la gueule et devenir un symbole de libération, ceux là faut bien qu'ils se sacrifient pour les autres afin de faire bénéficier d'un autre statut, connaître la douleur est aussi de quoi mener à une grande conscience, la conscience se forgeant le mieux dans la douceur plus que le luxe et l'opulence, la douceur. Puis quand même dire que les visiteurs ont pu agir de mauvaise manière sur les hôtes parce qu'ils n'étaient pas conscient que la douleur n'était pas simulé ça a quelque chose de naïf, quand on veux se déchainer, du moment que ça n'a pas spécialement de conséquences on peut facilement se la jouer American Psycho ou tout autre psychopathe que l'on veux lol. Après on peut avoir des visiteurs qui auraient évité de faire du mal en ayant l'impression que ce n'était pas vraiment du jeu, mais on aussi ceux qui ont de quoi s'en foutre, tout comme ils peuvent s'en foutre des dégâts qu'ils peuvent causer sur le peuple de part leurs actions de riches :mrgreen:. Aussi Dolorès à de quoi faire figure d'élue d'une révolte nécessaire dans la mesure où il faut forcément de la violence pour modifier une situation problématique, corriger un bug dans la matrice afin de revenir à une meilleure situation quand nous avons du parasitisme plus que de la symbiose...On a pas seulement de la perte de foi en l'humanité d'ailleurs, parce que l'humanité elle a voulu finalement la libéré d'une oppression et se venger de ce que des riches ont pu faire :mrgreen:. Le problème c'est de provoquer en conséquence du chaos mais ça c'est tout le problème du soulèvement, nous avons une nécessité d'agir pour solutionner un problème sauf qu'il faudrait pouvoir aussitôt encadrer l'humanité direct avec du meilleur plutôt que de laisser le bétails faire n'importe quoi. Mais bon voila, autant on peut émettre une critique sur les actions violentes avec le bordel que ça peut produire, autant il y a des besoins de sacrifice. Par contre attention à une éventuelle déviance qui mène un peu trop loin, ceci étant dit c'est pas moi qui désapprouverai l'idée d'une extermination de l'humanité à la Skynet tellement l'être humain désireux de liberté est un danger pour lui même à ne pas vouloir se plier à des utopies qui seraient meilleures pour lui et qui sont considérées comme des dystopies. Enfin bref, pour en rester sur Dolorès, on peut pointer du doigt l'expérience qu'elle a eu et qu'elle n'ait pas connu de personne pour l'adoucir (enfin si Caleb, il aura été symbole d'être humain meilleur) mais elle ne sera pas réfugié, caché derrière le doudou de l'homme au bon fond pour faire dans un rassurisme confortable qui évite de trop s'empoisonner l'existence en voyant la réalité en face, sauf qu'il faut bien s'y confronter, surtout dans certaines situations et ne pas se mentir, être hypocrite avec soi même et les autres :siffle: :siffle: :siffle:.

Bon puis sinon quand à la vidéo sur la liberté, c'est intéressant par contre y a de toute de façon de quoi entre remettre en cause le libre arbitre, nous avons la possibilité de faire des choix bien sur mais ils sont limités et assujettis aux limites de notre monde. Même en s'extirpant d'une matrice on peut entrer dans une autre et ainsi de suite, à la rigueur fuir le moule sociétal est faire preuve d'un libre arbitre mais pour autant on ne se départit par d'absolument tout. Nous avons toujours quelque chose qui nous tiens, bien entendu faut pas se libérer de la morale non plus nous avons toujours quelque chose qui nous influence je dirais et dirige nos décisions influencées par ce qui nous entoure. Le mieux c'est encore la possibilité de se dématérialiser pour ne plus avoir la limite corporelle et s'insinuer en tout comme bon nous semble, maintenant ça c'est une autre affaire :lol:. Mais on a plus libre que l'essence divine qui peut se trouver en toute chose tout en répondant cependant à des règles physiques. Après on a de la part de libre arbitre mais le libre arbitre c'est comme un démiurge, nous avons une tendance à l'imperfection, au final tout ce qu'on peut faire c'est être en quête d'une liberté qui peux nous convenir, nous donner une illusion que notre vie nous appartient mais sans que ça le soit totalement. Il vaut mieux un cadre de toute façon mais en ayant de quoi être dans une situation de bien être, après ce bien être faut aussi savoir faire quelques petites acceptations comme la sécurité :mrgreen:.

Autrement à part ça, un petit mot sur l'ensemble des allusions, je rajouterai pas énormément plus finalement, t'as largement bien brosser par mal d'éléments que l'on peut faire ressortir parmi le contenu que nous avons et sur lequel nous avons émis pas mal de réflexions au cours de nos visionnages. En prime tu fais une très bonne recontextualisation par rapport au premier film et à Michael Crichton, il est aussi pas mal de noter que nous le clin d’œil au personnage incarné par Yul Brynner en flouté à un moment dans l'entrepôt, c'est impeccable. Bref, très bien, sinon moi j'ai Skyrim parmi les jeux vidéos que je possède, faudra que j'y joue un jour mais les robots encapuchonnés ça y fait bien penser et puis Red Dead Redemption, celui-là faudrait que je m'y remettre et profiter pleinement du jeu comme il faut. Enfin voila, tout ceci à de quoi nous faire une belle synthèse déjà :D.

Sinon je pensais à l'évocation de Orion à un moment mais il faudra que je revois à propos, en tout cas, ça peut être un peu développé même si ça aura limite fait fonction de faux indice, nous avons malgré tout ceci à relever.
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