Comme tous les auteurs de fiction, George R. R. Martin a été influencé par diverses oeuvres de fiction ou faits historiques. Certaines sont avérées, reconnues de l'intêressé. D'autres qui vont suivre ici sont purement hypothétiques, car défois, les ressemblances entre une oeuvre de fiction et une autre sont fortuites, du fait d'influences communes ou juste de thématiques similaires.
Je vais entreprendre ici de détailler certaines des influences et références perceptibles dans l'oeuvre de fiction qu'est le Trône de Fer/Game of Thrones.
DANS LA FICTION:
Tolkien
Bien évidemment, nous sommes obligés de commencer par le meilleur .
Martin a cité Tolkien comme l'une de ses principales influences. Dans les faits, cette influence est peu perceptible au premier abord, et s'apparente pas mal à de simples clins d'oeil sujets à caution et à interprétation personnelle. De loin, l'influence de Tolkien est la moins apparente, la plus subtile:
-Valar Morgulhis est ainsi clairement un clin d'oeil linguistique à Tolkien, renvoyant aux Valars et Minas Morgul.
-Dans une certaine mesure, Samwell Tarly, alias Sam, évoque par certains aspects Samsagace Gamegie, alias Sam.
-Daeron est le nom d'un personnage bien connu des lecteurs du Silmarillion:
« Et on dit qu'à ce moment Daeron, le ménestrel de Thingol, quitta le pays et on ne le revit plus. C'est lui qui faisait la musique des chants et des danses de Lúthien avant l'arrivée de Beren, il l'avait aimée et avait mis dans sa musique tout ce qu'il pensait d'elle. Ce fut le plus grand des bardes chez les Elfes à l'est de la mer, précédant même Maglor, le fils de Fëanor. » Le Silmarillion - Quenta Silmarillion - Chapitre 19
Hors, ce nom est utilisé pour plusieurs personnages dans l'oeuvre de Martin. 5 Targaryens portent ce prénom, pas moins!
Mais plus troublant, il existe un Dareon - inversion des lettres! - qui dans les livres - pas dans la série tv donc - est une jeune recrue de la Garde de Nuit qui est surtout un ancien apprenti chanteur. Il sait également jouer de la harpe, du violon et compose des chansons. Il est réputé pour sa belle voix qui est qualifiée par mestre Aemon de « foudre enrobée de miel ».
-Dans Game of Thrones, il est question de "zomans" qui sont des individus ayant le don de s'introduire par la pensée dans l'esprit d'un animal et de guider ses actions. Bran en est un.
Cependant, ce terme est une retranscription de "Warg". On pourrait faire un parallèle avec les Wargs de Tolkien, quoi qu'il peut s'agir d'une influence nordique commune aux deux auteurs: ainsi, Un vargr (ou warg/varg) est, dans la mythologie nordique, un loup et désigne plus particulièrement le loup Fenrir et ses fils Sköll et Hati.
-Tyrion peut être lié - très hypothétique - à la Tirion de Tolkien. En revanche, il est clair que le surnom employé à un moment dans les livres par le nain pour passer incognito, Hogo Colline, renvoie à un certain Soucolline, surnom employé par un autre nain - euh hobbit pardon - pour des raisons de sécurité lui aussi.
-Les Autres/Marcheurs Blancs et leurs armées de spectres peuvent éventuellement selon certains aspects faire écho au Nazguls, mais c'est probablement assez fortuit. Le verredragon qui seul peut blesser les Marcheurs Blancs peut faire parallèle avec les lames numenoréennes, mais c'est assez maigre je vous l'accorde.
-Enfin, bien que je sois persuadé qu'il n'y aucun lien réel, il est amusant de remarquer que Tolkien et Martin ont tous les deux déguisés une femme en homme ( Eowyn et Arya), deux héroïnes "qui en ont" et qui n'entrent pas dans le moule dans lequel une société de type médiéval traditionnelle les enfermerait normalement.
Plus interessant est ce qui différencie sciemment Martin et Tolkien. Ainsi, Martin a expliqué qu'il pensait que beaucoup d'imitateurs de Tolkien écrivaient du « Disneyland moyenâgeux » sans saisir la véritable brutalité de l'époque médiévale. Le roman historique lui apparaissait comme beaucoup plus réaliste et moins lisse et le fascinait par les possibilités dramatiques qu'offrent des contrastes comme le concept de chevalerie coexistant avec les horreurs de la guerre et les immenses châteaux s'élevant au-dessus de misérables masures. Toutefois, le problème de la fiction historique est que les lecteurs avertis connaissent par avance le dénouement de l'histoire alors qu'un monde et des personnages inventés peuvent attirer plus d'empathie et accroître le suspense. Martin a donc mélangé le réalisme du roman historique avec le côté surnaturel de la fantasy, tout en réduisant l'importance de la magie au profit des batailles et des intrigues politiques.
Tad Williams
Tad Williams est aussi cité par Martin comme l'une de ses influences.
Robert Paul Williams, dit Tad Williams (né le 14 mars 1957 à San José) est un auteur américain de romans de science-fiction et de fantasy. Il est notamment l'auteur des cycles L'Arcane des épées et Autremonde.
Il eut une enfance sans histoire, puis est devenu chanteur et parolier d'un groupe rock, illustrateur et cartooniste, présentateur de radio et de télé, employé d'Apple et fondateur d'une compagnie de production de télé interactive. C'est à vingt-cinq ans qu'il commence à écrire La Ligue du Parchemin.
Il a écrit aussi La Guerre des fleurs, et qui se place dans une réalité parallèle où vivent créatures féeriques en tout genre.
Je ne peux hélas me prononcer à son sujet, je ne connais pas son oeuvre
Les Rois Maudits
Les Rois Maudits de Maurice Druon constituent selon Martin l'une de ses sources d'inspiration majeure.
Il s'agit d'une suite romanesque historique basée sur la malédiction qu'aurait prononcée sur le bûcher le grand-maître du Temple Jacques de Molay, à l'encontre du roi de France Philippe IV le Bel, du pape Clément V, de Guillaume de Nogaret, et de leurs héritiers et successeurs pendant treize générations.
Les romans racontent, en partant de la conclusion de l'affaire du Temple, l'histoire de la succession de Philippe le Bel au trône de France : les tribulations de ses successeurs Louis X le Hutin, Philippe V le Long, Charles IV le Bel et les premiers Valois, avec leur entourage de vassaux, de conseillers et de financiers.
Au début du XIVe siècle, le roi Philippe le Bel, réputé glacial et majestueux, règne d’une main de fer sur la France. Sous son règne, « la France est grande et les Français malheureux ». Philippe le Bel a trois fils et une fille :
Louis, dit Louis le Hutin, héritier du trône ;
le comte Philippe de Poitiers, homme sage et pondéré ;
Charles le Bel, surnommé « l'oison » en raison de sa faible intelligence ;
Isabelle de France, mariée à Édouard II, roi d’Angleterre.
Ainsi tout semble aller pour le mieux, puisque la descendance est apparemment largement assurée, et que de plus un rapprochement entre la France et l’Angleterre est assuré grâce au mariage d’Isabelle.
Cependant, de la découverte de l'adultère des belles-filles du roi jusqu'à la revendication du trône de France par Edouard III d'Angleterre, en passant par les intrigues des membres de la famille royale, bien des péripéties vont finir par aboutir à déclencher la guerre de Cent Ans.
Parallèlement à cela, un conflit agite l’Artois. En effet, un fait inhabituel est survenu dans la famille du comte : Philippe d’Artois est mort du vivant de son père, le comte Robert II. Quand ce dernier meurt à son tour en 1302, la question de la succession se pose : est-ce le fils de Philippe, Robert III, ou la tante de ce dernier Mahaut, fille cadette de Robert II, qui doit lui succéder ? L’affaire est portée devant la justice royale et le roi Philippe le Bel donne raison à Mahaut. Néanmoins Robert ne lâche pas prise.
Druon bâtit sa trame sur l'histoire réelle, sur les légendes promues réalités historiques et sur les personnalités de l'époque, de 1314 jusqu'aux débuts de la guerre de Cent Ans. Il raconte en filigrane l'épopée de Robert d'Artois qui cherche à récupérer son comté, et la romance de Marie de Cressay avec Guccio Baglioni.
Il y eu deux adaptations pour la télévision de cette oeuvre:
une en 1972, la plus célèbre, avec Jean Piat dans le rôle de Robert d' Artois et Hélène Duc dans le rôle de Mahaut d' Artois, et une plus récente, en 2005, avec Phillipe Torreton dans le rôle de Robert d' Artois, Jeanne Moreau dans celui de Mahaut d' Artois et Gérard Depardieu dans le rôle de Jacques de Molay.
Il est passant amusant de remarquer que depuis le succès de Game of Thrones, les Rois Maudits sont, en magasin, désignés comme "la saga ayant inspiré Game of Thrones" pour augmenter ses ventes
DANS NOTRE HISTOIRE
Grande-Bretagne et Empire Romain
Si on devait faire une comparaison entre notre monde et celui de Martin,, on pourrait faire remarquer que dans un certain sens, Westeros, le continent imaginaire dans lequel se déroule la majeure partie de l'histoire, rappelle un peu l'Angleterre
Le Mur, ce colossal mur de glace protégeant la frontière nord de Westeros est directement inspiré d'ailleurs du mur d'Hadrien, que Martin a visité, même si la taille et la longueur du mur ont été augmenté pour répondre aux exigences de la fantasy
En parlant de Rome, certains estiment que l'empire détruit de Valyria se rapproche de l'empire romain
Moyen-Âge
Martin s'est amplement documenté sur l'histoire, l'habillement, la nourriture et les tournois médiévaux pour donner des bases réalistes à ses livres et aurait toujours auprès de lui plusieurs bibliothèques de livres sur ces sujets ( ce mec est génial parfois ).
Comme nous l'avons vu avec Les Rois Maudits la guerre de Cent Ans est une de ses sources d'inspiration.
Faisons donc un bref rappel des faits, épaulé en cela par tonton wikipédia:
La guerre de Cent Ans est un conflit, entrecoupé de trêves plus ou moins longues, opposant de 1337 à 1453 la dynastie des Plantagenêts à celle des Valois, et à travers elles le royaume d'Angleterre et celui de France.
Au début du XIVe siècle, trois axes de tensions favorisent son émergence : la « grande dépression médiévale », théorisée par Guy Bois (crise démographique conjuguée à une stagnation économique du fait de l'alourdissement de la pression fiscale seigneuriale), les constants affrontements entre Plantagenêts et Capétiens pour la souveraineté et le contrôle des fiefs de Guyenne et, enfin, le conflit dynastique pour la couronne de France qui naît en 1328 à la mort de Charles IV, dernier fils de Philippe IV.
La guerre connaît plusieurs phases. L'Angleterre remporte d'abord de nombreuses victoires, avant que la France ne reprenne l'ascendant à partir de 1364 ; en 1378, les Anglais ne contrôlent ainsi plus que quelques villes sur le continent. À compter de 1380, l'affaiblissement du pouvoir royal, conjugué à un contexte économique difficile, conduit à une période de guerre civile dans les deux pays, situation dont le royaume d'Angleterre est le premier à sortir. Henri V d'Angleterre profite alors de la folie du roi Charles VI de France et de la guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons pour relancer le conflit. Fort de son alliance avec les Bourguignons, il obtient la couronne de France pour son fils Henri VI par le traité de Troyes de 1420. Cependant, le sentiment national naissant et la modification des circuits économiques rendent difficile le maintien des Anglais en France. En 1429, en renforçant la légitimité de Charles VII, l'action de Jeanne d'Arc est décisive. Six ans plus tard, celui-ci conclut la paix d'Arras avec le duc de Bourgogne ; les Anglais sont dès lors inexorablement repoussés et ne contrôlent plus en 1453 que Calais sur le continent, la paix étant signée en 1475 (traité de Picquigny).
Sur le plan démographique, les batailles ont fait peu de morts en dehors de la noblesse, mais les pillages ont eu des conséquences néfastes sur les populations civiles. Du point de vue militaire, cette guerre marque une rupture, avec le déclin de la cavalerie au profit de l’infanterie et l'apparition de l’artillerie. Elle a également des conséquences économiques, l'augmentation des prix favorisant le commerce à longue distance, et religieuses, avec le Grand Schisme d'Occident qui oppose les papes de Rome et d'Avignon. Elle aboutit à une affirmation du sentiment national, la rivalité franco-anglaise n'étant plus dorénavant seulement issue d'un conflit dynastique. De la même manière, la mutation du duché de Bourgogne en principauté indépendante génère un conflit de deux siècles avec les Habsbourg.
Le feu grégeois
La fin de la saison 2 et du tome 2 sont marquées par la Bataille de la Néra, qui voit Tyrion Lannister ravager la flotte de Stannis Baratheon avec du feu grégeois.
Tyrion n'a rien inventé, bien que nous pouvons saluer son ingéniosité: lors du siège de Constantinople par les musulmans en 717-1718, les Byzantins ravagèrent leurs assailants grâce au feu grégeois:
Inquisition et fanatisme religieux médiéval
Par bien des aspects, le culte R'hllor rappelle les jours noirs de l' Inquisition et des persécutions religieuses en Europe Occidentale: culte condamnant les autres au bûcher, la couleur rouge qui rappelle les inquisiteurs espagnols comme les Monty Python les ont illustré, une thématique manichéenne ...
La guerre des Deux-Roses
Il semblerait que ce conflit ai aussi beaucoup inspiré Martin, comme la Guerre de Cent Ans, pour sa Guerre des Cinq Rois.
La guerre des Deux-Roses désigne une série de guerres civiles qui eurent lieu en Angleterre entre la maison royale de Lancastre et la maison royale d'York. Cette guerre des roses liée aux droits de succession, débute en 1455 et ne prend fin qu'en 1485, quand le dernier des rois Plantagenêt Richard III d'Angleterre meurt au champ d'honneur, et qu'Henri VII devient roi. Elle apparaît aussi a posteriori comme une conséquence de la clôture de la Guerre de Cent Ans, supprimant irrémédiablement toute expansion anglaise en France et reportant la violence prédatrice des chevaliers et combattants sur eux-mêmes et leur nation.
La maison de Lancastre descendait de Jean de Gand, duc de Lancastre et 3e fils du roi Édouard III. Celle d'York descendait de son frère Edmond de Langley (1341-1402), 4e fils du roi Édouard III, devenu duc d'York en 1385.
L'emblème de la maison de Lancastre était la rose rouge, tandis que celui des York était la rose blanche, ce qui est à l'origine du nom donné a posterioi à ce conflit. --> et qui renvoient dans une certaine mesure à la maison Tyrell de Martin.
Le Black Dinner
Les « Noces pourpres », moment anthologique ayant traumatisé la moitié de la planète, sont inspirées d'un épisode de l'histoire écossaise appelé le "Black Dinner" (1440) à l'issue duquel le jeune chef du clan Douglas fut exécuté.
AUTRES:
Canis Dirus
-Dans la version originale, les "loups-garous" sont en fait appelés des direwolfs.
Il s'agit d'une référence au canis dirus, ( mot-à-mot « loup sinistre ») un canidé qui a habité l'Amérique du Nord au Pléistocène et s’est éteint il y a environ 10 000 ans. Bien qu’il soit proche du loup gris, et par conséquent du chien, il n'est pas considéré comme leur ancêtre. de plus, canis dirusétait plus gros que le loup gris en taille et en allure: il mesurait environ 1,50 m de long et pesait environ 80 kg.
Plus généralement, Martin semble apprécier la période glaciaire: les mammouths et l'ambiance générale qui règnent Au-delà du Mur évoquent bien une période glaciaire