Messagepar itikar » lun. juil. 29, 2019 2:14 pm
(je répète juste ici en la modifiant légèrement ma critique du top cinématographique 2019)
Ma première idée après avoir vu Anna a été de me dire que si Luc Besson n'avait pas repris une jolie actrice connue, c'était pour plus facilement la diriger, voire plus si affinités facilité par l'envie de la donzelle de briller.
Cela étant dit, une chose indéniable est qu'avec Anna, Luc Besson a voulu se faire plaisir en réalisant un film tout plein de ses fantasmes (sexuelles, machistes, mais aussi cinématographiques) à la Tarantino, mais sans en avoir son brio, loin de là, ce qui fait un peu tâche dans ce genre d'exercices. Il manque clairement de l'humour, même noir - il y en avait dans Léon et Nikita par exemple, pour reprendre deux films pas si éloignés d'Anna sommes toutes - mais aussi voire surtout de l'ingéniosité dans les dialogues.On a donc un film d'action-espionnage un peu à la U.N.C.L.E ou à la Red Sparrow, particulièrement plat et silencieux, sans avoir le traitement disons réaliste qui pourrait justifier l'exercice. Les rebondissements, logiques et attendus dans ce genre de film, finissent donc par lasser, au point où même le physique exceptionnel de l'héroïne ne permet pas au film de surnager.
Certes, la jolie blonde est très très belle, et ce qui ne gâte rien, exerce souvent son art de buter en déshabillé plus ou moins provocants. Mais elle peine à entrainer notre empathie, faute peut-être à la multitude de mecs qu'elle dézingue en un tour de main souvent dans une chorégraphie barbare à la John Wick, le style faussement décontracté en moins.
Anna est évidemment brillante et extrêmement intelligente, évidemment sans en avoir l'air, mais à part dans l'aboutissement classique du scénario, rien ne nous permet, même sans en avoir l'air, de constater son intelligence extrême. Loin de dispenser un flegme nonchalant ou maîtrisé à la James Bond, elle semble particulièrement paumée, maladroite et malgré sa force martiale, fragile, même quand elle est seule et non surveillée, à un moment donc où elle pourrait sans soucis briller pour qu'on puisse constater qu'elle dispose bien de plus de capacité qu'il ne le semble.
Peut-être que le pari de Besson était d'ainsi mieux nous surprendre de la sorte, mais ce pari ne pouvait qu'être perdu car on a l'habitude de ce type de trame. On savait que tôt ou tard, la fragile Anna deviendrait la manipulatrice des manipulateurs et que l'élève dépasserait ses maitres et maitresses. Pour que le tout fonctionne, il aurait fallu nous surprendre par des péripéties et/ou des jeux d'acteurs plus empathiques ou plus épique.
En fin de compte, Anna termine en disant que son manque de moral la dégoute excessivement, qu'elle en a assez de se transformer, d'inventer, de créer des personnages, des histoires, bref ... qu'elle veut juste enfin être libre de ... vivre comme tout le monde (évidemment, on bénéficie tous de l'impunité après avoir tué cent clinquantes personnes, c'est bien connu et une destinée des plus réalistes).
Suis-je bête ?! Ce film ne serait-il pas en fait juste plus que ça ? Luc Besson n'aurait-il pas ressenti lui le besoin de prendre l'actrice la moins connue possible, la plus anonyme, la plus transparente, pour tout simplement mettre dans sa bouche son propre écœurement personnel de continuer à faire du cinéma , sous entendu dans un monde et pour des spectateurs ne comprenant plus rien à son art ? En montrant en gros plan Anna zigouiller à tour de bras la crème de la crème des hommes d'action, de l'espion jamesbondesque au videur de boîte xxxl, ne nous dit-il pas tout simplement qu'il en a ... marre de donner à manger du lard à des cochons ? Serait-ce son ultime projet avant la banqueroute qu'il comprend désormais être inévitable, mais l'ayant amené à faire exprès de réaliser une quasi bouse cinématographique infâme et hors des nouveaux canons féministes de l'époque "Wonder Marvel" qu'on débute actuellement ? ... Ou plus simplement ok il a peut-être plutôt juste voulu mettre encore une jolie actrice dans son pieu.
Garçon.
"N'avez-vous donc point d'espoir ?" dit Finrod.
"Qu'est-ce que l'espoir ?" dit-elle. "Une attente du bien, qui, bien qu'incertaine, se fonde sur ce qui est connu ? Alors nous n'en avons pas."
"C'est là une chose que les Hommes appellent 'espoir'... "Amdir l'appelons-nous, 'expectation'. Mais il y a autre chose de plus profond. Estel l'appelons-nous.