David Lynch : The Art Life (Documentaire)

[Scarabéaware]

J'avais évoqué la sortie de ce documentaire dans le topic du réalisateur mais je lui crée finalement son sujet, on pourra en parler plus amplement après sa sortie au cinéma, le 15 février chez nous .

Je rappelle cet article qui en avait parlé suite à sa diffusion à la Mostra de Venise : http://www.rollingstone.fr/david-lynch- ... -art-life/

Portrait inédit de l’un des cinéastes les plus énigmatiques de sa génération. De son enfance idyllique dans une petite ville d’Amérique aux rues sombres de Philadelphie, David Lynch nous entraîne dans un voyage intime rythmé par le récit hypnotique qu’il fait de ses jeunes années. En associant les œuvres plastiques et musicales de David Lynch à ses expériences marquantes, le film lève le voile sur les zones inexplorées d’un univers de création totale.

[phoenlx]

ah super, tu vas aller le voir ?

[Scarabéaware]

Oui, enfin, en espérant surtout qu'il soit diffusé à Nancy

[Scarabéaware]

Je reviens de la séance, avec une seule séance par jour et une diffusion dans la plus petite salle du cinéma on peut dire qu'il y a quelque chose de vraiment intimiste d'ailleurs . Toujours est il que de documentaire sur David Lynch est plutôt intéressant, toutefois j'ai trouvé un peu dommage qu'il finisse en n'ayant pas fait une petite introspection sur l'après Eraserhead, ne serait ce qu'un petit peu, là dessus j'ai un manque mais bon, ça passe et on a déjà des éléments qui valent le détour. Son portrait est bien dressé, on revient sur sa vie d'abord bien paisible avec des parents limite parfait lol avant que ça ne prenne un autre tournant lors de leur déménagement où ils habiteront dans un endroit plus sombre. C'est donc le début de ce qui fera l'artiste qu'il est actuellement. Il y a un évènement particulier face auquel il se sera retrouvé, la vue d'une femme nue déambulant dans la rue qui se sera assise sur le trottoir et aura pleuré, de quoi troubler. Il nous évoque ce moment là où il n'aura pas su quoi faire et c'est tout ce dont il se souvient mais là on pointe un petit élément vis à vis de la folie, cette femme là même s'il ne l'évoque pas plus après l'aura quand même bien marqué et d'une certaine façon on retrouve ça dans ses œuvres après tout . La dessus entre ce genre d'anecdotes et l'histoire de son chemin de vie qui tournera d'abord beaucoup autour de la peinture on suit vraiment tout un processus. En parlant de ses peintures, qui ont certains effets d'ailleurs, il nous en est montré un bon paquet chacune avec sa particularité, c'est très atypique ça on peut le dire, à chaque fois nous avons des réalisations qui ont de quoi intriguer, qui font comme des déformations de la réalité, c'est troublant et on en beaucoup pour rappeler énormément Eraserhead en plus d'un peu ces autres films. On profite donc de pouvoir les observer rapidement, tout en le voyant par instant lui dans son lieu de processus créatif, son atelier bien rempli, on pourrait dire qu'il y a un beau bordel, le regard à de quoi vagabonder. On le voit d'ailleurs en train de créer quelque chose, on sait pas vraiment quoi mais il s'y attèle, difficile à définir ce que ça peut être. Oh et puis on a d'autres petits éléments de ci de là. Tout en évoquant son parcours, on alterne avec des photos de sa famille, des vidéos et le présent où on le voit en son atelier. On le voit pas mal fumer d'ailleurs et j'ai comme l'impression qu'il y a des effets de fait avec la fumée pour rappeler par rapport à ses films. En parlant d'effets on en a quelques autres de temps en temps, c'est vraiment pas mal, c'est à l'image du réalisateur qu'il est à nous en trainer dans toute une exploration et une réalisation mystique, la teinte est là sans pour autant qu'on aille à évoquer les films qu'il a réalisé après Eraserhead. Concernant Mulholland Drive on a juste un panneau. Dans tous les cas nous avons bien des informations, et il en viens même à dire que Eraserhead aura été l'une de ses meilleures expériences, ce avec quoi nous clôturons du coup. Il aura d'ailleurs retranscrit un brin d'atmosphère vécue en plus de vraiment nous plonger dans quelque chose de particulièrement étrange. Enfin bref, globalement donc c'est plutôt très bien, ça aurait d'ailleurs pu être encore développé, ça m'aurait pas déplu qu'on ait une petite intervention de sa fille et que Twin Peaks soit évoqué. Mais non...ce documentaire nous brosse un portrait de David Lynch qui ne fait point de promotion lol. On peut apprécier cet aspect après tout, mais c'est jamais déplaisant d'avoir une évocation de ce qui va venir.
C'est plutôt bien intéressant à voir somme toute, pour bien percevoir les expériences qui l'auront forgé et en avoir son cheminement. Un bon documentaire qui se vaut bien

[phoenlx]

Tu veux dire qu'il n'y a rien sur sa bio après eraserhead ? ça s'attache uniquement aux évènements d'avant ?

[Scarabéaware]

Oui mais c'est quand même intéressant malgré tout, à travers tout ce qu'il nous raconte de sa vie, de ce qu'on en voit, on approche plein d'éléments qui font percevoir ce qui à fait qu'il en est devenu le réalisateur que l'on connaît. Même si on explore pas l'après sur le plan de sa filmographie, on a tout de même bien des points qui font que ça vaut le coup d'être vu, on aperçoit plusieurs de ses peintures comme je disais aussi.

[phoenlx]

Bon je l'ai vu hier soir !!

C'est très ... étrange de plonger dans la vie et les passions artistiques de David Lynch !!!
Je dois dire qu'après le générique de fin, j'étais à la fois troublé, et pas tant que ça non plus quand on connait les oeuvres du cinéaste, toutes plus étranges les unes que les autres, à l'image de la vie du réalisateur finalement !

Le film est très lent, il ne plaira probablement pas à ceux qui aiment que ça bouge, pendant une heure et demi, les images nous montrent David Lynch dans son atelier, en train de .. peindre et de "faire des choses" que je ne saurais qualifier (tellement c'est bizarre ) ; Les peintures elles-même représentent des choses assez étranges, souvent malsaines et déstabilisantes à l'image de ce qu'on peut trouver dans certains de ses films (les exemples qui me viennent le plus en tête sont le film Eraserhead, ou encore l'épisode 8 de la saison 3 de Twin Peaks) quand on voit que Lynch est capable de produire ce genre d'ambiances cinématographiques, on n'est pas très étonné de le voir dessiner des .. trucs spéciaux !

Alors je suis sans doute à des années lumières de m'y connaitre assez en art pour juger, mais je dois dire que ça me laisse une impression étrange, et un passage m'a titillé, c'est lorsqu'il raconte qu'un jour, il a fait venir son père dans son atelier de Philadelphie, ce dernier lui rétorquant "David, un conseil ne fais jamais d'enfants" c'est à la fois triste, et on comprend la douleur du jeune Lynch devant l'inquiétude de son papa et sa non compréhension par rapport à son art, et en même temps je n'ai pu m'empêcher d'être un peu amusé car je dois dire que même moi (qui suis d'esprit ouvert je pense), j'ai du mal à ... comprendre ce qu'il fabrique dans son atelier Mais c'est tout le charme et le mystère des grands artistes (il y a tellement de très très grands peintres, musiciens, plasticiens que j'ai du mal à comprendre .. )

ce qui m'étonne, avec David Lynch c'est que devant ses films, la plupart du temps, je suis très sensible à son art, quand je regarde un chef d'oeuvre comme Mulholland drive, je trouve ça brillantissime, y compris pour ses scènes les plus étranges et farfelues. J'avoue que pour d'autres de ses films, c'est plus variable selon les scènes, mais ça fait cogiter, on en retient des visions, des impressions, un peu comme devant certains tableaux finalement (je pense par exemple aux surréalistes comme Dali que j'ai mis du temps à appréhender, quand j'étais plus jeune, j'aurais sans doute bloqué complètement devant des tableaux de Dali mais aujourd'hui, ce genre d'oeuvres me fascinent) Mais là ce que fait Lynch, c'est encore plus bizarre, j'avoue que ça me laisse ... sans voix

En tout cas, très bon docu si on veut connaitre un peu mieux le cinéaste, d'autant qu'il livre des anecdotes sur sa vie, et que les passages filmés dans son atelier sont entrecoupés d'images d'époque, dans sa jeunesse, images de ses parents, de lui-même (jeune), ainsi que de petites anecdotes, certaines très bizarres d'ailleurs (comme celle de la femme nue qu'il a vu se balladant dans son quartier, de nuit, un jour qu'il était enfant, on comprend que ça l'ait perturbé) j'avais déjà entendu parler de cette anecdote (par le fossoyeur je crois)

Un autre passage qui m'a titillé est celui de la morgue (qu'il voulait visiter pour ressentir l'atmosphère, et s'en inspirer) ; Pas très ragoutant encore ça !

Il revient aussi longuement sur son arrivée à Philadelphie, ville qu'il n'aimait pas, sur certains de ses habitants bizarres, voire racistes (quand ils n'étaient pas fous) et ça ne donne pas envie d'y mettre les pieds On comprend en tout cas que cette expérience à la fois un peu traumatisante pour lui (mais aussi excitante car comme il le dit, les étudiants qui étaient avec lui à son école artistiques étaient quant à eux passionnants) a du le marquer profondément, et en quoi ça a pu inspirer sans doute les ambiances que l'on retrouve dans le film Eraserhead. Film que pour ma part j'ai moins aimé que d'autres de sa filmographie, pour plein de raisons que j'avais expliqué dans le topic (je trouve ce film très malsain, dégoutant, trop déstabilisant à mon gout mais il faut lui reconnaitre au moins qu'il marque l'esprit, pas le genre d'oeuvre qu'on oublie le lendemain !!) Apparemment Lynch affectionne beaucoup ce film, encore maintenant, en tant qu'oeuvre de jeunesse qui le fera connaitre (on peut citer The Grandmother aussi)

Bon, toutes ces anecdotes je les connaissais déjà plus ou moins (pour avoir lu l'an passé un livre biographique assez court et en images sur le cinéaste) mais il est intéressant de les voir rappeler dans ce film documentaire.

A noter que le film s'arrête au moment de l'expérience d'Eraserhead. Il ne revient pas vraiment sur le film en lui-même, ses thèmes, la réception du public, et sur les films suivants. Art of Life est avant tout un film qui nous parle des débuts de Lynch, de son émergence comme artiste, comme cinéaste, de sa petite enfance, de ses années d'étude, de ses doutes, toutes ces années où il était un peu en recherche de quelque chose, avant de trouver sa voie. C'est intéressant ! Passionnant même si on adore le cinéaste (comme moi) ; Pour ceux d'entre vous qui bloquent sur ses films, je ne garantie pas que vous ne vous ennuierez pas devant, mais plonger dans les méandres de la vie et de l'esprit d'un grand artiste est toujours une expérience intéressante.

[Scarabéaware]

C'est vraiment du documentaire réservé aux fans de David Lynch de toute façon, forcément c'est pas tout le monde qui pourra le voir, on a un public bien restreint, la preuve en est que je l'ai vu dans une toute petite salle de même pas 20 places environs. La plus petite salle de Nancy quoi, un espace de même pas 20 m² quoi .

En tout cas comme tu dis avec ce documentaire sur lui, y a de quoi faire une autre plongée dans l'étrange, ça lui ressemble lol. Et j'ai bien aimé voir plusieurs de ses toiles même si effectivement c'est du malsain quand on voit ce qu'il nous peint, mais on tiens toujours une forme d'expression de la folie, c'est des visions qui ont de quoi faire un certain effet, déstabiliser, c'est ça oui.

Bon pis nous avons toutes les petites anecdotes sur sa vie, le coup avec la femme nue qu'il aura vu déambuler dans la rue, ça titille beaucoup, une évènement qui l'aura marqué et influencé ça d'ailleurs. Bref, on a plein de petites choses intéressantes, après tu parles de la biographie que t'as lu, forcément j'imagine que ça fait un peu redondance pour toi mais ça reste bon de retrouver des infos par ce biais.

Puis finalement on comprend que sa meilleure expérience c'est Eraserhead, on est beaucoup après ça et on a un petit côté frustrant sur le coup du fait qu'il n'évoque pas plus les autres films mais néanmoins on a de quoi avoir une satisfaction d'être passé par ce documentaire sur lui tout à fait titillant. On le retrouve bien dans son monde . Par contre si je me rappelle bien, à aucun moment nous n'avons d'allusion à Ronnie Rocket, ce qui aurait pu être pas mal, c'est le projet dont on a entendu parlé dernièrement et qu'il aurait pu aussi évoquer dans ce documentaire après tout. Mais bon, somme toute c'est très bien .

[phoenlx]

ah oui tiens c'est bizarre, mais à quelle époque il voulait lancer ce projet, c'était un peu plus tard non ?

[Scarabéaware]

Ben c'est peu de temps après Eraserhead quand même, c'est un projet qui a 40 ans : viewtopic.php?f=91&t=19757

[phoenlx]

oui mais c'est après du coup, j'ai l'impression qu'ils ont choisi d'arrêter le film au moment où sa carrière de cinéaste démarre vraiment en gros. Ils ont surtout voulu raconter ce qui se passe avant, sans se concentrer sur ses oeuvres. Mais je suis d'accord c'est dommage

[Scarabéaware]

Oui voila, bon pis après on a tendance à mieux connaître la suite, là on s'est plus intéressé à ce qu'on pouvait moins connaître.

[phoenlx]

oui voilà, c'est pour ça moi j'ai quand même bien aimé le voir ! ce serait bien d'avoir le même genre de biopic pour malick

[Scarabéaware]

Ouhla, oui, j'aimerais bien aussi mais je crois qu'on peut attendre encore un moment . Déjà que David Lynch n'était pas le plus à l'aise avec l'idée d'un documentaire, c'est déjà une belle chose que ça ce soit produit, Malick ça doit être encore pire, puisque lui ne se donne pas d'intérêt en plus, il met d'abord l’œuvre en avant qu'il avait dit un coup. Bon sang...mais on va croiser les doigts que ça nous arrive un jour.