Pat Garrett et Billy le Kid est un western américain de Sam Peckinpah avec James Coburn et Kris Kristofferson sorti en 1972. Le projet est passé de mains en mains avant d'échouer dans celle du réalisateur de La Horde Sauvage. Devant d'abord être réalisé par Monte Hellman, avec Jon Voight et Marlon Brando, avant que ce dernier ne soit remplacé par Robert Redford pour qu'au final Sam Peckinpah hérite du projet. Il choisit alors James Coburn pour jouet Pat Garrett. L'acteur ne lui porte cependant pas chance manifestement puisque Pat Garrett et Billy le Kid sera le deuxième film dont Peckinpah verra le montage lui échapper après Major Dundee. La MGM attendait un western violent dans la même veine que La Horde Sauvage. Hors Peckinpah leur livra un film où l'action, certes présente, n'était pas aussi violente et spectaculaire. Six monteurs s'acharneront à détruire l'oeuvre de Peckinpah qui dira lui-même à propos du film : "Ce fut ma pire expérience depuis Major Dundee.". Une version director's cut", d'une durée de 2 heures sortira alors en 1988, contribuant à rehausser le film. Enfin, en 2005, sort une troisième version éditée par la Warner d'une durée d'1h50 avec, pour le doublage français, la voix de Marc Alfos sur Pat Garrett pour diverses scènes supplémentaires.
Bref. Tant d'efforts pour quelle histoire au final ? Eh bien, comme son titre l'indique, la traque du célèbre Billy the Kid par le non moins célèbre shérif Pat Garrett. Mettant en avant la forte amitié que les deux hommes auraient partagé avant le film (légende à la peau dure), le film, dans la ligné du ton crépusculaire que Peckinpah donne à ses westerns, traite de la fin de l'Ouest Sauvage, d'un territoire autrefois libre et naturel qui souffre désormais de la main mise du capitalisme et de la propriété des grands éleveurs (Chisum en particulier), qui détruisent les grandes amitiés, choisissent du sens de la justice (comme Billy le dit, autrefois c'était lui qui travaillait pour Chisum, et Garrett était le hors la loi hors, le film (version directo'rs cut) s'ouvre sur l'assassinat de Garrett en 1909 lorsque'à son tour, il devint trop gênant pour les grands éleveurs) et font tuer les amoureux.
Garrett et Billy se ressemblent tout comme ils s'opposent, le premier choisissant de s'adapter au monde et à ses changements même si il devient plus sombre et mauvais, tandis que le deuxième préfère rester dans le passé et la beauté d'un pays qui change inévitablement, raison pour laquelle il finira abattu. Garrett partage ses opinions par ailleurs puisqu'il refuse de voir son reflet dans la glace, celle d'un homme ayant "vendu son âme" aux grands éleveurs et esclave d'un pays qui, s'il l'accepte, ne lui plaît pas pour autant. Mélancolique, violent et dénonciateur, le film entre donc parfaitement dans cette catégorie de ce qu'on appelle les "westerns crépusculaires", en étant indéniablement l'un des plus grands représentants, renforcé, magnifié qui plus est par, outre sa présence, la composition de Bob Dylan, qui se charge de la bande originale du film et qui écrit pour l'occasion sa célèbre chanson Knockin’ on Heaven’s Door, qui survient alors à chaque fois que les vieux amis s'assassinent entre eux, les uns forcés de servir la "loi" des grands éleveurs pour survivre, les seconds refusant de se vendre ; tous regrettant la tournure des événements et la nouvelle époque qui s'ouvre à eux.
Pour ma part il s'agit de mon western préféré du cinéaste, la musique de Bob Dylan aidant beaucoup et sublimant la mise en scène géniale de Peckinpah, entre cette introduction au montage et à la musique parfaits, ou cette magnifique scène où Pat Garrett, aidé d'un vieux shérif et sa femme, abat plusieurs hommes de Billy.
