Le film est pas mal, si on parvient à faire l'impasse sur le double syndrôme mollie brown=stranger things et cavill=superman ...
Comme Cavill est un acteur caméléon (après tout, passer non sans brio de Supy à Geralt en passant par Uncle c'était pas gagné d'avance) ça passe plutôt bien pour lui.
Par contre, pour ce qu'il est d'Enola ... On a tout le temps l'impression de revoir Onze dans chacune de ses scènes, et c'est franchement malaisant, d'autant plus que le bris du quatrième mur accentue le phénomène "chose étrange".
Et ce n'est pas nécessairement de la faute de l'actrice, qui assure plutôt bien finalement. Elle doit tenir tout le film sur ses épaules, donc c'est tout de même une belle performance. Certes, la revendicatrice féministe cherchant à tout prix à tracer sa propre route lui va comme un gant. Ca aide ... tout en agaçant un peu car j'ai envie de dire que trop de girl power (en ce moment) risque de finir par tuer le girl power ... Visiblement les studios et les actrices en veulent encore. Soit. Et Millie prouve que les jeunes générations suivent et qu'il n'y a pas de risque de tomber en manque de renouveau énergique.
Passé ce constat, le film est une romance iconoclaste assez classique : la jeune fille rêvant d'émancipation rencontre un jeune homme rêvant d'émancipation, et comme qui se ressemble s'assemble ... l'une va suivre l'autre partout car le sachant en danger.
Comme c'est une Holmes, forcément elle va bien vite découvrir avec nous le pourquoi du comment et nous embarque sans trop de difficulté dans son enquête. Et c'est un euphémisme car côté difficulté, à quelques exceptions près, le film parvient sans peine à nous donner l'impression que tout le monde peut être Sherlock Holmes, ou peu s'en faut.
L'exception majeure reste quand me^me qu'Enola a une mémoire au moins aussi photographique que son frère, sans doute même un peu plus d'ailleurs, et dans la séquence à laquelle je pense en disant cela, on voit ce que la production doit à Sherlock, la série contemporaine. Ou à Guy Ritchie. Ou aux deux. Bref, on a le droit aux retour sur images avec zoom sur tel ou tel élément important pour l'enquête.
Le plus décevant cela sera plusieurs des messages codés du genre Enola=alone, souvent comme ici un peu trop évidents.
Le côté enquête est donc hélas mis en second plan, derrière les velléités d'indépendance de la fugitive, à la base à la recherche de sa mère avant d'avoir un coup de foudre, qui elle aurait sans doute gagné à avoir un peu plus de scènes.il aurait en effet été intéressant pour le potentiel dramatique de la chose d'avoir des entrecoupés d'actions revenant de temps en temps sur les tentatives de la mère de renverser l'ordre établi afin de bien sûr aider à permettre à sa fille de devenir quelqu'un d'autre que ce qu'elle est censée devenir. Sans doute un beau message générationnel surtout aujourd'hui
Finalement, peut-être que la meilleure surprise du film reste Sherlock Holmes, enfin cette version de lui moins pétaradante mais toujours aussi brillante - quoique ça reste un peu poussif parfois - qui a à plusieurs reprises des envolées enquêtrices pas piquées des hannetons, entre deux sages conseils de maître à élève ... Bref, lui aussi aurait gagné à avoir plus de scènes notamment à ce qu'on le suive d'avantage dans son enquête parallèle.
En conclusion, il aurait fallu un peu moins de Brown et de Claflin, un peu plus de Cavill et de Bonham Carter, et un Guy Ritchie aux commandes et on aurait pu là voir un excellent film
EDIT : Oups, j'ai oublié de parler de Mycroft. C'est finalement un personnage des plus désagréables qu'on voit heureusement fort peu. Avec le reste de la clique aristocratique il incarne ce qu'il reste du vieux monde, on sait qu'il va devoir accepter avec eux bien des changements, et on se dit tant mieux. Il l'aura pas volé
Garçon.
"N'avez-vous donc point d'espoir ?" dit Finrod.
"Qu'est-ce que l'espoir ?" dit-elle. "Une attente du bien, qui, bien qu'incertaine, se fonde sur ce qui est connu ? Alors nous n'en avons pas."
"C'est là une chose que les Hommes appellent 'espoir'... "Amdir l'appelons-nous, 'expectation'. Mais il y a autre chose de plus profond. Estel l'appelons-nous.