Chisum est un western américain d'Andrew McLaglen avec John Wayne sorti en 1970. Il s'inspire de la guerre du comté de Lincoln, qui vit l'affrontement entre deux grands éleveurs de bétail, John Chisum et Lawrence Murphy, à laquelle participèrent notamment Billy the Kid et Pat Garrett. John Wayne incarne donc John Chisum, qui est représenté comme un homme intègre et bienveillant, très loin de ce que fut le vrai.
Andrew McLaglen, nostalgique comme John Wayne des westerns de John Ford ou Howard Hawks, a réalisé de nombreux films dans les années 60-70 à la manière de la grande époque. Chisum est de ceux-là, abordant qui plus est un épisode très connu de la conquête de lm'ouest avec la guerre entre Chisum et Muprhy mais aussi les personnages de Garrett et Billy the Kid. McLaglen en profite alors, à mon humble avis, pour livrer une métaphore sur le cinéma du western en faisant de Chisum le représentant du western américain et Muprhy celui du western européen. Là depuis pratiquement toujours, bienveillant, dépositaire des grandes valeurs et de l'intégrité morale, Chisum est celui qui, dressé sur son cheval, regarde de loin la grande plaine qui s'ouvre à lui, le regard optimiste. Muprhy quant à lui, est là depuis peu de temps, est nouveau, mais remporte dès le départ un succès immédiat en rachetant la moitié des commerces de la petite ville. Contrairement à Chisum, il n'a aucune morale, et ne se soucie nullement de la loi qu'il n'hésite pas à enfreindre (comme les héros des westerns italiens). A la fin, la figure de John Wayne se redressera à nouveau sur la colline, surplombant la vallée, toujours là, immuable contrairement à Murphy.
Ce n'est un secret pour personne, John Wayne haïssait les westerns européens, n'hésitant pas à traiter Clint Eastwood de "traître". McLaglen et lui continueront à entretenir le souvenir d'une époque que clairement tous deux regrettent, quant le western européen n'était pas encore arrivé et que des cinéastes comme John Ford ou Henri Hathaway réalisaient des chefs d'oeuvre. Je ne pense alors pas me tromper en voyant dans ce film un mépris affiché pour le western italien, enclin à la violence et à l'immoralité, qui laissera cependant toujours sa place au véritable maître du genre, le western américain, qui, comme John Wayne, son plus iconique représentant, surplombera la vallée, vainqueur et toujours maître de son domaine.
