Un journaliste et un cadreur de télévision s'en vont interviewer Chiyoko Fujiwara, célèbre actrice sans âge d'un cinéma populaire oublié. Recluse dans une retraite dorée et paisible, elle reçoit du journaliste un présent : une petite clef dont on ne sait ce qu'elle ouvre sinon un torrent de souvenirs qui va alors emporter les deux auditeurs fascinés dans la course palpitante d'une jeune actrice mue par un amour à jamais inassouvi.
( résumé wikipédia)
Je viens de voir ce film d'animation du regretté Satoshi Kon et j'ai bien aimé, c'est une oeuvre subtile comme souvent chez ce réalisateur, qui joue sur plusieurs tableaux : la nostalgie d'un certain cinéma japonais d'après guerre ( Il y a des clin d'oeil aux films de samouraï, à Kurosawa, à Godzilla etc ) mais aussi la confrontation entre la fiction et la réalité ; le film arrive à déstabiliser le spectateur en jouant alternativement sur les deux registres , les passages de la vraie vie et les scènes de tournages des films s'entremêlent de manière bizarre et souvent charmante ( c'est décidément ma semaine après David Lynch il y a quelques jours et son Mulholland drive, encore un film , d'animation cette fois, qui surfe toujours sur cette même idée de la déstabilisation du spectateur par rapport au réel ; Thème évidement présent aussi dans Paprika , autre oeuvre de Kon , par rapport au monde oririque du rêve cette fois. J'ai l'impression que c'est un thème à la mode chez les cinéastes, vous me direz ce que vous en pensez, il m'intéresse en tout cas)
Et donc, tout l'intérêt de Millenium actress selon moi, réside là. Je dois avouer tout de même que la magie de ce film a moins agi sur moi que pour paprika (qui reste à l'heure actuelle mon Kon satoshi préféré , DEVANT ce film, lui-même devant Tokyo Godfather, mais les 3 oeuvres sont très plaisantes à voir ! )
Visuellement, c'est joli, l'histoire est plaisante, même si certaines scènes versent un peu dans le cliché (je trouve) comme par exemple l'histoire d'amour jamais oubliée plusieurs décennies après alors que les 2 persos ne se sont vus que quelques minutes, mais derrière cette histoire (qui peut toucher par son côté romantique après tout) il y a cette idée forte du rêve de gosse et de la passion de jeunesse, qui subsiste envers et contre tout à l'état adulte, c'est un thème qui me touche beaucoup si bien qu'on se laisse prendre à cette petite histoire ... Elle est je pense un prétexte pour Satoshi Kon servant à rendre hommage au cinéma nippon, et à titiller la fibre nostalgique du spectateur tout comme sa curiosité en le déstabilisant à travers cette manière atypique de raconter l'histoire ( Même si je trouve que parfois c'est un peu embrouillé)
De plus certains passages comme ceux de la seconde guerre mondiale m'ont presque rappelé Le tombeau des lucioles, grand chef d'oeuvre de l'animation japonaise bien connue, et ( mais là c'est complètement perso) à chaque fois que les japonais dans les films évoquent la guerre moi ça réveille un truc, un peu comme pour la Shoah dans les films réels, il y a le spectre de la tragédie que ce peuple a connu, Hiroshima tout ça, et cette emprunte se sent dans beaucoup d'artistes de l'animation je trouve. Ces passages suscitent vraiment l'émotion ..
Pour ceux qui ont vu le film, je serais curieux de savoir ce que vous avez pensé du rôle des 2 journalistes, perso, je trouve qu'ils se marient mal au reste, ce serait mon gros bémol, et je n'adhère pas spécialement aux scènes d'humour, ils cassent l'ambiance de certaines scènes, mais en même temps, sans eux plus d'interview donc plus de film ...
Parmi les points forts que j'ai pas évoqué on citera la bande originale composée par Hirasawa Susumu ( Il s'agit d'un compositeur qui a oeuvré aussi sur d'autres oeuvres de Kon comme la série d'animation Paranoïa agent, mais aussi la série Berserk ainsi que Paprika, et ça se ressent vraiment, certains passages sont similaires. J'aime beaucoup ce qu'il fait, ce sont des morceaux un peu électro souvent planants mais rythmés en même temps , certains le qualifient de "Vangelis de l'animation" et je suis d'accord avec ce qualificatif, je ressens un peu la même impression, difficile à décrire, mais je préfère aussi la BO de Paprika qui reste à mon sens sa meilleure (je ne connais pas celle de berserk) A chaque fois que je l'écoute la musique me trotte dans la tête après et me donne envie d'écouter la BO à part ..