Trois ans avant « James Bond contre Dr No », la série Destination Danger transpose l’univers de James Bond à la télévision sans jamais utiliser le nom de l’espion britannique. Avec et sans l’aide du créateur de 007, Ian Fleming.
Destination Danger avec Patrick McGoohan est une série britannique de 39 épisodes en noir et blanc de 25 minutes chacun – tournée en 59-60 et diffusée en 60-61 – retraçant les aventures d’un gentleman espion globetrotteur qui résout des enquêtes à cent à l’heure.
Dés le générique, le héro se présente en jetant de manière désinvolte son imper dans sa décapotable, et en démarrant sur les chapeaux de roues, avec ces termes familiers : « Mon nom est Drake. John Drake. »
Destination Danger annonce la vague des films d’espionnage britanniques qui va déferler sur le monde entier. Une série qui sera d’ailleurs royalement pillée par la saga Bond.
Destination Danger a été produite à l’origine comme une adaptation télé de l’univers de Fleming. Le producteur, réalisateur et scénariste Ralph Smart, créateur de la série, avait été approché par Lew Grade, directeur de la société de production ITC, pour convaincre l’auteur de créer une série Bond pour la télévision. Après plusieurs réunions, Ian Fleming abandonne le projet et garde les droits de son Bond. Smart, de son côté, décide d’utiliser tous les éléments développés par l’écrivain, et se contente de renommer son espion, qui devient le Lone Wolf (Loup Solitaire) titre initial de la série. Quelque temps plus tard le Lone Wolf devient John Drake et la série prend comme titre Danger Man.
Destination Danger préfigure la série des Bond dans ses moindres détails, mais le mystère reste quant à combien d’éléments qui formeront plus tard l’ADN de la saga 007 ont été imaginés par Fleming.
Les similitudes entre les épisodes de Destination Danger et les films Bond ne sont en rien des coïncidences : Ian Fleming sortira en 1960 – la même année que la diffusion de Destination Danger – un recueil d’histoires courtes « Rien que pour vos yeux ». Pour certains spécialistes de l’auteur, les cinq récits ressemblent étrangement à des propositions d’histoires pour Danger Man dont il aurait gardé la paternité après avoir quitté la série. On sait que Harry Saltzman et Albert Broccoli demandèrent à Patrick McGoohan d’incarner James Bond (forcément), et que ce dernier refusa, alors qu’il était l’incarnation exacte du personnage tel que l’imaginait Fleming. La rumeur prétend que c’est McGoohan en personne qui aurait suggéré aux producteurs de tester Sean Connery, avec qui il était ami, les deux ayant tourné ensemble le film « Hell Drivers » en 1957.
Suite au succès des films Bond, Patrick McGoohan reprendra le rôle de John Drake pour deux autres saisons en noir et blanc, de 64 à 66 avec cette fois-ci des épisodes de 50 minutes. Le personnage original de la série était américain, mais devenait pour l’occasion un agent anglais. Deux épisodes en couleurs, réunis dans une version étendue en un seul téléfilm « Koroshi » furent aussi tournés et pillés par les producteurs de Bond dans « On ne vit que deux fois ».
Source : magazine PREMIERE, Hors-série n°13, Octobre-Novembre 2020
Pour résumer, Destination Danger est une version réaliste et speedée de l’univers de James Bond (tel que montré dans les films). On va à l’essentiel (l’action), pas de temps morts ni de digressions. Mais la série ne manque pas d'élégance.
L’absence de séduction entre John Drake et les femmes qu’il rencontre lors de ses missions surprend mais cet aspect du personnage était voulu par Patrick McGoohan, de même il ne porte pas d’arme. En effet, il préfère utiliser la ruse en imaginant des plans audacieux.
La sobriété du noir et blanc convient au contexte réaliste de la série et Patrick McGoohan est absolument parfait en gentleman espion particulièrement redoutable qui mène ses missions en 24 minutes chrono.
C’est le rythme effréné de la réalisation, associé à l’aspect réaliste de l’espionnage et évidemment l’interprétation de Patrick McGoohan qui ajoute Destination Danger à mes séries préférées.
A noter que dix épisodes de la saison 1 ont été écrits ou coécrits par Brian Clemens, futur showrunner de Chapeau Melon & Bottes de Cuir. Il est également amusant de reconnaître au fil des épisodes : Loïs Maxwell (future Miss Moneypenny), Honor Blackman (future Pussy Galore), Charles Gray et Donald Pleasence (futurs Blofeld) et ... Laurence Naismith (le juge Fulton !)
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« Monsieur Drake, vous avez la réputation d’être un romantique, idéaliste et perpétuellement désireux d’affronter des dangers. »
La Saison 1 sur YouTube en V.F. avec la voix de Jacques Thébault. L'épisode 1 (sous spoiler) se déroule dans le Village du Prisonnier !
Playlist Saison 1 https://www.youtube.com/playlist?list=PLlbwnSVgu99sgCBloo_aBGf_wXCZ8IMeC
https://lemondedesavengers.fr/hors-serie/annees-1960/destination-danger-1960-1968/destination-danger-saison-1
The Danger Man Website http://danger-man.co.uk/index.asp