Séjour dans les Monts Fuchun (de Gu Xiaogang)

Meleor
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Séjour dans les Monts Fuchun (de Gu Xiaogang)

Messagepar Meleor » dim. sept. 27, 2020 6:16 pm

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Séjour dans les monts Fuchun est un film chinois réalisé par Gu Xiaogang, sorti en 2019. Découvert à la Semaine de la critique à Cannes en mai 2019, il fit la clôture de sa 58e édition.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Séjour_da ... chun_(film)



Le destin d’une famille s’écoule au rythme de la nature, du cycle des saisons et de la vie d’un fleuve.

Au cinéma le 1er janvier 2020.


quentinmc2
il y a 8 mois
J'ai l'impression de voir Cry Me a River de Jia Zangke !


kikujirofromkyoto
il y a 6 mois
Je suis allée le voir hier, il est absolument génial. Plus qu'une critique de la Chine actuelle, plutôt un état des choses. Moi qui ai vécu en Chine deux années de ma vie, je recommande vivement cette merveille à qui souhaite en apprendre sur les coutumes et mœurs de ce pays. Rien n'est inventé.





LCDC - Les Chroniques Du Cinephile
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Chronique critique sur la sortie d'un drame familial particulièrement poignant, intense, émouvant, sincère, bref, une fresque humaine dans toute sa superbe, "Séjour dans les monts Fuchun"



Contexte

Selon les mots de son réalisateur, le titre du film fait référence à la célèbre peinture qui porte le même titre de Huang Gongwang (dynastie Yuan). Mais alors que la peinture du xive siècle évoque une vie paisible, dispersée le long des berges du fleuve, le film montre la vie de la Chine actuelle. Gu Xiaogang évoque le choc qu'il a eu en retrouvant sa ville natale totalement transformée en peu de temps avant les jeux Olympiques de 2008.

L'histoire se passe entièrement dans la ville-district de Fuyang, dans la province du Zhejiang, ville natale du réalisateur, située dans la ville-préfecture de Hangzhou, proche de la mégapole de ce dernier en passe d'en devenir un district, et en pleine reconstruction depuis le début du xxie siècle, comme tout ce qui touche à l'urbanisme contemporain en Chine. Un métro va relier les deux centres urbains et une ligne à grande vitesse va la lier à Pékin en 5 heures1. Selon les mots du réalisateur, le Temps y est le personnage central.

Image
Le Long de la rivière durant la Fête Qingming (xixe siècle).

Le film s'inspire aussi d'une autre peinture célèbre en Chine : Le Long de la rivière durant la Fête Qingming, du xixe siècle, laquelle s'inspire d'une peinture beaucoup plus ancienne qui porte le même titre, et qui date du xiie siècle, à l'époque des Song.

Le film évoque les saisons de la vie ainsi que les saisons de la nature. Les deux rouleaux présentent une multitude de personnages, bien vivants, à la différence de la peinture de Huang Gongwang. La vie qui traverse le film correspond plus à celle dépeinte sur les deux rouleaux montrant l'activité d'une grande ville, mais à des époques qui nous sont bien lointaines aujourd'hui.




Discussion entre critiques ciné en podcast sur France inter:

https://www.franceinter.fr/cinema/pourq ... ut-d-annee


Pourquoi "Séjour dans les monts Fuchun" de Gu Xiaogang est-il le grand film de ce début d'année ?
par France Inter publié le 8 janvier 2020 à 19h50

Le jeune cinéaste chinois de 31 ans, Gu Xiaogang, présente le premier volet d'une saga familiale dans la Chine contemporaine, dans lequel le spectateur assiste aux enjeux d'une transformation urbaine sans précédents. Le film a unanimement conquis "Le Masque et la Plume" qui en est sorti profondément ému.


Le film présenté par Jérôme Garcin

Voici une longue fresque présentée à Cannes, en clôture de la Semaine de la Critique. Tout commence dans un restaurant où quatre fils, les belles-filles et les petits enfants fêtent les 70 ans d’une matriarche. Victime d’un AVC, elle doit être prise en charge par les siens, mais ils sont tous endettés. Dehors, la Chine se transforme et la ville d’Hangzhou, à 200 km de Shanghai, se reconstruit, livrée à la spéculation et au libéralisme à tout crin. Tout change, sauf le long fleuve tranquille, qui coule au milieu de cette région escarpée...

C'est troublant, allez voir, courez voir, galopez voir ce film !

Pierre Murat a trouvé le film magnifique !
PM : "C'est formidable. D'abord, je trouve que l'année 2019 s'était ouverte en janvier par un film chinois qui s'appelle An Elephant Sitting Still, qui est une merveille ! Voyez-le, c'est magnifique ! Et l'année s'est terminée, il y a quelques jours, par ce film-là qui est aussi beau, totalement différent, dans le côté fresque, dans les mouvements de caméra. Il y a ce mouvement absolument génial mais qui reste discret où on prend par exemple ce couple qui marche sur la rive, avec toute une tendresse pour les personnages dont tous sont absolument magnifiquement croqués.

On a hâte de voir les deux autres qui vont suivre ! C'est vraiment l'année asiatique, c'est splendide !"

Pour Charlotte Lipinska, c'est le grand film de ce début d'année
CL : "C'est très émouvant de voir la naissance d'un cinéaste : il n'a que 31 ans. On ne connait pas du tout ce garçon et au bout de dix minutes de film, on se dit Wow ! pour la précision de sa mise en scène, le regard qu'il porte sur chaque protagoniste qui pourtant, sont nombreux puisqu'on nous présente toute la famille. Il glisse petit à petit de l'un à l'autre à l'intérieur du film sans qu'on s'en aperçoive.

C'est magnifique, cette force tranquille qui traverse le film à l'image de ce fleuve qui traverse la ville dont il est question
Les événements arrivent les uns après les autres et même s'ils sont assez dramatiques pour cette famille de classe très très moyenne, qui éprouve des difficultés d'argent, qui va devoir s'adapter au boom économique de la Chine, à cette ville en pleine mutation au milieu de la nature.

Et très étrangement, il y a une sorte de calme, de sérénité : chacun des protagonistes accueille ces transformations urbaines avec une sorte de fatalité et la famille va se recomposer en fonction de ces événements-là.

Ce qui est très beau aussi, c'est qu'on voit vraiment la différence des générations et comment la politique de l'enfant unique fait que les enfants sont les uniques dépositaires de l'avenir des parents ; combien c'est difficile pour eux puisque les parents, pour s'assurer des vieux jours un peu tranquilles, vont tout faire pour que leurs enfants aient une bonne situation. Cela passe par des mariages plus ou moins arrangés pour les filles, ou des études, un métier pour les garçons. Et que de fait, si les enfants aspirent à d'autres choses, ils sont tiraillés entre le respect qu'ils doivent à leurs parents et leurs aspirations personnelles.

C'est bouleversant, d'autant que les acteurs ne sont pas des acteurs professionnels, ce sont des amateurs, ce sont les amis, la famille du réalisateur et ils sont pourtant tous d'une justesse incroyable.

Vivement le deuxième ! C'est le grand film de ce début d'année !

Xavier Leherpeur salue la beauté absolue d'un film qui aurait pu, selon lui, obtenir la Caméra d'or à Cannes
XL : "Je suis entièrement d'accord. Même à l'intérieur du premier volet, il y a déjà des ficelles, avec du suspense, des intrigues parallèles, dotées de cette beauté absolue de la mise en scène.

On pense d'ailleurs énormément à Jia Zhangke qui, lui-même, a tourné des zones urbaines détruites par le pouvoir hégémonique du libéralisme, de l'ouverture du Parti communiste à une économie de marché, lui aussi a beaucoup utilisé le paysage urbain comme métaphore de ce qui était en train d'arriver aux populations.

Là on se dit qu'il est surdoué et en même temps, il a une personnalité telle, une espèce de sérénité de la mise en scène d'une précision extraordinaire : il filme à la fois l'ensemble du paysage urbain, la nature, et ce fleuve sur lequel on coule avec les différentes saisons. Il y a aussi les différentes intrigues de la famille puis les personnages afférents qui nous racontent vraiment le sacrifice d'une classe moyenne.

C'est passionnant comme un feuilleton, avec des rebondissements, des coups de théâtre !
C'est une mise en scène qui n’accentue rien et qui accompagne tout à l'exacte distance !

Il n'a pas eu la Caméra d'or à Cannes, mais il l'aurait méritée même si j'aime beaucoup la Caméra d'or de cette année, n'y échappez pas !"

À son tour Eva Bettan est sortie envoûtée par la mise en scène du film
EB : "Je suis d'accord avec tout ce que vous avez dit ! Cette impression que tout coule alors que c'est un film qui repose sur énormément de ruptures où on ne parle que d'argent. Il est devenu le ressort de ce monde.

Comme Jia Zhangke, à une échelle plus petite, il montre un monde qui évolue : l'immeuble dans lequel les gens habitent est en train d'être démoli et, parallèlement, on voit le fleuve qui coule et la vie qui évolue.

On voit la génération des parents qui a pris ses enfants en otage, qui se sont sacrifiés pour eux, arrivant très doucement à des désirs d'indépendance.

Il y a beaucoup de choses dans ce film et pourtant, on a l'impression que tout coule grâce à sa mise en scène
Il prend en même temps toute la vie, le paysage qui évolue, l'économie qui change, les fondements d'une société traditionnelle qui va être amenée à bouger, des personnages qui, gentiment et doucement, prennent leur indépendance sans se fâcher.

C'est un très bon metteur en scène qui fait preuve d'un grand talent de mise en scène, traduisant une harmonie totale d'un monde déchiré de toutes parts".



Bon allez je lance un sujet sur un film sorti le 1er Janvier 2020 largement considéré comme un chef d'oeuvre afin d'ouvrir en beauté un cycle chronologique des films sortis en 2020 semaine par semaine!

phoenlx
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Re: Séjour dans les Monts Fuchun (Gu Xiaogang, 2019)

Messagepar phoenlx » dim. sept. 27, 2020 6:20 pm

cool, celui-là il me tente bien
Qu'importe la destination c'est le voyage qui compte
Notre histoire deviendra légende

Scarabéaware
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Re: Séjour dans les Monts Fuchun (Gu Xiaogang, 2019)

Messagepar Scarabéaware » dim. sept. 27, 2020 6:32 pm

Ah ça a l'air beau c'est sur, que ça en ait une belle fibre. Par contre si tu le vois tu nous diras ce qu'ils mangent tiens :siffle:.
ALL HAIL PALPATINE, ALL HAIL FREEZER, ALL HEIL ZORDER, ALL HAIL EREN, ALL HAIL SKYNET, ALL HAIL BRITANNIA, ALL HAIL WILLIAM DELOS.
Venez jouer avec Bob Image.


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