La Bruceploitation est le nom donné à un sous-genre cinématographique né au début des années 70, juste après la morte subite à l'âge de 33 ans de Bruce Lee, le 20 juillet 1973. Alors en pleine gloire et au début de sa carrière, il laisse orphelin le cinéma d'arts martiaux qui venait d'exploser grâce à lui. Ses quatre films où il a tourné cartonnent dans le monde (14 millions d'entrées cumulés en France en deux ans !) et les studios de Hong-Kong sont dans une impasse, ayant perdu leur acteur fétiche. Mais ceux-ci ne résistent pas à la cupidité, et ils produisent alors tout une série de films de kung-fu s'inspirant de ceux de Bruce Lee, et en recrutant des acteurs au physique proche de la star décédée, allant jusqu'à leur donner des noms de scène comme Bruce Li ou Bruce Le...
Certains studios iront même jusqu'à faire croire que le vrai Bruce Lee joue dans des films, en jouant notamment sur la confusion du public étranger, et notamment américain, en sortant en même temps dans des cinémas de quartiers les quatre vrais films avec Bruce Lee et d'autres avec un acteur lui ressemblant.
Se succéderont ainsi pendant des années Bruce Li, Bronson Lee, Bruce Chen, Bruce Lai, Bruce Le, Bruce Lei, Bruce Lie, Bruce Liang, Saro Lee, Bruce Ly, Bruce Thai, Bruce K.L. Lea, Brute Lee, Myron Bruce Lee, Lee Bruce, et Dragon Lee. Reste le cas particulier de Jackie Chan, découvert dans un (vrai) film de Bruce Lee, La Fureur de Vaincre, qui jouera aussi quelques rôles du "nouveau Bruce Lee", avec notamment La Nouvelle Fureur de Vaincre. Mais il parviendra surtout à mettre fin à la Bruceploitation, en lançant une nouvelle mode de films d'arts martiaux sur un registre plus comique. En 1978, Jackie Chan cartonne dans les films Le Chinois se déchaîne et Le Maître chinois de Yuen Woo-ping et ouvre une nouvelle ère.
La Bruceploitation n'est pas morte pour autant, elle se poursuit en faite aux Etats-Unis durant les années 80, avec des films comme Le Tigre Rouge ou Le Dernier Dragon, qui permettent de révéler de nouvelles stars du cinéma d'arts martiaux comme Jean-Claude Van Damme.
La suite de la Bruceploitation se veut plus épisodique : en 2001, le film Shaolin Soccer, une comédie hong-kongaise loufoque parodie le personnage de Bruce Lee dans son film Le Jeu de la Mort. L'acteur qui l'incarne alors, Danny Chan Kwok Kwan, y est tellement convainquant, qu'il sera choisi pour incarner Bruce Lee en 2008 dans une série d'une cinquantaine d'épisodes sur la vie de la star du kung-fu.
En 2008 toujours, le cinéma hong-kongais s'intéresse cependant de plus près à une autre légende des arts martiaux, Ip Man, le maître de Bruce Lee. Une série de film lui est consacrée (on en compte huit aujourd'hui), à tel point que l'on commence à évoquer une Iploitation. Mais comme Bruce Lee et Ip Man sont intimement liés, le personnage de Lee apparait maintenant régulièrement dans les films autour d'Ip Man.
Mis à part le cinéma, le phénomène de la Bruceploitation se rencontre aussi dans le jeu vidéo, avec notamment l'explosion des jeux de combats tel Street Fighter, où il n'est pas rare de voir des personnages reprenant des techniques et la gestuelle de Bruce Lee. Le manga japonais n'échappe pas non plus à la vague, le personnage d'Hokuto no Ken est ainsi un mix de Bruce Lee et Max Rockatansky, le héros de Mad Max.
Parmis les films les plus "marquants" que nous aura offert la Bruceploitation, on pourra citer The Dragon Lives Again, où Bruce Lee combat une pléthore d'adversaires dans les Enfers comme James Bond et Dracula et trouve des alliés inattendus comme Popeye (!).
On notera aussi The Clones of Bruce Lee, où des scientifiques créés des clones de Bruce Lee, Exit the Dragon, Enter the Tiger, où Bruce Lee demande à Bruce Li de le remplacer après sa mort. Bref, bienvenue dans la Bruceploitation, bienvenue à Nanarland !