Je pensais être le premier à créer le topic sur ce film, mais non, apparemment deux avant moi l'ont visionné ici
je m'apprêtais à le commenter pour ... le descendre ? poster une critique positive ? Je n'en sais trop rien, en fait. Un film chelou, dont je me demande encore si je l'ai aimé ou non.
Hier soir, vers minuit moins dix, je me cherchais un film à voir. Ayant vu plusieurs films de SF et horrifiques dernièrement dont le fameux Halloween de Carpenter visionné avant hier dans le contexte de Halloween, mais c'était juste pour marquer le coup vu la date - ceci dit, je suis bien content de l'avoir découvert et c'est un bon film en soi même si les slashers, ce n'est pas trop mon truc- hier soir je voulais changer d'ambiance.
Je voulais un film romantique. Quelque chose de plus léger que les monstres, les kaiju, les stephen king, l'horreur, la SF épique un peu sombre (genre de films que je cumule ces derniers temps) Je voulais des acteurs romantiques qui m'inspirent. Je cherche dans mes films, et rien ne venait. Je me disais : Bigre, je vais encore me retrouver à voir un film déprimant, mieux vaut que je regarde ma série supersentai loufoque kakurangers !
et puis à un moment par hasard, je tombe sur Perfect sense. Je me dis tiens, c'est quoi ce truc ?
je fais une recherche sur internet. Eva Green, tiens ok, cool (cependant, ... c'est pas le genre d'actrice "romantique qui m'inspire" je cherchais plutôt du Alicia Vikander, du Rachel Weisz, du Olga Kurilenko ou autre
Je vois "Ewan Mc Gregor" ... Mouais .. une romance entre les deux ? Mouais ... pourquoi pas. C'est quoi le scénario de ce machin ? Un monde où les gens perdent leur sens ? tiens, étrange. Bon allez, on va tester ce bazar ... Je met le film, il était minuit.
La voix off d'Eva Green démarre, le film commence d'une manière assez spéciale, mais j'aime bien les films qui sortent de l'ordinaire, et celui-là, je le "sentais bien" ... Une voix off féminine, on se croirait presque dans du Malick, sauf qu'il ne faut pas déconner
J'ai donc vu ce film hier soir ; qu'en penser ?
Un film étrange. Sur fond de scénario apocalyptique teinté d'une romance entre Mc gregor et Eva Green donc, l'une incarnant le rôle d'une épidémiologique, l'autre d'un cuisinier. Le personnage joué par Eva Green est plutôt déprimé, elle a tendance à être attirée par les gars un peu salopards, et les premières scènes du film laissent un peu pantois (aussi bien la belle que nous-même, spectateur) lorsque Mc Gregor après une coucherie lui dit : bon maintenant, tu peux t'en aller s'il te plait ? on a fini et j'aimerais dormir seul, quand il y a quelqu'un je dors mal
(la réplique n'est pas exactement celle-ci, mais similaire) ;
Sur ces entrefaites, la belle Eva Green dépitée s'en va, une joyeuse journée qui s'annonce, et nous on se dit : Mc Gregor, tu as fumé quoi ?
cette étrangeté est à l'image du film. Un film bizarre, étrange, que je ne saurais classer. Le scénario évolue par la suite sur cette histoire (très étrange mais qui nous fait réfléchir sur les relations entre les hommes et l'empathie qui manque cruellement entre nous tous notamment) d'humanité qui perd ses sens.
Une maladie étrange qui commence d'abord par une énorme tristesse, des pleurs, puis les gens perdent l'odorat. Par la suite d'autres manifestations apparaissent : perte de l'ouïe, bref, il est beaucoup question de sens dans ce film.
D'odeurs, de cuisine, de nourriture, de sons, de violon, de tintement d'assiettes, de .. Madelaine de Proust (même si le terme n'est jamais évoqué, la métaphore du célèbre écrivain n'est jamais loin)
En soi c'est un scénario qui aurait pu s'avérer excellent pour faire un film bouleversant émotionnellement et même intellectuellement, en ce monde de fou (on le constate tous) où les gens ne sont plus capables de ressentir les petites choses, la saveur des arts de la table ou les senteurs de la nature, les bruits naturels, la contemplation. J'interprète un peu ce film comme un plaidoyer pour nous inciter à nouveau à sentir, gouter, prendre notre TEMPS d'apprécier toutes les saveurs sensorielles de ce monde, et en cela, ce film a une démarche que j'approuve.
Là où je tique c'est sur la forme et les deux acteurs principaux, qui ne m'ont pas vraiment embarqué (je ne parle même pas de certaines fautes de goût)
Loin d'être le film d'Eva Green qui m'aura le plus embarqué, et même chose pour Ewan Mc gregor qui cependant, à part peut-être dans certains films de Danny Boyle voire dans le The island de Michael Bay ou le Ghost Writer de Polanski n'a jamais été un acteur que j'ai porté dans mon panthéon (mais ce n'est pas non plus un acteur que je déteste) :
Le réalisateur de ce film (replaçons nous dans le contexte, on est en 2011) a pris deux des acteurs les plus bankables du moment, et rien que cette démarche prouve qu'il y a une espèce de volonté d'attirer le public par les têtes d'affiche, avant de vouloir faire un bon film et qui marque le temps. Ca aurait pu s'avérer intéressant, mais ça fait un peu plouf. Mon problème avec ce film, c'est donc un peu le casting, et la mise en scène aussi il faut le dire. ça manque de profondeur, de poésie, même s'il y a quelques instants de grâce par ci par là dans le film
L'idée de départ est bonne, le fond est un excellent terreau de réflexion, et terreau émotionnel je l'ai dis. Un chef d'oeuvre était possible, mais à la place, on aboutit à .. un plat non pas insipide (car le film titille malgré tout et si ce n'était pas le cas d'ailleurs je ne serais pas en train d'écrire tout cela, il vole sans doute un peu plus haut que la bouillasse moyenne hollywoodienne actuelle) mais un plat je dirais ... qui manque de piquant, de saveurs inoubliables (comme on peut en avoir dans le cinéma de Terrence Malick par exemple, en termes sensoriels) Et pour un film qui parle de ça et qui place ce sujet des sens en son coeur, c'est un peu gênant.
Reste que j'ai apprécié tout de même l'expérience, pour la curiosité cinéphile, et la réflexion sous-jacente notamment sur le manque d'empathie dans nos sociétés, la réflexion sur cette frénésie qui nous gagne malheureusement tous (même ceux qui tentent de résister de toutes leurs forces) et qui nous fait oublier ce que l'on est et le monde, la vie au final. Tout ça est bien triste et je pourrais d'ailleurs dire que les tendances cinématographiques actuelles (en général) sont malheureusement à l'image de cette tendance à perdre le goût de la multiplicité sensorielle (ça nous renvoie au débat que j'ai eu avec Maedhros hier à propos des scènes de la version longue du seigneur des anneaux et les spectateurs lambda qui n'aiment pas heu ... ce qui ne va pas à l'essentiel
triste monde (je l'ai souvent faite celle-là
)
Ma note : 13 / 20, une bonne idée de départ, mais peut mieux faire. Je conseille tout de même la découverte de ce film !!