Conversation Secrète (de Francis Ford Coppola)

[Somewhere]

Conversation Secrète est un film d'espionnage américain sorti en France en juin 1974 à l'occasion du Festival de Cannes, dont il recevra la Palme d'or. Le film est réalisé par Francis Ford Coppola, tout juste auréolé du succès du Parrain et qui a pu négocier la réalisation de ce projet grâce à ce succès dont il est également scénariste et producteur.

Dans la ville de San Francisco, Harry Caul est un homme très secret, dont sa seule compagnie est une jeune femme à qui il loue un appartement et qui est également sa maîtresse. Il est également un "plombier", un spécialiste de la filature chargé par des employeurs privés d'espionner et d'enregistrer les conversations de certaines personnes. En jour, il piste un couple dans un parc pour le compte d'un patron d'une grande entreprise. Cependant, au moment de remettre les enregistrements à son client, il se rends compte que l'affaire est bien plus importante qu'il n'y paraît. Harry décide alors de retravailler les bandes sonores et découvre ainsi que le couple est en danger de mort. Harry, déjà impliqué auparavant dans un pistage dont son travail a donné lieu à la mort de tout une famille, sombre alors dans la paranoïa : cet homme jusque-là totalement seul dans sa vie va alors perdre peu à peu tout ce qui lui reste.



L'acteur Gene Hackman, une des plus grandes stars de l'époque après son Oscar obtenu en 1972 pour French Connection, endosse ici le rôle d'Harry Caul, totalement à l'opposé des rôles qu'il a joué jusqu'ici. John Cazale et Robert Duvall, alias Fredo Corleone et Tom Hagen dans Le Parrain, retrouvent Coppola dans les rôles respectifs de Stan, un collègue de Harry, et du directeur de la société ayant engagé Harry Caul. Enfin, on notera la présence d'Harrison Ford dans le rôle de l'assistant du directeur pour son dernier rôle avant de devenir Han Solo trois années plus tard...



Le film a été réalisé dans un contexte post-Watergate, dont Francis Ford Coppola fut surtout marqué par l'aspect technique et la capacité de la technologie a pouvoir capter avec une précision extrême la moindre voix. Il s'inspirera énormément du film Blow-Up de Michelangelo Antonioni, dans lequel un photographe capture involontairement un indice sur un meurtre sans s'en apercevoir. Conversation Secrète influencera ensuite lui-même le Blow Out de Brian de Palma, où un ingénieur du son, témoin d'un accident qui a coûté la vie à un candidat à l'élection présidentielle, cherche à prouver qu'il s'agit en fait d'un assassinat au moyen de l'enregistrement sonore qu'il a fait de l'accident.



Le film sera nommé à l'Oscar du Meilleur film, du Meilleur scénario et du Meilleur mixage de son, mais sa principale distinction restera la Palme d'or à Cannes.

[Somewhere]

Vu il y a quelques jours, alors j'ai trouvé le film assez ambigüe, ça commence comme un film d'espionnage et ça finit comme un film psychotique, avec entre les deux une longue séquence dans une convention puis dans une petite fête qui m'a un peu sorti du film, je l'ai trouvé un poil trop longue. Au final, j'ai préféré la partie espionnage pour son montage très élaboré à la partie paranoïa, du coup sentiment assez mitigé pour ma part sur ce film.

[Scarabéaware]

Faut que je le vois aussi celui-ci tout comme Blow Up. J'avais vu par contre la proposition qu'avait fait Brian de Palma sur un tel sujet : viewtopic.php?f=765&t=24965. Tu pourras tenter aussi, par contre si tu n'adhère pas à la partie paranoïa avec la manière dont elle peut faire perdre pied, je sens que ça n'ira pas mieux . Pourtant c'est réaliste qu'on ne sors pas forcément indemne de tout ça.

[Somewhere]

Pourtant c'est réaliste qu'on ne sors pas forcément indemne de tout ça.

Oui tu verras la séquence finale est vraiment... Perturbante.

[Scarabéaware]

Je me suis décidé à voir ce film et pour ma part je dois dire qu’il m’a bien plu avec son côté descente aux enfers qui certes a de quoi trancher avec le fait de l’espionnage à la base mais tout comme Blow Out de Brian de Palma ça fait sa part de dénonciation.

Le personnage incarné par Gene Hackman effectue des missions d’espionnage en Freelance et se félicite d’être arrivé à un beau résultat avec la technique qu’il a mise en œuvre, celle-ci se faisant employée sur un couple dont on peut bien s’interroger sur le pourquoi du comment ils sont ainsi surveillés. On viendra à le découvrir, en attendant c’est de quoi bien interloquer et qu’on soit dans une mécanique de l’étude de cette surveillance qui a de quoi devenir obsessionnelle. Et il faut bien appuyer sur le fait de l’obsession mais aussi que nous avons la blague de l’arroseur arrosée ici, ce sont des éléments qui sont bien à prendre en compte, nous avons un tous sur surveillance même ceux qui surveillent . C’est de quoi instaurer un petit climat de paranoïa et finalement nous avons du final qui est pas si déconnant avec un homme qui se perd, d’autant plus qu’il a de quoi se perdre avec ses remords, nous assistons à une véritable chute de celui qui se veut un cador et ne supporte pas que l’on puisse l’espionner lui aussi.

J’aime assez la tournure que ça prends avec cette ambiance qui en découle, bien sur les espions n’ont pas de quoi tous devenir cinglés mais y a de l’obsession et de la quête qui peut rendre paranoïaque. Et l’on peut penser à certains qui sont bien paranos comme il faut avec le complotisme et s’inquiètent que nous puissions être tous surveillés. Il y a une part folie avec ça et Coppola nous en faisait une part de retranscription, on est dans la folie de recueillir de l’information à tout prix et s’évertuer à toujours plus améliorer ceci. De nos jours nous sommes dans un beau paroxysme et un beau paradoxe en même temps avec les réseaux sociaux mais qu’en même temps on ait eu la stigmatisation d’organisme comme la NSA.

Maintenant il est vrai que la scène avec la petite fête n’est pas forcément ce qu’on a de mieux senti, par contre la convention je ne dirais pas qu’elle est hors de propos tellement elle nous met face à une course à l’amélioration, c’est une convention de l’espionnage après tout. Elle a de quoi faire bizarre là au milieu et c’est pas forcément ce qu’on a de plus subtil dans la mesure où on pourrait songer à quelque chose de bien différent mais ça amène de l’eau au moulin quand à l’effervescence qui peut exister autour du renseignement. Et en ce qui concerne la petite fête on aurait pu s’en passer, c’est d’ailleurs un immense faux pas du personnage principal mais c’est aussi de quoi montrer qu’on ne peut avoir confiance en personne dans un tel domaine, la vie privée se fait torpillée en beauté. On est dans de l’illustration de double jeu et d’amusement qui peut s’avérer malsain.

Au final je trouve que ça nous fait du bon petit cru en la matière avec Coppola qui s’est intéressé à ce sujet qui aura influencé Brian de Palma en retour et que nous ayons de la source avec Blow-Up qu’il faudra que je vois également. C’est de l’œuvre qui forme une bonne petite critique à travers un tel cas de descente aux enfers, on a celui qui croit dominer une situation mais en fait ce n’est pas vraiment le cas tellement il ne tient pas toutes les ficelles. On aurait pu espérer le voir mieux s’en sortir mais ça donne une certaine leçon assez terrible, c’est une véritable fable avec sa morale et que chacun en fasse ce qu’il en veut .